Ce serait une bonne idée. Même si ce n'est pas dans les priorités exigées, le symbole est sympathique.
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Sujet: Re: Olympe de Gouges Lun 26 Aoû - 19:25
Louise Michel !
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Sujet: Re: Olympe de Gouges Mer 28 Aoû - 9:15
Personnage trés intéressant que j'ai tout d'abord découvert avec la BD, à la fois auteur de pièces de théâtre et femme politique qui défendit les droits des femmes. Sans doute en avance sur son temps. Une biographie que j'avais bien aimée sur le personnage:
Olivier Blanc est un auteur intéressant. Nombre de sujets de ses livres sont passionnants !
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Sujet: Re: Olympe de Gouges Mer 28 Aoû - 9:39
J'avoue que plusieurs me tenteraient
pimprenelle
Nombre de messages : 40594 Date d'inscription : 23/05/2007
Sujet: Re: Olympe de Gouges Mar 4 Mar - 21:44
01/01/2014 Olympe de Gouges : une résistante à la Terreur - entretien avec Olivier Blanc
Olympe de Gouges remet ses premières brochures politiques à Louis XVI et Marie-Antoinette. Gravure de Frussote d'après un dessin allégorique commandé à Desrais, pour l'illustration des Remarques patriotiques d''Olympe de Gouges (1788).
Entretien réalisé par échange de mails entre Sylvia Duverger et Olivier Blanc
Olympe de Gouges, une autodidacte
Qu'est-ce qui de l’œuvre de Rousseau a retenu l'attention d'Olympe ? A-t-elle critiqué l'éducation qu'il propose de donner à Sophie, et le grand renfermement des femmes dont il est l'un des théoriciens les plus ardents ?
Olivier Blanc. Olympe de Gouges ne retient de Rousseau que ce qu’elle veut bien. Elle n’est pas une inconditionnelle et ne le nomme pas de son nom mais de son prénom (ce qui entretient une confusion – volontaire ? – avec Jean-Jacques le Franc de Pompignan, son père naturel). Car dans les deux cas, chez le philosophe comme chez l’anti-philosophe, elle admire la qualité de l’écriture, le talent de l’écrivain, son « génie » [1]. Sur la question cruciale de l’éducation des femmes, elle a résumé sa pensée dans un conte, Le Prince philosophe, où elle pose que tout est question d’éducation [2]. Car la femme, si elle a un peu moins de force qu’un homme, possède toutes qualités dites masculines, l’adresse, l’inventivité, la patience, la souplesse, la ruse et, bien sûr, le courage et la raison. Elle peut donc exercer toutes les activités physiques et intellectuelles pour peu qu’elle y soit formée. Ce credo est le socle sur lequel elle appuie son œuvre, et chaque fois que possible – en lançant des défis à ses adversaires – ainsi à Beaumarchais qui méprise les femmes autrices -, en se proposant comme ambassadrice (en remplacement de Duveyrier, envoyé de la Constituante auprès des émigrés) - ou avocate (de Louis XVI), en défiant ses juges –, elle entend convaincre l’opinion publique, par son exemple personnel, que les femmes sont capables de tout, et de l’importance que l’on doit donner à l’éducation des filles.
Olympe de Gouges n’a pas reçu l’éducation qui lui aurait permis d’être une fine lettrée, comme Charles de Villette, par exemple, l’un de ces quelques hommes féministes au moment de la Révolution, mais elle était avide de penser et de savoir, et contrairement à ce que d’aucuns ont pu suggérer – parmi lesquels Fouquier-Tinville, me semble-t-il –, elle est bel et bien l’auteure de son œuvre, éminemment politique… Elle s’avoue ignorante, mais cet aveu n’a-t-il pas quelque chose de rhétorique, d’autant que c’est une figure de (non-)style à laquelle les femmes étaient volontiers contraintes, surtout lorsqu’elles osaient défier, comme elle l’a fait, l’outrecuidance masculine ?
Olivier Blanc. Elle revient sans cesse sur son « ignorance » et soutient que la nature a été son seul guide. Elle transforme ce qui pour d’autres est une tare ou un handicap (la bâtardise) en qualité ou avantage : fille naturelle, elle est donc fille de la Nature, et c’est naturellement qu’elle a tout appris, sans qu’une éducation religieuse, incontournable au XVIIIe siècle, vienne encombrer ou fausser son raisonnement. Ce qui est naturel pour elle est surtout le fruit de l’expérience, et elle compare ses idées à des diamants bruts que l’on peut ensuite polir et mettre en valeur grâce à la maîtrise des règles, c’est-à-dire une technique. « Je suis, dit-elle aussi, d’un pays où l’on parle mal le français et elle se désole de n’avoir pas appris les règles de l’écriture. Elle sollicite donc la mise en place rapide d’une éducation publique des hommes et des femmes, telle qu’elle sera formulée au début de la Révolution par les intellectuels avec lesquels elle a des échanges réguliers (Cabanis, Condorcet, Talleyrand et tous les habitués prestigieux des salons de Mmes Helvétius et, Pastoret), à ceci près qu’elle est favorable à la mixité : il n’y a pas d’exercice du corps ou de l’esprit qui ne puisse être accessible aux femmes.
Olympe de Gouges et les autres femmes révolutionnaires
Quelles étaient les relations d'Olympe avec les autres femmes qui se sont engagées en politique au moment de la Révolution, comme Théroigne de Méricourt ?
Olivier Blanc. Sa société fut celle de la marquise de Montesson, de Fanny de Beauharnais, de Julie Talma, de Reine Philiberte de Villette née de Varicourt, de Sophie de Condorcet et de Mme Helvétius. Tout le monde du théâtre la connaissait comme autrice et elle eut des amitiés à éclipses avec les comédiennes Julie Candeille et Marie-Elisabeth Joly. Elle connaissait certainement Théroigne de Méricourt de réputation, mais elle ne l’a probablement jamais rencontrée en particulier. Nous savons qu’elle adressait certains de ses écrits à la Société fraternelle des Deux sexes et elle peut avoir eu des échanges de vue avec Etta Lubina Palm, dite la baronne d’Aëlders [3], qui joua un rôle éminent dans les clubs de femmes. D’après le journal Le Révolutions de Paris, elles défileront ensemble, lors des cérémonies commémoratives du 14 juillet 1792. On ignore ses relations avec Manon Roland de La Platière et Louise de Kéralio, qu’elle rencontra certainement par l’intermédiaire de Louis-Sébastien Mercier (son ami de cœur), de Michel de Cubières ou de Jérôme Pétion, le maire de Paris qu’elle connaissait[4]. Elle avait aussi fait la connaissance des Girondins Vergniaud et Dulaure plus de dix ans avant la Révolution.
Quels étaient les clubs de femmes au moment de la Révolution quel rôle Olympe de Gouges y a-t-elle joué ?
Olivier Blanc. Les clubs de femmes ne sont pas apparus du jour au lendemain pendant la Révolution. Depuis la fin du règne de Louis XV, il y avait en région parisienne, et également en province, des occasions de réunions libres entre hommes et femmes, que ce soit les « bureaux d’esprit » des grandes bourgeoises et des personnalités, comme Mlle Guimard, qui recevaient une fois par semaine dans leurs hôtels ou leurs petites maisons, ou des cercles philosophiques et mondains qui colportaient des « nouvelles à la main » comme chez Mme Doublet de Persan [5].
Lors de la révolution, ces cercles conviviaux privés prirent un caractère public, et s’ouvrirent au tout-venant et, notamment, dans l’enceinte du Palais-Royal, où se développèrent des « académies de jeu » et des clubs (club des arts ou club de Valois). La puissante protection du duc d’Orléans s’étendait à ces clubs, tel celui des Arcades, de Goury de Champgrand et Sophie Arnould, où l’on faisait de la politique autant que l’on jouait ; elle permettait de braver les édits contre ce genre de rassemblement, notamment celui de 1787, qui resta lettre morte [6].
Puis les Loges maçonniques d’adoption et le Musée ou Lycée (un collège de France avant la lettre placé sous la protection de Monsieur, frère du roi) fournirent d’autres occasions de brassage des classes et des sexes jusqu’à l’apparition des clubs politiques proprement dits, où la mixité était souvent de mise.
Olympe, Condorcet et sa femme, Charles de Villette et beaucoup d’autres personnalités étaient membres du Club de la Révolution ou Portique Français qui, ouvert en janvier 1790, tint ses séances dans le Cirque du Palais-Royal (ancienne salle de manège de la famille d’Orléans puis salle de conférence).
Le fondateur à Paris du club des Amis des Noirs, le girondin Brissot, confirme par ailleurs qu’Olympe de Gouges était membre de ce club, tout comme Grégoire et Condorcet, contrairement à ce qui a été avancé sur Wikipédia et ailleurs :"J'ai, écrit Brissot, cité quelques-unes des femmes qui faisaient partie de la Société des Amis des Noirs. Je ne dois pas oublier, parlant d'elles, Olympe de Gouges, encore plus célèbre par son patriotisme et son amour de la liberté que par sa beauté et plusieurs ouvrages écrits parfois avec élégance, toujours avec une noble énergie. ADMISE DANS NOTRE SOCIETE (DES AMIS DES NOIRS), les premiers essais de sa plume furent consacrés aux malheureux que tous nos efforts ne pouvaient arracher à l'esclavage". Les papiers Brissot comportent l'extrait ci-dessus, tiré du manuscrit des "Mémoires", en partie inédits, de Brissot, que l’on peut consulter aux Archives nationales sous la cote 446 AP 15. Il existe aussi une lettre d’Olympe à Brissot, dans laquelle elle lui fait part des persécutions des hommes de main de la Commune contre les Girondins (lettre du 20 novembre 1792).
Les premiers clubs majoritairement féminins apparurent en octobre 1790, et eurent une existence éphémère, à l’exception de la « Société des Amies de la Vérité », où furent prononcés les plus beaux discours sur l’émancipation politique des femmes.
Il n’y eut jamais de club portant le nom de « club des tricoteuses », c’est un fantasme misogyne qui s’est développé en se fondant sur les allégations du journaliste Montagnard Prudhomme, développées dans ses critiques réitérées [7] des sociétés fraternelles de Paris, Lyon et Dijon en février 1793, puis dans l’historiographie hostile à la Révolution en général [8]. Même_si les mégères sadiques qui assistaient aux exécutions de l’an II ont réellement existé : elles étaient présentes, selon les rapports des inspecteurs de police en civil, au procès et à l’exécution d’Olympe de Gouges).
Sur Olympe de Gouges et les clubs de femmes, lire un extrait du livre d'Olivier Blanc (en complément de l'article de S. Duverger sur Olympe de Gouges et la Terreur).
Les derniers mois d'Olympe de Gouges
Olympe de Gouges a pris une position courageuse au moment de l’arrestation de ses amis girondins. Son exemple fut-il beaucoup suivi ?
Olivier Blanc. Le courage politique d’Olympe, en de telles circonstances – un complot politique contre les Girondins doublé d’un coup de force contre l’Assemblée les 31 mai et 2 juin 1793, avec les conséquences terrifiantes que l’on sait pour 150 élus de la Nation [9] –, est remarquable. Une autre femme, à peu près inconnue, a retenu l’attention des députés à la veille du 31 mai 1793, alors que le piège tendu aux Girondins se refermait sur eux. Cette femme, Marie-Anne Concarneau, épouse du journaliste girondin Roch Marcandier, avait été arrêtée pour avoir distribué le journal de son mari, Le Véritable ami du peuple, l’un des derniers journaux d’opposition girondine à résister aux voies de faits de la Commune de Paris. Ses hommes de main, souvent armés de gourdins, s’en prenaient en effet à tous ceux qui exprimaient publiquement leur solidarité avec les Girondins, lesquels, selon une lettre de Brissot, s’attendaient à une « nouvelle Saint-Barthélémy ».
Olympe de Gouges elle-même déposa plainte à la section des Quatre-Nations au sujet d’une agression physique dirigée contre elle (qui donna lieu à l’interpellation de l’agresseur – Lazowski – à la Convention par le Girondin Vergniaud).Mais l’avenir devait être pire encore.
Le 9 juin 1793, revenant spécialement de Tours où elle se trouvait, à Paris, elle a adressé à la Convention soi-disant épurée une lettre dans laquelle elle prenait crânement la défense des Girondins arrêtés ou en fuite, accusant la Convention d’avoir «perdu de sa splendeur ».
En complément, lire l’article d’Olivier Blanc, « Olympe de Gouges : une femme persécutée qui n’avait que de l’humanité à opposer au cynisme »
A lire les textes qu'Olympe de Gouges a fait paraître dans les mois qui ont précédé son arrestation, et que vous citez dans votre ouvrage – je songe notamment à son Testament politique - j'ai eu le sentiment qu'elle s'était déterminée à continuer d'intervenir sur la scène politique - de monter à la tribune, du moins autant que la sous-citoyenneté des femmes lui en laissait le loisir - en ayant pleinement conscience qu'elle risquait l'échafaud.
Elle aurait dès lors agi en héroïne tragique, n’étant pas sans savoir qu’elle serait, elle aussi, condamnée à mort, mais choisissant cette mort, qu’elle se représente comme sacrificielle, plutôt que le renoncement à l’action politique et le reniement de soi-même.
Cependant, c'est peut-être un leurre. Cette adresse saisissante du Testament politique à ses contemporainEs mais aussi à l’Histoire ne pourrait-elle pas relever de la rhétorique révolutionnaire, celle de l’hyperbole, où les mots ne cessent de dépasser, sinon la pensée, du moins l’expérience vécue ?
En effet, elle venait d'acheter une maison à Tours, et s'apprêtait à se retirer ; elle n’en fait d’ailleurs pas mystère dans Le Testament politique. Et elle paraît aussi espérer encore pouvoir œuvrer à détourner le cours sanguinaire pris par la Révolution...
A moins qu’elle n’ait oscillé entre horreur ou désespoir et résolution et optimisme…
Olivier Blanc. Notre historiographie des débuts de la Convention a été sévèrement réécrite par les Thermidoriens, qui sont à la fois les assassins des Girondins et, aussi paradoxal que cela puisse paraître, ceux de Robespierre qui, découvrant tardivement à qui il avait affaire, en parlait dans son dernier discours comme de « scélérats gorgés de rapines et de sang ». Si bien qu’on a oublié à quel point les violences et menaces exercées contre les Girondins, les semaines précédant le 31 mai 1793, ont été réelles, menaces destinées à les dissuader de venir siéger.
C’est à cela qu’Olympe de Gouges fait allusion dans ses derniers écrits, et notamment après l’agression que j'ai évoquée précédemment, laquelle faisait suite à une autre agression dont elle s’était tirée par un mot d’esprit : au lendemain de sa proposition à la Convention d’assister Malesherbes dans sa défense de Louis XVI, elle fut prise à partie par un groupe d’énergumènes dont l’un la saisit par la tête en soulevant son sabre : « A trois sous la tête de la citoyenne de Gouges, qui dit mieux ? ». Sans se démonter elle répondit : » Je mets la pièce de cinq et je vous demande la préférence ».
Les hommes comme les femmes (dont Théroigne, devenue girondine à cette époque), dès lors qu’ils/elles s’opposent à la Commune et à la faction ultra-jacobine, sont physiquement menacéEs, à commencer par les chefs du mouvement girondins et tous les journalistes et écrivains qui leur sont favorables. Les « tapes-drus » (rebaptisés « tape-durs »), armés de gourdins, règlent leur compte aux protestataires, dévastent les imprimeries où l’on édite les journaux girondins et suivent les députés à leur sortie de séance. Tout s’est emballé après la tentative avortée de renversement du 10 mars 1793 contre la Convention, répétition du 31 mai.
C’est fin mars qu’Olympe rédigea son Testament politique, qui est en effet prémonitoire, puis elle alla visiter des maisons dans la région de Tours dans l’intention d’acquérir une retraite plus sûre qu’à Paris.
Vous-même comment comprenez-vous ce risque tout de même assez inouï qu'elle a pris de vouloir faire placarder sur les murs de Paris la proposition de mettre au vote trois types de régimes politiques, alors même que venaient d’être arrêtés ceux qui s’étaient contentés d’exprimer publiquement leurs désaccords avec les massacres d’août-septembre 1792 ?
Elle a pris le risque de publier un texte interdit, par passion politique, en ne signant pas de son nom, ce qui ôte à son entreprise le caractère « suicidaire » qu’elle peut sembler avoir. Dire qu’elle était « suicidaire » cautionne la lâcheté de ceux qui n’ont rien fait. Son entreprise s’inscrit dans une stratégie de protestation quand, le 9 juin 1793, elle prend ouvertement la défense des Girondins proscrits et arrêtés à la séance ; puis, avec son affiche, Les trois urnes, pour laquelle elle sera décapitée, elle opte pour une stratégie de résistance, face à une Assemblée et un Gouvernement devenus illégitimes à ses yeux.
Elle est la seule ? Certainement pas. Le jour où elle est arrêtée, le 20 juillet 1793, comme le sont déjà une centaine de Girondins, tous les électeurs de ces députés, dans une cinquantaine de départements, se soulèvent contre ceux qui, à Paris, par le biais des sections noyautées, ont, de leur point de vue, pris illégalement le pouvoir le 31 mai en se déclarant « le peuple ».
Une résistante à l’oppression est toujours une héroïne tragique. Après la publication de la première édition de mon livre, trois femmes qui avaient été frappées par sa détermination et son courage, sont venues à ma rencontre pour évoquer l’exemplarité d’Olympe. Or ces femmes engagées, dont je salue la mémoire, Mmes Mireille Albrecht, Jacqueline de Chambrun et Nicole Stéphane avaient – est-ce un hasard ? – chacune participé à la résistance pendant la Seconde Guerre mondiale. Et elles avaient éprouvé des sentiments qui m’ont semblé proches de ceux d’Olympe de Gouges dans la dernière année de sa vie, où son engagement pour une république à visage humain a été total.
Lire, dans la note précédente, des extraits de l’ouvrage d’Olivier Blanc et du Testament politique d'Olympe de Gouges.
Question de style
Au sujet de Charles de Villette, vous écrivez que son style se démarque de celui de ses contemporains [10]. Qu’en est-il de celui d’Olympe de Gouges ? Les pièces d’olympe sont-elles encore jouables aujourd’hui ?
Les pièces politiques sont difficilement jouables car les spectateurs d’aujourd’hui ne connaissent pas suffisamment le contexte révolutionnaire pour apprécier les textes à leur juste mesure. Les pièces « humanistes » comme L’Homme généreux ou Zamore et Mirza sont très marquées par la sentimentalité propre au 18e siècle, qui fait le régal des érudits et des passionnés de théâtre mais déplairait peut-être au grand public d’aujourd’hui. Sur le fond, ces pièces tiennent très bien la route car les idées qu’elles véhiculent sont éternelles. Elles ont pu même parfois déranger les convictions de certain(e)s : Olympe, qui a fait de son héros l’esclave noir Zamore un meurtrier (d’un intendant brutal), lui offre ainsi d’être pardonné par le gouverneur de l’île où se déroule l’histoire, et d’épouser Mirza, la femme qu’il aime. A cette époque, la critique a trouvé inadmissible qu’elle ait choisi cette fin morale et cherché à ce point à faire bouger les lignes.
La reconnaissance d’Olympe de Gouges
Olympe de Gouges, désormais, semble intéresser les historiennes féministes du monde entier. Vous avez ici même recensé l’ouvrage de carol L. Sherman. Avez-vous connaissance d’autres travaux effectués ailleurs, dans d’autres langues ? Les œuvres d’Olympe sont en cours de traduction en anglais, par Clarissa Palmer, mais sont-elles disponibles dans d’autres langues ? y a-t-il d’autres projets éditoriaux dont vous ayez connaissance ?
J’ai actualisé la liste des travaux scientifiques sur Olympe dans la dernière édition de mon livre. J’ai aussi connaissance de traductions en anglais (Clarissa Palmer) et en allemand (Victoria Frysak) de ses textes, qui font l’objet d’un très grand nombre de travaux universitaires dans le monde entier, Chine et Japon compris.
La Déclaration des droits de la femme est aujourd’hui accessible dans beaucoup de langues. Il serait regrettable qu’Olympe de Gouges, qui incarne si bien la femme moderne, qui a inventé un modèle nouveau de femme engagée en politique, rompant avec la tradition millénaire des femmes d’influence caractéristique de l’ancien régime de droit divin, n’ait pas bientôt sa place au Panthéon des grandes démocrates françaises.
En complément, sur Olympe de Gouges :
- lire les articles d'Olivier Blanc, « Mona Ozouf, Rousseau, Olympe de Gouges et trois résistantes – réponse d’Olivier Blanc à Mona Ozouf » ;
« Olympe de Gouges, une femme persécutée qui n’avait que de l’humanité à opposer au cynisme »,
« Olympe de Gouges : une féministe, une humaniste, une femme politique »,
sa recension de l'ouvrage de Carol L. Sherman,
- l’article de Catherine Marand-Fouquet, à l’origine de la première demande de panthéonisation d’Olympe de Gouges
- un entretien avec Geneviève Fraisse, "Olympe de Gouges et la symbolique féministe"
un article de Geneviève Fraisse, "Olympe de Gouges et la subversion dans l'histoire",
des vidéos réalisées par Graciela Barrault, dans lesquelles G. Fraisse aborde la question de l'autodidaxie d'Olympe de Gouges et souligne le caractère subversif de sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne ;
- Un entretien avec Graciela Barrault, conceptrice du musée virtuel Olympe de Gouges 2.0 (ici et là),
- les articles de Sylvia Duverger
"J'ai tout prévu, je sais que mort est inévitable"
"Olympe de Gouges parmi d'autres panthéonisables"
Sur Olympe de Gouges porteuse d'espoir, pièce de Clarissa Palmer et Annie Vergne, qui reprendra bientôt au Guichet Montparnasse :
Olympe de Gouges sur les scènes de théâtre parisiennes
(Nous publierons bientôt un entretien avec Annie Vergne.)
Sur Terreur-Olympe de Gouges, d'Elsa Solal qui se joue jusqu'au 4 janvier au Lucernaire :
Olympe de Gouges et la Terreur
Olympe de Gouges a eu raison trop tôt - entretien avec Sylvie Pascaud
Sur la démocratie française comme démocratie exclusive, qui exclut les femmes sans expliciter cette exclusion, voir de Geneviève Fraisse, "La démocratie exclusive demeure un paradigme français", republié sur Féministes en tous genres avec l'aimable autorisation des éditions Gallimard (introduction, première, deuxième, troisième et quatrième parties).
[1] Le Franc de Pompignan était alors aussi connu pour son antagonisme avec Voltaire, le philosophe de Ferney, qu’elle admirait beaucoup : elle le cite souvent, ainsi en exergue à L’esprit français (1792), l’une de ses meilleures brochures politiques.
[2] Lire, entre autres, ses réflexions sur l’éducation dans Olympe de Gouges, Philosophie, dialogues et apologues, Cocagne 2010, pp. 242-248.
[3] Voir sa biographie dans Olivier Blanc, Les libertines, Plaisir et liberté au temps des Lumières, Paris, 1997, pp. 213-230.
[4] Elle logeait en 1792 rue Saint-Honoré n° 253, chez le citoyen Philbert de Lunel, beau-frère de Pétion, qui tenait l’hôtel garni des Vivres de la Marine.
[5] Telles celles publiées par Bachaumont et ses suiveurs sous le nom de Mémoires secrets.
[6] Voir O. Blanc, « Cercles politiques et ’salons’ du début de la révolution (1789-1795) in Annales historiques de la révolution française, 2006, n° 344, pp. 63-92, article accessible sur le site de Persée.
[7] Ces critiques ponctuent les Révolutions des Paris de 1792, avec Olympe de Gouges pour cible. L’une des plus étayées figure dans le numéro 185 des Révolutions de Paris, (janvier 1793), Avis aux femmes formant un club dans la ville de Dijon. Lire aussi la Réponse des républicaines au citoyen Prudhomme le 10 février 1793.
[8] Voir notamment l’ouvrage de Stewarton, The Female revolutionnary Plutarch : Containing Biographical, Historical and Revolutionary Sketches, Characters and Anecdotes, London, 1806.
[9] Ce chiffre des élus persécutés est emprunté à l’un d’eux, le député Girondin Dulaure, historien, qu’Olympe de Gouges connaissait personnellement depuis au moins 1786.
[10] « Charles de Villette député, homosexuel et féministe » in Actes du colloque Les hommes féministes, Paris, Clermont-Ferrand, 2013, publiés sous la direction de Florence Rochefort et Eliane Viennot aux Presses de l’université de Saint-Etienne en 2013. http://feministesentousgenres.blogs.nouvelobs.com/archive/2013/12/31/olympe-de-gouges-une-resistante-a-l-oppression-517834.html
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pimprenelle
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Sujet: Re: Olympe de Gouges Sam 8 Mar - 16:34
Journée internationale des droits des femmes - Lettre d'Olympe de Gouges à Marie-Antoinette pour les droits de la femme et de la citoyenne
A la mi-septembre 1791, dans la foulée de la révolution française, une femme singulière en son temps, Olympe de Gouges, écrivait une longue lettre à la reine Marie-Antoinette contenant, cadeau inouï, la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Ecrivaine révolutionnaire, abolitionniste et féministe avant l'heure, elle y fait entendre la voix de toutes les femmes qui réclament justice à leur sexe, et exigent des droits civiques et politiques strictement égaux à ceux des hommes. Bien que cette déclaration ne soit pas restée lettre morte, que les féminismes de tous bords transforment chaque jour la société, la révolution n'est pas encore accomplie ni achevée. En cette journée internationale des droits des femmes, en hommage à cette pionnière et ses émules, au nom des combats pour la condition de la femme, voici cette lettre et cette déclaration historiques !
Madame, Peu faite au langage que l'on tient aux Rois, je n'emploierai point l'adulation des Courtisans pour vous faire hommage de cette singulière production. Mon but, Madame, est de vous parler franchement ; je n'ai pas attendu pour m'exprimer ainsi, l'époque de la Liberté : je me suis montrée avec la même énergie dans un temps où l'aveuglement des Despotes punissait une si noble audace.
Lorsque tout l'Empire vous accusait et vous rendait responsable de ses calamités, moi seule, dans un temps de trouble et d'orage, j'ai eu la force de prendre votre défense. Je n'ai jamais pu me persuader qu'une Princesse, élevée au sein des grandeurs, eût tous les vices de la bassesse.
Oui, Madame, lorsque j'ai vu le glaive levé sur vous, j'ai jeté mes observations entre ce glaive et la victime; mais aujourd'hui que je vois qu'on observe de près la foule de mutins soudoyée, & qu'elle est retenue par la crainte des lois, je vous dirai, Madame, ce que je ne vous aurais pas dit alors.
Si l'étranger porte le fer en France, vous n'êtes plus à mes yeux cette Reine faussement inculpée, cette Reine intéressante, mais une implacable ennemie des Français. Ah ! Madame, songez que vous êtes mère et épouse ; employez tout votre crédit pour le retour des Princes. Ce crédit, si sagement appliqué, raffermit la couronne du père, la conserve au fils, et vous réconcilie l'amour des Français. Cette digne négociation est le vrai devoir d'une Reine. L'intrigue, la cabale, les projets sanguinaires précipiteraient votre chute, si l'on pouvait vous soupçonner capable de semblables desseins.
Qu'un plus noble emploi, Madame, vous caractérise, excite votre ambition, et fixe vos regards. Il n'appartient qu'à celle que le hasard a élevée à une place éminente, de donner du poids à l'essor des Droits de la Femme, et d'en accélérer les succès. Si vous étiez moins instruite, Madame, je pourrais craindre que vos intérêts particuliers ne l'emportassent sur ceux de votre sexe. Vous aimez la gloire ; songez, Madame, que les plus grands crimes s'immortalisent comme les plus grandes vertus ; mais quelle différence de célébrité dans les fastes de l'histoire ! l'une est sans cesse prise pour exemple, et l'autre est éternellement l'exécration du genre humain.
On ne vous fera jamais un crime de travailler à la restauration des moeurs, à donner à votre sexe toute la consistance dont il est susceptible. Cet ouvrage n'est pas le travail d'un jour, malheureusement pour le nouveau régime. Cette révolution ne s'opérera que quand toutes les femmes seront pénétrées de leur déplorable sort, & des droits qu'elles ont perdus dans la société. Soutenez, Madame, une si belle cause ; défendez ce sexe malheureux, et vous aurez bientôt pour vous une moitié du royaume, et le tiers au moins de l'autre.
Voilà, Madame, voilà par quels exploits vous devez vous signaler et employer votre crédit. Croyez-moi, Madame, notre vie est bien peu de chose, surtout pour une Reine, quand cette vie n'est pas embellie par l'amour des peuples, et par les charmes éternels de la bienfaisance.
S'il est vrai que des Français arment contre leur patrie toutes les puissances, pourquoi ? pour de frivoles prérogatives, pour des chimères. Croyez, Madame, si j'en juge par ce que je sens, le parti monarchique se détruira de lui-même, qu'il abandonnera tous les tyrans, et tous les cœurs se rallieront autour de la patrie pour la défendre.
Voilà, Madame, voilà quels sont mes principes. En vous parlant de ma patrie, je perds de vue le but de cette dédicace. C'est ainsi que tout bon citoyen sacrifie sa gloire, ses intérêts, quand il n'a pour objet que ceux de son pays.
Je suis avec le plus profond respect, Madame, Votre très-humble et très-obéissante servante, De Gouges.
LES DROITS DE LA FEMME.
Homme, es-tu capable d'être juste ? C'est une femme qui t'en fait la question ; tu ne lui ôteras pas du moins ce droit. Dis-moi ? Qui t'a donné le souverain empire d'opprimer mon sexe ? Ta force ? Tes talents ? Observe le créateur dans sa sagesse ; parcours la nature dans toute sa grandeur, dont tu sembles vouloir te rapprocher, et donne-moi, si tu l'oses, l'exemple de cet empire tyrannique.
Remonte aux animaux, consulte les éléments, étudie les végétaux, jette enfin un coup d'œil sur toutes les modifications de la matière organisée ; et rends-toi à l'évidence quand je t'en offre les moyens ; cherche, fouille et distingue, si tu peux, les sexes dans l'administration de la nature. Partout tu les trouveras confondus, partout ils coopèrent avec un ensemble harmonieux à ce chef-d'œuvre immortel.
L'homme seul s'est fagoté un principe de cette exception. Bizarre, aveugle, boursouflé de sciences et dégénéré, dans ce siècle de lumières et de sagacité, dans l'ignorance la plus crasse, il veut commander en despote sur un sexe qui a reçu toutes les facultés intellectuelles ; il prétend jouir de la Révolution, et réclamer ses droits à l'égalité, pour ne rien dire de plus.
DÉCLARATION DES DROITS DE LA FEMME ET DE LA CITOYENNE,
À décréter par l'assemblée nationale dans ses dernières séances ou dans celle de la prochaine législature.
Préambule
Les mères, les filles, les sœurs, représentantes de la nation, demandent d'être constituées en assemblée nationale. Considérant que l'ignorance, l'oubli ou le mépris des droits de la femme, sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des gouvernements, ont résolu d'exposer dans une déclaration solennelle, les droits naturels inaliénables et sacrés de la femme, afin que cette déclaration, constamment présente à tous les membres du corps social, leur rappelle sans cesse leurs droits et leurs devoirs, afin que les actes du pouvoir des femmes, et ceux du pouvoir des hommes pouvant être à chaque instant comparés avec le but de toute institution politique, en soient plus respectés, afin que les réclamations des citoyennes, fondées désormais sur des principes simples et incontestables, tournent toujours au maintien de la constitution, des bonnes moeurs, et au bonheur de tous.
En conséquence, le sexe supérieur en beauté comme en courage, dans les souffrances maternelles, reconnaît et déclare, en présence et sous les auspices de l'Être suprême, les Droits suivants de la Femme et de la Citoyenne.
Article premier.
La Femme naît libre et demeure égale à l'homme en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune.
II.
Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de la Femme et de l'Homme : ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et surtout la résistance à l'oppression.
III.
Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation, qui n'est que la réunion de la Femme et de l'Homme : nul corps, nul individu, ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément.
IV.
La liberté et la justice consistent à rendre tout ce qui appartient à autrui ; ainsi l'exercice des droits naturels de la femme n'a de bornes que la tyrannie perpétuelle que l'homme lui oppose ; ces bornes doivent être réformées par les lois de la nature et de la raison.
V.
Les lois de la nature et de la raison défendent toutes actions nuisibles à la société : tout ce qui n'est pas défendu par ces lois, sages et divines, ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu'elles n'ordonnent pas.
VI.
La Loi doit être l'expression de la volonté générale ; toutes les Citoyennes et Citoyens doivent concourir personnellement ou par leurs représentants, à sa formation ; elle doit être la même pour tous : toutes les Citoyennes et tous les Citoyens, étant égaux à ses yeux, doivent être également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leurs capacités, & sans autres distinctions que celles de leurs vertus et de leurs talents.
VII.
Nulle femme n'est exceptée ; elle est accusée, arrêtée, & détenue dans les cas déterminés par la Loi. Les femmes obéissent comme les hommes à cette Loi rigoureuse.
VIII.
La Loi ne doit établir que des peines strictement & évidemment nécessaires, & nul ne peut être puni qu'en vertu d'une Loi établie et promulguée antérieurement au délit et légalement appliquée aux femmes.
IX.
Toute femme étant déclarée coupable ; toute rigueur est exercée par la Loi.
X.
Nul ne doit être inquiété pour ses opinions mêmes fondamentales, la femme a le droit de monter sur l'échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune ; pourvu que ses manifestations ne troublent pas l'ordre public établi par la Loi.
XI.
La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de la femme, puisque cette liberté assure la légitimité des pères envers les enfants. Toute Citoyenne peut donc dire librement, je suis mère d'un enfant qui vous appartient, sans qu'un préjugé barbare la force à dissimuler la vérité ; sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi.
XII.
La garantie des droits de la femme et de la Citoyenne nécessite une utilité majeure ; cette garantie doit être instituée pour l'avantage de tous, & non pour l'utilité particulière de celles à qui elle est confiée.
XIII.
Pour l'entretien de la force publique, & pour les dépenses d'administration, les contributions de la femme et de l'homme sont égales ; elle a part à toutes les corvées, à toutes les tâches pénibles ; elle doit donc avoir de même part à la distribution des places, des emplois, des charges, des dignités et de l'industrie.
XIV.
Les Citoyennes et Citoyens ont le droit de constater par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique. Les Citoyennes ne peuvent y adhérer que par l'admission d'un partage égal, non-seulement dans la fortune, mais encore dans l'administration publique, et de déterminer la quotité, l'assiette, le recouvrement et la durée de l'impôt.
XV.
La masse des femmes, coalisée pour la contribution à celle des hommes, a le droit de demander compte, à tout agent public, de son administration.
XVI.
Toute société, dans laquelle la garantie des droits n'est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée, n'a point de constitution ; la constitution est nulle, si la majorité des individus qui composent la Nation, n'a pas coopéré à sa rédaction.
XVII.
Les propriétés sont à tous les sexes réunis ou séparés ; elles ont pour chacun un droit lorsque la nécessité publique, légalement constatée, l'exige évidemment, et sous la condition d'une juste et préalable indemnité.
POSTAMBULE.
Femme, réveille-toi ; le tocsin de la raison se fait entendre dans tout l'univers ; reconnais tes droits. Le puissant empire de la nature n'est plus environné de préjugés, de fanatisme, de superstition et de mensonges. Le flambeau de la vérité a dissipé tous les nuages de la sottise et de l'usurpation. L'homme esclave a multiplié ses forces, a eu besoin de recourir aux tiennes pour briser ses fers. Devenu libre, il est devenu injuste envers sa compagne. Ô femmes ! femmes, quand cesserez-vous d'être aveugles ? Quels sont les avantages que vous avez recueillis dans la révolution ? Un mépris plus marqué, un dédain plus signalé. Dans les siècles de corruption vous n'avez régné que sur la faiblesse des hommes. Votre empire est détruit ; que vous reste-t-il donc ? la conviction des injustices de l'homme. La réclamation de votre patrimoine, fondée sur les sages décrets de la nature ; qu'auriez-vous à redouter pour une si belle entreprise ? le bon mot du Législateur des noces de Cana ? Craignez-vous que nos Législateurs Français, correcteurs de cette morale, longtemps accrochée aux branches de la politique, mais qui n'est plus de saison, ne vous répètent : femmes, qu'y a-t-il de commun entre vous et nous ? Tout, auriez-vous à répondre. S'ils s'obstinaient, dans leur faiblesse, à mettre cette inconséquence en contradiction avec leurs principes ; opposez courageusement la force de la raison aux vaines prétentions de supériorité ; réunissez-vous sous les étendards de la philosophie ; déployez toute l'énergie de votre caractère, et vous verrez bientôt ces orgueilleux, non serviles adorateurs rampants à vos pieds, mais fiers de partager avec vous les trésors de l'Être Suprême. Quelles que soient les barrières que l'on vous oppose, il est en votre pouvoir de les affranchir ; vous n'avez qu'à le vouloir. Passons maintenant à l'effroyable tableau de ce que vous avez été dans la société ; & puisqu'il est question, en ce moment, d'une éducation nationale, voyons si nos sages Législateurs penseront sainement sur l'éducation des femmes.
Les femmes ont fait plus de mal que de bien. La contrainte et la dissimulation ont été leur partage. Ce que la force leur avait ravi, la ruse leur a rendu ; elles ont eu recours à toutes les ressources de leurs charmes, et le plus irréprochable ne leur résistait pas. Le poison, le fer, tout leur était soumis ; elles commandaient au crime comme à la vertu. Le gouvernement français, surtout, a dépendu, pendant des siècles, de l'administration nocturne des femmes ; le cabinet n'avait point de secret pour leur indiscrétion ; ambassade, commandement, ministère, présidence, pontificat, cardinalat ; enfin tout ce qui caractérise la sottise des hommes, profane et sacré, tout a été soumis à la cupidité et à l'ambition de ce sexe autrefois méprisable et respecté, et depuis la révolution, respectable et méprisé.
Dans cette sorte d'antithèse, que de remarques n'ai-je point à offrir ! je n'ai qu'un moment pour les faire, mais ce moment fixera l'attention de la postérité la plus reculée. Sous l'ancien régime, tout était vicieux, tout était coupable ; mais ne pourrait-on pas apercevoir l'amélioration des choses dans la substance même des vices ? Une femme n'avait besoin que d'être belle ou aimable ; quand elle possédait ces deux avantages, elle voyait cent fortunes à ses pieds. Si elle n'en profitait pas, elle avait un caractère bizarre, ou une philosophie peu commune, qui la portait au mépris des richesses ; alors elle n'était plus considérée que comme une mauvaise tête ; la plus indécente se faisait respecter avec de l'or ; le commerce des femmes était une espèce d'industrie reçue dans la première classe, qui, désormais, n'aura plus de crédit. S'il en avait encore, la révolution serait perdue, et sous de nouveaux rapports, nous serions toujours corrompus ; cependant la raison peut-elle se dissimuler que tout autre chemin à la fortune est fermé à la femme que l'homme achète, comme l'esclave sur les côtes d'Afrique. La différence est grande ; on le sait. L'esclave commande au maître ; mais si le maître lui donne la liberté sans récompense, et à un âge où l'esclave a perdu tous ses charmes, que devient cette infortunée ? Le jouet du mépris ; les portes mêmes de la bienfaisance lui sont fermées ; elle est pauvre et vieille, dit-on ; pourquoi n'a-t-elle pas su faire fortune ? D'autres exemples encore plus touchants s'offrent à la raison. Une jeune personne sans expérience, séduite par un homme qu'elle aime, abandonnera ses parents pour le suivre ; l'ingrat la laissera après quelques années, et plus elle aura vieilli avec lui, plus son inconstance sera inhumaine ; si elle a des enfants, il l'abandonnera de même. S'il est riche, il se croira dispensé de partager sa fortune avec ses nobles victimes. Si quelque engagement le lie à ses devoirs, il en violera la puissance en espérant tout des lois. S'il est marié, tout autre engagement perd ses droits. Quelles lois restent-il donc à faire pour extirper le vice jusques dans la racine ? Celle du partage des fortunes entre les hommes et les femmes, et de l'administration publique. On conçoit aisément que celle qui est née d'une famille riche, gagne beaucoup avec l'égalité des partages. Mais celle qui est née d'une famille pauvre, avec du mérite et des vertus ; quel est son lot ? La pauvreté et l'opprobre. Si elle n'excelle pas précisément en musique ou en peinture, elle ne peut être admise à aucune fonction publique, quand elle en aurait toute la capacité. Je ne veux donner qu'un aperçu des choses, je les approfondirai dans la nouvelle édition de mes ouvrages politiques que je me propose de donner au public dans quelques jours, avec des notes.
Je reprends mon texte quant aux moeurs. Le mariage est le tombeau de la confiance & de l'amour. La femme mariée peut impunément donner des bâtards à son mari, et la fortune qui ne leur appartient pas. Celle qui ne l'est pas, n'a qu'un faible droit : les lois anciennes et inhumaines lui refusaient ce droit sur le nom & sur le bien de leur père, pour ses enfants, et l'on n'a pas fait de nouvelles lois sur cette matière. Si tenter de donner à mon sexe une consistance honorable et juste, est considéré dans ce moment comme un paradoxe de ma part, et comme tenter l'impossible, je laisse aux hommes à venir la gloire de traiter cette matière ; mais, en attendant, on peut la préparer par l'éducation nationale, par la restauration des moeurs et par les conventions conjugales.
Forme du Contrat social de l'Homme et de la Femme.
Nous N et N, mus par notre propre volonté, nous unissons pour le terme de notre vie, et pour la durée de nos penchants mutuels, aux conditions suivantes : Nous entendons & voulons mettre nos fortunes en communauté, en nous réservant cependant le droit de les séparer en faveur de nos enfants, et de ceux que nous pourrions avoir d'une inclination particulière, reconnaissant mutuellement que notre bien appartient directement à nos enfants, de quelque lit qu'ils sortent, et que tous indistinctement ont le droit de porter le nom des pères et mères qui les ont avoués, et nous imposons de souscrire à la loi qui punit l'abnégation de son propre sang. Nous nous obligeons également, au cas de séparation, de faire le partage de notre fortune, et de prélever la portion de nos enfants indiquée par la loi ; et, au cas d'union parfaite, celui qui viendrait à mourir, se désisterait de la moitié de ses propriétés en faveur de ses enfants ; et l'un mourait sans enfants, le survivant hériterait de droit, à moins que le mourant n'ait disposé de la moitié du bien commun en faveur de qui il jugerait à propos.
Voilà à-peu-près la formule de l'acte conjugal dont je propose l'exécution. À la lecture de ce bizarre écrit, je vois s'élever contre moi les tartuffes, les bégueules, le clergé et toute la séquelle infernale. Mais combien il offrira aux sages de moyens moraux pour arriver à la perfectibilité d'un gouvernement heureux ! j'en vais donner en peu de mots la preuve physique. Le riche Épicurien sans enfants, trouve fort bon d'aller chez son voisin pauvre augmenter sa famille. Lorsqu'il y aura une loi qui autorisera la femme du pauvre à faire adopter au riche ses enfants, les liens de la société seront plus resserrés, et les moeurs plus épurées. Cette loi conservera peut-être le bien de la communauté, et retiendra le désordre qui conduit tant de victimes dans les hospices de l'opprobre, de la bassesse et de la dégénération des principes humains, où, depuis longtemps, gémit la nature. Que les détracteurs de la saine philosophie cessent donc de se récrier contre les moeurs primitives, ou qu'ils aillent se perdre dans la source de leurs citations.
Je voudrais encore une loi qui avantageât les veuves et les demoiselles trompées par les fausses promesses d'un homme à qui elles se seraient attachées ; je voudrais, dis-je, que cette loi forçât un inconstant à tenir ses engagements, ou à une indemnité proportionnelle à sa fortune. Je voudrais encore que cette loi fût rigoureuse contre les femmes, du moins pour celles qui auraient le front de recourir à une loi qu'elles auraient elles-mêmes enfreinte par leur inconduite, si la preuve en était faite. Je voudrais, en même temps, comme je l'ai exposée dans le Bonheur primitif de l'homme, en 1788, que les filles publiques fussent placées dans des quartiers désignés. Ce ne sont pas les femmes publiques qui contribuent le plus à la dépravation des moeurs, ce sont les femmes de la société. En restaurant les dernières, on modifie les premières. Cette chaîne d'union fraternelle offrira d'abord le désordre, mais par les suites, elle produira à la fin un ensemble parfait.
J'offre un moyen invincible pour élever l'âme des femmes ; c'est de les joindre à tous les exercices de l'homme : si l'homme s'obstine à trouver ce moyen impraticable, qu'il partage avec la femme, non à son caprice, mais par la sagesse des lois. Le préjugé tombe, les moeurs s'épurent, et la nature reprend tous ses droits. Ajoutez-y le mariage des prêtres ; le Roi, raffermi sur son trône, et le gouvernement français ne saurait plus périr.
Il était bien nécessaire que je dise quelques mots sur les troubles que cause, dit-on, le décret en faveur des hommes de couleur, dans nos îles. C'est là où la nature frémit d'horreur ; c'est là où la raison et l'humanité, n'ont pas encore touché les âmes endurcies ; c'est là sur-tout où la division et la discorde agitent leurs habitants. Il n'est pas difficile de deviner les instigateurs de ces fermentations incendiaires : il y en a dans le sein même de l'Assemblée Nationale : ils allument en Europe le feu qui doit embraser l'Amérique. Les Colons prétendent régner en despotes sur des hommes dont ils sont les pères et les frères ; et méconnaissant les droits de la nature, ils en poursuivent la source jusque dans la plus petite teinte de leur sang. Ces colons inhumains disent : notre sang circule dans leurs veines, mais nous le répandrons tout, s'il le faut, pour assouvir notre cupidité, ou notre aveugle ambition. C'est dans ces lieux les plus près de la nature, que le père méconnaît le fils ; sourd aux cris du sang, il en étouffe tous les charmes ; que peut-on espérer de la résistance qu'on lui oppose ? la contrainte avec violence, c'est la rendre terrible, la laisser encore dans les fers, c'est acheminer toutes les calamités vers l'Amérique. Une main divine semble répandre par tout l'apanage de l'homme, la liberté ; la loi seule a le droit de réprimer cette liberté, si elle dégénère en licence ; mais elle doit être égale pour tous, c'est elle sur-tout qui doit renfermer l'Assemblée Nationale dans son décret, dicté par la prudence et par la justice. Puisse-t-elle agir de même pour l'état de la France, et se rendre aussi attentive sur les nouveaux abus, comme elle l'a été sur les anciens qui deviennent chaque jour plus effroyables ! Mon opinion serait encore de raccommoder le pouvoir exécutif avec le pouvoir législatif, car il me semble que l'un est tout, et que l'autre n'est rien ; d'où naîtra, malheureusement peut-être, la perte de l'Empire Français. Je considère ces deux pouvoirs, comme l'homme et la femme qui doivent être unis, mais égaux en force et en vertu, pour faire un bon ménage.
Il est donc vrai que nul individu ne peut échapper à son sort ; j'en fais l'expérience aujourd'hui.
J'avais résolu & décidé de ne pas me permettre le plus petit mot pour rire dans cette production, mais le sort en a décidé autrement : voici le fait :
L'économie n'est point défendue, surtout dans ce temps de misère. J'habite la campagne. Ce matin à huit heures je suis partie d'Auteuil, & me suis acheminée vers la route qui conduit de Paris à Versailles, où l'on trouve souvent ces fameuses guinguettes qui ramassent les passants à peu de frais. Sans doute une mauvais étoile me poursuivait dès le matin. J'arrive à la barrière où je ne trouve pas même le triste sapin aristocrate. Je me repose sur les marches de cet édifice insolent qui recélait des commis. Neuf heures sonnent, & je continue mon chemin : une voiture s'offre à mes regards, j'y prends place, et j'arrive à neuf heures un quart, à deux montres différentes, au Pont-Royal. J'y prends le sapin, & je vole chez mon Imprimeur, rue Christine, car je ne peux aller que là si matin : en corrigeant mes épreuves, il me reste toujours quelque chose à faire ; si les pages ne sont pas bien serrées et remplies. Je reste à-peu-près vingt minutes ; & fatiguée de marche, de composition et de d'impression, je me propose d'aller prendre un bain dans le quartier du Temple, où j'allais dîner. J'arrive à onze heures moins un quart, à la pendule du bain ; je devais donc au cocher une heure & demie ; mais, pour ne pas avoir de dispute avec lui, je lui offre 48 sols : il exige plus, comme d'ordinaire ; il fait du bruit. Je m'obstine à ne vouloir plus lui donner que son dû, car l'être équitable aime mieux être généreux que dupe. Je le menace de la loi, il me dit qu'il s'en moque, & que je lui paierai deux heures. Nous arrivons chez un commissaire de paix, que j'ai la générosité de ne pas nommer, quoique l'acte d'autorité qu'il s'est permis envers moi, mérite une dénonciation formelle. Il ignorait sans doute que la femme qui réclamait sa justice était la femme auteur de tant de bienfaisance & d'équité. Sans avoir égard à mes raisons, il me condamne impitoyablement à payer au cocher ce qu'il me demandait. Connaissant mieux la loi que lui, je lui dis, Monsieur, je m'y refuse, & je vous prie de faire attention que vous n'êtes pas dans le principe de votre charge. Alors, cet homme, ou, pour mieux dire, ce forcené s'emporte, me menace de la Force si je ne paye à l'instant, ou de rester toute la journée dans son bureau. Je lui demande de me faire conduire au tribunal de département ou à la mairie, ayant à me plaindre de son coup d'autorité. Le grave magistrat, en redingote poudreuse & dégoûtante comme sa conversation, m'a dit plaisamment : cette affaire ira sans doute à l'Assemblée Nationale ! Cela se pourrait bien, lui dis-je ; & je m'en fus moitié furieuse & moitié riant du jugement de ce moderne Bride-Oison, en disant : c'est donc là l'espèce d'homme qui doit juger un peuple éclairé ! On ne voit que cela. Semblables aventures arrivent indistinctement aux bons patriotes, comme aux mauvais. Il n'y a qu'un cri sur les désordres des sections & des tribunaux. La justice ne se rend pas ; la loi est méconnue, & la police se fait, Dieu sait comment. On ne peut plus retrouver les cochers à qui l'on confie des effets ; ils changent les numéros à leur fantaisie, & plusieurs personnes, ainsi que moi, ont fait des pertes considérables dans les voitures. Sous l'ancien régime, quel que fût son brigandage, on trouvait la trace de ses pertes, en faisant un appel nominal des cochers, & par l'inspection exacte des numéros ; enfin on était en sûreté. Que font ces juges de paix ? que font ces commissaires, ces inspecteurs du nouveau régime ? Rien que des sottises & des monopoles. L'Assemblée Nationale doit fixer toute son attention sur cette partie qui embrasse l'ordre social.
P.S. Cet ouvrage était composé depuis quelques jours ; il a été retardé encore à l'impression ; et au moment que M. Taleyrand, dont le nom sera toujours cher à la postérité, venant de donner son ouvrage sur les principes de l'éducation nationale, cette production était déjà sous la presse. Heureuse si je me suis rencontrée avec les vues de cet orateur ! Cependant je ne puis m'empêcher d'arrêter la presse, et de faire éclater la pure joie, que mon cœur a ressentie à la nouvelle que le roi venait d'accepter la Constitution, et que l'assemblée nationale, que j'adore actuellement, sans excepter l'abbé Maury ; et la Fayette est un dieu, avait proclamé d'une voix unanime une amnistie générale. Providence divine, fais que cette joie publique ne soit pas une fausse illusion ! Renvoie-nous, en corps, tous nos fugitifs, et que je puisse avec un peuple aimant voler sur leur passage ; et dans ce jour solennel, nous rendrons tous hommage à ta puissance.
Bon sang! Plus de deux siècles après, ça fait mal de lire ça! "Femme, réveille-toi!". Tu parles! Après avoir été écrasée par la mâle Révolution, elle ne s'est réveillée que brièvement pour mieux se rendormir... car il semble bien que nous régressions à grands pas avant même d'avoir jamais obtenu l'égalité.
Et ce n'est pas la montée en puissance des intégrismes divers qui nous aidera à créer cette société réellement égalitaire...
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Chou d'amour Administrateur
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Sujet: Re: Olympe de Gouges Sam 8 Mar - 18:46
Magnifique en effet, et d'actualité avec la journée de la femme Je n'avais d'ailleurs jamais lu je crois cette lettre d'Olympe de Gouges à Marie-Antoinette
Mais tu vois je n'aime pas trop cette "journée de la femme", tout comme toutes les autres journées de ce style d'ailleurs, car je trouve que c'est rabaisser ce qui devrait être de chaque instant à un seul petit jour de l'année, et bien sûr pour des résultats proches du nul. La volonté politique n'y est pas, tout comme la volonté générale d'ailleurs, et donc les injustices traînent en longueur. Et puis certains mouvements féministes sont aussi à côté de la plaque en ce qui concerne les vraies priorités et leur communication : il manque une véritable cohérence dans le mouvement féministe, qui fait figure de nébuleuse qui ne sait pas ce qu'elle veut.
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Cécile
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Sujet: Re: Olympe de Gouges Lun 10 Mar - 11:52
Pimprenelle a écrit:
Bon sang! Plus de deux siècles après, ça fait mal de lire ça! "Femme, réveille-toi!". Tu parles! Après avoir été écrasée par la mâle Révolution, elle ne s'est réveillée que brièvement pour mieux se rendormir... car il semble bien que nous régressions à grands pas avant même d'avoir jamais obtenu l'égalité.
Merci pour ce texte d'Olympe de Gouges, quelle tristesse cependant de voir l'état actuel des choses, de constater que tant de femmes dont le pouvoir de communication est immense ne s'en servent que pour se réduire -et par là toutes les femmes du monde- à des objets de désir sexuel, à des images sans cervelle, sans dignité (ou qu'alors on m'explique où se trouve la dignité dans le trémoussement lascif de formes féminines réduites au porno-esclavage par l'attrait de l'argent et la notoriété de quelques chanteurs harnachés de chaînes en or et peinant à s'exprimer sans lâcher trois jurons par phrase devant leur luxueuse piscine), des pantins de la société de consommation... Les femmes dans nos gouvernements ne sont même pas prises au sérieux, et celles qui le sont, comme Angela Merkel, sont moquées pour leur manque de féminité... Le sujet est tellement vaste et déprimant que je préfère ne pas continuer...
Cécile
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Sujet: Re: Olympe de Gouges Lun 10 Mar - 11:55
Chou d'amour a écrit:
Mais tu vois je n'aime pas trop cette "journée de la femme", tout comme toutes les autres journées de ce style d'ailleurs, car je trouve que c'est rabaisser ce qui devrait être de chaque instant à un seul petit jour de l'année, et bien sûr pour des résultats proches du nul.
Merci, je n'ai jamais pu avaler qu'on me concède un jour sur 365. Ces messieurs sont trop bons.
Chou d'amour Administrateur
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Sujet: Re: Olympe de Gouges Lun 10 Mar - 20:33
Oui c'est mesquin un jour n'est-ce pas?
Ces messieurs sont trop bons oui, mais idem pour les femmes mêmes féministes ou politiques qui s'en contentent voire qui en font la promotion En fait je pense que les inégalités hommes-femmes persistent non pas à cause des seuls hommes, mais de toute une société hommes-femmes qui ne se donne pas les moyens de les supprimer. Par exemple les quelques féministes qui s'occupent de faire changer certains termes du code civil finalement secondaire feraient mieux à mes yeux de s'attaquer avant tout aux inégalités de salaires, bien plus importantes et anormales.
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pimprenelle
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Sujet: Re: Olympe de Gouges Mer 7 Mai - 12:30
Aujourd'hui 7 mai, anniversaire de la naissance d'Olympe de Gouge, qui a les honneurs de Google Doodle.
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madame antoine
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Sujet: Re: Olympe de Gouges Mer 7 Mai - 21:18
Bonjour,
J'ai trouvé un article sur Olympe de Gouge. http://araucaria-de-chile2.blogspot.be/2014/05/gouges-marie-gouze-dite-olympe-de-1748.html
Il propose une vidéo.
madame antoine
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pimprenelle
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Sujet: Re: Olympe de Gouges Jeu 8 Mai - 8:22
Encore des hommages pour cette figure hors normes du XVIIIe... http://www.lefigaro.fr/livres/2014/05/07/03005-20140507ARTFIG00143-olympe-de-gouges-feministe-et-revolutionnaure.php
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Sujet: Re: Olympe de Gouges Jeu 8 Mai - 18:05
Hello petit coucou de Tournai
Aaaah j'étais tombé sur cette page d'accueil de Google mais je n'avais pas tilté qu'il s'agissait d'Olympe de Gouge.
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pimprenelle
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Sujet: Re: Olympe de Gouges Jeu 8 Mai - 19:01
Yep, Choupinou!
Fait aussi dégueu à Tournai qu'à Bruxelles? Me suis fait copieusement saucer en rentrant de l'école...
Merci pour ce petit coucou!
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Chou d'amour Administrateur
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Sujet: Re: Olympe de Gouges Ven 9 Mai - 14:57
Ah oui je te rassure à Tournai aussi le temps est merdique
Je bosse un peu sur mon pc depuis Tournai donc je fais une petite pause Boudoir
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madame antoine
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Sujet: Re: Olympe de Gouges Dim 11 Mai - 9:17
Bonjour,
Pour en savoir plus sur Olympe de Gouges et son contexte historique. http://atelier.rfi.fr/profiles/blogs/naissance-d-olympe-de-gouges-r-dactrice-des-droits-de-la-femme-et?xg_source=activity
madame antoine
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madame antoine
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Sujet: Re: Olympe de Gouges Ven 13 Mar - 9:25
Je signale cet intéressant article sur Olympe de Gouges. http://www.martinique.franceantilles.fr/opinions/tribune/de-gouges-face-aux-goujats-296854.php
madame antoine
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madame antoine
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Sujet: Re: Olympe de Gouges Mar 27 Oct - 8:50
Voici un meilleur cliché d'une représentation proposée plus haut.
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peter pan
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Sujet: Re: Olympe de Gouges Jeu 28 Sep - 12:08
Qu'en dites-vous ?
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Mr T
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Sujet: Re: Olympe de Gouges Dim 29 Oct - 15:40
Et elle, que dirait-elle de la théorie du genre ?
Si l’écriture inclusive, que l’Académie française vient de réprouver à l’unanimité, avait existé à la fin du XVIIIe siècle, Olympe de Gouges – dont on célèbre la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne présentée, le 28 octobre 1791, à l’Assemblée législative – l’aurait-elle utilisée ? Rien de moins sûr. Cette femme, dont les féministes modernes font leur porte-drapeau, revendiquait d’être femme et ne se serait pas reconnue dans les aberrations des théories du genre.
Il suffit, pour s’en convaincre, de se reporter au texte de son manifeste où, pastichant la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, elle dénonce le fait que la Révolution oublie les femmes dans son projet de liberté et d’égalité : la Convention refusa d’ailleurs de l’examiner.
« Nul n’est parfait », disait d’elle Najat Vallaud-Belkacem, arguant qu’elle était « royaliste ». Parce qu’elle aurait souhaité défendre Louis XVI à son procès ? À supposer qu’elle le fût, il est des monarchies plus démocratiques que de prétendues républiques. Étrange interprétation de l’Histoire ! Notre ex-ministre de l’Éducation nationale, si soucieuse de l’égalité entre les sexes – au point d’éprouver quelque complaisance pour les théories du genre -, aurait dû plutôt s’indigner de la formulation de certains passages.
Voyez comme se termine le Préambule : « Le sexe supérieur en beauté comme en courage dans les souffrances maternelles reconnaît et déclare, en présence et sous les auspices de l’Être suprême, les droits suivants de la femme et de la citoyenne. » Quelle horreur ! Donner aux femmes le privilège de la beauté, passe encore, mais celui de la maternité, n’est-ce pas scandaleux ?
Statue représentant Olympe de Gouges, Assemblée nationale
Olympe de Gouges reprend les articles de la Déclaration de 1789 en les féminisant, reconnaissant que, si la nation est bisexuée, la différence sexuelle ne doit pas servir d’alibi à des formes de discrimination. Dès l’article 1er, elle affirme que « la femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits ». Tout le reste découle de ce principe.
Quelques années auparavant, Beaumarchais, dans Le Mariage de Figaro, avait déjà dénoncé le sort réservé aux femmes, « traitées en mineures pour [leurs] biens, punies en majeures pour [leurs] fautes ! » Condorcet, en 1790, avait préconisé – en vain – leur admission au droit de cité. On sait ce que ces revendications ont donné : il a fallu attendre le 21 avril 1944 pour que les femmes deviennent électrices et éligibles, et le 13 juillet 1965 pour qu’elles puissent exercer une profession sans l’accord de leur mari, ouvrir un compte bancaire en leur nom propre et disposer de leurs biens.
Mais il n’est pas certain qu’Olympe de Gouges aurait partagé les exigences actuelles sur la parité, qui est une forme de condescendance à l’égard du sexe féminin. Elle ne se contentait pas d’affirmer que, pour les femmes comme pour les hommes, « les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune ». Loin de réclamer une égalité formelle, elle pensait que la nature masculine et la nature féminine sont différentes, voire que celle des femmes est supérieure.
Dans la conclusion de sa Déclaration, elle rappelle l’influence secrète que les femmes ont toujours exercée sur les hommes, l’aide constante qu’elles leur ont apportée. Elle souligne que « l’homme esclave a multiplié ses forces, a eu besoin de recourir aux [leurs] pour briser ses fers », et qu’il est temps, aujourd’hui, de reconnaître officiellement leur rôle dans la société.
On est loin des divagations égalitaristes et genristes de notre époque ! http://www.bvoltaire.fr/olympe-de-gouges-se-reconnaitrait-theories-genre/
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zebulon
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Sujet: Re: Olympe de Gouges Ven 28 Juin - 8:23
« Homme, qui t’a donné le souverain empire d’opprimer mon sexe ? »
Fort ! Elle avait le sens de la formule, Olympe.
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Nowogmai
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