Guillaume Tronson-Ducoudray

Commerçant puis avocat, né à Reims, Guillaume-Alexandre Tronson-Ducoudray (1750-1798) est désigné avec Chauveau-Lagarde, pour défendre Marie-Antoinette.
Les monarchistes trouvent scandaleuses ses remarques à l'issue de la condamnation de sa cliente.
Tronson-Ducoudray est arrêté par orde de la Convention. Il émigre jusqu'après le 9 Thermidor.
Député de Seine-et-Oise au Conseil des Anciens, adversaire de la politique du Directoire , il est déporté en Guyane après le 18 Fructidor : il y meurt.
Ses Instructions rédigées pour mes enfants et mes concitoyens furent publiées l'année de sa mort.

Bien à vous.

A-t-on une édition de ces "Instructions rédigées pour mes enfants et mes concitoyens"?

J'avoue que non...je n'ai fait que citer la mini-biographie qu'a proposée Catriona Seth dans son Anthologie sur Marie-Antoinette...
En fait j'espérais obtenir par d'autres plus de précisions que je n'ai pas encore réussi à trouver...

Bien à vous.

Eh bien, actuellement, les royalistes rendent hommage à ce défenseur de la reine.

Le 9 octobre, l’IMB organisait une journée en hommage à Guillaume Tronson du Coudray, désigné par le tribunal révolutionnaire comme défenseur officieux, avec Chauveau-Lagarde, de la Reine Marie-Antoinette lors de son «procès».

... j'aime beaucoup les guillemets autour du mot "procès"...

Voici encore des précisions, que nous donne cet excellent site sur la révolution française :

Le plaidoyer, présenté avec adresse et courage par ses deux défenseurs, accroît peut-être cette suprême illusion. Ils sont écoutés en silence dans la salle éclairée par quelques bougies et dont les extrémités, les plafonds restent pleins de nuit. Ils se sont partagé la défense. Tronson-Ducoudray doit répondre à l'accusation de complicité avec les ennemis de l'intérieur; son confrère doit défendre la reine du chef d'intelligence avec l'étranger. Chauveau-Lagarde surtout parle avec noblesse : « Rien, dit-il en achevant, ne saurait égaler l'apparente gravité de l'accusation, si ce n'est peut-être la ridicule nullité des preuves..."

Son confrère et lui seront arrêtés au sortir de l'audience.

Il semble que, sur cet intéressante personnalité, le livre de Cazotte, Un avocat dans la tourmente, soit indispensable...

Guillaume Tronson Ducoudray fait aussi partie de ceux, trop rares, qui se sont exprimés contre les massacres perpétrés en Vendée :

Ils fusillent les municipalités entières, des municipalités patriotes, des municipalités revêtues de l’ écharpe de la liberté. Enfin, ils brûlent les chaumières des cultivateurs, ils brûlent, même dans un temps où nos armées et Paris manquent de subsistances, ils brûlent les graines et les bestiaux. De quel nom qualifier ces armées de brigandages et de crimes? Et quels sont les ennemis barbares de la patrie qui ont pu en concevoir le plan? (…) Non, ce n’ est plus par la méchanceté humaine qu’ il faut expliquer ce brigandage et cet assassinat perpétuel; c’ est plutôt une frénésie nouvelle qui passe les forces ordinaires du crime. Ah! Il est des gens nés comme le tigre avec la soif du sang qui s’ y désaltèrent parce que c’ est le besoin de leur instinct et qui sourient à l’ aspect d’ un homme comme à la vue d’ une proie.

Il dit encore :

CHAUX accuse le comité révolutionnaire, dont il a été un des membres, d’ avoir fait noyer ou fusiller quatre cents à cinq cents enfants dont les plus âgés n’ avaient peut-être pas quatorze ans. J’ avais engagé plusieurs de mes amis à élever chez eux plusieurs de ces petits innocents et le lendemain, allant à l’ Entrepôt pour les prendre, ces malheureux n’existaient plus. Ils avaient tous été noyés (…) ayant reçu l’ ordre de la commission militaire d’ aller constater la grossesse d’ un grand nombre de femmes détenues à l’ Entrepôt, je trouvai une grande quantité de cadavres épars ça et là; je vis des enfants palpitants noyés dans des baquets pleins d‘ excréments humains (…) Je constate la grossesse de trente d’ entre ces femmes; plusieurs étaient grosses de sept à huit mois. Quelques jours après, je reviens voir ces femmes que leur état devait sauver, ces malheureuses avaient été noyées…

Vous voyez ces femmes, ces mères malheureuses précipitées dans les flots avec leurs enfants. L’ enfance, l’ aimable enfance, dont le bonheur est de ne trouver que des amis parmi les êtres sensibles, de n’ inspirer que les plus doux intérêts, d’ attendrir par un seul de ses regards, devient l’ objet de la plus impitoyable rage. Un crime, que les fureurs de la guerre rendent à peine croyable, est commis de sang froid dans Nantes armée pour la patrie. Des enfants de dix, de cinq, de deux ans, des enfants à la mamelle sont massacrés ou noyés. Je vois ces infortunés tendant vers leurs bourreaux leurs bras innocents, leur souriant sur le sein qui les porte et dont un bras féroce les arrache. Je les vois se débattre aux cris de leurs mères qui les appellent encore. J’entends ces malheureuses s’écrier, l’ une: « Laissez-moi mon fils, barbares! Je mourrai avec lui », et les monstres précipitent et l’enfant et la mère; l’autre recommander le sien aux citoyens sensibles qui l’ adoptent et leur dire: « Mon enfant est entre vos mains, je meurs contente. » Je vois le fleuve rapporter sur ses bords une femme tenant encore son enfant mort sur son sein, une fille les bras entrelacés autour de sa mère. Quelles images! (…)

Je passe sur la place où est l’ instrument du supplice. Je vois un jeune enfant de treize ans sur l’ échafaud; il dit à l’ exécuteur ce mot déchirant: « Me feras-tu bien du mal? » il est lié sur la planche fatale dont les proportions indiquent à ces barbares que la justice n’ y attache pas des enfants. Son corps atteint à peine la ligne qui répond à la direction du couteau. Le coup tombe… Je vous épargne le reste de cet affreux tableau.

Ailleurs, ce sont moins des supplices injustes que des scènes de carnage; ce sont des hommes, des femmes ou des enfants que l’ on fusille ou que l’ on déchire à coups de sabre et de baïonnette. Ce sont des prisonniers qui se sont rendus volontairement, qui sont venus offrir de ramener neuf ou dix mille des leurs si on voulait leur pardonner et qui offraient en même temps de rester pour otages; ce sont des rebelles, ou plutôt des malheureux que l’ on qualifie ainsi sans avoir constaté l’ identité des individus, et ce sont encore des enfants car ces infortunés sont partout voués à la mort.

Très intéressant merci Pim!

Justement je me demandais un peu ce que pensaient les avocats de Marie-Antoinette, de la révolution...car ils ont été choisis par les révolutionnaires pour défendre la Reine, et ils ont assumé cette tâche impossible, mais au fond ils pouvaient très bien la vouloir cette révolution.

Mais maintenant au moins on sait que Ducoudray déplorait les débordements...

Citation :

... j'aime beaucoup les guillemets autour du mot "procès"...

Oui moi aussi...j'ai eu l'impression de me lire

Citation :

Eh bien, actuellement, les royalistes rendent hommage à ce défenseur de la reine.

Le 9 octobre, l’IMB organisait une journée en hommage à Guillaume Tronson du Coudray, désigné par le tribunal révolutionnaire comme défenseur officieux, avec Chauveau-Lagarde, de la Reine Marie-Antoinette lors de son «procès».

... j'aime beaucoup les guillemets autour du mot "procès"...

Je confirme que les avocats de Marie-Antoinette ont la cote parmi nous autres royalistes. Je serais donc très curieux de connaître ces propos si scandaleux dont parle Majesté.

Sinon, moi aussi j'aime bien les guillemets. J'estime qu'ils sont bien la moindre des choses.

Merci, en tout cas, de nous avoir cité cet extrait de la plaidoirie de M. Tronson du Coudray. J'en ai eu les larmes aux yeux à la pensée de tous ces enfants.

Ces deux avocats sont véritablement impressionnants par leur courage...car ils savaient qu'ils allaient dans la fosse aux lions justement...ils savaient qu'ils devaient défendre l'indéfendable devant un jury et des jurés qui avaient déjà délibéré...et ils ont eu un temps plus que négligeable pour s'y préparer...malgré cela ils ont tenu leur tâche jusqu'au bout, avec un grand professionnalisme...bravo à eux!

Si ce procès avait été un vrai procès, ils auraient gagné...l'accusation n'ayant aucune preuve à l'appui.

Citation :

Si ce procès avait été un vrai procès, ils auraient gagné...l'accusation n'ayant aucune preuve à l'appui.

Ca, c'est certain, c'est en substance ce que Chauveau Lagarde a dit à la reine lorsqu'ils se sont vus pour faire le point des dépositions de la première séance.

Mais le commentaire de l'avocat montre qu'il croyait dans l'issue du procès. Je ne pense pas qu'il savait la situation perdue d'avance. Il s'est battu, lui aussi, tout comme son confrère et la reine, parce qu'ils espéraient gagner.

Surtout, en effet, compte tenu de la nullité absolue des témoignages produit par l'accusation.

C'est nous qui connaissons la fin à l'avance. Eux pas. Eux croyaient à juste titre en leur cause.

Oui je suis d'accord...je pense aussi que les avocats de Marie-Antoinette espéraient vraiment pouvoir faire leur métier convenablement, juridiquement parlant.
Et comme leur admiration pour elle était bien effective, ils ont encore plus espéré pouvoir la sortir de là...mais pour eux aussi la sentence a dû être dure à écouter...:s:

Le début de débat sur le nazisme et la révolution a été mis ici

Selon Paul Belaiche, Tronson-Ducoudray a été le défenseur du Cardinal de Rohan lors de l'affaire du collier...Il devait sans doute penser qu'il s'agissait de l'affaire de sa vie...c'était sans compter sur le procès de la Reine...

Bien à vous.

Pour Rohan il a plutôt bien fait son travail

Tiens ?! Cette info ne me dit rien...

Moi aussi je viens de l`apprendre
Fleurdelys

ça me dit quelque chose mais je ne l'ai pas lu

J`ai commandée sur abebouk ce livre

Un avocat dans la tourmente , Guillaume Alexandre
Tronson du Coudray ( 1750-1798 ), l'avocat de Marie-Antoinette de
Jacques de Cazotte
244 p?

Et je l`ai eu mardi dernier, si vous savez ma surprise en trouvant dans le livre un petit billet qui est écrit :
Chère Pépé, merci pour vos vœux je vous souhaite aussi une très bonne année 1994.
signé Jacques Cazotte
Ci-joint un livre que j`ai écrit sur un aïeul de ma femme en attendant d`en écrire sur un notre aïeul commun.
C`est incroyable n`est-ce pas ? je possède le livre du père ou grand-père de l`auteur ?
Fleurdelys

Oui en effet.
D'autant que monsieur semble être le cousin de madame.

Quel hasard ! C'est chouette que ce livre ait atterri chez toi, Fleurdelys !

Chouette aussi pour nous, qui allons pouvoir bénéficier de tes commentaires. C'est un livre qui m'intrigue beaucoup...

Oui, tenez-nous au courant chère Fleur de Lys...

Je donnerai mes commentaires quand je l`aurai lu.
Fleurdelys

Je lis présentement le livre de Jacques Cazotte
L`avocat souhaitait défendre Louis XVI au Tribunal révolutionnaire. Voici en parti la lettre qu'il a écrite à l`époque:

J`écrivis sur le champs au président de la Convention pour l`avertir que j`offrais à Louis de le défendre à la barre.On ne me le fera probablement pas l`injure de supposer qu`une fausse gloire m`ai déterminé.J`étais à peu près sûr, vue la brièveté du temps, de compromettre les intérêts de mon amour-propre.
C`est donc tout simplement un devoir que je croyais remplir et je veux que mes concitoyens en soient instruits.
Je n`aurais pas cru rendre mon patriotisme suspect en défendant Louis. Ceux qui me connaissent savent combien la liberté m`est chère.j`aurais cru faire un acte d`humanité et de dévouement, se qui n`est indigne d`un homme libre.

C`est un honneur pour lui de défendre la liberté de son pays et aussi celle de défendre ses souverains
Fleurdelys

Et surtout il en fallait du courage à cette époque pour affirmer défendre Louis XVI, ou même Marie-Antoinette