Le XVIIIème siècle était-il sale ?

Bonjour,

Beaucoup d'amoureux du XVIIIème siècle préfèrent ne retenir que le raffinement de la décoration et du costume. Mais un hiatus existait entre ce luxe extrême et les conditions de vie quotidienne. Non seulement l'aisance ne concernait que les plus riches, mais encore cette élite elle-même n'échappait-elle pas à la crasse qui régnait dans les rues et dans les villes.

A cet égard, le film Le Parfum, Histoire d'un meurtrier de  Tom Tykwer (2006) donne une assez bonne illustration de la saleté du XVIIIème siècle.

Voici quelques images de ce film.







Il faut bien penser qu'un désordre indescriptible régnait dans ces villes du XVIIIème siècle, comme le retrace l'article que voici sur Autun.

À la fin du XVIIIe siècle, la ville d’Autun est des plus sales. Les places sont négligées. Les rues sont pleines de nids de poules. Les pavés sont jonchés de détritus qui ne sont jamais balayés. Les rues et la future place du Champ sont parcourues par de nombreux animaux de ferme, volailles, vaches et cochons, élevés en liberté dans la ville et nourris de détritus abandonnés sur la voie publique.


La place du Champ-de-Mars, à Autun. Photo DR

Urine dans la fontaine

Comme son entretien à cette époque incombait aux riverains, de nombreux arrêtés seront pris par la municipalité. Le 1er mars 1786, un règlement sur la propreté et la sûreté des rues est pris. Il interdit à toute personne de laisser sortir de la volaille de quelque espèce que ce soit, de jeter tripaille, boyau et sang de bestiaux dans les rues et places, ou de laisser croupir dans les cours et bâtiments. Il y est défendu de jeter par les fenêtres aucune chose ni verser dans le ruisseau qui descend de la fontaine Saint-Saulge, aucune urine ou autres ordures de quelque nature que ce soit. Les propriétaires qui font vidanger leurs latrines sont enjoints de prendre les précautions nécessaires pour ne laisser répandre aucune ordure ou excréments et de ne les enlever que de nuit, sous peine de 50 livres d’amende et d’emprisonnement. Il est défendu de faire des amas de chanvre, de brûler en aucun temps des pailles, fumiers, ordures et d’allumer des feux devant les portes. Les lavandières et blanchisseuses se voient interdites de laver aux fontaines et bassins de la ville.

La ville est un vrai capharnaüm. Même le maire se fait verbaliser par deux commissaires de police, le 18 ventôse 1792, à 9 heures du matin, pour un dépôt de terre à la porte des Marbres, provenant de la construction de sa maison rue Saint-Antoine. Les deux commissaires seront également prévenus qu’un citoyen y a fait verser un tombereau de vidange et que cela sent…

http://www.lejsl.com/edition-autun/2014/11/15/a-la-fin-du-xviiie-siecle-la-ville-est-sale

madame antoine

Ben tiens ! Ce n'est pas pour rien qu'on parlait de bottines et de bas de robes crottés !

C'est exact madame antoine, et cette partie là du 18ème siècle, la plus importante qui plus est, est paradoxalement très souvent oubliée
Pour beaucoup ce siècle se réduit à Versailles ou à la noblesse....

Vous avez raison de soulever ce point, Chou d'amour. La saleté, la terre battue et la poussière étaient le quotidien du peuple. Même à la Cour, la saleté et les mauvaises odeurs étaient présentes. Le XVIIIème siècle à Versailles sentait avant tout le crottin de cheval, le cuir des selles et des bottes, les fèces des animaux (chiens pour la chasse et l'agrément, chèvres pour le lait, chats pour les souris, singes et perroquets de compagnie) et des humains. On se rafraîchissait l'haleine avec de la cannelle et le corps avec des gants parfumés et des eaux de senteurs, mais pas toujours par des bains.

Bien à vous

madame antoine

Je pense que pour nous l'air y serait plutôt irrespirable