Le complot des œilletsPlusieurs solutions ont été envisagées pour sauver la reine.
La seule qui a failli réussir revient à Jean-Baptiste Michonis, inspecteur des prisons, et Alexandre Gonsse de Rougeville, ancien chevalier du roi Louis XVI.
Venus visiter la reine le 28 août 1793, le chevalier porte deux œillets rouges à la boutonnière qu’il laisse tomber afin que la reine puisse lire les messages roulés dans les pétales.
Les deux hommes repartent rapidement accompagnés d’un des gendarmes.
Marie-Antoinette prend connaissance des deux billets qui lui dévoilent un projet d’évasion.
Privée de crayon, elle répond en traçant des lettres à coups d’épingle sur un papier.
Mais le stratagème est découvert et, profitant de cette affaire, la Convention envoie deux députés pour l’interroger.
Sur fond de menaces intérieures et extérieures, l’affaire de l’œillet ravive la haine contre la "louve autrichienne" et n’est qu’un prétexte pour instruire son procès.
La proposition du député Billaud-Varenne tendant à ce que "la veuve Capet, la honte de l’humanité et de son sexe"soit décrétée d’accusation et exécutée, est adoptée le 3 octobre 1793.
Mercredi 28 août 1793 Jean-Baptiste Michonis* pénètre dans la cellule de Marie-Antoinette en compagnie d'un homme âgé d'environ 35 ans, de petite taille.
Au revers de son habit rayé, l'homme arbore deux magnifiques œillets.
Aussitôt, la reine reconnaît le chevalier Alexandre Gonsse de Rougeville, qui lors de la journée du 20 juin 1792, l'a défendue de la populace.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandre_Gonsse_de_Rougeville
Le chevalier de Rougeville — dont Alexandre Dumas fera son chevalier de la Maison-Rouge - s'incline devant la reine, et comme par distraction, laisse tomber ses deux œillets, qui contiennent des messages roulés dans les pétales, le chevalier accompagné de Michonis repart.
Marie-Antoinette peut y lire ces mots:
« J'ai des hommes et de l'argent ».
Elle répond avec la pointe d'une épingle sur un papier:
« Je suis gardée à vue, je ne parle à personne, je me fie à vous, je viendrai ».Un quart d'heure plus tard, le chevalier de Rougeville revient avec Jean-Baptiste Michonis.
Une conversation s'engage.
Le chevalier l'informe qu'il reviendra le surlendemain et qu'il apportera l'argent nécessaire pour acheter ses gardiens.
Il semble que Marie-Antoinette s'emploie dès lors à acheter la complicité du gendarme Jean Gilbert qui remet le message de la reine au chevalier.
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Jean-Baptiste Michonis (1735 - 1794). Limonadier. Membre de la Commune de Paris, inspecteur des prisons, administrateur de police, il participa au "complot de l'œillet". Il fut guillotiné le 22 prairial an II (17 juin 1794). Inhumé au cimetière de Picpus.