Le Boudoir de Marie-Antoinette

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 05 octobre 1792: Jean Chappe, François Barré et Anthelme Larrey

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yann sinclair

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MessageSujet: 05 octobre 1792: Jean Chappe, François Barré et Anthelme Larrey   05 octobre 1792: Jean Chappe, François Barré et Anthelme Larrey Icon_minitimeDim 5 Nov - 16:24

05 octobre 1792: Jean Chappe, François Barré et Anthelme Larrey Frame_24
Dijon
Jean Chappe, François Barré et Anthelme Larrey

François CHEFDEVILLE.
Ce fils de Martin Chefdeville, âgé seulement de dix-sept ans, fut nommé exécuteur de la haute justice à Dijon, à la place de Laurent Chrétien (qui exerça de 1753 à 1762), en 1759.
Mais il y avait une condition à cette nomination: c'est qu'il choisirait un aide capable pour faire les exécutions à sa place, jusqu'à ce qu'il eût atteint l'âge de vingt et un ans.
L'aide choisi par Chefdeville fut Laurent Chrétien.
Le choix n'était pas heureux.
En 1762, Chrétien, convaincu d'avoir maltraité sa femme et d'avoir entretenu des relations avec la veuve d'un ancien exécuteur, Mme Chefdeville elle-même !
Chrétien fut destitué et expulsé de Dijon. ....................................................................................................................................................................................................................

Chefdeville commença ses exécutions avec les anciens moyens d'avant la Veuve, puis ensuite avec elle après sa livraison à Dijon.
Apparemment, elle ne contenta pas vraiment puisqu'à sa réception le directoire du département de la Côte-d'Or écrivait à M. Schmidt:

Monsieur,

Nous avons reçu la machine à décapiter que vous nous avez fait passer; on ne peut s'acquitter plus mal de la commission qui vous a été donnée.
Nous l'aurions fait construire beaucoup mieux pour 300 livres; nous prévenons le ministre de notre mécontentement.

L'échafaud pour la machine nouvelle avait été exécuté par Gauthier, charpentier, sur les plans de l'ingénieur Guillemot, moyennant 248 livres.
La machine restait naturellement en permanence sur la place du Morimont, comme la potence, la roue et le billot sous l'ancien régime.
Cependant Chefdeville s'était fait la main à la guillotine, et le 5 octobre 1792 il avait fait sauter la tête sans douleur, comme disait Guillotin, à Jean Chappe, François Barré et Anthelme Larrey.

Le même jour, il exécutait en effigie Vivarais et Jacques Nové.
Les condamnés étaient vêtus de robes rouges.
Comment se faisait l'exécution en effigie avec la guillotine ?
Faisait-on sauter la tête sans douleur à un mannequin ?
Je n'ai pu le savoir.


Le 16 avril 1794, Chefdeville, pour obéir à la mode nouvelle, troqua son prénom de François contre celui de "Potiron"

Il y eut 15 exécutions politiques, en 1794, sur la place du Morimont (en fait, Janin mentionne 16 noms ?)

Colmont (Bruno-Clément), conseiller au parlement de Bourgogne —Ferrand dit Lapierre (Jean-François), domestique — Guyard (Jean-Baptiste), procureur au parlement — Micault de Courbeton (Jean-Vivant), président au parlement — Moreau (Jean-Baptiste), avocat au parlement — Pageot (Jean), domestique — Pernet (Jean-Baptiste), domestique — Perret (François), tailleur — Richard de Ruffey (Frédéric-Henri), président au parlement — Taupenot (Gaspard), curé de Changey — Jeanne Aubry — Marie Aubry — Pierrette Aubry — Louise Aubry — de Nolay — Mignot (Claude), domestique.

Chefdeville avait accompli sa journée. Il s'endormit du grand sommeil, dans la maison de la rue des Champs, le 16 août 1794.

° Nicolas FERREY, commissionné le 8 décembre 1794, destitué le 23 juin 1797. Il venait de Rouen.

Le coup d'essai de Ferrey fut l'exécution à Beaune de Jean-Baptiste Giradot, le 5 août 1795.
Le citoyen Boudon, voiturier à Dijon, avait conduit chez nos voisins la machine à Guillotin, et avait reçu 564 livres pour ses dépenses, et 180 livres pour ses peines.
Il est bien entendu que ces sommes, énormes lui avaient été payées en assignats.

° Philibert-Joseph VERMEILLE, commissionné le 18 juin 1797, meurt le 29 mars 1801.

Ses appointements avaient été portés à deux mille francs.
Les exploits de Vermeille sont assez maigres.
Pendant ses quatre années d'exercice, il fit sept exécutions vulgaires, pas tout à fait deux par an.
Ce n'était vraiment pas la peine de s'en mêler !

° Louis-Charles-Augustin SANSON, d'autres pièces disent Martin, succède à Vermeille, en 1801.

C'était un lettré, et probablement il appartenait à l'illustre famille des exécuteurs de Paris.
Vermeille ayant laissé sa tâche inachevée, et Sanson n'étant pas encore nommé, on manda, pour remplir l'interrègne, Chrétien, l'exécuteur de Saône-et-Loire.
Il arrive le 4 avril 1801, fait sauter la tête à Gerbenne, officier de santé, à la veuve Hédus, sa maîtresse, encaisse 195 fr. 50 pour ses honoraires et s'en retourne goûter les joies du foyer domestique.
Sanson releva un peu la profession par des exécutions remarquables.
Chaudion et Durbez, qui avaient pillé un fourgon de la République à Chagny et assassiné des gendarmes à l'hôtel de la poste à Norges, passèrent par ses mains, ainsi que Galina, ce brigand féroce qui avait massacré à coups de hache la femme et les quatre enfants d'un pauvre sabotier de la forêt de Lanty, dans le Châtillonnais.
Ce fut encore Sanson qui, en décembre 1802, appliqua pour la première fois la marque abolie en 1789 et rétablie en 1801.
Des faux-monnayeurs de Nicey servirent de sujet à notre artiste.

Le 25 mars 1804, il exécuta Barbier fils, de Blangey, près d'Arnay, dont le cadavre envoyé à l'hôpital servit aux études des élèves en chirurgie.
Cela ne s'était pas encore pratiqué.
Mais l'exécution capitale de Sanson, ce fut celle des deux enfants Vigneron: Marguerite, âgée de 17 ans, Jean, âgé de 22 ans, nés à Missery, près de Saulieu.
Ces deux innocents, ces deux martyrs, accusés d'avoir empoisonné leur oncle, connaissant la coupable, ne voulurent pas livrer son nom à la justice, parce que cette criminelle était Jeanne Debrabant, veuve Vigneron, leur mère !
Jean, cependant, était moins courageux que sa sœur.
Plusieurs fois, au cours des débats, — leur mère, aussi accusée, était assise à côté d'eux— , plusieurs fois Jean avait dit à Marguerite:
— Si tu voulais, pourtant, nous raconterions tout !
Mais jamais Marguerite n'y consentit.
Le jury acquitta la mère et condamna à mort les deux enfants.
Le 5 septembre 1804, — la condamnation était prononcée depuis le mois d'avril ! — on fit monter Marguerite et Jean Vigneron dans la charrette pour les conduire au Morimont; mais Jean, malade depuis longtemps, mourut dans le trajet, et Marguerite seule fut exécutée.
Le pourvoi de ces deux enfants avait été rejeté, « tant était grande l'horreur qu'inspirait leur crime ! »
Quelque temps après, la veuve Vigneron, — cette bête féroce, cette mère au cœur de bronze, — sentant la mort venir, déclarait publiquement avoir tenté, elle seule, d'empoisonner son frère, et proclamait l'innocence de ses deux enfants !

Dans la nuit du 21 au 22 octobre 1807, un drame horrible se passait à Vitteaux.
Quatre brigands avaient arrêté et dévalisé des voyageurs près de Rouvray.
On les cherchait partout.
Le commandant de la garde nationale de Vitteaux, M. Durandeau, croit les reconnaître à leur signalement; il les mène dans une auberge et va prévenir la gendarmerie, qui accourt.
Une lutte s'engage dans l'auberge: un gendarme est tué raide; les lumières sont éteintes, on se bat dans l'ombre.
Un des brigands, Roselli, est saisi.
Les autres veulent fuir.
Deux d'entre eux déchargent presque à bout portant leurs pistolets sur M. Durandeau, et le manquent.
Celui-ci riposte avec son fusil double et les abat tous deux.
Ils meurent presque sur le coup.
Le dernier, malgré plusieurs coups de sabre, parvient à s'échapper, mais il est arrêté quelques jours après, à Neuchâtel, en Suisse.
Le 3 mars 1808, Villa, dit Bianchi, le brigand qui avait fui à Neuchâtel, était condamné à mort et exécuté trois heures après par Sanson.
« Il a marché à la mort avec un courage et une fermeté qui ne devraient appartenir qu'à l'honnête homme » dit le Canon du 6 mars. Il ajoute, dans un autre numéro:
« Le cadavre de Villa fut disséqué par M. Morland, professeur d'anatomie, en présence des élèves et de beaucoup d'étrangers.»

On a remarqué que la tête de Villa, plusieurs jours même après sa mort, avait toujours conservé la beauté des traits qu'on
admirait en lui. Ses yeux n'avaient rien perdu de leur éclat, et l'on voyait encore sur ses lèvres le rire sardonique avec lequel il envisageait le terme d'une carrière qu'il finissait sur l'échafaud, à l'âge de 22 ans.
Cette tête de caractère a été dessinée par plusieurs personnes. »
Le beau Villa est encore légendaire à Dijon.


° Louis-Antoine-Stanislas DESMOREST succéda à Samson, en 1808.
(*Joseph Deibler, père de Louis et grand-père d'Anatole, fut son aide à partir de 1823. — La ville de Quimper mentionne que l'un de ses exécuteurs, Claude Desmorests, avait été exécuteur à Dijon en 1821.
Il semble qu'il y ait là, une petite confusion, Louis Desmorest ayant exercé sa charge jusqu'en 1827 (et non 1823 comme indiqué par certaines sources)

C'était un excellent praticien; il avait déjà exercé à Chalon-sur-Saône, à Reims, à Quimper.
Le 22 août 1805, le village de Corcelles-les-Cîteaux avait été le théâtre d'un crime atroce.
« Il y vivait, dans un petit domaine agrandi par ses soins, un allègre vieillard Félix Wannestienvord, surnommé "Frison", qui avait deux filles dont l'une, Henriette, d'un caractère violent, aventureux, emporté, pleine de dédain pour les soins du ménage et les travaux de son sexe, délaissait le foyer paternel. ....................................................................................................................................................................................................................  Une première tentative d'empoisonnement eut lieu, sur son père puis une seconde. Le père Frison y échappa.
Enfin, le 22 août 1805 au matin, Henriette prend son fusil, le charge avec soin, en renouvelle la pierre et descend dans le jardin.
L'infortuné Frison la suit avec une pioche, et tandis qu'il remue la terre, un coup de feu part et l'étend mort sur le sol.
.....................................................................................................................................................................................................................
Des témoins du supplice de mademoiselle Frison disent que la malheureuse eut une agonie atroce.
Quand elle vit que tout était perdu, que tout s'écroulait autour d'elle, que l'espérance, cette divine consolatrice, la fuyait pour jamais, une épouvante indicible s'empara d'elle, et pendant le trajet de la conciergerie au Morimont, elle ne cessa de crier grâce ! grâce ! avec des déchirements terribles.
Sur l'échafaud, elle criait encore grâce ! grâce ! et attachée sur la planche fatale, le cou dans la lunette, le même cri se faisait entendre.
Le couperet en tombant trancha le dernier appel de l'infortunée à la miséricorde des hommes.
Tous les spectateurs revinrent fortement émus de cette exécution, et Desmorest lui-même avait été tellement troublé par les appels désespérés de la patiente qu'il en perdit la tête et oublia de lui attacher les jambes sur la planche à bascule.
Cet oubli lui valut trois mois de prison.(étonnant !)

Il avait la spécialité des parricides, maître Desmorest.
Le samedi 12 octobre 1816, il priva de leur boîte osseuse Jean Mignardot, de Brochon, qui avait tué sa mère, et Jeanne Hudelot, de Belan-sur-Ource, une pauvre orpheline qui avait empoisonné son père et sa mère.
Ils allèrent à l'échafaud en chemise, nu-pieds et la tête couverte d'un voile.
Desmorest leur fit sauter le poing droit, avant de leur faire sauter la tête; et tout fut dit comme ça.


° Charles-Louis LACAILLE, né à Coutances (Manche), le 8 mars 1798, succède à Desmorest, en 1827.

Il avait épousé, le Ier mars 1827, Jeanne- Louise-Bonne Desmorest, âgée de 17 ans, une femme charmante, excellente musicienne, et qui donnait, dans son cottage de Saint-Antibes des soirées délicieuses.
Fils de bourreau, il avait pris à contre-coeur la profession paternelle, et chaque fois qu'il lui fallait trancher le fil des jours à quelqu'un, il en était malade.
Il aimait mieux exécuter sur son piano une sonate de Beethoven, qu'un pauvre diable sur la place du Morimont. Tous les suppliciés qui passèrent par les mains de Lacaille étant assez obscurs, je laisserai leurs noms dans le silence.
Cependant il faut faire une exception pour Jean-Baptiste Delacollonge*, curé de Sainte-Marie-la-Blanche, le précurseur, l'ancêtre moral de tous les tueurs et découpeurs de femmes qui épouvantent la génération actuelle.
Lacaille ne guillotina pas Delacollonge; il le mit simplement au carcan sur la place du Morimont, et cela suffit à sa gloire. Tous les aveux, Delacollonge les avait faits.
Il avait étranglé sa maîtresse, Fanny Besson, et alors qu'elle s'agitait encore, il lui avait donné l'absolution.
Il fallait répéter tout cela devant le jury; il fallait revenir sur ces aveux, se replonger dans cette nuit terrible, rappeler ces couteaux aiguisés, ces chairs dépecées, ces os brisés, ce jet de sang noir à la figure de l'assassin.

Pauvre Lacaille ! ce qui réjouissait ses confrères le navrait.
Il appréhendait une exécution à faire presque autant que celui qui devait la subir.
Aussi, quel ne fut pas son désespoir quand il apprit que deux malheureux venaient d'être condamnés à mort, l'homme et la femme, le meunier et la meunière, comme on dit encore à Dijon.
Jean Guenot-Sordot ** et Anne Boursaut**, sa femme, furent exécutés le 13 octobre 1838.
Ils étaient meuniers à Courcelles-Frémoy.
Lacaille mourut le 1er avril 1839.

* L'abbé Jean-Baptiste Delacollonge fut condamné aux travaux forcés à perpétuité.
Il mourut au bagne de Brest.
** Exécutés comme incendiaires.


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