le rôle joué par Orléans dans la révolution

D'après les notes de Bachaumont, il est évident que Mme de Chartres, dès le début du règne, fit tout pour se présenter comme une anti-Marie-Antoinette. Quand la reine porte des poufs, elle se coiffe bas, le tout de façon assez ostentatoire pour avoir marqué les esprits.
Politique du mari ?

Un exemple -

20 septembre 1776. — Le jour ordinaire de la fête de Saint-Cloud, le temps n'ayant pas permis au public de se rendre en ce lieu, elle a été remise au dimanche 15; quoique le temps ne fût pas bien favorable, il s'y est trouvé une foule immense. La Reine y est venue et s'y est promenée en carrosse; mais ce qui a excité la curiosité et l'intérêt des spectateurs, ç'a été de voir madame la duchesse de Chartres conduite par son auguste époux, lui servant de cocher : on a admiré les grâces et la dextérité de cet illustre automédon, et il paraît conduire un char autant ou avec plus d'habileté qu'un vaisseau; sans doute quand Son Altesse sera plus initiée dans la marine, elle n'aura pas moins de talent dans cet autre art.

Bonjour Charlotte,

Ces remarques pointant le travail de rivalité entretenu par le couple Orléans est grandement intéressant.

Bien à vous

madame antoine

Alexandre Dumas fait remonter l'inimitié entre la reine et Orléans aux alentours de 1785 :


In Histoire de Louis XVI et de Marie-Antoinette
http://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/bs1962567

Une opinion à contre-courant des précédentes -

A l'époque où le comte d'Artois et madame de Polignac travaillaient à la nomination de M. de Calonne, il parut plusieurs pamphlets, où la reine était accusée de disposer de tous les emplois en faveur des plus indignes créatures de la cour. Les partisans des princes attribuèrent ces écrits au duc d'Orléans, et celui-ci n'ayant point répondu à l'accusation, on continua à le désigner comme l'auteur de toutes les calomnies qui se multiplièrent contre leurs majestés ; mais en remarquant que tous les libelles déclaraient le roi incapable de régner et désignaient la reine comme l'irréconciliable ennemie de la nation, on est forcé de convenir que ce n'était pas le duc d'Orléans qui était intéressé à l'interdiction de Louis XVI et à l'impopularité de Marie-Antoinette.

Philippe d'Orléans

D'ailleurs , les accusateurs ainsi que les avocats du duc d'Orléans n'ont jamais cherché à leur véritable source les pièces de ce grand procès; car les premiers auraient dû commencer à prouver qu'il avait voulu se faire roi, et les autres qu'il avait refusé de l'être; rien de semblable n'ayant été établi ou tenté, tous les gens raisonnables sont aujourd'hui d'accord que les ressentiments de son amour-propre, les actes de sa tremblante opposition, et sa popularité héréditaire, ne suffisent pas pour maintenir sa culpabilité des crimes exécrables qui lui furent imputés dans le cours de la révolution.

- Sources -
Marie-Antoinette devant le XIXe siècle, Henriette Simon-Viennot, J. Angé, 1838
Illustration : le duc d'Orléans, Marie Antoinette, Van Dyke, 1938

Voilà qui est singulier, par l'absence même de soupçon d'ambiguïté.

L'auteure continue -

Quoi qu'il en soit, si l'amabilité du duc d'Orléans, la tournure facile de son esprit, la séduction de sa familiarité de bon ton, et surtout l'enthousiasme qu'il exprimait pour la constitution anglaise, ont inspiré quelque confiance à des hommes qui croyaient de bonne foi ne pouvoir fonder avec Louis XVI la monarchie constitutionnelle, ils ont reconnu leur erreur aussitôt que le prince se trouva en position de réaliser leurs espérances. Le duc d'Orléans fut en effet successivement abandonné de tous ses partisans, qui déclarèrent l'avoir revêtu d'un rôle supérieur à son caractère.

D'ailleurs, l'association qui le portait au pouvoir, n'ayant nullement la vertu pour base et le bien public pour but, se brisa comme elle devait le faire, aussitôt qu'elle compromit la sûreté des sociétaires, et chacun s'étant efforcé d'établir alors son honnêteté aux dépens de celle de ses complices, il est bien digne d'attention qu'aucun de ces factieux n'ait tenté de compromettre le duc d'Orléans, même lorsqu'il était dans la prison qu'il ne devait quitter que pour monter sur l'échafaud.

Nous ne saurions donc, sans craindre de nous rendre complice de calomnies, présenter le duc d'Orléans, ainsi que l'ont fait tous les historiens de Marie-Antoinette, comme le plus féroce de ses ennemis et le principal auteur de ses malheurs, puisque cette opinion ne s'est accréditée que sur des relations apocryphes et des anecdotes impossibles ou ridicules ; nous ajouterons que, quelques richesses que l'on ait supposées au duc d'Orléans, elles eussent été insuffisantes pour entretenir, sur tous les points de la France, les disettes et les insurrections qui troublèrent les travaux de trois assemblées, et détournèrent si promptement la révolution de sa première direction.

Nous pensons toutefois que le duc d'Orléans a pu servir des vengeances étrangères, en croyant favoriser des changements dont il serait possible qu'il recueillît les fruits sans périls ; mais incapable de cette puissance de volonté, de ce courage inflexible, de cette tenue réfléchie qu'eût exigé une conspiration de près de cinq années, on doit le considérer plutôt comme l'instrument que comme le chef de son parti, et reconnaître que sa vie politique ne fut qu'une continuelle répétition de la scène burlesque qu'il donna à Saint-Cloud le 12 juillet 1781, lorsqu'accompagné des frères Robert, il monta dans leur ballon avec l'assurance la plus intrépide, et à quelques toises de la terre, tourna brusquement le bouton pour se faire redescendre en toute hâte, sans être retenu par les huées de la multitude.

Donc les sources liant Orléans à la déconfiture de la Reine seraient apocryphes ou ridicules ? Je demande à voir.

Argument permettant d'expliquer la mauvaise réputation d'Orléans et sa supposée implication -

Quant à la conjuration qui exista à Versailles, pendant les dix-huit années qui précédèrent la révolution , contre Marie-Antoinette, le duc d'Orléans n'y fut jamais affilié. Ses griefs personnels sont d'une date très rapprochée de la révolution, et nous allons donner à ce sujet quelques détails que nous tenons d'une personne attachée au service de Madame, fille de Louis XVI, dans son enfance.

La famille d'Orléans, en continuant d'habiter la capitale, depuis la création de Versailles, était devenue l'objet de l'affection toute spéciale des Parisiens, et c'est à cette reconnaissante bienveillance qu'il faut attribuer l'abstraction qu'ils firent de la vie privée du régent, pour ne donner leur attention qu'à l'habile sagesse des principaux actes de son gouvernement. La même indulgence fut appliquée à ses successeurs, sans en excepter le prince qui acquit une si déplorable célébrité dans la révolution.

Cette sympathie héréditaire était odieuse aux courtisans, et déplaisait généralement aux habitants de Versailles, qui n'accueillaient qu'avec une sorte de défaveur les princes de la branche cadette ; ces réceptions presque humiliantes, lorsqu'il les comparait à l'empressement caressant des Parisiens, éloignèrent insensiblement de la cour le duc d'Orléans, et au commencement du règne de Louis XVI, il avait déjà introduit au Palais-Royal une société et des habitudes si opposées à celles de Versailles, qu'elles lui rendirent insupportable le respect assujettissant qu'imposait encore la dignité royale à la famille du monarque comme à celles des derniers Français.




Le roi de son côté n'avait pas cherché à rappeler le prince du milieu de son cercle intime, de sorte qu'il s'en trouva peu à peu écarté, sans pouvoir assurer si c'était à sa propre répugnance ou à celle qu'il inspirait qu'il devait l'attribuer. Quoi qu'il en soit, la conduite du duc d'Orléans a prouvé que ce fut par la plus puérile vanité, qu'en faisant éclater son enthousiasme pour la constitution anglaise, il crut devoir, en sa qualité de prince du sang, agir en chef de l'opposition anglaise; mais cette opposition, inapplicable alors au gouvernement de la France, ne put se manifester que par une aveugle hostilité à tous les actes du gouvernement de Louis XVI.

Le roi, dont la situation réclamait l'union de tous les siens, fit, par le conseil de la reine, quelques démarches pour rallier à ses intérêts le seul prince réellement populaire de sa famille, et le duc d'Orléans reparut à la cour avec une faveur qui mécontenta le frère du monarque, et fit encore calomnier la reine sur un rapprochement dont elle était l'auteur. Le duc d'Orléans se plaignit de son côté que la présence de Marie-Antoinette restreignît la confiance que le roi lui témoignait dans l'intimité de leurs entretiens ; mais bientôt la circonstance la plus humiliante pour son amour-propre vint changer en constant ressentiment ce léger mécontentement.

On peut se demander qui est cette personne attachée au service de Madame, car, sans citer ses sources, on perd en crédibilité.

Non, l'auteure ne citera pas. Cependant, elle entre dans le vif du sujet -

La reine, dans son ardent amour pour la France, avait exprimé souvent que sa fille n'épouserait jamais un prince étranger, et que le sort d'une simple particulière en France était préférable à celui de souveraine d'un autre pays. Le duc d'Orléans, frappé de cette manifestation, se persuada qu'un de ses fils réunissait les avantages les plus propres à mériter la main de la princesse; mais il apprit bientôt que Marie-Antoinette avait confié à madame de Polignac que son vœu le plus cher était d'unir un jour Madame sa fille à son cousin le duc d'Angoulême : alors le duc se hâta de parler au roi, afin d'en obtenir une promesse avant que la reine pût soupçonner ce qui se passait. Ce fut d'abord la main de mademoiselle d'Orléans sa fille qu'il offrit pour le duc d'Angoulême, et sa demande fut si favorablement accueillie, que peu de jours après il osa proposer son fils pour Madame. Louis XVI , qui ne jugeait jamais mieux que lorsqu'il ne prenait conseil que de lui-même, ne se montra pas moins bien disposé pour ce mariage que pour le premier.

Il est certain que rien n'était plus propre que ces alliances à détruire la fatale anglomanie du duc d'Orléans et à fondre les intérêts de la branche cadette dans ceux de la branche aînée. Cette considération peut expliquer la facilité avec laquelle Louis XVI renonça à ses propres vues pour entrer dans celles du duc d'Orléans. Ces unions eussent en effet acquis le parti d'Orléans à la royauté, et rendu impossibles la plupart des crimes dont il fut accusé. Il est aussi probable que les constitutionnels, débarrassés par elles de leurs ennemis les mieux déguisés, n'auraient pas été forcés de se défendre par cette multitude d'actes équivoques, qui persuadèrent au roi qu'on en voulait beaucoupplus à sa personne et à son trône qu'aux abus que l'on avait signalés.

Malheureusement le duc d'Orléans ne redoutait jamais d'obstacle après un premier succès, et fit, dans l'enivrement de sa joie, tant de confidences, que madame de Genlis elle-même répète dans plusieurs de ses ouvrages que son élève chérie, mademoiselle d'Orléans, reçut les félicitations des amis de sa famille, comme future duchesse d'Angoulême. Ces imprudences amenèrent enfin la vérité à la connaissance de la reine. Elle courut aussitôt chez le roi, et le conjura de demander plutôt sa vie que son consentement à ce mariage de sa fille avec un descendant des adultérins de madame de Montespan.

- source citée -

Soit que Louis XVI n'eût pas entièrement surmonté ses propres scrupules, soit qu'il eût refusé de s'engager définitivement avant de connaître les dispositions de la reine, il céda à ses instances, et fit prévenir le duc d'Orléans que les mariages projetés ne pourraient avoir lieu. La rupture fit éclat à la cour et transporta de fureur le duc d'Orléans. Mais, avec une présomption moins aveugle, le duc d'Orléans ne se fût jamais exposé à cet affront, puisque alors Louis XVI ne pouvait rien refuser à sa femme, et que la reine avait proclamé son invincible répugnance pour les bâtards, en répétant sans cesse que c'était aux amours adultères de Louis XlV et de Louis XV qu'il fallait attribuer la destruction du prestige royal; toute la cour expliqua même par ces manifestations sa froideur pour la vertueuse duchesse d'Orléans, et sa persévérance à tenir cette princesse à la distance de sa personne fixée par l'étiquette qu'elle avait abolie pour les autres princesses de la famille royale.

La reine, en avouant la part qu'elle avait eu à la rupture, des mariages, irrita encore le ressentiment du duc d'Orléans. Cependant, jusqu'à sa protestation dans l'affaire d'Espriménil, Marie-Antoinette entretint toujours les dispositions favorables du roi pour ce prince, et l'on remarqua qu'elle cherchait à le dédommager par les distinctions les plus délicates de la peine qu'elle lui avait causée.

La haute sagacité de la reine ne permet pas d'admettre qu'elle ait pu se faire illusion sur les dangers auxquels l'exposaient un acte de sa volonté si humiliant pour la famille d'Orléans ; mais on doit remarquer que sa conduite dans cette affaire fut conforme à celle qu'elle adopta sans hésiter dans des circonstances bien plus périlleuses encore.

J'aurais voulu pouvoir m'abstenir d'émettre mon jugement sur la conduite politique du duc d'Orléans. Mais en compulsant les documents qui devaient servir de base à cet ouvrage, je ne pouvais en écarter ce qui était relatif au duc d'Orléans, sans être accusée de n'avoir pas osé tirer parti des atrocités attribuées au duc d'Orléans, pour la défense de Marie-Antoinette, tandis que je me rendais suspecte de mensonge et d'adulation, en exprimant ma pensée.

Enfin, quoique femme , on n'est pas dispensée d'avoir le courage de ia vérité, et je dois déclarer que dans les laborieuses recherches réclamées par mon entreprise, il m'a été impossible de découvrir une seule pièce digne de confiance, capable de faire considérer le duc d'Orléans comme l'auteur des crimes qui lui furent imputés.

En m'exprimant ainsi sur un des accusés les plus déconsidérés de la révolution, je serai sans doute soupçonnée de vouloir flatter les intérêts actuels ; et cependant, pour être humaine et équitable envers le duc d'Orléans, il a fallu me rappeler à chaque ligne que j'accomplissais une œuvre de conscience, il a fallu surtout obtenir de moi la complète abjuration de tous les res- sentiments d'un cœur qui doit rester à jamais brisé sous le poids d'une des plus dures et des plus irréparables injustices des représentants du pouvoir actuel.

Merci pour le partage de ces informations, chère Charlotte. Je reste cependant sur ma faim, non de votre faute, mais par le fait que cette mystérieuse source ne soit point citée.

Confondant !

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Nowogmai a écrit:

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