| | Jean Baptiste Drouet | |
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Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Re: Jean Baptiste Drouet Mer 20 Avr - 0:08 | |
| Merci , vous avez bien fait , gentil modérateur. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jean Baptiste Drouet Mer 20 Avr - 9:33 | |
| Au fond avec Drouet, c'est la légalisation de la délation . Ce qui paraît dingue, c'est que toute la carrière de Drouet s'est construite sur cette délation. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jean Baptiste Drouet Mer 20 Avr - 9:55 | |
| Vantard par nature , il avait très à coeur ses intérêts financiers. Il possédait 2 fermes + une sucrerie. C'était aussi un opportuniste. Il était le frère d'une religieuse et n'a pas hésité à mettre sa propre fille dans une institution religieuse. Roger Vailland a écrit sa biographie . Je tire toutes ces infos du lien suivant :
http://forum.napoleon1er.org/viewtopic.php?f=7&t=2536 |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jean Baptiste Drouet Mer 20 Avr - 9:59 | |
| En fait , c'est un véritable roman historique que Roger Vailland a écrit sur Drouet. Son titre : Un homme du peuple .
Un homme du peuple sous la Révolution, (co écrit avec Raymond Manevy), paraît d'abord en feuilleton en 1937 puis est publié aux Editions Corrêa en 1947 et réédité aux Éditions Gallimard en 1979.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jean Baptiste Drouet Mer 20 Avr - 10:02 | |
| On oublie trop souvent le deuxième homme de Varennes : Jean-Chrisosthome Guillaume, compagnon de Jean-Baptiste Drouet Le deuxième homme de Varennes
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| | | Invité Invité
| | | | Invité Invité
| Sujet: Jean Baptise Drouet Mer 20 Avr - 14:52 | |
| Jean Baptiste Drouet est mort le 11 avril 1824 à Mâcon dans l'actuelle rue Carnot. Sa compagne, une allemande peu familiarisée avec la langue française, le déclara à l'état civil sous le nom de Troué. Mais les autorités apprirent rapidement que celui qui se faisait appeler Maergesse, était en fait Jean Baptiste Drouet. Il fut enterré au cimetière Saint Brice de Mâcon. Sa tombe a mystérieusement disparu dans les années 1970 ? Voir Emile Magnien : Histoire de Mâcon et du Mâconnais. |
| | | Invité Invité
| | | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jean Baptiste Drouet Jeu 21 Avr - 1:51 | |
| Merci pour toutes ces précisions mon cher Berry. Majesté, vous avez le sens de la formule. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jean Baptiste Drouet Ven 22 Avr - 19:53 | |
| Drouet , maître de poste et sa responsabilité dans l'affaire de Varennes Attendez, je vais vous en copier une partie ..... |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jean Baptiste Drouet Ven 22 Avr - 20:02 | |
| Drouet, maître de poste ( ? ) et sa responsabilité dans l'affaire de Varennes article de Paul Charbon , Société d'histoire de la Poste et de FRance Télécom en Alsace
Les Cahiers de la FNARH n°101, 2006. – 23 –
À l’occasion de son étude sur La Poste aux chevaux en Lorraine paru dans le numéro 26 des Cahiers de la FNARH, Claude Pérardel se fait l’écho d’un texte de Gustave Laurent paru sous le titre À propos de Drouet, l’homme de Varennes dans la revue Les Annales en 1948. Cet auteur n’hésitant pas à écrire « Drouet, qui ne fut jamais maître de poste », Claude Pérardel traite l’appartenance de Drouet à la Poste aux chevaux de « légende ». Qu’en fut-il exactement ?
Le père de Drouet qui était marchand de bois décède le 26 mai 1770 laissant à sa veuve le soin d’élever six enfants : deux fils, Louis et Jean-Baptiste, et quatre filles. Madame Drouet troque alors l’affaire de son mari contre le relais de la Poste aux chevaux de Sainte- Menehould qu’elle achète en juin 1771. Six ans après en mai 1777, Jean-Baptiste, âgé de quatorze ans, s’engage comme dragon au régiment de Condé.
Lorsqu’à vingt-et-un ans, en 1784, Jean- Baptiste – son engagement terminé – revient à Sainte-Menehould, il vient travailler au relais. Est-ce à cette date que le brevet qui aurait été attribué à sa mère lui revient ? Ce n’est pas impossible si l’on considère que son frère aîné Louis – dit Drouet fermier – se rend acquéreur en 1785 de la ferme – nous dirions aujourd’hui de la perception – des revenus de la Seigneurie de Sainte-Menehould. Donc il n’envisage pas de prendre la succession de sa mère. Trois soeurs de Jean-Baptiste se marient et la dernière entre au couvent lui laissant ainsi la place nette.
Donc pour déterminer ce point il est nécessaire de retrouver le brevet qu’a reçu Jean- Baptiste. S’il est maître de Poste, Drouet n’est pas pour autant propriétaire du relais (maison, chevaux, champs). Sa mère ne le lui vendra qu’en 1791. À cette date Jean-Baptiste qui s’est marié en 1789 est père de deux enfants : un garçon et une fille. Mais la date mémorable de cette année est bien sûr la soirée et la nuit du 21 au 22 juin.
Sur sa conduite deux versions s’affrontent : la première rapporte que Drouet a passé son après-midi à cultiver ses champs et qu’à son retour vers huit heures du soir il n’a eu que le temps d’apercevoir le convoi royal s’ébranler en direction du prochain relais de Clermonten- Argonne.
Une autre version lui donne un rôle plus étendu. En effet les voitures des fugitifs étaient précédées par une estafette nommée Valory chargée de faire préparer à chaque relais les chevaux nécessaires. Il en fallait onze pour atteler la berline de la famille royale, la voiture des deux domestiques, et fournir en montures, Valory et un garde du corps qui fermait la marche. Valory arrive donc à Sainte-Menehould, le premier. Il lui faut régler la location des chevaux jusqu’à Clermont et les frais des postillons que l’on appelle les « guides ».
Il racontera plus tard(1) que devant l’effervescence qui régnait à Sainte-Menehould à cause de la présence des dragons, envoyés pour protéger le passage du roi, il décide d’attendre les voitures. Il a donc le temps de causer avec le maître de poste qui lui aurait demandé « ce qui se passe à Paris(2) ».
Pour détourner l’attention, Valory, comme son collègue qui fermait la marche, avait endossé une livrée de domestique aux couleurs du prince de Condé, Fersen avait racheté ces vêtements vendus après le départ en émigration du prince. Drouet connaissait ces livrées puisqu’il avait servi sous Condé. Lorsque les voitures arrivent un peu avant huit heures du soir, il est en droit de penser qu’elles appartiennent au prince, peut-être revenu en France, et qui, à nouveau, regagnerait la frontière. Mais les postillons d’Orbeval, le relais qui précède celui de Sainte-Menehould, bavardent en dételant leurs chevaux.
Ils savent qui sont les voyageurs qu’ils viennent d’accompagner. Car depuis le relais de Chaintrix, c’est-à-dire avant Châlons-sur- Marne, le roi a été reconnu et la nouvelle a suivi de poste en poste. Mais les livrées des domestiques semblent prouver qu’il s’agit d’un faux. Drouet ne fait alors ni plus ni moins que tous les maîtres de Poste depuis Chaintrix : il laisse partir le convoi. D’ailleurs de quel droit serait-il intervenu ? Il s’agissait de relayer deux voitures parmi bien d’autres.
Bien sûr si le voyageur était le roi, la situation était bizarre. Le premier personnage du royaume se déplaçait d’une manière habituelle en gardant l’anonymat. La municipalité de Sainte-Menehould est déjà alertée par les déplacements insolites de troupe puis touchée par la rumeur du passage du roi.
Un de ses membres nommé Farcy qui a déjà eu la royale ? va jusqu’au relais. Il trouve « le sieur Drouet fort occupé de cet objet et se disposant à venir faire part de ses soupçons à la municipalité ». Drouet lui décrit les membres du convoi en parlant particulièrement de la voyageuse qui pourrait bien être la reine. Farcy lui confirme que ses suppositions sont justes puis retourne à la municipalité informer ses collègues. Mais là, même passivité. Oui, c’est le roi qui est passé. Faut-il s’inquiéter de cela ? Peut être de ne pas lui avoir rendu hommage. Mais selon toute évidence il souhaitait passer inaperçu. Vers dix heures arrive Antoine Viet, maître de Poste de Châlons dépêché par sa municipalité jusqu’à Sainte-Menehould pour « donner avis de la fuite du roi et recevoir [d’elle] des instructions précises sur les découvertes qui auraient été faites à ce sujet(3) ».
Viet présente l’ordre que Boyon, un des envoyés de l’Assemblée nationale chargé de retrouver le roi, a rédigé à Chaintrix où il aurait été obligé de s’arrêter, rompu de fatigue. Cet ordre avait été transmis de relais en relais par des postillons et se présentait ainsi : « De la part de l’Assemblée nationale, il est ordonné à tous les bons citoyens de faire arrêter la berline à six chevaux dans laquelle on soupçonne être le Roi, la Reine, Madame Élisabeth ; le dauphin et Madame Royale…(4) ».
L’équivoque est donc levée. Le roi s’enfuit. Il faut organiser sa poursuite. Seulement la berline est partie de Sainte- Menehould depuis deux heures. Seul un cavalier accompli peut regagner le temps perdu. Drouet – ancien dragon – est capable d’un tel exploit. Aussi est-il décidé de « faire courir après ledit carrosse et de le faire arrêter et la municipalité [charge] de cette commission ledit sieur Drouet ». Cet extrait des registres des délibérations du conseil municipal de Sainte- Menehould prouve bien que Drouet – même s’il a soupçonné aussi que le roi était dans la berline n’a pas pris l’initiative de la poursuite. Il n’avait d’ailleurs au moment du passage du courrier dans son relais aucune raison pour le faire.
Lorsqu’il se présentera le 24 juin devant l’Assemblée nationale, il affirmera le contraire par fanfaronnade. Se donner le beau rôle était tentant. Et, la tête tournée par son triomphe, il abandonne son relais pour une carrière politique. Le 3 septembre suivant il est élu député et devient membre de la Convention qui se réunit à Paris le 21 novembre.
Après bien des péripéties il ne reviendra à Sainte-Menehould que le 1er février 1796 pour vendre son relais. Pendant son absence c’est la citoyenne Drouet qui assure l’intérim. Est-ce sa mère (elle ne mourra que le 13 septembre 1806) ou sa femme ? Si l’on devait résumer la carrière réelle de Drouet à la Poste aux chevaux, il faudrait écrire : du 1er septembre 1784 au 20 novembre 1795, il succède à sa mère à une date inconnue ; Les Cahiers de la FNARH n°101, 2006. – 25 – du 21 novembre 1791 au 1er février 1796 il est titulaire du brevet et propriétaire du relais mais laisse la gestion à sa femme et/ou à sa mère.
Il reste maintenant à retrouver son brevet qui seul peut apporter une réponse exacte à la question posée.
Notes : 1. Mémoire du marquis de Bouillé, 2e édition 1827 (ce texte est suivi du compte rendu du voyage par Valory). 2. En retenant la première version, Valory n’a pas pu parler avec Drouet qui cultivait ses champs. Avec qui alors a t-il pu s’entretenir ? Peut-être avec Drouet fermier le fils aîné qui a perdu sa situation à la suite des événements révolutionnaires et qui reste peut être au relais en attendant de s’engager l’année d’après dans l’armée, où il servira sous Dumouriez. 3. Procès-verbal de ce qui s’est passé à Châlons « J. L. Leroy, 1876 ». 4. « Rapport sommaire et exact de l’arrestation du roi après Clermont » par Boyon. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jean Baptiste Drouet Ven 22 Avr - 20:06 | |
| Ainsi, cette version semble correspondre à ce que racontait Madame Royale pour qui Drouet n'a pas joué le rôle qu'on lui a attribué par la suite . Ce serait donc Drouet lui-même par vantardise qui s'est approprié ce rôle ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jean Baptiste Drouet Sam 23 Avr - 20:05 | |
| -Selon Nézelof, le 1er novembre 1792, Drouet est venu faire une visite d’inspection au Temple. En fait, il est venu voir si la Famille Royale n’ avait besoin de rien . Celle-ci lui oppose un silence tout à fait méprisant. Et bien sûr, Drouet se fait remarquer en votant la mort de Louis XVI. Voici ce qu’en écrit Nézelof : « Peu à peu , Drouet devenait un des personnages les plus en vue de la Convention. Il était le patriote sûr, le ferme républicain dans lequel le peuple pouvait , en toute certitude , mettre sa confiance . Ses interventions et ses voies le prouvaient . Déjà au mois de décembre 1792, aux Jacobins , il avait pris victorieusement la défense de Philippe-Egalité , l’ex-duc d’Orléans , dont Buzot et Giron demandaient l’exclusion. En mars 1793, il avait été adjoint à la mission de Pons et de Thuriot pour recruter des volontaires dans la Marne et la Meuse. «
Le 7 juillet 1793, c’est la seconde visite de Drouet au Temple. Cette fois, il s’agit de couper court aux rumeurs d’enlèvements du dauphin et de vérifier que celui-ci est bel et bien au Temple. Un dialogue étonnant s’établit entre la Reine et Drouet .
« Drouet la contemplait en silence ; elle portait sur sa personne la trace des malheurs qui s’étaient abattus sur elle . Ses yeux bleus étaient devenus gris d’acier ; dans le visage émacié , l’arête du nez se détachait plus vive entre les pommettes couperosées ; les tendons saillaient dans le cou décharné. Néanmoins , elle se redressait , une moue méprisante aux lèvres. Celle qui avait été la reine de France et la maître de poste se dévisagèrent un instant avec défi. Une inquiétude secrète troublait cependant le regard de la prisonnière . Que lui voulait cet homme qui ne lui était apparu qu’à l’heure des catastrophes ?
-Madame , dit Drouet , nous sommes venus voir s’il ne vous manquait rien .
-Il me manque mon fils.
-Votre fils a tout ce qu’il lui faut, répliqua Drouet d’un ton sec , on lui a donné un précepteur patriote , et vous n’avez pas plus à vous plaindre de la manière dont on le traite que de celle dont vous êtes traitée ici vous-même.
-Je ne me plains que d’une chose , dit Marie-Antoinette , c’est de l’absence d’un enfant qui ne m’a jamais quittée. Depuis cinq jours qu’il m’a été arraché , il ne m’a pas été permis de le voir une seule fois.
-Madame , des ordres ont été donnés , ils doivent être exécutés.
Marie-Antoinette joignit les mains dans un geste de supplication , sa voix fléchit , la reine devint mère :
-« Monsieur , songez-y , il est petit. Il est malade , il a besoin de mes soins , je n’ai plus que lui , il n’a que moi ; ces messieurs de l’Assemblée sont pères pour la plupart , ils devraient comprendre Ce n’est pas parce que j’embrasse mon enfant que la France serait en péril.
Gêné , Drouet, la tête basse , faisait tourner entre ses doigts son chapeau à plumes . Marie-Antoinette reprit, abandonnant toute fierté :
-Monsieur, je vous en supplie , écoutez-moi , je ne demande pas grand-chose …qu’on me le laisse voir , seulement aux heures des repas.
Drouet se raidit contre l’émotion qui le gagnait. Il lui répugnait cependant d’être cruel à l’égard de cette femme , qui lui devait ses peines et sa déchéance :
-Madame , dit-il, votre demande sera examinée par le Comité , je vous le promets.
Et brisant ce débat pénible , il sortit. "
Nézelof nous apprend aussi que Drouet était un ami de Marat et que c’est lui qui a mené les interrogatoires préliminaires de Charlotte Corday. Cela fait beaucoup pour un simple homme de Province !
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jean Baptiste Drouet Sam 23 Avr - 20:19 | |
| Drouet s’était distingué dans sa lutte contre les espions anglais. Mais l’action de Drouet commence à gêner ses collègues et sur proposition de Barère , le gêneur est envoyé à l’armée du Nord , sur Maubeuge qui est cernée par les Autrichiens. Là-bas, la situation est désastreuse . La ville manque de denrées en touts genres . Le problème N°1 est de ravitailler la ville. Alors Drouet , aux abois, va tenter le tout pour le tout. Il va essayer de traverser les lignes ennemies pour trouver du secours pour aider Maubeuge et c’est en traversant ces lignes ennemies qu’il est fait prisonnier par les Autrichiens. Les Autrichiens apprenant qui est leur prisonnier , sont blêmes de fureur et les princes n’ont qu’une envie : celle de l’étrangler, cela leur démange la main.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jean Baptiste Drouet Dim 24 Avr - 12:37 | |
| Nézelof raconte l’entrevue Fersen-Drouet . IL raconte : « Ce jour là, le colonel Hervey vint trouver le comte de Fersen et lui dit : « Devant Maubeuge , les Autrichiens ont fait prisonnier l’homme de Varennes…
-Qui ? Drouet ?
-Lui-même …Il vient d’arriver à Bruxelles , on l’a enfermé dans la prison Sainte-Elisabeth ; voulez-vous le voir ?
Fersen saisit la main de son ami ; un espoir vient de naître en lui , peut-être par cet homme pourra t-il obtenir quelques renseignements sur sa tendre reine :
-Oui, allons ! Dit-il, allons vite !
Le colonel ajoute :
-Ma voiture est en bas avec l’abbé de Limon , le comte de Fitz-James, ils nous accompagneront ...
Le geôlier a tiré les verrous , poussé la lourde porte , et les cinq hommes pénètrent dans le cachot. Tout d’abord , à cause de l’obscurité qui y règne , les visiteurs ne distinguent rien , mais leurs yeux s’habituent . Fersen fait un pas en avant , et aperçoit un homme enchaîné sur une litière de paille . Le prisonnier est pâle , hâve , hirsute , déguenillé , cependant , il fait bonne contenance .
-C’est toi , demande le colonel , qui a arrêté le roi à Varennes ? …
Drouet regarde fixement ces inconnus qui viennent le contempler comme une bête curieuse :
-C’est bien moi , dit-il sans baisser les yeux , qui était à Varennes ! Mais ce n’est pas moi qui ait arrêté le Roi …
Fersen , en proie à un malaise croissant , scrute le prisonnier . Le voilà donc cet homme qui a fait entrer le désespoir dans sa vie : voilà l’homme qui est à la source de son malheur , et par la faute de qui sa reine a été arrachée à son amour …Si elle souffre , si elle agonise lentement dans sa geôle , si la mort la menace , c’est ce Drouet qui est là, le premier, le seul responsable .
Le suédois aperçoit une chaîne qui relie la main gauche du prisonnier à son pied droit et que le porteur essaie de dissimuler sous son vêtement boutonné ; il cherche à humilier le misérable :
-Ouvre ta redingote , dit-il , que nous voyions si tu es bien attaché.
Drouet fait la sourde oreille . Fersen repète son ordre sans succès et se penche . Le suédois , grand, fin , racé , et le paysan champenois aux larges épaules sont face à face . Le visage du favori sur lequel les lèvres d’une reine se sont posées et la figure brûlée par l’haleine ardente de la Révolution se confrontent . Fersen entend une voix lui murmurer :
-Regarde-le bien , c’est ce rustre qui t’a vaincu, qui t’a arraché ton bonheur !
Le suédois croit distinguer un sourire ironique sur les lèvres de Drouet , il serre les poings , un vertige de meutre tournoie dans sa tête , il fait un pas en arrière et entraîne l’abbé de Limon et le comte de Fitz-James :
-Sortons , dit-il , d’une voix sourde , sortons .
Dehors , il murmure , comme épuisé de l’effort qu’il vient de faire pour maîtriser sa haine et sa rage :
-Une minute de plus …et je l’étranglais de mes propres mains/.
Deux jours plus tard , Drouet fut amené devant le Comte de Metternich , ministre plénipotentaire autrichien , qui l’interrogea à son tour sur la situation de Maubeuge .
-Connaissez-vous le côté faible de la ville ? lui demanda Metternich …
Le prisonnier secoua la tête .
-Il n’y en a pas , d’ailleurs , si je le connaissais, je ne vous le dirais pas.
Puis, il expliqua comment Louis XVI avait été arrêté , il précisa qu’il n’avait pris aucune part à cette arrestation et qu’il n’avait jamais manqué de respect au roi .
-Cependant , vous avez voté sa mort , dit le ministre.
-Sans doute, j’ai voté pour, mais parce que je croyais sa mort nécessaire comme celle de Jésus-Christ.
Et la tête haute , Drouet ajouta :
-Tout ce que j’ai fait , je le ferais encore…
On le reconduisit dans sa prison , et de peur qu’il ne s’échappât , on l’enferma dans une cage en fer , une sorte de gangue métallique où ses pieds et ses mains étaient pris, lui rendant tout mouvement impossible .
On l’y abandonna avec défense à qui que ce fût de l’approcher. Il serait mort de faim et de soif sans l’intervention de son geôlier , Gérard Meunier , homme pitoyable et patriote ardent qui, bien que père de six enfants , vint chaque jour , au risque de sa vie , lui apporter à manger et à boire.
Un an plus tard , les représentants du peuple près des armées du Nord et de Sambre et Meuse découvrirent cette cage à Bruxelles et avertirent la Convention. Barère demanda qu’elle fût suspendue dans la salle des délibérations pour perpétuer la haine de la tyrannie . Mais les députés marquèrent peu d’empressement à voir se balancer au-dessus de leurs crânes cette suspension d’un nouveau genre . Il fut décidé que la mécanique serait attachée au piédestal de la statue de la Liberté , sur la place de la Révolution, avec cette inscription :
Citoyens , voilà les bienfaits que vous préparent les tyrans !
Quelques jours plus tard , Drouet fut transféré à Luxembourg . Toujours enchaîné , il fut jeté dans un cachot fétide et obscur et condamné commme un criminel au plus grand secret. Afin de le rendre plus repoussant à ceux qui l’approchaient , on lui interdit de se raser et de se couper les ongles. A ses griffes , on devait voir la bête féroce qu’il était.
Cependant , les armées républicaines reprenaient partout l’avantage et faisaient sentir aux Impériaux l puissance de leurs baïonnettes . Jourdan , vainqueur à Wattignies , dégageait la frontière du Nord ; à leu tour , Hoche et Pichegru repoussaient l’ennemi au –delà de la Moselle et du Rhin.
La considération que la République gagna à ces victoires rejaillit sur Drouet qui fut mieux traité. On lui enleva ses fers et, un jour , on vint le chercher et , sous bonne escorte , on le conduisit vers une destination inconnue.
Le prisonnier descendit avec ses gardes le long du Rhin. A Coblentz ; lieu de rassemblement des émigrés , il fut assailli par une multitude furieuse . Tous ces gens qui, peu à peu , glissaient de la plus noire misère, accoururent pour contempler de près l’instrument de leur infortune ; le captif fut insulté et quelque peu houspillé :
-Te repends-tu de ce que tu as fait ? lui demanda –t-on .
-Moi ? s’écria Drouet , si c’était à re commencer , j’arrêterai non seulement Louis Capet , mais vous tous qui êtes là , devant moi, si vous l’aviez accompagné .
Le voyage continua . Le cortège traversa la Bavière , puis la Bohême . Drouet commençait à être inquiet :
-Où me menez-vous ? demanda –t-il à ses gardiens .
-Dans un endroit d’où tu n’es pas près de t’échapper , lui répondit-on .
Un matin, ils traversèrent une grande ville qui était Brunn , capitale de la Moravie , et se dirigèrent vers une forteresse sinistre , perchée sur une colline haute de huit cents pieds. C’était le Spielberg, prison d’état , dont le seul nom faisait , dans le monde entier , pâlir les criminels les plus endurcis. Drouet était arrivé. " |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jean Baptiste Drouet Dim 24 Avr - 12:45 | |
| Voici les Mémoires d'une personne passée après Drouet dans cette prison
Mémoires d'un prisonnier d'état au Spielberg de ANDRYANE (A.)
Les trois tomes de ce livre livre coûtent bonbon ( 600 euros !!! ) |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jean Baptiste Drouet Dim 24 Avr - 12:51 | |
| Dur dur d'avoir un site sur cette forteresse de Moravie. Le premier du boudoir qui va en Moravie nous rapportera des photos ! Comte Axel, vos pas se dirigeront-ils un jour dans cette direction ? |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jean Baptiste Drouet Dim 24 Avr - 12:55 | |
| Merci pour les textes |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jean Baptiste Drouet Dim 24 Avr - 13:04 | |
| Drouet source : http://cv80.blogspot.com/.../cachee-le-08-fevrier-2010-par-barfla.html - ( la page n'existe plus ! ) |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jean Baptiste Drouet Dim 24 Avr - 13:14 | |
| La version de Drouet ne tient pas la route. L'explication de Monsieur de Valori rejoint celle de Madame Royale.
http://www.orientalement.com/p1251----varennes--.html - |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jean Baptiste Drouet Dim 24 Avr - 13:24 | |
| Le voyage vers Montmédy se serait fait d'après les instructions laissées par Mirabeau !
|
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jean Baptiste Drouet Dim 24 Avr - 16:56 | |
| Voici encore un article qui met en cause la sincérité de Drouet
Jean-Baptiste DROUET a-t-il été toujours sincère ? dimanche 24 février 2008, par François Duboisy
Source : Le Petit Journal de Sainte-Ménehould et ses voisins d'Argonne
http://www.menouetsesvoisinsdargonne.fr/spip.php?... -
Il faut cliquer sur le numéro 38 pour retrouver l'article .
Donc maintenant , on peut dire Drouet le vantard. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jean Baptiste Drouet Dim 24 Avr - 18:42 | |
| - Madame de Chimay a écrit:
- Le voyage vers Montmédy se serait fait d'après les instructions laissées par Mirabeau !
Non, pas tout à fait. Mirabeau ne voulait justement pas que le roi s'approche directement de l'empire autrichien, mais qu'il se rende à Compiègne. Il est d'accord sur ce point avec Bouillé. Quelques mois avant Varennes, Talleyrand informe Mirabeau qu'un plan serait organisé pour un départ vers la frontière, ce à quoi Mirabeau lui aurait répondu : "C'est un crime ! Le seul à ne jamais commettre !"Le plan de Mirabeau prévoyait, certes, une sortie du roi de Paris et un mouvement limité des Autrichiens de l'autre côté de la frontière. Dès lors, Mirabeau interviendrait à l'Assemblée pour autoriser le roi à monter à cheval, dans le but de préparer un mouvement vers la Picardie ; il aurait été rejoint à Compiègne par Bouillé avec le gros de ses troupes. Puis, organisation de nouvelles élections : Mirabeau comptait être aidé par Bouillé, La Fayette, Orléans, Calonne et Breteuil pour entraîner la nouvelle Assemblée vers un parti raisonnable d'apaisement. Mais ce plan datait !! C'était sans compter les ambitions de La Fayette et Orléans, l'insistance de Breteuil pour fuir directement à la frontière, et enfin la mauvaise presse grandissante de Mirabeau, voir même son discrédit. Or il était celui qui devait être la véritable tête politique restée sur Paris pour mener une campagne de relations publiques. Enfin...Mirabeau meurt quelques mois avant Varennes. |
| | | Chou d'amour Administrateur
Nombre de messages : 31526 Age : 41 Localisation : Lyon Date d'inscription : 22/05/2007
| Sujet: Re: Jean Baptiste Drouet Lun 25 Avr - 18:52 | |
| Mirabeau a plusieurs fois tenté de s'allier avec la Fayette puis avec Bouillé, mais toujours sans succès, chacun se méfiant de l'autre _________________ Le capitalisme c'est l'exploitation de l'homme par l'homme. Le syndicalisme c'est le contraire!
|
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jean Baptiste Drouet Ven 17 Juin - 20:50 | |
| Un homme du peuple sous la Révolution de Roger Vailland et Raymond Manevy Gallimard ( collection Hors série ), 1979, 242 p : 7 euros
Résumé Amazone
"Tout le monde a appris à l'école le nom de Drouet, le maître de poste qui, dans une auberge de campagne, a porté sur Louis XVI, roi fugitif, une main sacrilège et a accompli le geste qui devait changer la face du monde. Mais l'histoire de Drouet ne s'arrête pas là. Le personnage est vraiment hors du commun. D'abord, arrêter Louis XVI n'était pas si facile. Une troupe fidèle l'escortait. Il fallut au maître de poste beaucoup d'intelligence et de décision. Peu après, Drouet est député à la Convention, ami de Marat. Il échappe de peu au massacre du Champ-de-Mars. Commissaire aux armées, il est fait prisonnier par les Autrichiens, mis en forteresse. On raconte qu'il a été promené et exhibé dans une cage. Il tente de s'évader en confectionnant un parachute, mais il se brise la jambe. Il est échangé contre la fille de Louis XVI. De retour à Paris, il participe à la conspiration de Babeuf. On l'arrête, mais on s'arrange pour faire échapper ce prisonnier encombrant. Le voici aux Canaries. Sous Napoléon, il est sous-préfet. La Restauration arrive. Drouet se cache à Paris sous une fausse identité. Il aura encore le temps, avant de mourir, de vivre une touchante histoire d'amour. Roger Vailland et Raymond Manevy, qui fut un grand journaliste et un historien de la presse, ont écrit ce récit en 1936, dans le climat enfiévré des débuts du Front populaire, retrouvant, à un siècle et demi de distance, les élans et les espoirs du temps de Drouet. " |
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