Nombre de messages : 11 Date d'inscription : 02/08/2019
Sujet: Vénus noire Sam 11 Juil - 12:25
Film d'une grande lucidité sorti en 2010.
L'histoire authentique et tragique de Saartjie Baartman, femme khoïsan originaire d'Afrique du Sud, réduite en esclavage et exhibée en Europe au début du XIXe siècle pour son large postérieur, où elle était connue sous le surnom de «Vénus hottentote». Son histoire, souvent prise pour exemple, est révélatrice de la manière dont les Européens considéraient à l'époque ceux qu'ils désignaient comme appartenant à des "races inférieures".
"Je n'ai jamais vu de tête humaine plus semblable à celle des singes" déclare l'anatomiste Georges Cuvier en 1817, alors qu'il se trouve face au moulage du corps de Saartjie Baartman, dans l'enceinte de l'Académie Royale de Médecine. Un parterre de distingués collègues applaudit la démonstration, 34 ans avant que ne culminent les théories racialistes avec le tristement célèbre Essai sur l'inégalité des races humaines d'Arthur de Gobineau... Présenté en compétition à la Mostra de venise, Vénus noire d'Abdellatif Kechiche fut l'un des éléctrochoc du festival. Toujours sur le fil, sans voyeurisme, le cinéaste parvient à montrer "humainement" une vérité insoutenable. Par ce qu'elle révèle de l'inhumanité barbare qui peut animer un être humain face à la différence, l'histoire de Saartjie est proprement universelle. Son interprète, la formidable actrice d'origine cubaine Yahima Torres, exposait ainsi son point de vue sur la résonance contemporaine à prêter à cette histoire : "Elle est un symbole, forcément. (...) Le film transmet l’idée simple et universelle que l’on a tout à apprendre des autres. Et apprendre, ça signifie respecter ce qui nous est étranger : un physique, une culture, un langage. C’est cela être humain." Une oeuvre puissante, et sans concession. (allocine)
« Pardonnez-moi de vous déranger, mais je suis là, il faudra faire avec », annonce Abdellatif Kechiche. C’est un peu de cette façon qu’on pourrait décrire le dernier film du cinéaste franco-tunisien : il est dérangeant, mais c’est un fait.
COMMENT AVEZ-VOUS DÉCOUVERT LE CAS DE LA VÉNUS HOTTOTENTE? En 2000, la diplomatie sud-africaine demandait ses restes à la France. J’ai fait des recherches sur internet, ainsi que dans des bibliothèques à New York et en Afrique du Sud. J’ai pu voir le moulage de son corps et l’expression de son visage. Cette femme a souffert toute sa vie. Après sa mort, pendant 200 ans, les scientifiques ont parlé de ses attributs. Ils avaient tout mesuré. C’est certainement le plus grand outrage qu’un être humain peut connaitre.
VOUS ÊTES-VOUS BASÉS SUR LES FAITS HISTORIQUES OU AVEZ-VOUS LAISSÉ UNE PLACE À L’INTERPRÉTATION? Tout ce qui est raconté dans le film a existé d’une façon ou d’une autre. Par exemple, les spectacles de foire se déroulaient exactement de cette façon.
Pour les scènes d’exhibitions dans les salons libertins ou avec les scientifiques, les faits historiques disent encore plus que ce que j’ai montré. Je n’ai pas laissé plus de place à la fiction parce que j’ai voulu respecter ce personnage énigmatique, ce mystère. (toukimontreal)
_________________ Nous souhaitons la vérité, et ne trouvons en nous qu'incertitude.