Benjamin Franklin

Benjamin Franklin (17 janvier 1706 à Boston-17 avril 1790 à Philadelphie) est l'une des plus illustres figures de l'histoire américaine, à la fois écrivain, physicien et diplomate.
D'abord imprimeur à Philadelphie, il se fait connaître par le succès de ses almanachs. Attaché à la liberté, homme des lumières complet, franc-maçon (encore un ) de la tradition britannique, précurseur des « encyclopédistes » et inventeur, il démontre la nature électrique de la foudre. Administrateur, philanthrope et élu de Philadelphie, il représente les colons de Pennsylvanie
à Londres. Nommé Maître des postes des colonies, il est chargé de
protester contre les taxes britanniques au nom des colons. Co-rédacteur
et signataire de la Déclaration d'Indépendance des États Unis d'Amérique de 1776, il est l'un des « pères fondateurs des États-Unis », dont il devint le premier ambassadeur en France.



Portrait en tenue de Franc-Maçon (je ne crois pas avoir déjà vu un franc-maçon en tenue d'apparat...)

La gravure du portrait posté par chanson d'eau d'une taille plus discernable



Je ne l'avais jamais vu emperruqué



Ce détournement m'amuse d'autant plus que j'avais les mêmes lunettes (non loupes celles-ci ) quand j'étais petit

Bien à vous.

Très bonne idée de parler de ce grand homme  

Un de ces hommes brillant et doué en tout comme il y en avait à cette époque  

Il se ressemble très fort d'un tableau à l'autre, c'est fascinant. J'adore celui avec les grosses lunettes...

La myopie rend le regard très sexy... Bon, le sieur Franklin, il a plutôt le sex appeal d'un charmant bon papa...

Il est génial, ce dernier portrait, avec les lunettes loupes !

Je suis ravie de voir le portrait en tenue officielle de maçon, avec le fameux tablier !

Je savais que ce dernier portrait plairait à tous ...  

Citation :

Je suis ravie de voir le portrait en tenue officielle de maçon, avec le fameux tablier !

C'est aussi le premier portrait officiel de maçon que tu vois?
En tout cas je ne pense pas en avoir déjà rencontré ici...

Bien à vous.

pimprenelle a écrit:

La myopie rend le regard très sexy...   Bon, le sieur Franklin, il a plutôt le sex appeal d'un charmant bon papa...  

Il a 75 ans lorsqu'il fait sa cour à Mme Helvétius.
Il veut l'épouser, cette femme fantasque entourée de sa vingtaine de chats angoras.
Mais elle rejette sa proposition, et lui déclare vouloir rester fidèle à la mémoire de son mari décédé : le célèbre philosophe.
Et voici le petit mot que Franklin lui écrit pour tenter de la faire revenir sur sa décision :

Chagriné de votre résolution, prononcée si positivement hier soir, de rester seule, pendant la vie, en l'honneur de votre cher mari, je me retirai chez moi.
Tombé sur mon lit, je me crus mort, et me trouvai dans les champs Elysées.
On m'a demandé si j'avais envie de voir quelques personnages particuliers ?

- Menez-moi chez les philosophes.
- Il y en a deux qui demeurent ici près de ce jardin ; ils sont très bons voisins et très amis l'un de l'autre.
- Qui sont-ils ?
- Socrate et Helvétius.
- Je les estime prodigieusement tous les deux ; mais faites-moi voir premièrement Helvétius, parce que j'entends un peu de français, et pas un mot de grec.

Il m'a reçu avec beaucoup de courtoisie.

- Vous ne me demandez donc rien de votre chère amie Mme Helvétius ? Et cependant, elle vous aime excessivement ; il n'y a qu'une heure que j'étais chez elle.
- Ah ! dit-il, vous me faites souvenir de mon ancienne félicité ; mais il faut l'oublier pour être heureux ici. Pendant plusieurs années, je n'ai pensé que d'elle ; enfin, je suis consolé. J'ai pris une autre femme, la plus semblable à elle que je pouvais trouver ; elle n'est pas, c'est vrai, tout à fait si belle, mais elle a autant de bon sens et d'esprit, et elle m'aime infiniment ; son étude continuelle est de me plaire...
- J'aperçois, disais-je, que votre ancienne amie est plus fidèle que vous, car plusieurs bons partis lui ont été offerts qu'elle a tous refusés.
Je vous confesse que je l'ai aimée, moi, à la folie, mais elle est dure à mon égard, et m'a rejeté absolument pour l'honneur de vous.
- Je vous plains, dit-il, de votre malheur, car c'est une bonne femme et bien aimable...

A ces mots entrait la nouvelle Mme Helvétius. A l'instant, je l'ai reconnue d'être Mme Franklin, mon ancienne amie américaine.
Je l'ai réclamée, mais elle me disait froidement :
- J'ai été votre femme pendant quarante-neuf années et quatre mois, presque un demi-siècle, soyez content de cela. J'ai formé ici une nouvelle connexion qui durera à l'éternité...

Mécontent de ce refus de mon Eurydice, j'ai pris tout de suite la résolution de quitter ces ombres ingrates, et de revenir ici en ce bon monde revoir le soleil, et vous.
Me voici ; vengeons-nous.  

Magnifique, n'est-ce pas, ce si spirituel : vengeons-nous ?  

Magnifique, en effet !!!!!
Je connaissais cette anecdote . Je l'adore comme vous !    Quel petit rigolo ce Franklin !  Cela ne m'étonne pas . Ne trouvez-vous pas que son visage respire une réjouissante malice ?

Beaucoup de traits d'humour nous représentent une Mme Helvétius elle-même complètement fofolle . Vous mentionnez ses chats angoras d'après le témoignage désopilant du comte d'Andlau, en visite chez sa belle-mère avec un ami, tous deux obligés de rester debout parce que les chats se prélassent en pachas dans les coussins des bergères .....

Mme Helvétius, quoique plus que sur le retour, était toujours une femme très séduisante, et l'encore beaucoup plus vieux Fontenelle s'exclamait en la voyant " Que n'ai-je encore quatre-vingts ans !!! "
         

Savez-vous qu'elle avait fait avec son philosophe d'époux un mariage d'amour ?   Pour lui, elle avait débouté la demande de Turgot, également à ses pieds, et sans nul doute de plusieurs autres moins célèbres dont les noms ne nous sont pas parvenus .
S'il faut en croire Chamfort, cette union fut très heureuse .

Vous voyez que l'amour ( au sens où je l'entends, moi ) existe !

J'ai été votre femme pendant quarante-neuf années et quatre mois, presque un demi-siècle, soyez content de cela. J'ai formé ici une nouvelle connexion qui durera à l'éternité...

ça sonne terriblement moderne cette "nouvelle connexion" dans la bouche d'une dame du XVIII ème siècle !
on l'employait déjà ??
Pour ce qui est des superbes lunettes loupes à la Franklin, on pourrait aussi pencher pour une bonne hypermétropie...

Je me rappelle aussi que Franklin a dit de Louis XVI : "Louis XVI a été pour moi, le seul homme que je connaisse qui symbolise le mieux la phrase de Shakespeare : il était le lait de la tendresse humaine..."

Très belle citation en effet

Résidence de Franklin à Passy . Le savant occupe l'un des deux pavillons de 1777 à 1785 .

cecile a écrit:

Je me rappelle aussi que Franklin a dit de Louis XVI : "Louis XVI a été pour moi, le seul homme que je connaisse qui symbolise le mieux la phrase de Shakespeare : il était le lait de la tendresse humaine..."

Comme c'est beau ! Cela en dit long aussi sur la noblesse de coeur de Franklin lui-même !

Il existe un joli portrait de Notre Dame d'Auteuil, ainsi que l'on appelait Mme Helvétius, par Van Loo . S'il est possible de le retrouver ?

Citation :

Résidence de Franklin à Passy .  Le savant occupe l'un des deux pavillons de 1777 à 1785 .

Pourriez-vous m'en dire plus ?
Ou m'indiquer l'endroit à lire dans le boudoir à ce propos

Avec plaisir ! En 1780, lorsque Mme de Polignac s'est trouvée enceinte, elle a cru meilleur pour sa santé toujours délicate, voyant le terme approcher, d'aller s'établir à Passy dont l'air est plus pur et champêtre  .
Elle était d'ailleurs en pleine préparation du mariage d'Aglaé avec le comte de Gramont ( futur duc de Guiche ) .
Ainsi donc, elle occupait l'un des pavillons de l'hôtel du duc de Valentinois, l'autre étant occupé par Benjamin Franklin .
Pour être le plus proche possible de son amie, Marie-Antoinette a fait transporter toute la Cour à la Muette  d'où elle allait tous les jours voir Mme de Polignac à Passy ....
Le 14 mai est né Jules junior, neveu et filleul de la comtesse Diane de Polignac !  Elle le porta sur les fonts baptismaux avec son proche parent Hérault de Séchelles, parrain de junior !

Mon très cher Benjamin, j'ai retrouvé votre Anne-Catherine !!! Souffrez que je la produise en noir et blanc .....

...... et hop !

Citation :

Tombé sur mon lit, je me crus mort, et me trouvai dans les champs Elysées.

Ce qui est bien curieux dans le siècle des Lumières est l'hypocrisie ambiante! alors qu'on se dit croyant (bien que l'Église commençait à être remise en cause en public) on n'hésite pas à s'inspirer des mythologies, de les mettre en musique, de les peindre et d'en rêver, ça me rappelle la mort de Louis XV qui devait se séparer de sa maitresse pour se confesser, ce passage m'a beaucoup fait rire:

A tout hasard, en apprenant que l'archevêque était arrivé, la pauvre madame Du Barry se sauva.
Ce fut le duc de Richelieu qui vint à la rencontre du prélat, dont il ignorait encore les intentions.

- Monseigneur, dit le duc, je vous conjure de ne pas effrayer le roi par cette proposition théologique qui a fait mourir tant de malades. Mais si vous êtes curieux d'entendre des péchés jolis et mignons, mettez-vous là, je me confesserai à la place du roi, et je vous en dirai de tels que vous n'en avez pas entendu de pareils depuis que vous êtes archevêque de Paris. Maintenant, si ma proposition ne vous agrée point, si vous voulez absolument confesser le roi et renouveler à Versailles les scènes de monsieur l'évêque de Soissons à Metz, si vous voulez congédier madame Du Barry avec éclat, réfléchissez sur les suites et sur vos propres intérêts ; vous assurez le triomphe du duc de Choiseul, votre plus cruel ennemi, dont madame Du Barry a tant contribué à vous délivrer ; et vous persécutez votre amie au profit de votre ennemi ; oui, monseigneur, votre amie, et si bien votre amie, qu'hier elle me disait encore : que monsieur l'archevêque nous laisse tranquilles, il aura sa calotte de cardinal ; c'est moi qui m'en charge et qui vous en réponds.

L'archevêque de Paris avait laissé dire monsieur de Richelieu, car, quoique du même avis que lui au fond, il fallait qu'il eût l'air d'être persuadé. Heureusement le duc d'Aumont, madame Adélaïde et l'évêque de Senlis vinrent se joindre au maréchal et donner au prélat des armes contre lui- même. Il eut l'air de céder, promit de ne rien dire, entra chez le roi, auquel il ne parla nullement de confession ; ce qui satisfit si fort l'auguste malade, qu'il fit rappeler aussitôt madame Du Barry, dont il baisa les belles mains en pleurant de joie.  

.....cette proposition théologique qui a fait mourir tant de malades.........
J'adooore ! ..... le curé dont le prêche achève ses ouailles pour les expédier plus vite au Ciel !!!!!!

Mais si vous êtes curieux d'entendre des péchés jolis et mignons, mettez-vous là, je me confesserai à la place du roi .......
Il est bath, le maréchal !!!!!!!
Il est vrai que ses confessions devaient valoir leur pesant de caramels mous, lui pour qui deux femmes se battirent en duel ...... Marc de Bombelles ( et pas mal de gens à la Cour ) croyaient Richelieu le demi-frère de Voltaire .

Anne Catherine de Ligniville d'Autricourt naquit à Nancy, le 23 juillet 1722 . Elle appartenait à l'une des plus illustres familles de la région, de celles que l'on avait baptisées du titre de " Grands chevaux de Lorraine " ( relire Mme d'Oberkirch sur " les grands chevaux " ) .
Cette lignée princière était apparentée aux Habsbourg, et la furure Mme Helvétius pourra se vanter, sans mentir, d'être la cousine de la Reine Marie-Antoinette.

( Georges Cabanis, le médecin de Brumaire, de André Role et Luc Boulet )

Je pense que cet agrandissement en repro-laser a été fait à partir d'une petite représentation, dont je ne jurerais pas qu'elle était en couleur .......
Etait-ce à partir d'un livre de bibliothèque, d'un magazine Historia ???
Je ne sais fichtre plus ! C'est vieux comme mes robes !
Je me suis déjà arrachée pour trouver cette page dans le souk effroyable de la petite sous-pente que j'appelle pompeusement mon bureau .
Comme j'étais bien sûre de l'avoir, j'ai remué ciel et terre !!!
Il faudrait que je procède à un tri, rangement et classement drastique là-haut ! ça me fatigue rien que d'y penser !

Cette illustration représente le couple royal recevant en audience extraordinaire Benjamin Franklin :

Benjamin Franklin paraît immense sur cette illustration !  

Bien à vous.

Citation :

"Le peuple est loin d'attenter à l'autorité du Roi, répond la duchesse qui en tient pour les idées nouvelles. Louis XVI tirerait un meilleur parti du peuple que de la noblesse."

Le pire c'est qu'en 1789 ceci était tout à fait vrai

Je suis en train de terminer la lecture des Mémoires de l'abbé Morellet.
Chère clioxviii, je partage votre sentiment donné ici : http://www.lafoliedix-huitieme.eu/memoires-souvenirs/topic2834.html
Ce qu'il dit sur les fautes de la préparation des Etats généraux est assez intéressant...

Bref, je vous propose un petit passage qui m'a amusé.
L'abbé Morellet cite une lettre qu'il reçoit de Franklin. Elle est accompagnée par un dessin réalisé par son petit-fils.
Je vous copie un extrait, plutôt drôle :


" Vous m’avez souvent égayé, mon très cher ami, par vos excellentes chansons à boire ; en échange, je désire vous édifier par quelques réflexions chrétiennes, morales et philosophiques sur le même sujet.

In vino veritas, dit le sage.
La vérité est dans le vin.

Avant Noé, les hommes n’ayant que de l’eau à boire, ne pouvaient trouver la vérité.
Aussi, ils s’égarèrent ; ils devinrent abominablement méchants, et ils furent justement exterminés par l’eau qu’ils aimaient boire.
Ce bonhomme de Noé, ayant vu que par cette mauvaise boisson tous ses contemporains avaient péri, la prit en aversion ; et Dieu, pour le désaltérer, créa la vigne, et lui révéla l’art d’en faire le vin.
Par l’aide de cette liqueur, il découvrit mainte et mainte vérité ; et, depuis son temps, le mot de deviner a été en usage, signifiant originairement découvrir au moyen du vin.
Ainsi, le patriarche Joseph prétendait deviner au moyen d’une coupe ou d’un verre de vin, liqueur qui a reçu ce nom pour marquer qu’elle n’était pas une invention humaine, mais divine, autre preuve de l’antiquité de la langue française contre M. Gobelin.
Aussi, depuis ces temps, toutes les choses excellentes, même les déités, ont été appelées divines ou divinités.

On parle de la conversion de l’eau en vin, à la noce de Cana, comme d’un miracle.
Mais cette conversion est faite tous les jours, par la bonté de Dieu devant nos yeux.
Voilà l’eau qui tombe des cieux sur nos vignobles ; là, elle entre dans les racines des vignes pour être changée en vin ; preuve constante que Dieu nous aime, et qu’il aime à nous voir heureux.
Le miracle particulier a été fait seulement pour hâter l’opération, dans une circonstance de besoin soudain qui le demandait.

Il est vrai que Dieu a aussi enseigné aux hommes à réduire le vin en eau.
Mais quelle espèce d’eau ? - L’eau de vie ; et cela, afin que par là ils puissent eux-mêmes faire au besoin le miracle de Cana, et convertir l’eau commune en cette espèce excellente de vin, qu’on appelle punch.
Mon frère chrétien, soyez bienveillant et bienfaisant comme lui, et ne gâtez pas son bon breuvage.
Il a fait le vin pour nous réjouir.
Quand vous voyez votre voisin à table verser du vin en son verre, ne vous hâtez pas à y verser de l’eau.
Pourquoi voulez-vous noyer la vérité ?
Il est vraisemblable que votre voisin sait mieux que vous ce qui lui convient.
Peut-être il n’aime pas l’eau ; peut-être il n’en veut mettre que quelques gouttes par complaisance pour la mode ; peut-être il ne veut pas qu’un autre observe combien peu il en met dans son verre !
Donc, n’offrez l’eau qu’aux enfants.
C’est une fausse complaisance et bien incommode.
Je dis ceci à vous comme homme du monde ; mais je finirai comme j’ai commencé, en bon chrétien, en vous faisant une observation religieuse bien importante, et tirée de l’Ecriture sainte : savoir, que l’apôtre Paul conseillait bien sèrieusement à Timothée de mettre du vin dans son eau pour la santé ; mais que pas un des apôtres, ni aucun des saints pères, n’a jamais conseillé de mettre de l’eau dans le vin !

Pour vous confirmer encore plus dans votre piété et reconnaissance à la providence divine, réfléchissez sur la situation qu’elle a donnée au coude.



Vous voyez, figures 1 et 2, que les animaux qui doivent boire l’eau qui coule sur la terre, s’ils ont des jambes longues, ont aussi un long cou : afin qu’ils puissent atteindre leur boisson sans la peine de se mettre à genoux.
Mais l’homme, qui était destiné à boire du vin, doit être en état de porter le verre à sa bouche.
Regardez les figures ci-dessous : si le coude avait été placé plus près de la main, comme en fig.3, la partie A aurait été trop courte pour approcher le verre de la bouche ; et s’il avait été placé plus près de l’épaule, comme en fig.4, la partie B aurait été si longue, qu’il eût porté le verre bien au-delà de la bouche : ainsi nous aurions été tantalisés !
Mais par la présente situation, représentée fig.5, nous voilà en état de boire à notre aise, le verre venant jusqu’à la bouche.

Adorons donc, le verre à la main, cette sagesse bienveillante ; adorons et buvons !"

Citation :

J'ai lu ces Mémoires de l'abbé Morellet, il y a bien longtemps !

Ces Mémoires se lisent ; il y a du bien et du mauvais.
On y croise à peu près tout le beau monde de Paris, et notamment cette chère Mme Helvétius...et ses chats !