Second étage - Aile centrale - APPARTEMENT DE MADAME DU BARRY
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yann sinclair
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Sujet: Second étage - Aile centrale - APPARTEMENT DE MADAME DU BARRY Dim 13 Mai - 7:56
Second étage Aile centrale Appartement de Madame duBarry
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Madame la Comtesse duBarry (1743-1793)
Jeanne Bécu, dite de Cantigny, dite aussi Mlle de Vaubernier, est née le 19 août 1743 à Vaucouleurs.
Elle était issue par sa mère d'une famille de haute domesticité attachée à la cour de Lorraine à Lunéville.
Une de ses grands-mères, Anne-Jeanne Husson, avait elle-même vécu à Versailles où, avec son mari Fabien Bécu, dit de Cantigny, ancien "maître-rôtisseur", fut au service de la "belle Ludres", une des maîtresses de Louis XIV.
Appelée à Paris auprès de familles de la haute aristocratie, Anne Bécu, la mère de la future favorite, entra vers 1742 au service de Claude-Roch Billard du Monceau, receveur des finances de Lorraine, lequel pourrait véritablement avoir été le père de Jeanne, mais refusa formellement d'endosser cette paternité.
Cependant, à son mariage avec le comte Guillaume duBarry , Jeanne dut justifier de ses origines paternelles, aussi fut-il suggéré de la déclarer fille d'un certain "sieur de Vaubernier" où chacun voulut reconnaître Jean-Jacques-Casimir Gomard, soi-disant "de Vaubernier", dit aussi Frère Ange, moine du couvent de Picpus à Paris, qui fut en effet témoin au mariage.
La jeune Jeanne Bécu bénéficia d'une éducation soignée chez les dames de Saint-Aure à partir de 1753 grâce à Billard du Monceau ou à son beau-père Nicolas Ranson de Montrabé, Receveur des gabelles, que sa mère épousa en 1749.
Elle sortit de ce couvent vers 1758 pour entrer au service d'une famille de Lagarde issue de la Ferme générale.
Elle acquit peu à peu l'aisance et la distinction de manière qui la feront remarquer.
A dix-sept ans, elle devint vendeuse dans une luxueuse boutique de mode située rue Saint-Honoré à Paris, - "les traits galants" - appartenant à un notable parisien, Jean-Baptiste Buffault, échevin, qui a laissé un nom de rue à Paris.
Ce personnage dont un des fils fut plus tard co-fondateur et régent de la Banque de France, fut aussi administrateur de l'Opéra puis devint plus tard l'homme d'affaires et le confident de la comtesse duBarry
La beauté de la jeune fille la firent remarquer et elle fut reçue dans divers salons dont certainement le "bureau d'esprit", fort connu, deMme Buffault, née Barbe Peeters, où, probablement, Jean Baptiste duBarry l'aperçut.
Jean-Baptiste duBarry, dit Le Roué, gentilhomme toulousain, connu dans les milieux de la galanterie parisienne, la remarqua alors qu'elle n'avait que 19 ans.
Il en fit sa maîtresse et, pendant un temps, elle fit les honneurs de l'hôtel duBarry à Paris où, selon Fabre de l'Aude, venaient beaucoup de personnages remarquables, appartenant au monde de la littérature et des arts.
DuBarry était en effet un amateur de musique et surtout de peinture, doublé d'un mécène, et c'est à son contact que Jeanne, dite Melle de Vaubernier dans le monde, se forma à la culture des beaux-arts.
Lors d'un dîner, Jean-Baptiste duBarry aurait fait l'éloge de la jeune femme au maréchal de Richelieu qui imagina de la présenter à Louis XV.
La rencontre se fit par l'intermédiaire de Lebel, premier valet de chambre du roi.
Cette opération n'était pas indifférente à Richelieu qui voulait contrer le projet que le clan du premier ministre.
En effet, élevé au ministère par la grâce de la défunte marquise de Pompadour, le duc de Choiseul caressait l'espoir de placer auprès du roi sa sœur, la duchesse de Grammont, ou toute autre femme à leur dévotion.
La déconvenue et le ressentiment des Choiseul à l'égard deMmeduBarry qui leur fit perdre une part d'influence auprès du roi, fut immense.
Car en peu de temps, Louis XV s'était épris de Jeanne qui avait à ses yeux un charme infini et certains talents qui lui donnaient une nouvelle jeunesse.
Le roi, Louis XV,âgé de 58 ans, ayant souffert dans les années précédentes de la mort de ses proches dont son fils le Dauphin Louis-Ferdinand, sa femme la reine Marie Lesczynska et sa favorite en titre, la marquise de Pompadour, désira faire de la jeune femme sa nouvelle favorite officielle, ce qui ne pouvait être sans une présentation officielle à la cour par une personne y ayant ses entrées et sans qu'elle fût mariée.
L'inconvénient était que le chevalier Jean-Baptiste duBarry était déjà marié (à une Mlle Dalmas de Vernongrese), aussi tourna-t-on la difficulté en mariant Jeanne au frère aîné de Jean-Baptiste, le comte Guillaume duBarry, qu'elle épousa en effet le 1er septembre 1768 (et qui fut immédiatement renvoyé dans son foyer)
Quant à la marraine, on dégota la comtesse de Béarn, très endettée, qui accepta la "besogne" (contre paiement de ses dettes) au grand dam des bien-pensants.
Jeanne pouvait désormais être officiellement présentée à la cour, ce qui fut fait en avril 1769.
Notons que l'année suivante, une fille du roi, Madame Louise quitta cette cour de Versailles pour entrer au carmel et prier pour le salut de son père.
A la différence de Madame de Pompadour, Jeanne duBarry ne chercha pas à jouer un rôle politique par elle-même.
Elle fut l'intermédiaire d'une coterie, celle du duc d'Aiguillon et de Richelieu, mais quoiqu'on en dise, elle n'a pas été sans influencer discrètement telle ou telle décision, obtenant ainsi la grâce de plusieurs condamnés à mort.
Elle bénéficiait pour son train de vie de revenus comparables au budget d'un ministre de la culture, et reçut des bijoux somptueux ainsi que des domaines: ("Louveciennes", près de Marly-le-Roi, et Saint-Vrain), mais assez peu de choses en comparaison de ce que Mmede Pompadour s'était fait octroyer.
Malgré les coups bas de la duchesse de Grammont et d'autres femmes jalouses de sa position à la cour, elle s'efforça d'être agréable à tous, et Voltaire, à qui elle avait envoyé deux baisers par la poste, lui adressa ce célèbre quatrain par retour de courrier:
Quoi, deux baisers sur la fin de la vie !
Quel passeport vous daignez m'envoyer !
Deux, c'est trop d'un, adorable Égérie,
Je serai mort de plaisir au premier.
Cependant, le clan Choiseul n'avait pas désarmé et c'est à une de ses créatures, Pidansat de Mairobert qui fut le rédacteur des Mémoires secrets après la mort de Bachaumont que l'on doit les premières attaques, souvent triviales, dont MmeduBarry fut l'objet pendant sa vie entière.
Il diffusa (il tient la Surintendance des Postes) ou suscita des chansons grivoises et même des libelles pornographiques (L'Apprentissage d'une fille de modes, ou L'Apothéose du roi Pétaud)
Par la force des choses, MmeduBarry se retrouva soutenue par le parti dévot, par le fait même qu'il était hostile à Choiseul qui, pour avoir conclu le mariage du nouveau Dauphin Louis-Auguste et de l'archiduchesse Marie-Antoinette d'Autriche, semblait encore intouchable.
Prévenue contre MmeduBarry dès son arrivée en France, la dauphine, jeune et entière, lui voua d'emblée un mépris profond, moins parce qu'elle était favorite royale que parce qu'elle était non agréée par le parti Lorrain de la cour (1770)
En effet, Marie-Antoinette était de la Maison de Lorraine.
En 1771, à la suite d'humiliations répétées contre elle - entre autres au théâtre de Fontainebleau -, Louis XV décida le renvoi de Choiseul et des siens, et le fit remplacer par le duc d'Aiguillon, ce qui accrut la rancœur de Marie-Antoinette à son égard.
Désormais intouchable, MmeduBarry appuya son influence et organisa le mariage du comte de Provence avec une princesse de Savoie.
Mais c'est dans le domaine des arts que MmeduBarry a particulièrement brillé et mérite qu'on lui rende hommage, comme cela a été fait à l'occasion d'une exposition organisée à Marly en 1992.
Elle a en effet véritablement joué le rôle de mécène, contribuant à développer et faire connaître l'artisanat d'art français.
A la mort de Louis XV (10 mai 1774), son petit-fils et successeur, probablement inspiré par Marie-Antoinette, fit délivrer toute affaire cessante une lettre de cachet contre MmeduBarry.
Le duc de La Vrillière, sorte de ministre de l'Intérieur, la fit conduire de nuit au couvent du Pont-aux-Dames à Meaux; puis il fit saisir ses papiers qui arrivèrent en partie entre les mains du clan Choiseul.
Certains furent utilisés pour publier une correspondance apocryphe, mêlant le vrai et le faux, et qui parut quelques années plus tard: ainsi naquit la légende selon laquelle MmeduBarry serait sortie du bordel deMme Gourdan, une légende que MmeduBarry, grande dame, eut la sagesse d'ignorer mais qui, malheureusement, a été reprise et amplifiée par erreur ou par calcul.
La comtesse duBarry put retourner chez elle à "Louveciennes" en octobre 1776 y menant désormais une vie paisible embellie par sa longue liaison avec le comte puis duc de Cossé-Brissac et les visites deMme Vigée-Lebrun qui devint une amie et laissa d'elle trois superbes portraits.
Elle visita Voltaire sur son lit d'agonie, hommage rendu par elle à l'homme qu'elle admirait, mais aussi à la philosophie des Lumières.
En 1777, l'empereur Joseph II, frère de la reine, en visite en France, n'avait pas hésité à lui rendre visite, au grand dam de la reine qui apprécia modérément cette initiative.
On raconte que la comtesse voulant lui céder le pas, l'empereur l'aurait invitée à le devancer disant à la favorite disgraciée: "passez, madame, la beauté est toujours reine"
Pourtant, en 1789, la bonne comtesse offrit ses services à la cour.
A l'heure du danger, quand beaucoup de courtisans s'enfuyaient à l'étranger, MmeduBarry ne cessa pas de soutenir la contre-révolution de l'intérieur.
Malgré ses bienfaits et sa charité active, son passé la rendait suspecte, et le 6 septembre 1792, la tête du duc de Brissac, assassiné à Versailles, fut lancée par la fenêtre du salon de Louveciennes.
Victime d'un vol de bijoux, MmeduBarry avait dû se rendre à Londres pour authentifier ceux de ses joyaux qui y avaient été retrouvés et qui étaient entre les mains du fameux espion Nathaniel Parker-Forth qui les conserva jusqu'à leur vente, à son profit, chez Christie, quelques années après l'exécution de la comtesse.
Après la mort de Louis XVI, à la veille de la déclaration de guerre avec la Grande Bretagne, MmeduBarry revint de Londres en France pour éviter l'apposition des scellés sur sa propriété.
Elle fut dénoncée par un nommé Greive identifié plus tard comme étant un agent d'influence anglais en France. Cet individu, acharné à sa perte, semble avoir convoité ses papiers, notamment sa correspondance avec Brissac, qui donnait de précieuses indications sur les efforts des royalistes de l'intérieur pour sauver Louis XVI.
Il est possible que Greive ait vendu cette correspondance à son gouvernement.
C'est moins ce qui restait de fortune à MmeduBarry que son ancienne condition de maîtresse royale qui en firent une cible parfaite pour les révolutionnaires.
Malgré les nombreux témoignages des habitants de Marly et de Louveciennes en sa faveur, elle devint vite suspecte dès le vote de la loi de ce nom (17 septembre 1793), fut déclarée ennemie de la Révolution et, après un long procès prédéterminé, elle fut condamnée à être guillotinée.
L'exécution eut lieu le 8 décembre 1793 après des retards pour enregistrer des révélations que MmeduBarry prétendait faire, au sujet de ses bijoux, pour obtenir sa grâce.
Le courage qu'elle avait montré au moment de son procès l'abandonna sur la charrette.
Ses derniers mots au bourreau, sans doute apocryphes, furent « De grâce, monsieur le bourreau, encore un petit moment »
Laissons à Mirabeau le mot de la fin, le vrai celui-là: "Si ce ne fut pas une vestale, la faute en fut aux dieux qui la firent si belle"
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Dernière édition par yann sinclair le Jeu 27 Avr - 9:41, édité 2 fois
yann sinclair
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Sujet: Second étage - Aile centrale - APPARTEMENT DE MADAME DU BARRY Dim 13 Mai - 7:57
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Sujet: Re: Second étage - Aile centrale - APPARTEMENT DE MADAME DU BARRY Lun 29 Oct - 9:32
Autre petite perle partagée par notre ami Yann:
Chaise à châssis faisant partie des 13 chaises livrées par L. Delanois en 1769 pour le salon de compagnie de la comtesse duBarry au @CVersailles. D'un ensemble de quatre chaises provenant de la collection Meyer acquis le 26 octobre 2001 avec la participation des @amisversailles.
Didier P. Doré
@DPDORE
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yann sinclair
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Sujet: Re: Second étage - Aile centrale - APPARTEMENT DE MADAME DU BARRY Lun 22 Avr - 10:42
Table estampillée à décor d'incrustations de pierres dures florentines de Carlin Martin (vers 1730-1785) Ebénisterie (bois), mosaïque de pierre dure Placage d'ébène et bronze doré, appartement de Madame Victoire rez-de-chaussée du corps central 18e siècle, période moderne (Europe occidentale) Date : 1774 Hauteur : 0.760 m.Longueur : 0.785 m. Profondeur : 0.590 m.
Louis XV, roi de France et de Navarre (1710-1774), représenté en août 1773, âgé de 63 ans en habit de cour, portant les ordres de la Toison d'or et du Saint-Esprit huile sur toile de Drouais François-Hubert (1727-1775) Date : août 1773 Hauteur : 0.730 m. Longueur : 0.590 m.
Louis XV, roi de France (1710-1774) Huile sur toile atelier de Van Loo Louis-Michel (1707-1771) Hauteur : 0.800m. Longueur : 0.660 m.
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yann sinclair
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Sujet: Chaise à dos médaillon du salon de compagnie de la comtesse du Barry Sam 26 Oct - 14:49
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globule Administrateur
Nombre de messages : 2236 Date d'inscription : 04/10/2017
Sujet: Re: Second étage - Aile centrale - APPARTEMENT DE MADAME DU BARRY Lun 5 Juil - 14:54
Hello Yann ! Je me permets d'ajouter une vidéo à votre topic.
C'est sur la restauration de l'appartement de Madame duBarry. J'espère que ça vous plaira.
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Aglae
Nombre de messages : 1674 Date d'inscription : 09/10/2016
Sujet: Re: Second étage - Aile centrale - APPARTEMENT DE MADAME DU BARRY Lun 5 Juil - 15:45
Yann Sinclair a écrit:
Jean-Baptiste duBarry, dit Le Roué, gentilhomme toulousain, connu dans les milieux de la galanterie parisienne,la remarqua alors qu'elle n'avait que 19 ans.
J'ai beaucoup de sympathie pour Madame duBarry; alors que je n'apprécie pas Madame de Pompadour.....
J'ai été élève ( presque) dans l'Hôtel qui porte son nom = et qui est aussi le vénéré Lycée Classique de Jeunes Filles Saint Sernin ( révérence de cour ) j'ai détesté ce Lycée où les profs ( rien que des femmes) étaient d'une méchanceté inouïe et ( il y a une justice !) d'une laideur impressionnante; la directrice avait un affreux petit caniche qui mordait frénétiquement tout ce qui était à potée de ses crocs; sale bête;
Aglae
Nombre de messages : 1674 Date d'inscription : 09/10/2016
Sujet: Re: Second étage - Aile centrale - APPARTEMENT DE MADAME DU BARRY Lun 5 Juil - 15:47
C'était ma modeste contribution à la page culturelle de Yann Sinclair
globule Administrateur
Nombre de messages : 2236 Date d'inscription : 04/10/2017
Sujet: Re: Second étage - Aile centrale - APPARTEMENT DE MADAME DU BARRY Lun 5 Juil - 15:55
Rha !!! Même le chien était méchant
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Aglae
Nombre de messages : 1674 Date d'inscription : 09/10/2016
Sujet: Re: Second étage - Aile centrale - APPARTEMENT DE MADAME DU BARRY Lun 5 Juil - 16:01
......et LAID ! ( aussi) si c'est pas malheureux.....
yann sinclair
Nombre de messages : 26595 Age : 66 Localisation : Versailles Date d'inscription : 10/01/2016
Sujet: 2022: Chantier dans les appartements de Madame du Barry Dim 3 Avr - 8:26
Chantier dans lesappartementsde Madame duBarry
Autre chantier au château de Versailles: celui des appartementsde Madame duBarry.
La fin des travaux est pour l’été 2022 grâce au mécénat d’Axa.
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madame antoine
Nombre de messages : 6899 Date d'inscription : 30/03/2014
Sujet: Re: Second étage - Aile centrale - APPARTEMENT DE MADAME DU BARRY Dim 3 Avr - 12:02
Bien cher Mr Sinclair,
Au nom de tout Le Boudoir de Marie-Antoinette, je vous remercie chaleureusement pour vos chroniques toujours très à la page.
Bien à vous
madame antoine
_________________ Plus rien ne peut plus me faire de mal à présent (Marie-Antoinette)
yann sinclair
Nombre de messages : 26595 Age : 66 Localisation : Versailles Date d'inscription : 10/01/2016
Sujet: Re: Second étage - Aile centrale - APPARTEMENT DE MADAME DU BARRY Mer 16 Nov - 9:57
L’appartement de Madame DuBarry s’étend sur près de 350 m² et compte une dizaine de pièces, dont certaines somptueusement décorées doivent être restaurées.
L’appartement de Madame DuBarry
Jusqu’en 1767 l'appartement était consacré à [url=https://www.chateauversailles.fr/actualites/vie-domaine/restauration-appartement-madame-barry?utm_source=DIALOGINSIGHT&utm_medium=EMAIL&utm_campaign=NL Indiv FR_novembre 202220221115#]Marie-Josèphe de Saxe[/url] avant d’être modifié et attribué à la nouvelle favorite du Louis XV, Jeanne Bécu devenue comtesse DuBarry.
Elle restera à Versailles jusqu’à la mort du souverain en 1774.
Dirigé par l’ingénieur et architecte Ange-Jacques Gabriel, cet appartement, situé au second étage des cabinets du roi a été établi en 1770.
Ces quatorze pièces constituent l’un des ensembles les plus raffinés de l’ancienne demeure royale, un véritable témoin du Versailles intime de Louis XV.
Le grand cabinet de l'appartement de Madame DuBarry / 2015
Thomas Garnier
Le projet de restauration
L’unique campagne de restauration date de 1943 à 1947. Conduite par l’architecte en chef André Japy, elle avait pour objectif de rétablir l’état « Madame DuBarry ». La majorité des actions de rénovation ont consisté à la réfection du plafond, des portes de placards, mais aussi à la restitution d’un trumeau de cheminée correspondant aux traces de bûchage visibles sur le parquet.
Depuis presque trois-quarts de siècle, seule une remise en peinture des plafonds, au titre de l’entretien, a été réalisée en 2011. L’appartement de Madame duBarry était vétuste et a nécessité une nouvelle campagne de travaux et une restauration plus poussée en atelier. Afin de retrouver tout son charme et son harmonie, ce chantier de grande ampleur a mobilisé de nombreux métiers d’art et savoir-faire.
L’objectif de ce chantier de restauration est de reproduire au plus proche de l’identique de l'appartement de 1770.
Axa, Mécène de la restauration
Le projet de restauration de l'appartement de Madame DuBarry est possible grâce au mécénat du groupe AXA.
Un chantier conséquent
Le coup d’envoi de ce projet de restauration de l’appartement de Madame DuBarry a été lancé au printemps 2021. Le chantier a été terminé en septembre 2022 et rouvre en visite guidée dans le cadre de l'exposition consacrée à Louis XV à Versailles en 1722 "Louis XV, passions d'un roi".
Nombre de messages : 26595 Age : 66 Localisation : Versailles Date d'inscription : 10/01/2016
Sujet: Les exigences de madame Du Barry Sam 25 Fév - 14:42
Exposé dans son appartement, Jeanne Bécu, comtesse DuBarry (1743-1793), par un mouleur anonyme du XIXe siècle, d’après Augustin Pajou. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon. Château de Versailles / Didier Saulnier
Les exigences de madame DuBarry
La restauration de l’appartement de madame DuBarry est terminée.
Elle redonne tout son lustre à l’une des parties les plus authentiques du château, ayant miraculeusement échappé aux transformations du XIXe siècle.
Elle rappelle aussi le raffinement de la maîtresse royale qui, avec une simplicité désarmante, obtenait ce qu’elle voulait du Roi
L’installation de la dernière maîtresse royale au-dessus de l’appartement intérieur de Louis XV avait de quoi mettre en émoi une Cour versaillaise attachée à l’Étiquette, blâmant les moindres entorses à la bienséance. Madame DuBarry n’en avait cure, sa beauté et sa fraîcheur avaient fait tourner la tête du Roi presque sexagénaire qui, pour lui plaire, cédait à tous ses caprices. Parmi ceux-là, elle réussit ce qu’aucun autre courtisan de noble extraction n’aurait osé faire: obtenir un intérieur blanc et or, décor réservé aux puissants, imposant ainsi avec aplomb son goût du luxe, acquis depuis son enfance en côtoyant de près le milieu mondain parisien.
L'appartement de madame DuBarry restauré, avec vue sur la cour de Marbre. Château de Versailles / Christophe Fouin
Installation au cœur du château
Si dans les premiers temps de sa rencontre avec Louis XV, au printemps 1768 à Versailles, Jeanne Bécu était logée en ville, rapidement le souverain l’installa au rez-de-chaussée de l’aile du Gouvernement, dans l’ancien appartement de son premier valet de chambre qui venait de mourir.
Cette installation survint en décembre 1768, alors même que Jeanne, fraîchement dotée du titre respectable de comtesse après son mariage arrangé avec le Gascon Guillaume DuBarry, frère de son entremetteur, Jean-Baptiste DuBarry, n’était pas encore présentée officiellement à la Cour, ce qui se fit, non sans difficulté1, le 22 avril 1769.
L’ancien logement de Lebel ne semblait toutefois pas convenir à la belle qui devait s’y sentir à l’étroit; le chantier de reconstruction de l’aile du Gouvernement par Ange-Jacques Gabriel l’en aurait de toute façon chassée.
Ne pouvant rien lui refuser, sans doute avec désinvolture et surtout par commodité, Louis XV lui attribua alors, dans le courant de l’année 1769, ses cabinets particuliers, au second étage du corps central, avec une vue agréable sur la cour de Marbre, la Cour royale et la cour des Cerfs: un emplacement pour le moins prestigieux qui symbolisait à lui seul l’insolente ascension de la nouvelle maîtresse royale.
Plan des changements à faire à l’appartement de madame DuBarry, par Ange-Jacques Gabriel, 22 juillet 1770. Paris, Archives nationales, avec le soutien du LabEx Patrima et de la Fondation des sciences du patrimoine.
L’agacement du marquis de Marigny
À peine était-elle installée que la comtesse demandait déjà des changements qui furent cependant ajournés en l’absence des fonds nécessaires.
Persévérante, la maîtresse anticipa le voyage d’été de la Cour à Compiègne pour solliciter de nouveau les Bâtiments du roi pour une remise en état générale de son logement.
Cette fois-ci, sa requête fut prise en considération.
Le 26 juillet 1770, Marigny, surintendant des Bâtiments de Sa Majesté, donnait ses ordres dans une lettre, à la lecture de laquelle on sent un agacement contenu face aux nombreuses demandes de la comtesse:
Enfilade des pièces d'apparat de l'appartement de madame DuBarry. Château de Versailles / Christophe Fouin
« Je vous envoie monsieur [L’Écuyer], le plan de ce qu’il y a à faire à l’appartement de madame la Comtesse duBarry […]. Comme le temps est court pour faire tous ces ouvrages, j’ai demandé au Roy que la partie qui est à faire en exhaussement au-dessus de sa chambre fût différée jusqu’au voyage de Fontainebleau […]. Madame la comtesse souhaite que la pièce marquée A de l’ancien appartement de Madame Adélaïde soit rétablie en bibliothèque comme elle existoit, vous devez en avoir la dépouille dans le magasin. Que tout l’appartement soit blanchi et traité avec toute la propreté possible. Elle m’a aussi parlé de changement de bordure, mais comme elle ne s’est pas encore expliquée clairement, vous en serez prévenu par moi ou Monsieur Gabriel quand je serai mieux instruit. […]2 »
La lettre était accompagnée des plans de Gabriel et d’un programme de travaux chiffré. Outre l’aménagement d’une nouvelle entrée, de bains au nord, le boisement de l’alcôve de sa chambre et la création d’une garde-robe et d’une chaise au-dessus de l’alcôve de la chambre du Roi, la remise en état de l’appartement consistait à gratter et lessiver toutes les menuiseries existantes avant de reblanchir l’ensemble et de dorer, comme à l’accoutumée, les bordures des glaces.
Dès la fin du mois de juillet 1770, commencèrent les travaux.
Madame DuBarryles suivait de près, comme en témoigne la lettre du 03 septembre 1770 de Charles L’Écuyer, contrôleur du Château, informant Marigny qu’elle « est très contente aussi de ce qu’on fait pour elle pendant son absence; comptant qu’on achèvera le reste qui est à faire pendant Fontainebleau3 »
Contre toute attente, elle obtint également de Louis XV que les pièces de réception et la bibliothèque de son appartement soient blanc et or, un privilège jusque-là réservé aux princes.
La comtesse formula d’autres exigences dont la plus extravagante fut celle de dorer son cabinet à chaise percée et de créer une niche dans sa bibliothèque, signe qu’elle souhaitait que cette pièce fasse également office de boudoir.
La bibliothèque de madame DuBarry restaurée. Château de Versailles / Thomas Garnier
Un acompte conséquent pour avancer les dorures
À la mi-octobre 1770, profitant du voyage de la Cour à Fontainebleau, le doreur Médart Brancourt commença ces travaux.
À cette date, pour des questions de temps et d’argent, ne devaient être d’abord dorés que la bibliothèque et le cabinet d’angle. Madame DuBarry dut certainement insister pour qu’il en soit autrement, comme l’indiquent les propos de L’Écuyer après qu’il eut convoqué Brancourt: « […] le sieur Brancourt qui arrive de Paris et que j’ai piqué d’honneur m’assure de dorer la totalité de l’appartement si on lui fait toucher 10 000 livres sous peu de jours pour avoir de l’or et les 7402 livres restant quelques jours avant la fin desdites dorures pour pouvoir payer et renvoyer ses ouvriers »
Nous ignorons si la comtesse avança les fonds mais quoi qu’il en soit, le 28 octobre 1770, la dorure de la galerie était en cours: « […] je prie M. Gabriel, par cet ordinaire, de la prévenir que sa bibliothèque est dorée, ainsi que sa chambre à coucher [il s’agit en réalité du cabinet d’angle qui servait provisoirement de chambre à la comtesse], et que son salon [galerie] est commencé y ayant vingt doreurs qui y travaillent, mais qu’il ne les y remettra pas après les fêtes, si on ne lui donne de l’argent, ne lui étant pas possible, ce qui seroit fort désagréable de voir cette pièce à moitié dorée et les autres petites qui ne le seroient point […] »
Quelques semaines plus tard, le contrôleur informait Marigny que « le Sieur Brancourt […] y travaille de façon à le rendre fait et parfait pour son retour » et le 16 novembre de signaler enfin que « […] l’appartement est doré à très peu de chose près et le sera entièrement pour son retour4 »
Bien que madame DuBarry ait finalement obtenu dans un temps record la dorure des lambris des pièces de réception de son appartement, elle dut toutefois renoncer à la mise au ton blanc et or des boiseries de son cabinet à chaise qui furent finalement peintes en bleu et les fonds rechampis en jaune, à l’instar de la pièce des bains au nord.
Vue du Grand Cabinet de l’appartement de madame DuBarry, avec, au premier plan, un vase de Luigi Valadier exécuté à Rome vers 1770 et livré en 1773 à madame DuBarry pour son appartement de Versailles. Château de Versailles / Didier Saulnier
Tout le second étage de la partie nord du corps central et une partie du troisième
À la richesse des lambris blanc et or des pièces de réception répondait celle du mobilier en bois sculpté qui fut livré en 1770 et venait compléter un ensemble de meubles précieux, de tableaux, de riches étoffes et d’objets d’art accumulés par la favorite pour garnir les pièces de son appartement versaillais.
D’après les mémoires du doreur, l’appartement était densément meublé5
Signe de son goût démesuré pour le luxe, la salle à manger, espace où la simplicité et la mesure étaient conventionnellement de rigueur, reçut pas moins de trente chaises toutes dorées. Même Mirza, sa petite levrette, disposa dans le salon d’angle d’« une niche dorée supportée par quatre pieds en gaine ornés de quatre têtes de chien avec guirlandes et fonds en mosaïque ».
Citation :
« À la richesse des lambris blanc et or des pièces de réception répondait celle du mobilier en bois sculpté qui fut livré en 1770 et venait compléter un ensemble de meubles précieux, de tableaux, de riches étoffes et d’objets d’art »
Les lettres de L’Écuyer révèlent encore d’autres aménagements comme le renouvellement, en 1771, de bordures sculptées et dorées pour les glaces ou la création, durant l’été 1772, de nouveaux bains à l’extrémité est de son appartement qui atteignait alors ici sa pleine expansion, à savoir: tout le second étage de la partie nord du corps central et une partie du troisième autour de la cour des Cerfs et de la petite cour du Roi à l’est.
Hélas, la dernière maîtresse royale n’aura goûté que peu de temps aux plaisirs de ce vaste et si agréable appartement qu’elle fut contrainte de quitter sans ménagement six jours avant la mort de Louis XV, survenue le 10 mai 1774, avant qu’il ne soit démeublé, divisé et redistribué aux proches conseillers du nouveau Roi. Bien qu’elle y résida durant cinq années seulement, la comtesse DuBarry y déploya un faste si prodigieux qu’elle y laissera son souvenir et donnera même son nom, dès le début du XIXe siècle, à cette partie du deuxième étage du corps central.
Emmanuel Sarméo, docteur en histoire de l’art, chargé de recherches chez 2BDM Architectes
1 Jeanine Huas, Madame duBarry, Paris, Tallandier, 2011, p. 82. 2 Arch. nat., O1 1798, pièce nº 520, Lettre du marquis de Marigny à L’Écuyer, 26 juillet 1770. 3 Arch. nat., O1 1798, cité dans Racinais, 1950, p. 119. 4 Arch. nat., O1 1798, pièces nº 580, 568, 583 et 585. 5 BnF, Ms fr 8258, Comptes de Madame DuBarry, « Mémoire de dorure en meuble par Cagny », 1770.
La restauration de l’appartement de madame DuBarry a bénéficié du mécénat du Groupe AXA.
La salle de bains de madame DuBarry restaurée. Château de Versailles / Didier Saulnier
Article tiré des Carnets de Versailles n°19, p. 54
À SUIVRE
La visite guidée « Chez madame DuBarry, dame de Cour et de cœur », tous les jours à partir du 22 octobre 2022.
Sur réservation par téléphone au 01 30 83 78 00 ou en ligne sur chateauversailles.fr
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Sujet: Re: Second étage - Aile centrale - APPARTEMENT DE MADAME DU BARRY Sam 25 Fév - 15:32
Yann Sinclair a écrit:
Elle redonne tout son lustre à l’une des parties les plus authentiques du château, ayant miraculeusement échappé aux transformations du XIXe siècle.
Un GRAND merci, cher Yann Sinclair, vous l'érudit de ce forum, pour le signaler = Louis-Philippe a massacré Versailles !!! Il faut le dire, le répéter, le savoir !!
Il a détruit pratiquement la moitié du château ! détruit à jamais des lieux qui ne pourront être restaurés, ni même imaginés par nos contemporains.....
Il fallait que les Orléans s'emparent de Versailles et y laissent leur empreinte......
yann sinclair
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Sujet: Plan et coupe des offices et cuisines de madame Du Barry Mer 19 Avr - 11:33
situés au rez-de-chaussée sur rue de l'aile des Ministres nord, février 1772 #VERSPERA
Nombre de messages : 26595 Age : 66 Localisation : Versailles Date d'inscription : 10/01/2016
Sujet: l’ameublement du cabinet d’angle de son appartement Jeu 27 Avr - 9:43
Du temps de madame DuBarry, l’ameublement du cabinet d’angle de son appartement se composait d’un grand canapé, douze fauteuils, treize chaises (dont une plus haute pour le roi) et un écran. Seules sept chaises originales ont pu reprendre place et, pour évoquer les fauteuils dont aucun exemplaire n’a été à ce jour retrouvé, il a été décidé de disposer quatre fauteuils déposés en 2008 par le Mobilier national. Livrés en 1775 pour l’appartement du comte d’Artois à Versailles (disparu depuis les travaux de Louis-Philippe) ils sont d’une forme proche des fauteuils d’origine. Leur remise en place a nécessité une restauration de la dorure, ainsi que la fabrication de châssis sur lesquels seront posées garniture et soierie.
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Aglae
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Sujet: Re: Second étage - Aile centrale - APPARTEMENT DE MADAME DU BARRY Jeu 27 Avr - 11:01
Merci cher Yann Sinclair ! quel travail fabuleux.....
Quant à Louis-Philippe
yann sinclair
Nombre de messages : 26595 Age : 66 Localisation : Versailles Date d'inscription : 10/01/2016
Sujet: Re: Second étage - Aile centrale - APPARTEMENT DE MADAME DU BARRY Dim 28 Mai - 13:24
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[size=48]Chez Madame DuBarry[/size]
Visite guidée
À proximité immédiate des petits appartementsdu Roise cache un trésor: l'appartement de Madame DuBarry, dernière favorite de Louis XV
15 pièces sur 350 M2
Récemment restauré, il constitue un des ensembles les plus raffinés et emblématiques de l'art du XVIIIe siècle.
Le temps d'une visite, laissez-vous imprégner d'histoires et d'une émotion certaine dans ce lieu très privé à l'éclat retrouvé.
C'est le lancement du projet de restauration de l’appartement de Madame DuBarry, et pour une durée approximative de dix-huit mois.
Ce challenge lancé au printemps 2021 devrait se finir en juin 2022 et permettre la reprise des visites de ce lieu dans le cadre d’une exposition consacrée au retour de Louis XV à Versailles en 172
2. Le projet de restauration de l'appartement de Madame DuBarry est possible grâce au mécénat du groupe AXA.
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cléry
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Sujet: Re: Second étage - Aile centrale - APPARTEMENT DE MADAME DU BARRY Dim 28 Mai - 17:08
Merci Yann Sinclair
Très beau reportage !
Contenu sponsorisé
Sujet: Re: Second étage - Aile centrale - APPARTEMENT DE MADAME DU BARRY
Second étage - Aile centrale - APPARTEMENT DE MADAME DU BARRY