Marie-Josèphe de Savoie, Comtesse de Provence

Madame par Boze :



Il faut reconnaître qu'elle avait ce qu'il est convenu d'appeler un physique assez ingrat...

La Comtesse de Provence n'avait pas une bonne réputation à ce niveau-là, en plus de son manque d'hygiène assez prononcé il paraît...

Elle était assez discrête à la cour, certainement à cause, en partie, de ce physique ingrat. Son arrivée à Versailles n'était pas vraiment une bonne nouvelle pour Marie-Antoinette, qui avait peur qu'elle ait des enfants avant elle...ce n'est pas arrivé, mais sa soeur cadette la Comtesse d'Artois s'en est chargée pour elle...

D'après le Comte de Viel-Castel, la Comtesse de Provence n'aimait pas vraiment Marie-Antoinette...surement à cause de l'influence de son mari...mais il est sûr que ces deux femmes n'avaient pas le même caractère ni la même situation...l'une était belle, gracieuse, au centre de tout et avait le pouvoir, l'autre n'était que dans l'ombre de la première, avec un physique très moyen, sans qualité vraiment mise en exergue...

Il convient tout de même de nuancer deux points. Tout d'abord, l'étiquette piémontaise était moins stricte qu'à Versailles, et c'est sans doute pour cela que la comtesse, à son arrivée en France, n'avait pas acquis un art du paraître. Plusieurs analyses d'historiens affirment que c'est pour cette raison, à savoir un manque de raffinement, qu'on disait d'elle qu'elle manquait d'hygiène. Car comme je l'ai lu, il serait peu vraissemblable qu'une dame de si haut rang soit si négligée.

Certes, elle ne s'entendait pas avec Marie-Antoinette, et ce pour les raisons que vous venez d'énoncer. Toutefois, la comtesse de Provence était loin d'être sotte, et un certain caractère la poussait à ne pas se laisser écraser par sa belle-soeur. Ce qui n'améliora pas leur entente...

Personnellement, j'aime assez ce portrait, peint en 1783, par Wertmüller:

Chou d'amour a écrit:

Marie-Antoinette avait peur qu'elle ait des enfants avant elle...ce n'est pas arrivé, mais sa soeur cadette la Comtesse d'Artois s'en est chargée pour elle...

Attention à tes propos, Chou !
A te lire, on pourrait croire que tu donnes raison à Sofia Coppola qui a fait naître le Duc d'Angoulême de la nature de la Comtesse de Provence ...

Bien à vous.

Ah non non j'ai bien dit que c'est la Comtesse d'Artois qui a eu des enfants

Certes, mais tu as dit qu'elle s'était chargée de procréer pour elle...ce qui pourrait prêter à confusion, non ?

Bien à vous.

Ah! Vu comme ça oui en effet

Bah, moi je ne la trouve pas si vilaine. Ces contemporains étaient bien durs à son égard... Alors que y'a pire quand même. Elle aussi elle fut pas mal calomniée, mais sur son physique. Ne murmurait-on pas qu'elle avait le torse velu ?

Pénélope a écrit:

Bah, moi je ne la trouve pas si vilaine.

Ce sont des portraits...Or face à une Princesse laide, l'artiste aurait mauvaise presse en restituant son manque de beauté sur sa toile...
Peut-on donc s'y fier ?

Citation :

Ces contemporains étaient bien durs à son égard... Alors que y'a pire quand même.

Tout est certes relatif...mais , comme l'a rappelé Chou, elle manquait de rigueur d'hygiène et c'est surtout en cela qu'elle devait choquer la Cour...

Citation :

Ne murmurait-on pas qu'elle avait le torse velu ?

Le torse, je ne sais, mais du moins la gorge...
A mon avis, on l'a murmuré pour l'avoir constaté...Vu la mode, elle pouvait difficilement le dissimuler...Ou avec un fichu, ou bien , elle aurait dû se faire épiler, puisque la pâte épilatoire était de rigueur du moins pour les jambes des gentilshommes que l'on devinait au travers de leurs bas...

Bien à vous.

Qu`elle ait le torse velu, je trouve ça exagéré quand même, il parait qu`elle n'a jamais pris un bain,
Fleurdelys

Oui, Fleurdelys, c'est ce que j'ai lu aussi. Elle et sa soeur... Quand elles sont arrivées à Versailles, elles ne s'étaient jamais lavées. Beurk ! Alors, vous pensez, les amis, ce n'étaient pas quelques poils qui pouvaient la déranger...

Mercy fait allusion aux odeurs intempestives qu'elle dégageait, notamment en dansant, et auxquelles une petite eau de senteur eût pu aisément remédier.

Bref, tout pour plaire, la brave dame !

Il semblerait que ce soit surtout les dessous nasaux de la comtesse qui étaient plus prononcés que la moyenne...

En même temps, il ne faut pas trop s'arrêter ici concernant madame de Provence. Elle avait heureusement bien d'autres aspects plus intéressants!

Lakmé a écrit:

Il semblerait que ce soit surtout les dessous nasaux de la comtesse qui étaient plus prononcés que la moyenne...

Et cela est clairement représenté, notamment sur la gravure de Brookshaw et sur le portrait par Drouais...

Bien à vous.

Quel tableau de Drouais? En Diane ou A la rose?

Et je ne connais pas cette gravure? En avez-vous un exemplaire? Vous m'intriguez là!

Lakmé a écrit:

Quel tableau de Drouais? En Diane ou A la rose?

A la Rose...

Citation :

Et je ne connais pas cette gravure? En avez-vous un exemplaire? Vous m'intriguez là!

Cette gravure a été faite d'après le tableau de Drouais et vous la connaissez, ma chère, car elle se trouve dans le dernier livre d'Olivier Blanc.

Bien à vous.

Fort bien, cette gravure n'était nommée que "d'après Drouais" dans mon dossier, sans autres noms.

Disons que selon moi, ce ne sont pas les portraits où l'on voit le plus sa pilosité nasale... Mais de quoi parle-je!

Voici le portrait que fait Léonard de Madame la Comtesse de Provence :
"Madame était une bonne grosse créature de dix-huit ans, fort commune, que l'on paraissait avoir échangée dans les Alpes contre la Princesse amenée de Turin .:lol:En langage d'officier de dragons, Son Altesse Royale se fût appelée une bête à tous crins d'une puissante espèce...Tête couronnée d'une épaisse forêt de cheveux noirs, front couvert, sourcils touffus ombrageant des yeux assez beaux, nez retroussé, lèvres épaisses et surmontées de moustaches passablement prononcées ; le tout se produisant sur un teint fort brun et haut en couleur. Voilà pour le visage.
La taille de Son Altesse Royale, plus développée en épaisseur qu'en élévation, était surmontée d'une gorge tellement volumineuse, qu'il fallait, à l'aide d'un déplacement, heureusement assez facile, en faire disparaître la moitié, pour sauver à Son Altesse Royale l'embarras d'une surabondance monstrueuse de charmes... Mais ce que tout l'art des femmes de chambre ne pouvait dissimuler, c'était un double hémisphère autrement situé, et tel que les brasseur de Paris se plaisent à l'entretenir sur la croupe de leurs chevaux...Lorsque Madame marchait , il y avait un frémissement de cette partie qui achevait de rendre sensible la comparaison.
Les cheveux de Madame, gras, durs et rebelles à la frisure, annonçaient, comme toutes les parties de son illustre personne, une abondance de vitalité que le Comte de Provence devait être peu propre à seconder, si les rapports de la chronique secrète n'outraient pas les défauts de Son Altesse."

Quel portrait éloquent ! :cyclops:

Bien à vous.

Ah, là, oui, il s'est surpassé ! Elle l'inspire visiblement, la bonne grosse créature étouffée sous sa surabondance de charmes !

Léonard rapporte encore cette anecdote à propos du Comte d'Artois s'apprêtant à accueillir son épouse, Marie-Thérèse de Savoie :
"Ah ! Ah! Ah! dit le Prince à la Dauphine , en éclatant de rire, est-ce que vous croyez encore aux portraits ? Pour moi, je suis revenu des charmes d'outremer, de blanc et de carmin...Voyez Madame de Provence, c'était une Vénus sur l'ivoire ; rendue à Versailles, en chair et en os, ce n'est plus cela-Vous ne pouvez pas dire , au moins , reprit Marie-Antoinette, avec finesse , que Madame ait offert du mécompte au Prince son époux.
-Non, parbleu, s'écria M. le Comte d'Artois, si les charmes doivent être reçus au poids..."


Bien à vous.

A propos de l'opération qu'aurait subie Louis XVI, Léonard, toujours lui (il est dans mon actualité du moment ),rapporte cet échange entre le Roi et son Docteur...:
-Il serait à craindre que la couronne ne passât un jour dans la maison d'Artois.
-Ou dans celle de Provence.
-Oh! quant à celle-ci , je puis assurer à Votre Majesté qu'il n'y aura jamais de raison suffisante de postérité.
Le Roi se prit à éclater de ce gros rire bourgeois qu'on lui connaissait..."


Bien à vous.

Là encore le fait que léonard donne autant de précision, lui le coiffeur de Marie-Antoinette, est louche, mais c'est révélateur au moins vis à vis des problèmes du Comte de Provence quant à avoir une desendance

Cela signifie, en effet, que les problèmes de couple des Provence étaient connus de tous... ou bien cela prouve l'aspect apocryphe de ces Mémoires pour lesquelles on aurait remis en scène tous les potins de cour...

Bien à vous.

"le 19 février 1789
Madame la Comtesse de Provence est désespérée. Le ministre des Affaires étrangères vient d'exiler ,par lettre de cachet, une certaine dame de Gourbillon. Depuis plusieurs semaines, il avait fait étroitement surveiller les agissementrs de la Princesse et de cette personne. Le Roi et la Reine avaient jusque-là fermé les yeux sur la liaison contre nature de Madame avec cette intrigante et Monsieur lui-même l'avait tolérée.Il semble que la Gourbillon ait été éloignée de sa maîtresse parce qu'elle espionnait la famille royale au profit de la Cour d'Angleterre. Madame lui racontait tout ce qui se passait dans l'intimité des souverains et lui confiait les conversations tenues en comité restreint à la table du Roi."
[extrait des Chroniques de la Révolution ]

Bien à vous.

On dit que Madame de Gourbillon encourageait les penchants de Madame pour la boisson.