Je vois que le livre cité évoque le cas des Choiseul.
Pour parler du plus célèbre d'entre eux (celui que Louis XVI n'aura de cesse de rejeter et qui se claquemure dans son domaine de Chanteloup), il échappe de peu à une banqueroute aussi retentissante que celle des Guéménée.
Comment ?
Il décède juste à temps, et n'aura pas à affronter cette honte.
Sa femme (pour mémoire la fille des célèbres et richissimes Crozat), a qui il devait déjà le "départ" de sa fortune avait, quelques années plus tôt, obtenu la séparation de ses biens et rentes propres...qu'elle entassait pour honorer les dettes futures !
Bonne âme cette chère duchesse (que Madame du Deffand appelle affectueusement
grand-maman) :
- Elle laisse son mari jeter à tour de bras l'argent par les fenêtres : c'est table ouverte chez lui (à Chanteloup ou à Paris) pour ses 200
amis.
Ma petite parenthèse
chinoisesque : la pagode de Chanteloup est dédiée à ces fameux
210 fidèles d'après sa disgrâce.
Jusque pendant son agonie, ce sont 80 personnes qui dinent encore, chaque soir, chez le malade !
- Elle cohabite non seulement avec la soeur du duc : l'impérieuse et fantasque duchesse de Gramont (du reste, sans doute incestueuse), mais aussi avec sa maîtresse en titre d'alors, la comtesse de Brionne.
- C'est encore elle qui avait mendié, auprès de Louis XVI, un prêt de plusieurs millions.
Pour le coup, comment maintenir le duc bien sage, au loin, avec une aumône...
Malin ce Louis XVI.
- C'est elle aussi qui, affolée, engage des pourparlers avec le duc de Penthièvre pour le rachat de Chanteloup
Et quoi, pour tout ça, dans le testament du duc :
Une rente viagère pour 50 de ses proches serviteurs (impossible à honorer), le plus gros de ses diamants pour la comtesse de Brionne, et Mme de Gramont qu'il désigne comme son héritière et légataire universelle (ce qu'elle refusera prudemment, les dettes étant trop élevées).
Une bonne âme vous dis-je !
A la mort de son mari, la duchesse de Choiseul vend Chanteloup ; se retire à Paris dans un médiocre appartement pour y accueillir les principaux créanciers du duc qu'elle remboursera, jusqu'aux derniers...Louis XVI compris !
Son portrait par François Boucher...
Jolie par dessus le marché !