And now ladies and gentlemen I give you
Claire Lacombe, militante et féministe ariégeoise Retour sur son parcours et ses combats durant l'Ancien Régime.
- « Française, artiste et sans place, née avec le courage d’une Romaine et la haine des tyrans ». En ce 25 juillet 1792, Claire Lacombe fait sensation à la tribune de l’Assemblée législative.
Militante active de la Société fraternelleArrivée quelques mois plus tôt à Paris, la jeune ariégeoise de 27 ans est une militante active de la Société fraternelle, un club qui se donne pour mission d’exalter les valeurs révolutionnaires et de réclamer la réforme du mariage et l’éducation des femmes. Ce désir d’émancipation, elle l’a toujours porté en elle. Dès l’adolescence, sa nature expansive et enjouée la prédispose au métier de comédienne. Dans ces années corsetées d’Ancien Régime, brûler les planches est extrêmement mal vu et s’apparente à de la débauche.
Remarquée dans les pièces de Corneille et RacineQu’importe ! En 1785, elle s’empresse de quitter sa ville natale de Pamiers (Ariège) avec un marchand, client de son père, qui lui a promis de la présenter à une troupe de Montpellier (Hérault). L’expérience tourne court mais Claire, qui choisit le pseudonyme de Rose, se fait remarquer dans les pièces de Corneille et Racine, jouées jusqu’à Marseille (Bouches-du-Rhône) et Lyon (Rhône). Les directeurs de théâtres ne remettent pas en cause son talent, mais s’inquiètent de ses opinions politiques et finissent tous par la congédier.
Société des républicaines révolutionnairesAu printemps 1792, elle tourne le dos à sa prometteuse carrière pour embrasser celle de l’engagement public. Le 10 août, son ardeur la pousse à participer avec un bataillon de Fédérés, à la prise du château des Tuileries qui mène à la chute de la monarchie.
Sa blessure au poignet contractée pendant les événements lui vaut une couronne civique et un certificat de bravoure. Consciente du rôle supplétif des femmes dans les clubs masculins, elle fonde avec sa complice Pauline Léon, en mai 1793, la Société des républicaines révolutionnaires. Face à la menace des armées étrangères coalisées, elle se fait craindre de ses ennemis en demandant « des piques et des poignards pour les femmes ».
Arrêtée, elle échappe à la guillotine Dans la rue, les affrontements sont légion. Un énième risque avec des femmes des Halles pousse la Convention à interdire à la fin octobre l’ensemble des clubs féminins. Son rapprochement avec le mouvement radical hébertiste lui vaut d’être arrêtée en avril 1794.
Emprisonnée durant 16 mois, au Plessis puis à la prison du Luxembourg, où elle vend à ses compagnons de cellule du tabac, du papier et un peu d’alimentation, elle échappe de peu à la guillotine. À sa sortie, elle décide de quitter le champ politique et de retourner à ses premiers amours. En janvier 1796, elle s’engage avec le Grand Spectacle de Nantes pour y jouer les rôles de « reines, mères nobles, grandes croquettes ». Elle y semble apaisée et épanouie.
Malheureusement, le théâtre de la République où elle se produit est acculée à la faillite. Sans ressource, elle emprunte ici et là de l’argent qu’elle ne peut rembourser. Après juin 1798, on perd sa trace.
Mathieu Arnal
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Un personnage, ce petit bout de femme !