Voleurs, brigands et bandits de grands chemins

Ce qui m'a donné l'idée de créer ce fil a été de voir à la télévision  le téléfilm sur Cartouche. Ils sont plusieurs tout au long du  XVIIIIe siècle à se partager ce qualificatif de bandit de grand chemin : Cartouche , Marion du Faouët, Moneuse...
Ce serait bien  de se plonger dans leurs motivations et de voir pourquoi ils en sont arrivés là . En même temps, leur parcours permet d'en apprendre un peu plus sur cette France du XVIIIe siècle.  Qu'en dites-vous ?

Une idée qui a le mérite de nous faire pencher sur la "face cachée" du royaume, à cette époque. N'oublions pas aussi les fameux contrebandiers du sel, les faux-sauniers, qui faisaient commerce du sel de contrebande, pour contourner la fameuse gabelle. Une véritable guerre opposait les gabelous (agents du Roi) et les faux-sauniers. Une preuve supplémentaire du déséquilibre du royaume, avec des provinces payant l'impôt sur le sel et d'autres (franches ou rédimées) qui en étaient exemptées...
Quand aux fameux brigands, comme à toutes les époques, les plus audacieux prenaient des allures de ROBIN DES BOIS, narguant le pouvoir et l'autorité.
Derrière la façade poudrée et légère de ce siècle inimitable, il y avait une véritable contre-société, avec ses rites et usages. A PARIS, le ramonage des cheminées était l'affaire des "savoyards", des gamins d'une dizaine d'années, dont la petite taille leur permettait de se glisser dans l'étroit conduit, la tête enveloppée d'un sac, pour ramoner la cheminée, en équilibre instable, au risque de se rompre le cou. Et bien, il existait une sorte de souteneurs, qui prélevaient une "dîme" sur les maigres revenus de ces pauvres gosses, en échange de leur "protection"...
N'oublions pas l'esclavage, dont NANTES était l'une des plaques tournantes. Eh oui ! Même si on ne le voit pas dans les films, certains seigneurs et nobles dames avaient bien des intérêts dans ce commerce. Les riches armateurs étaient les premiers à se servir, dans le "cheptel" destiné à nos îles à sucre...
Sans oublier la prostitution au PALAIS ROYAL, le monde trouble des maisons de jeu, les "invertis" que l'on envoyait au bûcher (plus guère à l'époque, heureusement)...
Bref, Madame, votre idée nous permet de lever le voile sur un aspect souvent ignoré, mais indéniable de cette époque.

Auriez-vous été bandit de grand chemin, cher M. de Calonne, avant de prendre à bras le corps les finances du royaume ?
Vous semblez en connaître un sacré rayon sur la France interlope de l'ancien régime !!!!

Rassurez-vous, Madame, l'argent que je distribuais si généreusement à la Cour ("quand je vis que tout le monde tendait la main, je tendis mon chapeau") n'était pas d'obscure extraction...
Mais j'ai tendance à m'intéresser aux "coulisses" d'une époque, à ce qui se passe réellement derrière la facade. On en apprend ainsi beaucoup parfois...
Je reviens à l'esclavage : je me suis trompé pour les films. Il y en a un (pas terrible d'ailleurs) où c'est évoqué : une version des LIAISONS DANGEREUSES avec ANNETTE BENING où la marquise a une servante (esclave ?) noire à son service.

Vous avez raison, tout le monde avait son petit négrillon ( Duerme duerme, negrito, que tu mama esta en el campo ...... ) .
M. de Boufflers me ramena ainsi un petit garçon du Sénégal.
Cela ne choquait personne, j'en ai bien peur ........

Cela ne devait guère choquer : à cette époque, certains se demandaient si les "pauv' noirs" avaient une âme, comme tout le monde...
Le sujet faisait débat dans les salons : certains comme MONTESQUIEU criaient au scandale tandis que d'autres rétorquaient que sans les esclaves, le sucre serait trop cher...
Il serait peut-être intéressant d'ouvrir un sujet sur ces fameuses "îles à sucre" (ISLE DE FRANCE notamment) et sur ces français qui vivaient là-bas, si loin...

CALONNE a écrit:

Je reviens à l'esclavage : je me suis trompé pour les films. Il y en a un (pas terrible d'ailleurs) où c'est évoqué : une version des LIAISONS DANGEREUSES avec ANNETTE BENING où la marquise a une servante (esclave ?) noire à son service.

Il s'agit du Valmont de Milos Forman...
Sacha Guitry met aussi une servante noire au service de sa Marie-Antoinette dans Si Versailles m'était conté...

Bien à vous.

Merci, Votre Majesté !
(preuve que ce film ne m'a pas vraiment marqué)...

Majesté a écrit:

CALONNE a écrit:

Je reviens à l'esclavage : je me suis trompé pour les films. Il y en a un (pas terrible d'ailleurs) où c'est évoqué : une version des LIAISONS DANGEREUSES avec ANNETTE BENING où la marquise a une servante (esclave ?) noire à son service.

Il s'agit du Valmont de Milos Forman...


Bien à vous.

Colin Firth n'était-il pas le Valmont de Milos Forman ?

CALONNE a écrit:

Merci, Votre Majesté !
(preuve que ce film ne m'a pas vraiment marqué)...

Il est d'un ennui...

Citation :

Majesté a écrit:

CALONNE a écrit:

Je reviens à l'esclavage : je me suis trompé pour les films. Il y en a un (pas terrible d'ailleurs) où c'est évoqué : une version des LIAISONS DANGEREUSES avec ANNETTE BENING où la marquise a une servante (esclave ?) noire à son service.

Il s'agit du Valmont de Milos Forman...

Bien à vous.

Colin Firth n'était-il pas le Valmont de Milos Forman ?

Wi wi



D'un sucré...   Et ses femmes sont à l'avenant, aussi fades que brunes.  
http://images.google.be/url?source=imgres&ct=ref&q=http://www.hotbadguys.com/reviews/valmont.html&usg=AFQjCNEinevo5k4vGN0MxUzzGJtR3DbTbw

Pour revenir au monde "interlope" du XVIIIème, on peut se pencher sur le jeu.
Interdit théoriquement, il faisait fureur partout. Il existait de nombreux jeux (lansquenet, comète, macao, pharaon, reversi)... En certains endroits, les mises (et les pertes!) pouvaient être vertigineuses. Certains en profitaient comme les banquiers de jeu, ceux qui représentaient "la banque", lors des parties. Certains firent fortune en acceptant des reconnaissances de dettes de certains joueurs richissimes. Tout un monde s'agitait autour de la table de jeu : joueurs professionels, escrocs, filles entretenues, aventuriers... D'où l'accusation de MARIE-THERESE qui voit VERSAILLES devenir un "tripôt". Sans compter les tricheurs, ce qui provoquaient parfois des bagarres...
Le petit peuple lui-même risquait ses deniers à l'abri d'un paravent ou dans une arrière-salle d'auberge. Détail amusant : on surnommait "bouledogues" les videurs, chargés de refouler les gens trop jeunes pour se ruiner ou suspectés d'aider la chance.

En même temps, on jouait beaucoup à la cour de Vienne, aussi. Et, dans sa jeunesse, Madame Mère n'était pas la dernière à s'éclater à la table !

eventail: j'aime beaucoup votre franc-parler Pimprenelle!! Mais en plus, vous avez raison!!

En ce qui concerne les bandits de grand chemin, je pense qu'en janvier, je pourrais avoir à ma disposition la vie de Moneuse, ce bandit du directoire , bandit qui a fort marqué l'imaginaire populaire et semé l'effroi dans le Hainaut.
En ce qui concerne Marion du Faouët, j'ai dans ma bibliothèque une version romancée de sa vie. Il est vrai que ce n'éait pas très courant de voir une femme brigand de grand chemin.
Bref, j'indique le tout dans la partie bibliographie.

Marquis d' Audacie a écrit:

eventail: j'aime beaucoup votre franc-parler Pimprenelle!! Mais en plus, vous avez raison!!

Eh ! C'était une nature, Maria Theresia !

Je vous invite à découvrir ce personnage sur le lien ci-dessous.


Et côté cinéma :

• Film de 1935 avec Raimu,
  

• Film de 2005 avec Jean-Luc Anglade, a découvrir sur France 2, le 26 Décembre 2009 à 14 h 55,
  

Merci chère Cornélie pour toutes ces références. Merci à vous également Majesté. Je viens de regarder sur France 2 le téléfilm sur Gaspard, ce bandit de Provence. C'est un très bon téléfilm. Jean-Luc Anglade joue un éblouissant jeu d'acteur. C'est le bandit au grand cœur , galant avec les dames et soucieux d'investir le fruit de ses rapines dans des affaires et dans l'immobilier. Les autres acteurs sont également très convaincants , surtout cet affreux président de Morière. Je ne sais pas où ils ont été chercher cet acteur mais il " pue" la haine par tous ses pores.
Les costumes étaient magnifiques , surtout ceux de la belle Anne de Morière ( ah , Athénaïs, j'ai pensé à vous ! ).
J'ai vraiment passé un bon moment. Merci Majesté.

l'Affaire du Courrier de Lyon

http://cent.ans.free.fr/pj1907/pj89008121907b.htm -

J'ai été intriguée par la découverte de ce livre sur ebay

Monsieur de Kériolet le "bandit "de Dieu de
Jean Marie Herbot


J'avoue que le titre de Dieu accolé au mot bandit me semblait plutôt incompatible ...
Apparemment , ce fut un bandit du XVIIe siècle mais qui connut son chemin de Damas.
J'ai donc acheté ce livre.

Résumé ebay

Bien que le château possède quelques vestiges moyenâgeux, la façade est du XVIIe siècle. La terre de Kerlois est acquise en 1607 par le seigneur de Keriolet, Olivier le Gouvello. Son fils Pierre, conseiller au parlement de Bretagne, y mène joyeuse vie, jusqu'à son repentir et son entrée dans les ordres. Devenu l'abbé Pierre de Keriolet, il fonde, à Auray, un hôpital général destiné aux mendiants, infirmes et autres malades venus implorer sainte Anne. Surnommé le ' Bandit de Dieu ', il meurt en 1660 et est enseveli dans la basilique de Sainte-Anne d'Auray.

On retrouve ce nom de Keriolet bien que cela ne soit pas dans le même coin géographique de la Bretagne

http://www.lesamisdupassage.fr/articles.php?lng=fr&pg=125

Je viens de découvrir un forum intéressant sur Mandrin

http://www.mandrin.org/forum.html

C'est un forum qui me semble très complet et qui donne envie d'en savoir plus sur ce personnage...

Voici une vidéo CV de Cartouche.
Finalement , les conditions sociales des bandits du XVIIIe se ressemblent. Pressés par la misère, ils se font bandits, restent proches du petit peuple en redistribuant de leur butin jusqu'au jour où ils sont pris et ce souvent par trahison.


Voici la vidéo sur Cartouche


https://www.youtube.com/watch?v=IrB8dZLh9dk

J'ai eu l'occasion de regarder d'un peu plus près ce livre dont je vous avais parlé :

Brigands et Larrons dans le département de Jemappes de
Roger Darquenne
Cercle d'histoire Henri Guillemin -La Louvière-, 1994, 165 p

Et bien , je ne suis pas rassurée. C'est fou ce qu'il y avait comme brigands dans ce seul département de Jemappes ( Inutile de vous dire ce que cela devait être dans les autres départements ). Moneuse n'était pas le seul méchant en circulation. Ce qui frappe, c'est que les méchants ne sont pas seuls mais en bande organisée. Moneuse était le Mesrine de l'époque mais il n'était pas le seul. Les bandes pulullulaient.
A regarder la table des matières, ce livre analyse pourqui on en vient à choisir un tel chemin. Puis de fil en aiguille, quels sont les moyens pour lutter efficacement contre les brigands. C'est alors que l'on parle de garde-champêtre, de gendarme, de passeport, de prisons...
Puis le livre s'opte sur les différentes bandes de criminels de l'époque dont Moneuse constitue bien sûr un chapitre important.
Le livre se termine sur quelques affaires qui ont défrayé la chronique !
A lire ce livre, il n'y a pas à dire, je devrais passer un bon moment !

Le Directoire est une période troublée de l'histoire de France , tant et si bien que les hommes du roi sont eux aussi pris pour des brigands . Les Brigands du roi. Je viens d'acheter ce livre , je verrais ce qu'il en retourne !