Marie Thérèse et ses enfants

Je voudrais ouvrir un sujet sur "Madame Mère", l'omnipotente impératrice d'Autriche, reine de Hongrie. Il y aurait évidemment beaucoup et même davantage à dire sur cette admirable souveraine, qui tenait ses états d'une main de maître... mais aussi sa famille. Et c'est bien sûr cet aspect-là qui m'intéresse aujourd'hui.

Je viens de retomber sur un détail de l'enfance d'Antoinette qui m'a toujours troublée. Le 10 décembre 1763, la petite fille est la proie de crises. Voici ce que sa mère écrit :

L'Antoinette a des convulsions; elle est sans connaissance depuis une heure.

Point. Pas la moindre manifestation d'inquiétude. Pourtant, une heure de crises, c'est assez long pour s'alarmer, non ?

Comment concilier l'image de cette mère qui, selon certains biographes, éprouvait une affection particulière pour sa dernière fille, et cette autocrate au doigt inflexible qui envoie l'un de ses rejetons affronter la petite vérole dans les ténèbres d'un tombeau, ou qui observe d'un oeil atone les signes cliniques de la maladie d'un autre ?

Je ne connaissais pas cette anecdote...

En 1763? Antonia avait alors 8 ans...il faut avouer que Marie-Thérèse a vu beaucoup de ses enfants mourir, et quà cette époque les enfants n'avaient pas la même espérance de vie que maintenant, donc peut être les mères étaient-elles déjà plus "habituées" à ce genre d'inquiétude...

Maintenant il est vrai que ce "L'Antoinette a des convulsions; elle est sans connaissance depuis une heure." est terriblement froid et expéditif...ce qui finalement correspond à la Marie-Thérèse qui privilégie la politique et l'Empire à l'éducation de sa famille.
Mais effectivement, a contrario, j'ai toujours lu qu'elle aimait beaucouo Antonia car elle lui promettait un grand avenir (même si là encore c'était pour la grandeur des Habsbourg)...donc qu'elle soit si peu inquiète alors qu'une de ses "Reines" potentielles est très malade, c'est étrange...

Pourtant, c'est authentique, c'est adressé à son fidèle serviteur le comte Sylva Tarovca, et cité par Huisman et Jallut, p. 30.

Ca me trouble, parce que ces images de Marie Thérèse sont en contradiction. Certains biographes n'hésitent pas à faire d'elle une mère attentive et affectueuse, surtout avec Marie Antoinette... et puis, il y a ça... et l'anecdote affreuse de l'archiduchesse qu'elle envoie visiter le tombeau...

Ben...si je fais un bilan de tout ce que j'ai pu lire, je dirai que j'ai l'image d'une mère très dure, très occupée par les affaires et qui délègue beaucoup l'éducation et la surveillance de ses enfants, d'une mère autoritaire très têtue qui tient à ses principes, mais, il est vrai, d'une mère qui veille néanmoins à sa famille, même de loin...

Mais comme tu le rapelles, l'épisode où elle envoie Josépha (je crois que c'est elle) dans le tombeau de sa belle-soeur, est clairement de l'inconscience de sa part...d'ailleurs qu'elle avait été sa réaction lorsqu'elle a appris que sa fille en était morte? J'avoue que je ne sais pas vraiment...mais je doute que ça l'ait empêchée de dormir bien longtemps...

Donc finalement cette anecdote avec Antonia me semble très probable j'avoue...

De surcroît, au XVIIIème siècle, et notamment dans les milieux royaux, le sentiment maternel n'était pas aussi profond qu'à notre époque...

Je ne sais si Marie-Thérèse a été profondément meurtrie par le décès de Josèphe, mais cela est fort probable dans la mesure où la mort de Jeanne-Gabrielle à un âge plus jeune encore la marqua beaucoup.

Je n'avais en revanche jamais entendu parler de cette anecdote pour Marie-Antoinette.

Moi, je n`ai jamais lu cette anecdote, je ne sais pas grand chose sur l`enfance de Marie Antoinette.
Fleurdelys

On la présente souvent comme une petite fille heureuse qui gambade dans les jardins de Schönbrunn avec ses frères et soeurs. Elle était très proche de sa grande soeur Charlotte, et de son frère cadet, ainsi que des petites princesses de Hesse. Ses autres frères et soeurs étaient trop âgés pour jouer avec elle.

Son insouciance était accentuée par le fait que sa mère avait quelque peu délaissé l'éducation de ses derniers rejetons. Aussi Madame Antoine ne croûlait-elle pas sous les devoirs... D'autant plus que sa gouvernante, Madame de Brandeiss, écrivait au crayon ses lignes pour qu'elle n'ait plus qu'à repasser à l'encre. Facile, dans ce cas !

Il paraît qu'il existe un petit mot d'Antonia où le procédé se voit encore !

Personnellement j'adore la Marie-Antoinette Archiduchesse....cette petite fille très vivante, naturelle, simple et gaie, qui n'hésite pas à se moquer de ses éducateurs (avec l'aide de sa soeur ainée Caroline), et ce contre l'avis de sa mère pourtant très stricte...elle avait de l'audace déjà à cet âge...j'en ai parlé quand elle était Dauphine, mais il en est de même bien avant. Elle n'hésitait pas à charmer Vermond par exemple pour adoucir ses leçons, qui l'ennuyaient tant
Ses plus grands plaisirs étaient le jeu, l'amusement et la musique...pour cela les cours de clavecin que lui donnait Gluck lui plaisaient beaucoup...

Et pourtant...elle a perdu son père très jeune, ainsi que beaucoup de ses frères et soeurs...soit par décès, soit pas alliance de mariage...

Son enfance lui a beaucoup plu...tellement plu qu'elle en a été nostalgique une fois en France...

Et, pour en revenir à sa mère, elle la respectait par dessus...cette grande Marie-Thérèse Impératrice d'Autriche...elle essayait beaucoup une fois en France de lui cacher ses bêtises, car même Reine de France, elle craignait sa mère...mais c'était une crainte respectueuse

Pour illustrer cette nostalgie de son enfance dont je parlais dans mon message précédent, je pensais à un tableau que Marie-Antoinette a fait venir en France depuis Vienne, qu'elle a fait mettre au Trianon en souvenir de son enfance :

On y voit donc Antonia, dansant un ballet avec ses 2 frères Ferdinand et Maximilien.

Déjà toute petite elle aimait danser, et on la sent très concentrée et heureuse

Il semble que Marie-Thérèse tenait à ce genre de représentations familiales

Je crois avoir vu quelque part que ce tableau avait une charge symbolique pour Marie-Antoinette que l'on voit danser en compagnie de deux "hommes" (toutes proportions gardées puisqu'ils sont très jeunes)..
Je ne sais plus bien pourquoi, ( outre le souvenir d'enfance) celà semblait vouloir dire autre chose ..mais quoi ?

Ah oui? Je n'en n'ai aucune idée...

Je sais juste qu'ils dansent le ballet pantomime du "Triomphe de l'Amour"

Chers amis,

j'ai le plaisir de vous transmettre ce tableau datant de 1762 et peint part Marie-Christine le jour de la St-Nicolas, date à laquelle les enfants recevaient traditionnellement des cadeaux. Il montre bien l'atmosphère bourgeoise qui règne dans la famille, chose impensable à l'époque à Versailles. L'empereur est en robe de chambre et prend son petit déjeuner, Marie-Thérèse porte une robe très simple et les enfants montrent leurs nouveaux jouets (notemment pour Marie-Antoinette une poupée). Marie-Christine s'est elle-même représentée à la gauche du tableau.

En espérant avoir pu vous aider,

Votre amie dévouée,
Madame de Polignac

Ah merci beaucoup pour ce très touchant portrait de famille, Mme de Polignac !

Et sur la gauche, on voit le pauvre Ferdinand qui n'a pas été sage et qui a reçu des verges.

Il est vrai que Marie-Antoinette a été très surprise, quand elle est arrivée à Versailles et a vu l'ambiance guindée. Ce n'était pas du tout la même atmosphère qu'à la Cour de Vienne !

Oui j'aime beaucoup ce tableau aussi!
On y voit une Marie-Thérèse en mère de famille avec certains de ses enfants, ce qui change de la Marie-Thérèse Impératrice

Ce tableau me fait penser au tableau de famille des Habsbourg fait peu après la naissance de Maria-Antonia

Merci, chère Madame de Polignac !

Caroline Weber insiste beaucoup sur cette représentation de Madame Antoine dans son "Queen of Fashion". La petite Antoinette tient une poupée, prédilection qui lui restera, puisque c'est par le truchement de ces petits mannequins que les nouveautés de la mode seront transmises à la reine.

Je connais très bien ce tableau ça ressemble un notre Noël en famille.

Citation :

Merci, chère Madame de Polignac !

Caroline Weber insiste beaucoup sur cette représentation de Madame Antoine dans son "Queen of Fashion". La petite Antoinette tient une poupée, prédilection qui lui restera, puisque c'est par le truchement de ces petits mannequins que les nouveautés de la mode seront transmises à la reine.

Comme nous avec des barbies

Fleurdelys

Oui les plaisirs et les jeux d'enfants restent les mêmes au fond

J'aime beaucoup le sourire fier et bien prononcé d'Antonia

Je n'arrive pas à trouver sur le net le portrait de famille des Habsbourg sur lequelle on y voit Antonia dans un berceau à côté de Marie-Caroline....
En plus ce portrait n'est pas dans notre galerie (sacrilège )....je lance donc un appel à quelqu'un de doué pour trouver des choses sur le net

Sitôt lu, sitôt exaucé, Chou


Bien à vous.

Ah super merci Majesté!

Je le mets dans la galerie

pimprenelle a écrit:

Je voudrais ouvrir un sujet sur "Madame Mère", l'omnipotente impératrice d'Autriche, reine de Hongrie. Il y aurait évidemment beaucoup et même davantage à dire sur cette admirable souveraine, qui tenait ses états d'une main de maître... mais aussi sa famille. Et c'est bien sûr cet aspect-là qui m'intéresse aujourd'hui.

Je viens de retomber sur un détail de l'enfance d'Antoinette qui m'a toujours troublée. Le 10 décembre 1763, la petite fille est la proie de crises. Voici ce que sa mère écrit :

L'Antoinette a des convulsions; elle est sans connaissance depuis une heure.

Point. Pas la moindre manifestation d'inquiétude. Pourtant, une heure de crises, c'est assez long pour s'alarmer, non ?

Comment concilier l'image de cette mère qui, selon certains biographes, éprouvait une affection particulière pour sa dernière fille, et cette autocrate au doigt inflexible qui envoie l'un de ses rejetons affronter la petite vérole dans les ténèbres d'un tombeau, ou qui observe d'un oeil atone les signes cliniques de la maladie d'un autre ?

Ce qui me choque le plus c'est le "l'" devant Antoinette. :s:

Oui ! C'est, curieusement, un "effet de style" qui fait très paysan !

Cela n'est pas digne du rang de Marie-Thérèse! Vous avez raison, cela fait un langage peu recommandable. Quelle honte...
On dirait plus un langage de plutôt qu'un langage de .

C'est sans doute plutôt une tournure de l'époque, car on peut difficilement imaginer l'imposante et majestueuse Marie-Thérèse avoir des faiblesses de langage.

Oui, c'est vrai...mais même une tournure pareille n'est pas très sympathique.
En effet, je voit très mal Marie-Thérèse avoir un tel language.