Antoinette et Alexandra, par Déon Bessière

Un sujet ouvert par la nuit la neige sur des idées de cadeaux de noël m'a donné envie de parcourir à nouveau ce livre :



Les deux Révolutions qui ébranlèrent le monde ont eu un point commun: l'exécution de la famille régnante.
L'auteur s'est attaché à dresser un parallèle saisissant entre la Reine de France Marie-Antoinette et l'Impératrice de Russie Alexandra, deux souveraines perçues chacune comme " l'Etrangère ". Mal aimées tant de la Cour que du Peuple et compromises dans des scandales mettant en cause leur honneur, elles se sont impliquées dans la conduite des affaires de l'Etat et ainsi ont été suspectées d'exercer une influence néfaste sur leur souverain d'époux...
Cet ouvrage leur rend justice quant à leur courage et leur détermination face à l'épreuve de force, puisqu'elles n'ont ni fui, ni failli ... jusqu'à la mort. Madame Danièle Déon Bessière avait antérieurement réalisé deux histoires parallèles de femmes illustres : " Sissi et Diana " (Ed. Buchet Chastel -1998) - " Zita de Habsbourg et Farah Diba Pahlavi ( Ed. de l'Officine - 2002).
http://www.decitre.fr/livres/Marie-Antoinette-Alexandra-Romanov.aspx/9782914614481

J'ai lu ce livre il y a quelques années, et il ne m'avait pas laissé un bo souvenir. Aussi ai-je décidé de le reprendre, pour voir si je ne m'étais pas montrée un peu injuste dans mon jugement...

Vous nous donnerez donc votre nouvel avis, pimprenelle (il m'intéresse, car je vous avoue que je trouve assez insolite le rapprochement entre Marie Antoinette et Alexendra de Russie)

Eh bien non...

Bon, il faut dire que l'exercice est difficile, comparer ainsi deux destins qui ont l'air de se ressembler... et on peut se prêter au jeu des sept cohérences jusqu'à la haute voltige. C'est ce que fait malheureusement l'auteur. Pour mieux faire coller ses portraits croisés, elle les flanque de maris pareils et pareillement ineptes en politique, d'entours identiques jusqu'à l'adéquation, avec les bons et les mauvais, les belle-mère et tante manipulatrices, les amies fidèles...

Bien entendu, la véracité s'en ressent, ainsi que la pertinence psychologique. Louis XVI renoue avec son imagerie de gros balourd impuissant dans tous les sens du mot et donc soumis à sa femme par culpabilité. Marie Antoinette redevient l'éternelle frustrée sexuelle pondue par tonton Zweig, qui étourdit ses sens affolés dans tout ce qu'elle peut. Bref, une de ces analyses de potache qui faisait sourciller Sigmund.

La bibliographie sur laquelle repose l'ouvrage n'est à mon sens pas assez étoffée, on y déplorera des manques d'importance. Le livre est émaillé de notes infrapaginales qui n'empêchent pas les citations hasardeuses. On retrouve en effet de traditionnelles fausses lettres à Mesdames de Polignac ou de Lamballe.

Peu épargnée par l'auteur, cette dernière se voit affublée des prénoms "Diane Yolande"... sans doute pour faire bonne mesure entre les deux comtesses ! Et nous aurons aussi le plaisir de lire une version inédite du célèbre cri du coeur de Marie Antoinette : ne nous demandons plus si la reine a dit "avec elle, je ne suis plus la reine, je suis moi" ou "Ici, je ne suis plus la reine, je suis moi", apprenons qu'elle a en fait prononcé : "sans elle, je ne suis plus la reine, je suis moi".

Allô, papa Freud, tu m'entends ?!

Marquis d' Audacie a écrit:

Vous nous donnerez donc votre nouvel avis, pimprenelle (il m'intéresse, car je vous avoue que je trouve assez insolite le rapprochement entre Marie Antoinette et Alexendra de Russie)

Je ne me prononcerai pas sur la pertinence de l'analyse concernant Alexandra Fedorovna, ne la connaissant pas assez bien. En revanche, celle que l'auteur commet de Marie Antoinette me hérisse.

De plus, comme je l'ai dit plus haut, les biographies comparatives, c'est un exercice aussi difficile qu'artificiel. Et Danièle Déon Bessière plonge à pieds joints dans les pièges du genre. C'est ainsi qu'à la p. 165, elle fait coïncider Madame de Polignac avec Anna Vyroubova, la princesse de Lamballe avec Lili Dehn et, tant bien que mal, tout en leur reconnaissant des dissemblances, Fersen avec Raspoutine.

Oh, je vois!...je pensais que ce livre pouvait présenter un lien entre les deux reines sans pour autant y trouver un destin parfaitement identique...enfin, merci de m'avoir avertit de ce qu il en est en réalité! Merci Pimprenelle!

A mon avis, ce n'est pas un livre indispensable. Rien de bien neuf sur notre chère Antoinette... Mais, si vous le trouvez pour pas cher chez un bouquiniste...