le Comte d'Artois - Charles X

Joseph II ne s'était pas trompé en disant qu'Artois était nul...

Reinette a écrit:

Et le pire c'est qu'il ne se gênait pas pour se prendre pour le roi en émigration ! 

Oui. Artois était un c*n de la pire espèce. Non seulement il était réactionnaire, il était lâche. Lucas-Dubreton raconte comment, à la longue, Artois est devenu apathique (notamment après la mort de Louise de Polastron) et s'est refusé à prendre la moindre initiative. Il s'en remettait à la "Providence" (ou plutôt, aux Russes et aux Autrichiens!!) pour remonter sur le trône. Il est resté complètement passif au moment de la Restauration, attendant qu'on lui dise d'entrer à Paris pour le faire. Il avait peur.
Ses relations avec Louis XVIII ont été extrêmement tendues par moments. Louis XVIII était loin d'être un grand libéral mais à l'inverse d'Artois, il avait conscience qu'il n'était pas possible de revenir à l'Ancien Régime. Pour l'anecdote, les fils d'Artois ont bataillé contre leur père pour qu'il se coupe les cheveux et abandonne la poudre.  
Une anecdote qui m'a plu : un jour, Artois avait envoyé un courrier injurieux à Louis XVIII, celui-ci le lui renvoya avec la mention manuscrite : "En la relisant, je suis certain que vous regretterez de me l'avoir envoyée".

Citation :

Pourquoi, mais pourquoi, Artois a-t-il tout de même quelque chose d'attachant ???!!!
C'est peut-être parce que l'on n'arrive pas à oublier tout à fait Galaor.

Je le hais.  Il a été infect avec Louis XVI et Marie-Antoinette. Pour info, d'après Lucas-Dubreton, son duel avec le prince de Bourbon était arrangé. C'était un faux duel. En réalité, ces deux-là s'entendaient très bien : il était convenu de ne pas pousser les choses trop loin. Le prince de Bourbon a donc saisi l'occasion d'un coup d'épée effleurant sa chemise (passé sous le bras) pour se déclarer satisfait, "rempli de ses droits" et mettre au fin au duel. Tout cela était arrangé d'avance.   Artois était "grande gueule, petits bras".

Besenval donne tous les détails de ce duel .
Dans quel dessein aurait-il été arrangé ? pour complaire à la duchesse de Bourbon ? mettre un baume sur sa blessure d'orgueil ?

Le duc de Bourbon était ami avec Artois. C'était même son "compagnon de plaisir" (ils faisaient des parties fines avec des courtisanes- cf l'affaire dite des "Chevaliers de Cinq-Louis"  ). Mais l'honneur commandait au duc de Bourbon de provoquer son ami en duel. Son père, le prince de Condé, l'y poussait. Artois ayant peur de se battre en duel, il évitait soigneusement de croiser le chemin du duc de Bourbon, qui se promenait ostensiblement sur le chemin de Bagatelle. "Finalement, Vaudreuil et Besenval, s'étant concertés, estimèrent qu'un duel était nécessaire; mais Crussol, auquel le roi avait confié la garde de son frère, objecta que, s'il arrivait quelque chose à Monseigneur, il y allait de sa tête; sur quoi il fut décidé que le duel n'aurait lieu que pour la forme." (J. Lucas-Dubreton). Traduction : outre que le duc de Bourbon aimait Artois, il n'avait aucunement l'intention de prendre le risque d'être condamné à mort, dans l'hypothèse où Artois serait tué.
A noter que le public ne se laissa pas berner par cette parade et qu'il se déclara pour la duchesse de Bourbon. "Lorsque après le duel Artois se montra à la comédie en compagnie de la reine, ils furent tous deux accueillis avec une froideur marquée, la duchesse de Bourbon et son mari acclamés avec enthousiasme."

C'est cela   , duel mondain, de pure forme ( d'ailleurs, le roi a interdit l'affrontement ) :

--- Monsieur, le public prétend que nous nous cherchons .
--- Monsieur, je suis à vos ordres .

Et la scène se déroule comme tu racontes au-dessus .

Je dois dire que la description, par Besenval, de cette scène de duel, est culte. On s'y croirait.  

Citation :

Crussol, auquel le roi avait confié la garde de son frère, objecta que, s'il arrivait quelque chose à Monseigneur, il y allait de sa tête

Ben oui, tu m'étonnes !
Tous deux se donnèrent l'accolade . Il fallut ensuite aller demander pardon au roi d'avoir enfreint ses ordres .
Artois fut   " exilé " à Choisy, Bourbon à Chantilly .

Citation :

Je dois dire que la description, par Besenval, de cette scène de duel, est culte. On s'y croirait.  

J'adore aussi .    
Crussol, Besenval, Vaudreuil, Polignac, serrés comme des sardines conjurées, dans une antichambre exigüe chez Mme de Polignac ...

Je crois que ce qui m'émeut tout de même chez ce nullos d'Artois, c'est la qualité, la sincérité, de ses sentiments d'amour ( à partir de Louise de Polastron ) et d'amitié .
Il a un coeur .

Mais quel dégonflé, quelle baudruche !

Ces intrigues de cour sont un vrai régal.

Et voilà qu'à la mort de Louise, pour aggraver son cas, le cul-béni se révèle !    
Avec Polignac qui de son côté papotait avec la sainte vierge, ils faisaient la paire ...  

Citation :

Je crois que ce qui m'émeut tout de même chez ce nullos d'Artois, c'est la qualité, la sincérité, de ses sentiments d'amour ( à partir de Louise de Polastron ) et d'amitié .
Il a un coeur .

Mouais...  Lucas-Dubreton explique que, lorsque Louise de Polastron a commencé son agonie, loin d'Artois (le confesseur de Louise de Polastron l'avait persuadée de se séparer d'Artois), il adressa à Mme de Lage restée auprès de la malade, des billets qui "déconcertent par un singulier mélange de douleur et d'égoïsme". "Dites-lui, écrivait-il, que je pars, me portant bien et que, si mon coeur est souffrant, il éprouve aussi des consolations qu'il m'est doux de lui devoir... J'ai monté à cheval pendant une heure et demie, j'ai sué, j'ai fait ma toilette et pris de bon appétit un bon petit dîner  (encore heureux qu'il ne nous parle pas de son popo après dîner  ) ... Je tâche de bien me pénétrer de tout ce qui fortifie notre amie et j'y réussis quelquefois, mais hélas ! mon coeur est dans un cruel étau !".

Citation :

Mais quel dégonflé, quelle baudruche !

C'est clair !

Citation :

Ces intrigues de cour sont un vrai régal.  

Et quel bonheur de les partager ainsi, dans le Boudoir !    

J'en mettrai davantage demain.

Oui, oui, Polignac papotait avec la sainte vierge   ça vaut pourtant son pesant de caramels mous !            

Je tâcherai de te trouver des détails là-dessus demain .

Je frétille d'impatience !!

Pour la peine, je te dirai pourquoi il fût titré comte d'Artois (si tu ne le sais déjà !!!).

Citation :

Citation :

Je crois que ce qui m'émeut tout de même chez ce nullos d'Artois, c'est la qualité, la sincérité, de ses sentiments d'amour ( à partir de Louise de Polastron ) et d'amitié .
Il a un coeur .

Mouais...  Lucas-Dubreton explique que, lorsque Louise de Polastron a commencé son agonie, loin d'Artois (le confesseur de Louise de Polastron l'avait persuadée de se séparer d'Artois), il adressa à Mme de Lage restée auprès de la malade, des billets qui "déconcertent par un singulier mélange de douleur et d'égoïsme". "Dites-lui, écrivait-il, que je pars, me portant bien et que, si mon coeur est souffrant, il éprouve aussi des consolations qu'ils m'est doux de lui devoir... J'ai monté à cheval pendant une heure et demie, j'ai sué, j'ai fait ma toilette et pris de bon appétit un bon petit dîner  (encore heureux qu'il ne nous parle pas de son popo après dîner  ) ... Je tâche de bien me pénétrer de tout ce qui fortifie notre amie et j'y réussis quelquefois, mais hélas ! mon coeur est dans un cruel étau !".

Citation :

Mais quel dégonflé, quelle baudruche !

C'est clair !

En gros : elle agonise mais qu'elle ne s'inquiète pas, je me porte comme un charme !

Citation :

Pour la peine, je te dirai pourquoi il fût titré comte d'Artois (si tu ne le sais déjà !!!).  

N'es-ce pas pour montrer aux gens de cette province que Louis XV ne leur en voulait pas le moins du monde après l'attentat de Damiens, originaire d'Arras ? Il a été condamné le 28 mars 1757 (merci Wiki ! ) et le comte d'Artois est né le 9 octobre de la même année.

Citation :

Pour la peine, je te dirai pourquoi il fût titré comte d'Artois (si tu ne le sais déjà !!!).  

Non ! Tu me l'apprendras .  

Or donc, Jules et Marie ...    papotaient-ils ensemble, ou simple médisance ?  
Jules avait été un enfant délicat, sensible, mélancolique . Il était sérieux et studieux, ses nombreuses notes d'enfant montrent que, très religieux, il avait l'obsession de la justice, de la paix et du bonheur des hommes dans la pureté de la conscience .

Il avait grandi dans l'intimité des enfants de Marie-Antoinette qu'il vénérait .  Son âge le plaçait entre Mousseline et le Chou d'amour .  Les événements terribles de la Révolution assombrirent son enfance et développèrent sa réflexion et sa foi .
Sa foi, puisque c'est ce qui nous intéresse n'est-ce pas (   ), s'évanouit, s'étiola, jusqu'à disparaître complètement dans l'existence incorrigiblement futile des émigrés, nous dit Hedwige de Polignac . Il la perdit !!!  
Elle lui sera à nouveau insufflée et revigorée à la faveur d'une rencontre, en captivité :
 Nous nous souvenons qu'en 1804, après l'attentat de la rue Saint-Nicaise contre le premier consul Napoléon Bonaparte, convaincus de complicité avec Cadoudal, Pichegru and Co, les frères Polignac Armand et Jules moisirent en prison pendant dix ans .




chique, celle-ci étant considérée comme inséparable de la foi, mi-partie religieuse, avec une règle qui tenait de celle de saint Benoît (    ??? ) et de celle des Jésuites, et une organisation secrète rappelant la Franc-Maçonnerie.

C'étaient les Chevaliers de la Foi, fondés en 1809 par Bertier qui arma les deux frères Polignac en prison ( c'est dire qu'Armand était bien allumé lui aussi ! ), selon un rite moyenâgeux et une hiérarchie sévère, allant par paliers du simple associé et de l'écuyer au chevalier hospitalier et enfin au chevalier de la foi, seul dépositaire de la pensée secrète de l'association à but religieux et politique .   N'en jetez plus, la cour est pleine !    

Jules l"expliqua, ce but, à Gobineau : Restauration de la légitimité, restitution au pape de sa liberté et de sa puissance temporelle .   En effet, Napo avait mis Pie VII à l'ombre .
( Pardon !     Pie VII me fait toujours rire ! )
Là nous subodorons déjà que Jules en tient une sacrée couche !  
Nous savons combien, lorsque Louis XVIII l'y envoya,  Jules fut chaleureusement accueilli à Rome, en 1814, par Pie VII  ( hi ! hi ! hi ! ) rétabli dans ses prérogatives . En 1816, il recevait la croix de Saint-Jean de Jérusalem, en 1822 il était fait prince pontifical ...

Nous imaginons sans peine combien la foi prend une place de plus en plus importante dans le coeur de Jules qui voit avec exaltation le comte d'Artois devenir Charles X.
C'est cet hurluberlu qui va bientôt se trouver catapulté à la tête du ministère !
 Songez donc, avant et après une décision, il priait !

Selon Castelot, Charles X profita de l'éloignement de la duchesse d'Agoulême alors en cure , pour nommer Polignac à la tête du cabinet.  Quand elle en revint et prit parti contre cette nomination, son oncle lui répondit tout uniment  : La sainte Vierge vient de lui apparaître .. avec un si haut patronage, toute hésitation serait criminelle!
Ah, effectivement, il n'y a rien à dire  ...   

Et c'est ici, reprend Hedwige de Polignac, que nous ferons une petite digression au sujet de ses prétendues visions .   Mme de Boigne lui fait dire :

Très intéressant, cela fait découvrir ce personnage que je connaissais mal.

Savez vous dans quelles circonstances mourut son frère aîné ?

Nous parlons toujours du comte d'Artois ?  J'ai dû louper un épisode parce que la mort de son frère aîné est assez connue me semble-t-il...

Ah pardon ! Nous en étions à Jules de Polignac.  
C'est malheureux parce que si son enfance est de celle qui me fait rêver au plus haut point (partagée avec celle des enfants royaux) , il est devenu un des plus sinistres/ridicules personnages de l'Histoire de France. 

Je crois vraiment qu'une fois de plus madame de Boigne est à jeter aux orties...