Le domaine de Madame Elisabeth

La petite plaque commémorative est sympa ! Dieux merci, le souvenir d'Elisabeth n'est pas passé aux oubliettes !
As-tu pu visiter l'intérieur, Comte ?

Mais, ça paraît immense !!!

C'est un beau domaine vaste et bien équilibré. La politique actuelle est d'y faire entrer l'art contemporain, comme au domaine de Versailles.

Aye aye aye !!!!! encore de l' " art contemporain " !

La bergère récemment préemptée.  



Communiqué : Une bergère à dossier plat à la reine en hêtre sculpté et doré, d’époque Louis XV, lot n°178, a été préemptée par le musée du Château de Versailles à 247 840 € frais compris.

Le dossier était orné d’un encadrement de fines feuilles d’acanthe soulignant les supports d’accotoirs et de rangs de perles inégales sur les côtés, tandis que les pieds étaient fuselés à chutes de feuilles d’acanthe et cannelures torses à sabots à perles.

Elle portait l’estampille de J.B. SENE.  Sous les traverses d’assise y figurait une étiquette imprimée et manuscrite du doreur Louis-François Chatard, ainsi qu’une étiquette manuscrite 120. Elle avait été livrée en 1789 pour le salon de compagnie de madame Elisabeth, soeur de Louis XVI, au château de Montreuil.

En détail le mobilier comprenait :
- 2 canapés (L: 2,60 m, localisation actuelle inconnue)
- 6 petits canapés dit « têtes-à-têtes » (L: 1,13 m, reproduit dans Guillaume, 1971, fig. 132, pour l'un, vente Paris, 28/11/1972, n°120, pour l'autre; aujourd'hui, collection privée, Paris)
- 4 fauteuils « ronds engondoles » (localisation actuelle inconnue)
- 18 chaises dont 6 « à carreaux » (une chaise connue conservée au musée du château de Versailles)
- 4 voyeuses à genoux, dont 2 à dossier ajourés (ancienne collection Templewood, reproduites dans Verlet, 1963, n°40) et 2 à dossiers garnis (les deux à dossiers modifiés, vente SVV Caudron, Paris, 4/7/2008 pour l'une et SVV Tajan, 16/12/2009, n°161 pour l'autre)
- 1 écran de cheminée et un paravent à six feuilles (tous deux, localisation actuelle inconnue)
- 4 bergères. De ces 4 bergères, 2 sont conservées au musée du Louvre (Inv.OA11164/65, don MMme Barbe, 1988, reproduites dans Alcouffe, 1990, n°72 et Pallot, 1993, n°64); une autre appartenait à la collection Louis, puis Claude Cartier et fut vendue lors de sa vente chez Sotheby's, Monaco, 25/11/1979, n°160 avant de repasser en vente chez Christie's, Londres, 12/12/2002, n°105 (aujourd'hui,collection privée, Londres); enfin, la bergère ici présentée qui constitue ainsi la quatrième et dernière bergère de cet ensemble.

Tout cet ensemble de sièges de Madame Elisabeth fut ensuite garni d'un lampas de soie « à figures de ciclopes » provenant des réserves du Garde-Meuble: ce lampas avait été livré en 1785 par la maison lyonnaise Louis Reboul, Fontebrune et Cie pour le Salon des jeux de Louis XVI au château de Fontainebleau. Les bergères du musée du Louvre sont aujourd'hui recouvertes de ce lampas expressément retissé pour l'occasion (voir Pallot, 1993, n°64).

Madame Elisabeth ne profita que très peu de ces sièges puisque dés octobre 1789 elle quitta définitivement son château de Montreuil pour suivre la famille royale en exil aux Tuileries. « Le salon (de compagnie) se meublait lorsque je l'ai quitté. Il était disposé à être fort agréable » écrira Madame Elisabeth en décembre 1789). Les scellés furent apposés sur Montreuil en 1790 et un inventaire décrit bien tous nos sièges en place dans le Salon de compagnie pour une valeur de 32 523 livres. Le tout fut vendu à l'encan au château de Versailles en novembre 1793. Outre leur qualité de dessin et d'exécution, ces sièges de Montreuil restent l'un des tout derniers ensembles de sièges livrés par le Garde- Meuble à la famille royale avant la Révolution.

Madame Elisabeth et le château de Montreuil : Après la faillite du prince et de la princesse de Guéméné, Louis XVI acquit leur domaine de Montreuil à Versailles en mai 1783 et l'attribua à sa soeur Madame Elisabeth (1764-1794). Il comprenait un petit château, acheté meublé, dans lequel la princesse passait la plupart de ses journées, en revenant toujours dormir au château de Versailles, sur ordre de son frère le Roi. Pour ses vingt-cinq ans, le Roi l'autorisa à y demeurer complètement. Elle entreprit alors une campagne de transformation de son château, suivie fin 1788 et début 1789 d'importantes commandes de meubles. Le Salon de compagnie, pour lequel fut commandée cette bergère, étant la pièce la plus richement meublée. Le mobilier de Montreuil est aujourd'hui dispersé entre collections privées et publiques: les musées du Louvre (en plus de la paire de bergères, 8 chaises et 4 bergères par Séné et Jean- Baptiste Boulard, avec des tapisserie de la main de Madame Elisabeth, pour les chambres à coucher et un salon au rez-dechaussée), Nissim de Camondo (2 voyeuses à genoux par Séné pour le Salon turc), des Arts décoratifs, Paris (une voyeuse également pour le Salon turc) et Carnavalet (2 chaises par Séné et Boulard pour la salle à manger).
http://www.thierrydemaigret.com/html/fiche.jsp?id=1909524
http://patrimoine.blog.pelerin.info/2011/06/14/une-bergere-a-la-reine-preemptee-par-le-chateau-de-versailles/

Merci Madame Sophie !

je ne pensais pas que ce domaine gardait de si beaux témoignages d'époque !
c'est ravissant, je me régale !

J'ai lu en vacances, qu'en Juin 1776, le duc de Chartres étant en goguette en Espagne et à Gibraltar, songeait à son retour à Paris et abandonnait l'idée de visiter différents ports de la péninsule ibérique ... Pendant ce temps, en France, " le public supposait que l'escadre relâcherait à Lisbonne, et que le duc achèverait à la Cour de Portugal la négociation du mariage de Madame Élisabeth, sœur de Louis XVI, avec le prince de Beïra afin de rompre l'ancienne liaison de cette Cour avec l'Angleterre, et de réconcilier, sous notre négociation, Espagne et Portugal ... "

La jeunesse de Philippe Égalité : Amédée Britsch

Il y aurait donc eu, finalement, plusieurs projets d'hymen pour la pauvre Élisabeth, qui tous auraient tourné court ! On se souvient de Joseph II évoquant pour lui-même cette éventualité matrimoniale et s'en détournant découragé par l'embonpoint de la princesse .

le comte axel a écrit:

Le parc fait 7,2 ha et c'est au 73, avenue de Paris. L'avenue centrale qui fait face au château, je dirais 1,5 km environ de la place d'arme.

Le parc n'a guère perdu qu'un hectare depuis le temps de Mme Élisabeth . En effet, " les huit hectares qui constituaient le domaine de Montreuil étaient compris entre l'avenue de Paris, les ruelles de Saint-Just ( beurk beurk beurk ), de Champ-la-Garde et de Bon-Conseil.
C'était sur la ruelle de Bon-Conseil qu'au-dessus du pigeonnier logeaient l'intendant et le concierge. Puis venaient les communs qui occupaient deux bâtiments de forme rectangulaire : écurie pour neuf chevaux, remise et magasins, cuisines et dépendances... "

Madame Élisabeth et ses amies Albert Savines

Citation :

C'est un paradis pour les écureuils dont on distingue le point de repère en cet arbre fantastique

Bien à vous.

Voici ce que le prince de Ligne disait de Montreuil :

" Il prouve qu'avec de l'adresse on supplée à ce qui manque. Le terrain est un peu étroit, mais il y a tant d'esprit dans la composition, les touffes d'arbustes sont si bien placées, les objets de décoration si cachés les uns aux autres,  qu'on est étonné de voir le parti qu'on a su tirer même des voisins. La rivière et la belle prairie, de l'autre côté du chemin de Versailles, font bien du plaisir à découvrir de la montagne. "

(  Prince, où voyez-vous de la montagne à Montreuil ???   )

Bien avant que Louis XVI n'achète Montreuil pour elle, Madame Elisabeth avait ses habitudes en ces lieux, puisque sa vie de petite princesse se partageait entre l'appartement des Enfants de France, au château de Versailles ( Majesté ! ) et la propriété de Mme de Marsan qui en abandonnait la jouissance à Mme de Mackau, rue Champ de la Garde au Grand Montreuil .

Le Grand Montreuil consistait en un groupement " de charmantes propriétés où les dames de la Cour se reposaient, l'été, des fatigues de leurs charges." Ainsi les comtesses Jules et Diane de Polignac ou le yéti de Monsieur voisinait-elles avec Mme de Marsan que seule une porte de communication séparait du beau domaine de la princesse de Guéménée.
" Les Grâces, en riant, dessinèrent Montreuil ..." écrit Delille .

MERCI

     

Je l'ai visité il y a longtemps quand la propriété n'était ouverte que pour la journée du Patrimoine : on ne voyait que la maison du dehors et un petit bout du parc  

En fait, la maison de la princesse de Guéménée communiquait avec les cuisines de celle de Mme de Mackau, par un des angles . Elle avait une forme plutôt bizarre, la profondeur de l'immeuble s'amenuisant jusqu'à la façade séparée de l'avenue de Paris par une cour d'honneur isolée de l'avenue par un alignement de tilleuls. Du côté opposé, il y avait une orangerie ( que tu nous montreras donc ce soir, mon cher Comte ! ) et derrière l'orangerie des bâtiments de ferme ( laiterie, étable, logement d'un fermier etc ..... ).
Le jardin paysager était inspiré de celui de Trianon.

C'est la banqueroute du prince de Guéménée qui accule son épouse à vendre Montreuil. Louis XVI se porte acquéreur.
Le lendemain, Marie-Antoinette en promenade avec Madame Élisabeth lui dit comme négligemment:

" --- Si vous voulez, ma sœur, nous nous arrêterons à cette maison de Montreuil où vous alliez volontiers quand vous étiez enfant.
--- Cela me fera grand plaisir : j'y ai passé des heures très agréables ! "
A peine ont-elles dépassé le portail que la Reine se tourne vers Madame Élisabeth :
" --- Ma sœur, vous êtes chez vous. Ce sera votre Trianon. Le Roi, qui s'est fait un plaisir de vous l'offrir, m'a laissé celui de vous le dire ."

C'est ainsi que Madame Élisabeth devint châtelaine.

( Madame Élisabeth : Beauchesne )

Albert Savine décrit ainsi la maison :

"Quatre colonnes de pierre soutenaient le péristyle donnant accès aux principales pièces de la maison : boudoir lambrissé, bibliothèque, buffet, salle à manger, salle de billard, salle de musique, salon . ( Grâce à notre Madame Sophie, nous y sommes !!! )
Par un escalier à double révolution (Albert n'a pas peur des mots qui fâchent !!! ), on arrivait au premier étage où vingt et une chambres lambrissées permettaient de loger de nombreux invités. A l'étage supérieur régnait un nombre de pièces plus considérable, moins élégantes, pour loger les domestiques du château. "

On a du mal à imaginer que cette propriété puisse abriter vingt-et-une chambres...
C'est donc vraiment un petit château

Bien à vous.

Oui, n'est-ce pas ?    L'acquisition du Roi de la maison de Mme de Guéménée comprenait également  la plus modeste habitation que Mme de Marsan avait bien voulu céder à Mme de Mackau.
Pour la raison très sentimentale qu'il s'était épris d'Angélique de Mackau, l'avait courtisée, et demandée en mariage en ces lieux, Marc de Bombelles espérait que sa belle-famille pourrait continuer à y demeurer  :

" Ce que tu mandes des grâces de Mme Élisabeth avec toi, écrit-il à son Angélique, me fait autant de plaisir que l'acquisition que le Roi va faire de Montreuil pour elle. Ce sera un objet de dissipation et d'agrément qui lui est nécessaire. Ma première idée a été de savoir quel parti elle prendra sur la petite maison qu'avait ma belle-mère. J'augure assez bien des conseils qui seront donnés à Mme Élisabeth et trop bien de sa façon de penser pour n'être pas sûr qu'elle ne disposera de ce petit casin ou qu'elle le fera retourner à celle qui le possédait. "

Mais le petit casin, comme l'appelle Bombelles, ne revint pas à Mme de Mackau : Il fut habité par le docteur Le Monnier, un protégé de Mme Élisabeth qui dispensait gratuitement ses soins aux pauvres de Montreuil. Élisabeth, soucieuse de soulager la misère humaine, organisait des distributions de laitages et d'œufs frais aux nécessiteux, pendant que le jardinier Hubert distribuait les légumes à la porte de la ruelle Bon-Conseil . La princesse ne craignait pas non plus de seconder le docteur.

Voici la fameuse orangerie :

C'est tout à fait joli ! Merci, Comte Axel ! Mais, que vois-je sur la toiture ? On croirait un bouquet d'antennes de télévision !!!
Je vois que l'herbe paillassonne, comme en Normandie ! Que tout est sec, c'est une catastrophe .... et, sur la pelouse assoiffée, re-belotte de petites castafouines rouges et noires d'art contemporain !

Les antennes de télévision sont sur les maisons de derrière.

le comte axel a écrit:

Les antennes de télévision sont sur les maisons de derrière.

Ouf ! Tu me rassures !

le musée camondo possède  dans le grand bureau, une paire de chaises " voyeuses " provenant du boudoir turc livrées en 1789.... par Séné.
en voici une, remarquez les pieds terminés en sabots ! :


assis, ou à genoux, face au dossier, le haut du dossier  " rembourré" permettait de s'y appuyer afin d'observer le jeu.
bien à vous

" La société de Mme de Polignac essayait d'empiéter sur le cercle de Mme Élisabeth, Mme de Polastron et Mme de Laage travaillant à devenir intimes avec Mme de Clermont-Tonnerre. Enfin, pour complaire à M. de Vaudreuil, tout puissant sur elle, la comtesse Jules avait réussi à faire désirer à Mme Élisabeth la nomination comme secrétaire ordinaire et du cabinet de Sébastien-Roch-Nicolas Chamfort, qui était un des intimes de Vaudreuil. ( .... ) Chamfort fut chargé en sa qualité de secrétaire de diriger l'organisation de la bibliothèque de Mme Élisabeth. Il y introduisit certainement beaucoup d'ouvrages qui ne répondaient pas aux goûts de la princesse et c'est à son choix qu'on dut d'y voir figurer plus d'un livre de littérature légère, mêlés à une suite assez complète d'ouvrages élémentaires sur les sciences, et principalement sur les mathématiques pour lesquelles Mme Élisabeth montrait beaucoup de goût..... "

( Mme Élisabeth et ses amies : Albert Savine )

Pourquoi donc les Polignac ont-ils voulu s'immiscer dans la bibliothèque d'Élisabeth?