Le Collier de la Reine (Diane Karenne) de Tony Lekain et Gaston Ravel (1930)

Bonjour à tous!

Au gré de mes recherches dans plusieurs vides greniers et autres brocantes je suis tombé, tout à fait par hasard, sur ce petit livret intitulé "Le collier de la Reine" aux éditions "Jules Tallandier-Cinéma bibliothèque" et écrit par Gaston Ravel.

Il s'agit en fait d'une novellisation d'après un film muet de même nom datant de 1930. Il est réalisé par Gaston Ravel lui-même, librement inspiré par les œuvres d'Alexandre Dumas et de Funck-Brentano (le livret leur est d'ailleurs dédié...).
En seconde page il est précisé que le film est une production "Éclair", distribuée par "Aubert-Franco Film" (pour ceux que ça intéresse et qui pourraient-Ô miracle- le dénicher quelque part...mais j'en doute!).
Voici une photo présentant les principaux acteurs du drame que nous connaissons tous ici:

L'ayant lu je me permets de vous faire un petit résumé de "l'affaire" telle qu'elle est présentée dans cette version cinématographique. J'ajouterai, au fil de l'histoire, les différentes et nombreuses photos disponibles dans le livret (désolé pour la qualité mais...d'époque!). Elles vous donneront, je l'espère, une idée d'ensemble de ce film que peu d'entre nous ont vu. En tout cas elles laissent présager une réalisation et une reconstitution assez soigné malgré les écarts - et encore certains les trouveront bienvenues, pris avec la vérité historique!



L'histoire débute en 1784, dans le petit appartement parisien que Jeanne de La Motte partage avec son époux Nicolas. Ce dernier est un véritable libertin, chasseur de gourgandines dans les recoins les plus mal famés du Palais Royal. Au grand désarroi de sa femme il dépense toute leur misérable fortune au pharaon et il est le plus souvent pris de vin. Un soir, alors qu'elle l'a chassé du domicile conjugal, elle fait la connaissance de son voisin, le jeune et séduisant Chevalier Rétaux de Villette.

Ce dernier est gazetier à Paris pour un journal baptisé la "Gazette du franc-parler" Il tombe éperdument amoureux de Jeanne qui profite de sa naïveté pour l'embarquer dans sa soif de reconnaissance, elle qui est la descendante du dernier des Valois (elle a d'ailleurs chez elle un portrait de Henri III coiffé d'un toquet...).



En feuilletant un des journaux de son jeune soupirant, elle apprend que le cardinal de Rohan a qui elle a écrit récemment afin de lui faire connaître sa triste condition, et ainsi espérer un secours financier de sa part, est en disgrâce auprès de la Reine Marie Antoinette. Un hasard en appelant un autre, elle raconte à Rétaux qu'elle a aussi une lettre pour sa Majesté et lui prie de bien vouloir l'acheminer à Versailles pour que la souveraine puisse avoir connaissance de l'épouvantable misère dans laquelle se trouve une de ses "cousines". La lettre parvient à l'illustre personne qui, sur les conseils de Louis XVI et afin de déjouer toute intrigue, décide de se rendre incognito (mais en compagnie de sa "chère Lamballe") chez la quémandeuse.

C'est en hiver 1785, alors que la neige tombe à gros flocons, qu'elle se rend avec sa favorite, et en simple traîneau sans armoiries, chez la comtesse de La Motte.


(la reine est à gauche...)

Elles se font passer pour deux dames de la cour qui ont eu vent de sa demande et, ayant eu la preuve écrite que du sang royal coule dans les veines de Jeanne, lui font don de quelques Louis d'or.

Dès le lendemain, sur les conseils de Rétaux, elle se rend à Versailles. Là-bas, grâce à Mme de Lamballe, elle est introduite dans les petits appartements de la Reine. Jeanne lui a rapporté sa bonbonnière. Marie Antoinette l'en remercie et lui avoue son "petit stratagème de l'incognito" de la veille.



Sur ces entrefaits le Roi arrive. Il apporte un "futur présent" à sa femme: le fameux collier d'un million six cent mille livres. Mais celle-ci le refuse avec la délicatesse qu'on lui connait. Dans son coin, la comtesse de La Motte n'a rien perdu de la scène...

Quelques mois passent. La fortune de Jeanne est à son comble puisque le cardinal de Rohan la couvre d'argent depuis qu'elle est "bien en vue à la cour". Son époux, Nicolas, est bien entendu revenu au domicile conjugual puisque "les écus" ne manquent plus, mais il laisse sa femme mener chambre à part avec son amant Rétaux.
Un jour les joaillers Boehmer et Bassenge se présentent chez la comtesse avec le "fabuleux collier".



Ils lui conjurent d'intervenir auprès de la Reine pour l'achat du somptueux bijoux. Ni une-ni deux, Jeanne en parle au cardinal qui décide d'acheter le collier en son nom pour la reine afin de regagner ses faveurs.

On retrouve la Reine à Trianon. Elle y croise la comtesse de la Motte qui lui apporte l'écrin contenant le collier. La Reine n'y entend rien. Jeanne lui explique qu'il s'agit d'un don du cardinal de Rohan. A l'énoncée de ce nom Marie Antoinette entre dans une rage folle, refuse le cadeau et chasse hors de la cour la comtesse "tripoteuse d'affaires louches" (!). Mais la Reine se garde bien d'en parler au Roi.



Sur le chemin du retour, l'intriguante jure de se venger...

Bien entendu elle ne dit rien au cardinal et continue de lui faire croire qu'elle est toujours l'amie de Marie Antoinette et qu'elle lui a remis le collier.
Un soir, le comte de La Motte qui erre dans les jardins du Palais Royal fait la connaissance d'un sosie de la Reine.



C'est "la fille Oliva". En la voyant naît une idée saugrenue dans l'esprit de Jeanne.

Avec la complicité de Rétaux, les époux La Motte improvisent une fausse correspondance amoureuse entre la Reine et le cardinal.



S'ensuivent les préparatifs de "la scène du bosquet". On habille Oliva comme la souveraine et on la conduit discrètement à Versailles...

Oliva rencontre Rohan dans la pénombre des jardins de Versailles. L'homme d'église n'y voit goutte...Il tombe dans le piège!



Après avoir dépecé le collier, les La Motte revendent petit à petit les diamants. Ils peuvent mener la vie de rêve dont Jeanne a toujours voulu.

A la veille de la fête de l'assomption, les joaillers croisent la comtesse au grand Trianon et lui apprennent que le premier versement pour l'achat du collier n'a pas eu lieu. Elle leur rétorque de s'en prendre à Rohan qui est le seul responsable à présent.



Dès le lendemain la Reine rencontre à son tour les joaillers et prend peur. Elle avertit le Roi et convoque Jeanne. Elles ont un face à face assez orageux.
Par vengeance elle fait arrêter le cardinal de Rohan dans la galerie des glaces, au beau milieu d'une foule de courtisans réunis pour la grande messe.

Et l'on connait la suite: arrestation des protagonistes...



revirement de Rétaux que la comtesse ne veut pas reconnaître...



le procès, le scandale, l'acquittement de Rohan...



la sentence pour Jeanne...





et le supplice...

Le film se termine (juste après le dernier hurlement de Jeanne) par cette scène suivante - relatée ainsi dans la novellisation:

" Sur l'escalier de marbre, il n'y avait plus que deux spectateurs de ce drame (...). Le premier dit alors avec un ricanement sarcastique:
- Ce n'est pas Mme de La Motte qui vient d'être marquée, c'est la Reine!
Il descendit deux marches pensivement, puis se retourna vers son ami. Celui-ci tendait la main avec son énigmatique sourire et lui disait:
- Adieu Marat!
Et l'homme à la houppelande prit cette main et répondit:
- Au revoir Robespierre!
Et tous deux s'éloignèrent, chacun dans sa voie."




FIN

Splendide est le premier mot qui me vient a l'esprit.

C'est absolument génial d'être tombé sur un tel document.

Malgré quelques erreurs vestimentaires, c'est un très joli document. j'adore les maquillages de ces années 30 l'œil n'est pas souligné, c'est une balafre sur la face. Charmant, c'est absolument charmant.

Toutes mes félicitations , Ghost, et merci.

Quelle impressionnante "histoire" illustrée vous nous offrez là , Ghost of Trianon !
Je connaissais le nom de Diana Karen mais n'en avait jamais vu de photo...la lacune est donc largement comblée
Merci pour tout le temps que vous avez dû passer pour nous tous, mon cher

Bien à vous.

Une rareté ! Merci, cher Ghost of Trianon, de partager ce document infiniment précieux avec nous !

Génial!

L'affaire du collier n'est pas fidèlement reconstituée, mais ces documents et ces images sont superbes
Je ne connaissais pas du tout merci infiniment Ghost of Trianon, vous êtes tombé sur une perle rare!

Merci pour vos remerciements et vos encouragements!
Je suis bien content que ce petit descriptif vous ait plu...et j'espère pouvoir encore vous faire découvrir quelques "archives".

Bien à vous.

Oh, oui, Ghost of Trianon ! Vous avez visiblement la main heureuse !

N'hésitez pas je vous en prie!

Voici la fiche technique et la distribution de ce film de 1929.

Réalisation : Gaston RAVEL et Tony LEKAIN d'après l'œuvre de Alexandre DUMAS père
Photographie : Jean BACHELET, Gustavo KOTTULA et Émile PIERRE
Musique : FEBVRE-LONGERAY et André ROUBAUD

Marcelle Chantal : la comtesse de la Motte
Georges Lannes : le cardinal de Rohan
Diana Karenne : Marie-Antoinette et Olivia
Jeanne Evrard : la princesse de Lamballe
Jean Weber : le chevalier Marc Rétaux de Villette
Ady Cresso : Madame Vigier-Lebrun
Fernand Fabre : le comte de la Motte
H.Harmant : Louis XVI
Renée Parme : Madame Élisabeth
Odette Talazac : Madame de Misezy
Gaston Mauger : Monsieur de Crosne
Émile Vardannes : Monsieur de Launay
Paul Sato : Toussaint de Beauvire
Gilberte Savary
Jules Mondos : un joailler
Lesieur : un autre joailler
Marc Dantzer
Jean Fay
Marco Monty

Voici une affiche.



Sources: https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Collier_de_la_reine_(film,_1929)
http://www.cinema-francais.fr/les_films/films_r/films_ravel_gaston/le_collier_de_la_reine.htm

madame antoine

Merci pour cette belle couverture, Mr Vengeur. J'ai également un cliché du film à vous proposer.



Bien à vous

madame antoine