Carla, une nouvelle mère Teresa... Ne riez pas c'est Elle
'Cette semaine, entre la polémique sur la cuissarde et le retour du look Dynastie, «Elle» pose une question existentielle : qui est vraiment Carla ? Cinq journalistes se sont penchés sur la question. Mieux, ils ont «enquêté»... Leur conclusion : Carla, c\'est la nouvelle Mère Teresa. Il fallait oser!';
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Carla, une nouvelle mère Teresa... Ne riez pas c'est Elle
Louise Angelergues, Laureline Dupont et Jessica Thomas |
Cette semaine, entre la polémique sur la cuissarde et le retour
du look Dynastie, «Elle» pose une question existentielle : qui est vraiment
Carla ? Cinq journalistes se sont penchés sur la question. Mieux, ils ont
«enquêté»... Leur conclusion : Carla, c'est la nouvelle Mère Teresa. Il fallait
oser! Carla est Marie-Antoinette (Louison -
http://louison-et-les-crayons.blogspot.com)
Certes, Carla ne joue ni harpe ni clavecin. Son truc à
elle, c’est la guitare, et surtout sa Gibson qu’elle manie «
avec fougue
». Certes, Carla n’est pas autrichienne. Son prénom sonne résolument
italien. Certes, Carla n’est pas reine. Mais elle est Première dame et c’est
déjà pas mal. A deux, trois détails près, Carla nous rappelle quand même
quelqu’un...
Pour cette «
femme affranchie », «
être proche
du pouvoir suprême ne signifie pas pour autant renoncer à sa fantaisie »,
précisent les journalistes, visiblement transportés par tant de désinvolture. Et
là, d’un coup, tout s’éclaire : Carla a des faux airs de Marie-Antoinette !
Celle que Stefan Zweig a décrite comme l’incarnation de la légèreté et de
l’insouciance semble avoir une descendante version 2009. «
Dotée d’une
légèreté surprenante », Carlita force l’admiration de son entourage,
journalistes compris. «
La plus atypique des femmes de président » est
décrite comme libre, insouciante, drôle, par ses meilleurs amis qui font, bien
sûr, preuve d’une objectivité sans faille. Autant de qualités qui étaient au
XVIIIe siècle l’apanage de la reine du rococo. La ressemblance frappe encore
quelques lignes plus loin quand on apprend que, comme Marie-Antoinette, la
dulcinée de Sarkozy collectionne les perruques. Elle se rend incognito à des
concerts, affublée d’un postiche, alors que son ancêtre courrait les bals
masqués pour séduire sans être reconnue. Il ne manque plus à Carla que le loup
pour que la ressemblance soit parfaite.
Dans
Marie-Antoinette de
Stefan Zweig, la passion cède à la vérité. Chez les journalistes de
Elle, la passion est vérité.
Carla, une Paul Éluard en plus cool (Elle - photo retouchée - mannequin
retouché)
À la neuvième ligne de «
l'enquête », une révélation,
tout en lyrisme. Le mot préféré de Carlita n'est autre que... « Liberté ». Et à
défaut de l'écrire sur ses cahiers d'écolier, sur son pupitre et sur les arbres,
elle en fait sa religion... Sauf qu'en avançant pas à pas dans l'article, on
s'aperçoit que cette liberté n'est pas si évidente. D'abord pour la
psychanalyste interrogée, le besoin de montrer à tel point sa légèreté «
paraît un peu suspect » et relève plus d'une volonté de «
contrôler
au maximum sa vie ».
Et la spécialiste d'aller plus loin en
décrivant une personnalité «
tenace et ambitieuse ». La liberté de
notre first Lady est aussi mise à rude épreuve lorsqu'il est précisé qu'elle est
«
obligée bien sûr d'avoir une image lisse de Première Dame »... On
passera le message à Michelle Obama... Mieux encore, celui qu'elle appelle
également «
Amore » (plus glamour que « Chouchou »...), «
a pris en
main chaque détail de l'organisation de leur vie quotidienne ».
Pour la spontanéité, on repassera. De toutes façons, pas moyen pour la
franco-italienne de s'échapper très loin, car selon son photographe personnel,
Monsieur et Madame Sarkozy passent leur temps «
enroulés l'un dans
l'autre ». Et son amie d'enfance, accessoirement témoin de mariage,
d'enfoncer le clou : «
Pour moi ils vont vieillir ensemble, il y a trop
d'amour entre eux pour qu'ils se quittent ». La liberté, même sous les ors
de la République, a du plomb dans l'aile.
Carla est Joséphine...De Beauharnais, bien sûr, pas l'ange gardien. Comme elle, elle
partage la couche d'un petit homme aux ambitions impériales. Entre Carla et
Nicolas, comme entre Joséphine et Napoléon, c'est l'Amour passion, l' «
amore passione », le grand, le fou. Quand son téléphone sonne, ses sens
se troublent, ce n'est plus un téléphone, c'est un coeur rouge et brûlant, qui
vibre. Elle sait que c'est lui. Même si Nico se contente de «
lui donner le
menu du soir de l'Elysée, c'est pour Carla l'extase, comme si le temps était
suspendu », «
tout s'arrête, c'est impressionnant » si l'on en
croit une amie estomaquée, Raphaëlle Diais. Carla et Chouchou ne sont pas mari
et femme. Ils sont «
amoureux ». Mais pas d'inquiétude. Ça n'a rien
d'un drame antique ou d'Anna Karénine. Ils s'aiment comme de jeunes chatons, «
enroulés l'un dans l'autre », à la «
complicité joueuse d'amants
facétieux ». Ils se taquinent, Choupinou l'appelle dix fois par jour, «
en gros »... Bref, tout ça, ça leur passera, à ces coquins.
Carla, un cintre républicain (photo retouchée - mannequin retouché)
Que les fans de Carla top-model se rassurent, elle a beau
être Première Dame de France, elle n’en reste pas moins une icône de mode. Elle
porte à merveille les robes bustiers drapées Azzaro et prend des risques en
optant «
pour un parti pris très classique » en rendant visite à la
reine d’Angleterre. «
Adopter un style bcbg quand on ne l’est pas soi-même
est assez aventureux », insiste (lourdement) le club des cinq. Finalement,
à en croire
Elle, Carla est un cintre que Sarkozy trimballe de
cérémonies officielles en voyages officieux.
Son audace est mesurée en
fonction de ses choix vestimentaires et elle n’existe aux yeux des médias
étrangers qu’à travers sa garde-robe, joyeusement commentée à chaque
déplacement.
Elle décortique sur une pleine page le look Carla. De la
coupe de cheveux aux ballerines habilement choisies «
pour faire honneur à
son mari » riquiqui, tout y passe. Et les journalistes pourtant conquis ont
du mal à conserver leur sérieux en décrivant cet accoutrement finalement assez
austère. Le sac est «
rigide », la robe arrive au genou pour le «
chic classique » et le tailleur est «
made in France » ; bref
rien de très fun dans cette toilette qui rappelle davantage Bernadette Chirac
qu’Audrey Hepburn, quoi qu’en dise l’hebdomadaire.
Carla est mère... mais pas de son enfantPour preuve les photos que l'on retrouve au milieu de
l'article dans un encadré sobrement intitulé «
La beauté du geste ».
Cinq clichés, où Carla et son Chouchou nous font un petit diaporama des gestes
tendres. Sauf qu'à y regarder de plus près, les gestes d'affection de Madame
Sarkozy ressemblent à s'y méprendre aux gestes d'une mère. Sur l'une d'elles,
Carlita recoiffe la mèche rebelle de son président de mari comme si elle le
préparait pour un premier jour de classe. Sur deux autres on la retrouve assise
sur les genoux de chouchou, posant la tête sur la tête de son adoré, geste
tendre bien sûr, mais dans un registre maternel.
Et comme toute gentille
maman, Carla offre à son petit Nicolas la possibilité d'apprendre et d'enrichir
sa culture. Pour l'occasion, les journalistes nous ressortent l'effet «
DVD de Mort à Venise », déjà utilisé
dans l'article du mois d'août.
Mais au fait, elle n'en a pas déjà un,
d'enfant? À en croire l'article, Carla est une sorte de Médée des médias, qui a
sacrifié l'image de son fils au profit de celle son mari, «
Amore »,
qu'elle veut montrer à tous. Depuis le voyage en Jordanie, Aurélien n'est plus,
remplacé par un chouchou, hyper-président, hyper-mari, et finalement
hyper-gosse-de-cinq-ans.
Carla est Mère Teresa...Ou presque. «
Elle pourrait
devenir, et je ne plaisante pas, une nouvelle Mère Teresa » Et c'est une
psychologue, Martine Teillax, l'auteur, s'il vous plaît, de
Pour un couple
durable qui le dit. Une Mère Teresa en devenir, donc. Mais d'un nouveau
genre. Une mère Teresa du riche, qui, loin du terrain, s'engage
(financièrement), contre le Sida, ou, le carnet d'adresse sur la main, crée la
Fondation Carla Bruni-
Sarkozy en faveur de la culture et de l'éducation. Une
fondation qui n'a rien fait pour l'instant. En devenir, comme sa créatrice, qui
«
luttera » contre l'illettrisme, «
soutiendra différents projets
touchant aux jeunes en difficulté, aux sans abri, au milieu carcéral et aux
handicapés. » Et un projet moderne, digne de la Teresa nouvelle, puisqu'on
pourra suivre son évolution sur internet.
C'est beau. C'est noble. C'est
fouillis et un peu frôle-tout, un peu léger, un peu vitrine et pas très
approfondi, mais c'est mignon. Comme sa maîtresse. Mais, ça ne vous rappelle
rien ? Il y avait une autre First Lady qu'on comparait à Mère Teresa, à tort et
travers: Lady Diana. Celle-là même qui trompait son Charles, peut-être même avec Giscard, et qui a fini contre un pilier du
pont de l'Alma... A trop passer de pommade, les auteurs de l'article glissent :
souhaitent-ils à Carla le même destin ? Non. Alors, pour les sortir de ce
mauvais pas, rendons justice à Carla. Ses ambitions ressemblent moins à celles
de Mère Teresa, qu'à celles, louables aussi après tout, de Miss France. Elle
peut en être fière.
Conclusion, Carla est un «
Carlaméléon »,
écrivent les cinq journalistes de Elle. La vache ! Ça, c'est du jeu de mots. Il
faut reconnaître au moins ça aux quintuplés : le sens de la formule, du mot
juste, de la petite touche qui fait mouche. «
Carlaméléon »... Voilà la
petite trouvaille qui a donné le droit aux journalistes de pondre cinq pages sur
ses changements de costumes, et ses changements tout court, sans grande
nouveauté, ni grande découverte : les auteurs ont suivi Madame Sarko, avec une
grande déférence, «
jusqu'à frôler le mimétisme fashion ». Ou le
ridicule. Au choix.