Le Boudoir de Marie-Antoinette

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 Etre enfant au XVIIIe siècle

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Airin

Airin


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MessageSujet: Etre enfant au XVIIIe siècle   Etre enfant au XVIIIe siècle Icon_minitimeJeu 27 Sep - 9:46

Quels étaient le statut, la vie quotidienne des enfants au XVIIIe siècle ? C'est un sujet qui me tient à coeur et sur lequel j'aimerais me pencher. Je vous propose de commencer par cette étude menée avec l’historienne Agathe Poirot-Bourdain dans le cas particulier de Rouen.

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Pendant des siècles, à Rouen, les rues, les portes cochères ou les marches des églises sont les lieux d’accueil anonyme des petits non désirés.

Les premières structures d’assistances sont créées en 1638 avec Vincent de Paul. Livrés à la seule garde de la nuit, sans soin, ni nourriture pendant plusieurs heures, ces nourrissons n’ont guère d’espérance de vie.

Au XVIIIe, face à la recrudescence des abandons, les tours sont institués. À Rouen, c’est à l’hospice général en 1758 que les enfants sont déposés côté des dames, sur la rue. Le tour d’abandon est une manière anonyme de laisser un enfant en étant absolument certain qu’il sera recueilli. Une boîte tournante, un tourniquet, avec un petit berceau est fixée dans le mur de la structure d’assistance.

Quand l’enfant est déposé, le parent fait tourner le dispositif et sonne une cloche pour prévenir le personnel. La prise en charge de ces enfants du secret est alors rapide.

L’étude des registres et des procès-verbaux d’exposition conservés dans les archives hospitalières de Rouen offrent différents renseignements sur les raisons, les origines des abandons.

  • « C’est par faiblesse et non par métier que cet enfant fut fait »


Si certains nourrissons ne possèdent sur eux dans le tour qu’une simple couverture miséreuse et que le plus grand mystère planera toujours autour de leurs origines, d’autres possèdent des petits billets de recommandation, un petit objet (une carte à jouer, un ruban, une médaille) pour rattacher l’enfant à un lien familial. Certains ont de vrais trousseaux.

Beaucoup de sollicitude naïve s’exprime dans la lecture des billets ainsi qu’un besoin de justification. Une femme écrit en 1786 : « C’est par faiblesse et non par métier que cet enfant fut fait. » Une autre recommande « d’avoir un peu de soin de lui car il a été longtemps en travail difficile et qu’il doit être manié avec douceur. » La plupart expriment le vœu d’« espérer un jour si l’enfant vit, venir le reprendre dans des jours meilleurs ».

Misère, maladie, naissance hors mariage expliquent les abandons. Rouen concentre ceux des villages environnants, ayant les uniques lieux d’accueil.

Pendant les dix dernières années de l’Ancien Régime, le nombre d’abandon augmente de façon importante, en lien avec la hausse de la mercuriale des prix du blé... La corrélation s’impose : la courbe des abandons oscille en même temps que celle du froment.

Cependant, les petits recueillis connaissent une hécatombe effroyable. De 1782 à 1789, 90,8 % meurent avant un an... Légalisés en 1811 et obligatoires, les tours d’abandon sont pourtant stigmatisés. Dans la seconde partie du XIXe ils ferment peu à peu.

L’assistance publique, créée en 1849, prend le relai. L’histoire du tour de Rouen est aussi l’histoire de la misère féminine et de l’opprobre sociale qui pendant longtemps s’est abattue sur la maternité solitaire et dont les enfants payaient le prix.
https://www.paris-normandie.fr/
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madame antoine

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MessageSujet: Re: Etre enfant au XVIIIe siècle   Etre enfant au XVIIIe siècle Icon_minitimeJeu 27 Sep - 9:49

Bonjour Airin,

Nous avons également dans le Boudoir de Marie-Antoinette un sujet antérieur dévolu à cette problématique.
https://maria-antonia.forumactif.com/t3856-la-vie-des-enfants-au-siecle-des-lumieres

Bien à vous

madame antoine

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Plus rien ne peut plus me faire de mal à présent (Marie-Antoinette)
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Airin

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MessageSujet: Re: Etre enfant au XVIIIe siècle   Etre enfant au XVIIIe siècle Icon_minitimeJeu 27 Sep - 10:28

Merci pour la référence. Very Happy
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pimprenelle

pimprenelle


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MessageSujet: Re: Etre enfant au XVIIIe siècle   Etre enfant au XVIIIe siècle Icon_minitimeSam 29 Sep - 9:18

... pas glop pas glop... tous ces pauvres mioches... Sad Sad

Ok, on va collecter les infos sur ce sujet difficile ici.

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rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
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globule
Administrateur
globule


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MessageSujet: Re: Etre enfant au XVIIIe siècle   Etre enfant au XVIIIe siècle Icon_minitimeMer 19 Fév - 12:16

En élargissant le concept Cool

Être enfant sous l'Ancien Régime

par l'historienne Isabelle Bernier


  • es idées et concepts sur l'enfance ont beaucoup varié au fil du temps. Il existe peu de témoignages sur la manière d'élever les enfants et encore moins sur leurs sentiments et leur qualité de vie avant le XVIIe siècle. Les témoignages écrits et les représentations iconographiques de l'enfant se sont transformés d'une époque à l'autre. Il faut attendre les années 1750 pour que la cellule familiale devienne lieu d'intimité et commence à s'organiser autour des enfants en assurant leur première éducation.


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Philippe de Champaigne : Les enfants Habert de Montmort, 1649


  • Dans les années 1950, l'historien français Philippe Ariès a étudié écrits, peintures et gravures du passé, pour tenter de cerner à travers les témoignages d'adultes, les sentiments et les pensées des enfants. D'autres historiens poursuivent ses travaux et soulignent que les représentations de l'enfant, sa place dans la famille et la société, sont influencées par de nombreux facteurs : la religion, les coutumes, les connaissances scientifiques sur l'enfance, les progrès médicaux, la place des enfants dans le monde du travail, les catastrophes économiques et sociales... Les termes « enfance », « jeunesse », « adolescence » ne désignent pas encore des âges bien définis comme aujourd'hui : cette différenciation par des termes appropriés n'apparaît qu'au XVIIe siècle.

    L'enfance sous l'Ancien Régime

    L'histoire des différents âges de l'enfance sous l'Ancien Régime commence à être mieux connue des historiens actuels. La première enfance s'étend de la naissance au second anniversaire : c'est la période de tous les dangers ! Un enfant sur trois décède avant l'âge d'un an et la moitié d'une classe d'âge n'atteint pas dix ans : la mise en nourrice très répandue, la malnutrition, le manque d'hygiène, les maladies, les multiples accidents domestiques... contribuent largement à cette hécatombe.


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Visite à la nourrice par Étienne Aubry, XVIIIe siècle. Musée des Beaux Arts et d'Archéologie de Châlons-en-Champagne.

  • Vers 1770, 75 % des nouveau-nés parisiens mis en nourrice décèdent avant leur première année. Les habitudes de vie sont également délétères : les nourrissons risquent l'étouffement en dormant avec leurs parents, l'emmaillotage très serré est une contrainte dangereuse pour le développement de l'enfant. On estime que la crasse est un « engrais », on ne lave pas le bébé ; l'urine étant considérée comme un remède, les couches ne sont pas lavées mais juste séchées.


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Bébé emmailloté, détail du tableau L'adoration des bergers par Georges de La Tour vers 1645. Musée du Louvre.

  • Les maladies infantiles ou non frappent de jeunes organismes fragilisés par une alimentation peu adaptée (à l'allaitement s'ajoutent au bout de quelques semaines, des bouillies de céréales prémâchées par la mère) et le manque d'hygiène. La dysenterie, la variole, la diphtérie font des ravages et la variolisation (première tentative de vaccin contre la variole) se diffuse lentement à partir des années 1770 ; la population demeure très méfiante vis-à-vis de ce nouveau procédé médical. Le sevrage théorique de l'enfant vers deux ans, le fait entrer dans le deuxième âge de l'enfance qui s'étend jusqu'à ses sept ans. Garçons et filles sont vêtus d'une robe, c'est la période des premiers apprentissages.


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L'enfant malade par Gabriel Metsue vers 1665. Rijksmuseum, Amsterdam.

  • La cellule familiale protectrice et éducatrice n'existe pas pour tous : les registres paroissiaux révèlent que trois jeunes adultes sur quatre sont orphelins d'un parent au moins, lorsqu'ils se marient. Et les grands-parents se font très rares après l'âge de cinquante-cinq ans. Une autre réalité est celle d'espacements importants entre frères et sœurs, causés par le décès de bon nombre d'entre eux ; les aînés connaissent rapidement la responsabilité de s'occuper des plus jeunes et d'aller travailler pour faire vivre la famille. Enfin les remariages de parents veufs provoquent l'arrivée de demi-frères et sœurs, ce qui ne facilite pas la protection et l'éducation d'une fratrie très nombreuse.


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Cosette, dessin de Émile Bayard pour la première édition des Misérables de Victor Hugo, en 1862.

  • La troisième enfance s'étend entre sept et quatorze ans ; pour les garçons, elle se prépare vers l'âge de six ans, par le port de la première culotte. Pour une très grande majorité d'enfants issus du monde paysan ou de classes urbaines modestes, cela signifie l'entrée dans le monde du travail. Le travail d'un enfant participe à son éducation, sa socialisation et à l'activité économique des membres de sa famille. Pour d'autres, c'est la possibilité d'aller à l’école, gratuite et gérée par la communauté villageoise depuis une ordonnance royale de 1680. Le but de l'école est avant tout d'assurer une instruction chrétienne à la majorité des élèves. Pour la majorité des enfants, il s'agit de la seule forme d'alphabétisation qu'ils recevront de toute leur vie.


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L'âge de l'innocence par Joshua Reynolds en 1788. Tate Britain, Londres.

  • Cette période de la troisième enfance diffère considérablement si l'on est enfant de la ville ou de la campagne. Pour le petit citadin, c'est le temps de la séparation et de la ségrégation sociale : les enfants de la noblesse et de la bourgeoisie aisée sont envoyés au collège (institution urbaine) et ne se mélangent plus aux autres enfants. L'autre distinction est celle qui oppose filles et garçons : l'Église et la renaissance du droit romain ont affirmé les droits du père de famille et le rôle paternel déterminant dans l'éducation des fils. À sept ans, le garçon né dans une famille aristocrate, quitte l'éducation maternelle pour celle des hommes, car il se voit désigner un « gouverneur » par son père. Le rôle privilégié du père dans l'éducation des garçons est valorisé par son rang de chef de lignage qui doit transmettre le patrimoine de la famille à son fils aîné. Les filles ont de très rares opportunités de poursuivre leur éducation après quatorze ans, hormis celles qui sont issues de la noblesse ou de la bourgeoisie fortunée.

    La « découverte » de l’enfance à partir du XVIIe siècle

    L'attitude de la société face à l'enfant traduit une lente évolution au cours du XVIIe siècle : longtemps considérés comme insensibles à l'égard de leur progéniture (d'après les témoignages écrits et mémoires retrouvés par les historiens), les parents considèrent davantage leurs enfants comme un maillon de la famille et de la communauté. Le rapport à la mort est très différent de nos pratiques actuelles et lorsqu'un enfant meurt, il est essentiel de le remplacer. Au cours du XVIIe siècle, on constate que les portraits d'enfants et les représentations de la famille se font plus nombreux. Les portraits de famille se modifient profondément, indiquant des sentiments de tendresse envers les enfants. L'Église affirme que l'enfant doit être protégé et précise les devoirs des parents par le biais des manuels de catéchisme.


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Portrait de la reine Marie-Antoinette et ses enfants, par Élisabeth Vigée Le Brun en 1787

  • L'intérêt pour l'enfant progresse nettement au cours du siècle suivant : la famille nucléaire (parents plus enfants) devient la cellule de base de la société et favorise cette évolution. Une plus grande attention est donnée à l'éducation et à la santé des enfants (dans les classes aisées), sous l'impulsion d'auteurs comme Jean-Jacques Rousseau qui publie Émile ou de l'éducation en 1762. Il décrit l'éducation idéale d'un jeune garçon en abordant, étape par étape, les questions éducatives qui émergent à mesure qu'il grandit. L'œuvre de Rousseau est plutôt mal acceptée par d'autres écrivains des Lumières, notamment Voltaire qui critique la production d'un traité d'éducation de la part d'un homme qui a abandonné ses cinq enfants ! « Rousseau, avec la publication de l'Émile en 1762, cristallise les idées nouvelles et donne le coup d'envoi de la famille moderne, c'est-à-dire la famille fondée sur l'amour maternel » (Élisabeth Badinter).


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Madame Vigée Le Brun et sa fille par Élisabeth Vigée Le Brun en 1786. Musée du Louvre, aile Sully, salle 52

https://www.futura-sciences.com/sciences/questions-reponses/epoque-moderne-etre-enfant-sous-ancien-regime-13053/

Vraiment top, ces articles d'Isabelle Bernier. Etre enfant au XVIIIe siècle 914132


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Superglu

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MessageSujet: Re: Etre enfant au XVIIIe siècle   Etre enfant au XVIIIe siècle Icon_minitimeVen 24 Juin - 14:09

Merci à tous ! Vraiment très instructif. Etre enfant au XVIIIe siècle 405462

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MessageSujet: Re: Etre enfant au XVIIIe siècle   Etre enfant au XVIIIe siècle Icon_minitime

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