Le Boudoir de Marie-Antoinette

Prenons une tasse de thé dans les jardins du Petit Trianon
 
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 1er août 1793: Peu après midi

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yann sinclair

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MessageSujet: 1er août 1793: Peu après midi   1er août 1793: Peu après midi Icon_minitimeJeu 1 Aoû - 10:04

Peu après midi, les prisonnières, par leurs fenêtres demeurées ouvertes à cause de la chaleur étouffante, entendent monter un bruit qui leur est devenu familier: une rumeur où percent les sonneries de trompettes et de commandements hurlées depuis la cour du palais

Quelques minutes plus tard, du cliquetis des sabres heurtant marches et murailles, du grincement des guichets que les geôliers ouvrent avec fracas, des battements des verrous qu'ils font glisser et retomber lourdement, bruits que la tour, sonore comme un tuyau d'orgue, répète longuement

C'est la classique inspection

Cette fois, Hanriot, commandant la force armée parisienne, cause de tout ce vacarme, regarde à peine l'appartement des détenues

Il est beaucoup plus inquiet par "le dénuement de l'artillerie" de la garnison du Temple
Aussi ordonne-t-il de nouvelles mesures de surveillance: les commandements de poste recevront des munitions et, dès ce soir, les canonniers devront veiller auprès de leurs pièces

Cette mise en état du Temple est déterminée par la prise de Valenciennes
Valenciennes où casernait autrefois le régiment de Fersen!

La route de la capitale est ouverte

Et à Bruxelles, Axel caresse le projet de "faire pousser un gros corps de cavaliers sur Paris, ce qui était d'autant plus facile qu'il n'y avait plus d'armée devant et que toutes les granges étaient remplies de vivres"
Les mesures de sécurités prises, afin d'éviter un coup de main, le Comité décide de faire croire aux Alliés l'imminente mise en jugement de la Reine

Ne pourrait-on pas échanger la vie de Marie-Antoinette contre un traité de paix avantageux ?

Toujours ce même 1er août, Barère, en réponse à la prise de Valenciennes, s'écrie à la tribune de la Convention:
"Est-ce l'oubli des crimes de l'Autrichienne, est-ce notre indifférence pour la famille Capet qui a abusé ainsi de nos ennemis? Eh bien, il est temps d'extirper tous les rejetons de la royauté !"
Sans balancer davantage, la Convention vote le décret déférant "la veuve Capet" devant le Tribunal révolutionnaire

Lorsque la nouvelle parviendra à Bruxelles, Alliés et Emigrés sont persuadés que la dernière heure de la Reine va sonner

Ils ne comprendront nullement qu'il s'agit là d'une offre pour traiter... et de peur de hâter la fin de la prisonnière, ils abandonnent même le projet d'incursion prôné par Axel

"Il n'y a rien à faire qu'à attendre", dira Mercy avec philosophie

Il n'a jamais aimé sa "pupille", sa peine est légère. Fersen, lui, est anéanti:
"Je ne vis plus" écrira-t-il à sa soeur Sophie, "car ce n'est pas vivre que d'exister comme je fais, ni de souffrir toutes les douleurs... Si je pouvais encore agir pour sa délivrance il me semble que je souffrirais moins, mais de ne pouvoir rien faire que par des sollicitations est affreux pour moi"

Le gouvernement n'a guère tardé à mettre à exécution sa menace

Quelques heures après le vote de la Convention, dans la nuit même du 1er au 2 août, quatre administrateurs de police, ayant à leur tête Michonis, et entourés des commissaires de garde, lisent à Marie-Antoinette le décret qui la transfère à la Conciergerie, pour être renvoyée devant le "tribunal extraordinaire"

Sans dire un mot, elle se lève

La pauvre femme n'a plus désormais la force de réagir et "sans s'émouvoir", c'est Madame Royale qui le racontera, aidée de sa fille et de sa belle-sœur, elle prépare le paquet de "ses hardes"

Puis, en présence de ces hommes qui ont envahi sa chambre et refusent de la laisser seule, elle s'habille et, à leur demande, "leur donne ses poches"

Les municipaux, après l'avoir fouillée, lui laisse seulement un mouchoir et un flacon " de peur qu'elle ne se trouve mal"

Ils se saisissent du reste dont ils font un paquet

On la presse

Elle embrasse sa fille, lui recommandant "de prendre courage et soin de sa santé", confie ses enfants à sa belle-sœur et "sans jeter les yeux" sur Madame Élisabeth et Marie-Thérèse, sans se retourner, elle quitte cette chambre où elle a vécu durant plus de neuf mois

12 fois, elle se baisse, 12 fois, elle enjambe les guichets

Au rez-de-chaussée, devant la salle du Conseil, le cortège s'arrête

Les municipaux dressent un procès-verbal "pour se décharger de la personne de la veuve Capet"

Marie-Antoinette reste là, debout, au seuil de la pièce, portant son baluchon et attendant que les commissaires et les représentants de la Commune aient terminé leur paperasserie

Enfin les opérations sont achevées et l'on pousse la Reine vers le jardin

En franchissant le dernier guichet, Marie-Antoinette oublie de se baisser et se cogne le front

Michonis s'inquiète:
"Vous êtes-vous fait mal?"
"Oh! non...Rien à présent ne peut plus me faire du mal"
(Cette porte est aujourd'hui la porte d'entrée du donjon de Vincennes)

La demie de deux heures sonne à une horloge voisine

Comme une automate, elle marche vers le palais du Temple où elle n'est pas venue depuis le souper du 13 août
En haut du perron de cinq marches, s'est-elle retournée pour voir une dernière fois, dans le ciel clair de cette nuit d'août, se détacher la haute silhouette du sinistre donjon? Ce donjon où, au deuxième étage, dort son petit roi, où, au troisième, sa petite Mousseline blonde pleure dans les bras de sa tante

Rapidement le petit groupe traverse le grand salon, la salle de billard et, par un nouveau perron de cinq marches, descend dans la vaste cour

Deux ou trois fiacres sont là, entourés d'une vingtaine de gendarmes à cheval

Quelques cavaliers portant des torches éclairent la scène

Suivie de Michonis, la Reine prend place dans la première voiture

Au grand trot, le cortège passe la porte du Palais, prend à gauche et s'engouffre dans la rue du Temple

Vingt minutes plus tard, le fiacre pénètre dans la cour de Mai et s'arrête sous l'arcade, à droite du grand escalier du Palais de Justice

La Reine descend quatre ou cinq marches, traverse la petite cour en contrebas et s'arrête devant la porte de la prison

Dédaignant le marteau, les soldats de garde frappent " à grands coups de crosse de fusil"

Larivière, l'un des huit porte-clefs, encore tout ensommeillé, il s'était endormi dans le vaste fauteuil à oreillettes du concierge, ouvre et devine dans l'ombre une "grande et belle femme" entourée d'hommes dont les uniformes dorés brillent dans la nuit

La prisonnière se baisse, enjambe le seuil de pierre séparant les deux guichets et se trouve dans le vestibule qui se remplit de lumières

Larivière, stupéfait, reconnaît alors la Reine "vêtue d'un long vêtement noir qui donne encore plus d'éclat à sa blancheur extraordinaire"

Il l'a souvent vue à Versailles, où il était apprenti pâtissier à la Bouche du Roi

On entraîne la prisonnière vers le greffe, une petite pièce qui donne, à gauche, sur un vestibule, où doit se dérouler la fouille et la séance traditionnelle de l'écrou, mais Miconis change d'avis et, rapidement, pousse la Reine vers le troisième guichet ouvrant sur le "corridor noir"

En quelques pas, la Reine arrive dans sa nouvelle prison, un cachot tout suintant d'humidité, prenant jour par une fenêtre basse située presque au niveau du sol de la cour des femmes
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Le général de Custines l'occupait encore quelques heures auparavant
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L'après-midi, la femme du concierge, Mme Richard, aidée de sa servante la jolie Rosalie Lamorlière, avait fait chercher chez le tapissier Bertrand, qui demeurait à deux pas, un lit de sangle, deux matelas, un traversin, une couverture, un fauteuil en canne servant de garde-robe et un "bidet de basane rouge garni de sa seringle, le tout neuf, pour servir à la dite veuve Capet"

Mme Richard avait ajouté une table et deux chaises de paille
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Lithographie
31,5 x 23,5 cm. Inscriptions marques: Lettre: "Michonis, Victime de la révolution le 17 juin 1794" Marque Louis-Philippe. Historique: Cette estampe fait partie de la série de grands albums reliés contenant des portraits gravés et provenant du cabinet de gravures constitué par Louis-Philippe, duc d'Orléans puis roi des Français. La constitution des albums s'est étendue pendant plus de vingt-cinq ans et était conservée au Palais-Royal. Sur les 114 volumes dont on garde la trace, 75 sont aujourd'hui conservés à Versailles dont 65 seulement contiennent des gravures - près de 16 500. Les albums furent ensuite conservés au manoir d'Anjou, près de Bruxelles, dans la collection d'Henri d'Orléans comte de Paris, puis, lorsqu'en 1948 le prince et sa famille quittèrent la Belgique pour se fixer au Portugal, les volumes furent mis en vente publique à Bruxelles. A la demande de Charles Mauricheau-Beaupré, le comte de Paris accepta de retirer les volumes et les vendit au château de Versailles pour 1 200 000 Francs. Cf. Delalex Hélène, " La collection de portraits gravés de Louis-Philippe au château de Versailles ", Revue des Musées de France - Revue du Louvre, 2009. Fonds: Château de Versailles et de Trianon. N°identification: INV.GRAV.LP 88.97.1

Jean-Baptiste Michonis (1735 - 17 juin 1794)
Limonadier. Membre de la Commune de Paris, inspecteur des prisons, administrateur de police, il participa au "complot de l'œillet". Il fut guillotiné le 22 prairial an II (17 juin 1794). Inhumé au cimetière de Picpus.

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