Premier étage - Aile centrale - Les appartements du roi
17- Salle des gardes du Roi
La salle des gardes du roi marque l'entrée de l'appartement du roi. Elle accueille en permanence les gardes du corps qui se relaient toutes les vingt-quatre heures pour assurer la protection du souverain. Les lits de camps sur lesquels les soldats dormaient étaient, dans la journée, repliés et dissimulés derrière des paravents. Le seul décor sculpté emploie un vocabulaire guerrier, rappelant la vocation de la pièce.Cette salle ainsi que la salle suivante, seront créées en 1684 à l'emplacement de deux pièces de l'appartement du Dauphin, de l'escalier et de l'antichambre du Petit Appartement de la reine. Elles seront élargies en repoussant le mur méridional du château - vieux sur la cour intérieure. C'est là aussi, dans un encombrement de chaises à porteurs, que les valets attendaient le retour de leur maître, une fois achevées audiences ou cérémonies du lever et du coucher.
18- Première antichambre
La première antichambre, élargie comme la salle des Gardes en 1684, est décorée de tableaux de Joseph Parrocel représentant des Batailles de l'Antiquité. Louis XIV, venant de chez madame de Maintenon, y soupait tous les soirs à dix heures au grand couvert, en public et en musique au son des Symphonies pour les soupers du Roi composées par Michel de La Lande.
Assis dos à la cheminée, le souverain était entouré de sa famille. Une table couverte d'un tapis de velours vert, derrière laquelle un fauteuil vide symbolisait le Roi, était dressée tous les lundis matins. Chaque Français qui avaient une requête à formuler au Roi venait y déposer un placet qui était ensuite annoté par le monarque.
19- Antichambre à l’œil de bœuf
Jusqu'en 1701, il y avait deux pièces : la première Chambre du Roi, qui avait une fenêtre sur la Cour de Marbre, et un salon ouvrant sur une Cour Intérieure et que l'on appelait le Salon des Bassans à cause des tableaux de ces peintres vénitiens qui l'ornaient.
Lorsque Louis XIV installa sa chambre dans la pièce voisine, on donna à celle-ci ses dimensions actuelles et la voûte, surélevée, fut percée du grand œil-de-bœuf qui lui a valu son nom.
Dans les boiseries de Taupin, Dugoulon et Goupil, Louis XIV avait fait placer des tableaux de Véronèse qui furent remplacés par des portraits royaux, œuvres des peintres attitrés de la Cour : Mignard, Jean Nocret et François de Troy.
Une série de bustes des rois qui ont résidés à Versailles décorent la salle : Louis XIV par Coysevox, Louis XV par Gois et Louis XVI par Houdon.
C'est dans cette antichambre que, chaque jour, les courtisans attendaient derrière la porte de la Chambre du Roi, le moment d'entrer pour le Petit et le Grand Lever, et le soir pour le Grand et le Petit Coucher. Ceux qui avaient « l'entrée » étaient introduits en premier par un Garde Suisse
20- Chambre du Roi
Ce n'est qu'en 1701 que Louis XIV décida d'établir sa chambre dans cette pièce. Auparavant il y avait eu le Grand Salon du petit château de Louis XIII qui était éclairé par des fenêtres sur la cour et sur les jardins, puisque la Galerie des Glaces n'existait pas avant 1678. La suppression des fenêtres sur les jardins
entraîna le renouvellement en 1679 de toute la décoration. Les trois portes du fond seront bouchées pour former une alcôve ornée d'une allégorie de motif sculpté et doré, qui représente « la France veillant sur le sommeil du Roi » est l'œuvre de Coustou. Le velours cramoisi brodé d'or tendu sur les murs, en hiver, était remplacé par un damas d'or et d'argent sur fond de damas cramoisi en été. Louis XIV avait fait orner sa chambre de très beaux tableaux. Dans l'attique situé entre le plafond et la corniche, que supportent des pilastres corinthiens, il avait fait encastrer neuf tableaux de Valentin de Boulogne, il en reste cinq, après l'installation de l'alcôve : « Saint-Marc », « Saint-Luc », « Saint-mathieu » et « le Tribut de César » ; ils sont complétés de « Agar dans le désert », de Giovani Lanfranco . Cette dernière toile remplace la Diseuse de bonne aventure, de Valentin, aujourd'hui exposée au Louvre.
Les riches encadrements de dessus de portes renferment un portrait de François de Moncade, Marquis d'Aytona, et un autoportrait de Van Dyck, mais un « Saint-Jean Baptiste » du Caravage et une « Madeleine » du Dominiquin ont été remplacés par des sujets semblables du Valentin et de Guido Reni. L'alcôve abritait encore le « Roi David » du Dominiquin et « Saint-Jean à Patmos », alors attribué à Raphaël.
- Louis XIV, qui accordait parfois des audiences dans sa chambre, y dînait au petit couvert. Cette pièce était le théâtre des cérémonies quotidiennes du lever et du coucher du Roi. Louis XIV y décédera, à l'issue de soixante-douze années de règne, le 1er septembre 1715. 60 kilos d'or avaient été utilisés pour le brocart d'or et d'argent qui recouvrait l'ensemble du mobilier
- Louis XV, qui fera aménager sa chambre à proximité, utilisera cette pièce pour les cérémonies du lever et du coucher du Roi. Il changeait de lit lorsque les portes étaient refermées. Le souverain fera remplacer l'unique cheminée par deux autres, sur lesquelles sont placées un buste de Louis XIV par Coysevox, un pendule - baromètre, ainsi que quatre candélabres ayant appartenu au comte de Provence, frère de Louis XVI.
Ce dernier reprendra les usages de Louis XV. Il y recevra en audience solennelle, le 20 mars 1778, Benjamin Franklin et plénipotentiaires américains venus signer le traité d'amitié et de commerce entre les deux pays.
- Louis XVI paraîtra au balcon, avec la Reine et ses enfants, le 6 octobre 1789 avant de quitter définitivement le château de Versailles. Après un long retissage à Lyon ayant nécessité 8 kilos d'or, un brocart réalisé pour Marie Antoinette fut progressivement remis en place dans les années 1970. Il a servi à regarnir le lit, deux fauteuils Régence en bois doré et leurs deux carreaux, douze pliants réalisés pour les appartements royaux en 1730-1738 et les deux portières de l'alcôve. On a également retissé le tapis qui garnissait l'alcôve sous Louis XV. La chambre se présente ainsi dans un état proche de celui de l'époque Louis XV
Maquette de la chambre du roi Louis XIV à Versailles exécutée vers 1960.
Auteur: Arquinet Charles (20e siècle) maquettiste; français
Période: 20e siècle.
Technique/Matière: bois (matière), peinture (technique)
Hauteur: 0.850 m. Longueur: 0.850 m. Profondeur: 0.700 m.
21- Cabinet du conseil
Les miroirs de la cinquième arcade de la galerie des glaces, en venant du Salon de la Guerre, recouvrent une porte, qui ouvre sur le Cabinet du Conseil.
Il y avait d'abord dans ce cabinet deux pièces: le cabinet du roi où il tenait ses différents conseils avec ses ministres et le Cabinet des Termes, où il réunissait la Famille Royale après le dîner.
Cette seconde pièce était aussi appelée le cabinet des Perruques car les perruques du Roi, dont il changeait plusieurs fois par jour, y étaient rangées dans une armoire.
Ces deux pièces en une seule, et même de l'agrandir d'environ 2,50 m en gagnant sur la cour des Cerfs.
Gabriel a également dessiné les motifs des boiseries et c'est Antoine Rousseau qui a réalisé les sculptures dans le bois qui a été ensuite peint et doré.
Chaque panneau est consacré à chacun des différents conseils du Roi: la paix, la guerre, la marine.
Ce sont de petits génies qui les représentent, dans des cartouches suspendus au centre de chaque panneau.
Il s'agit là du style rocaille.
Ce cabinet du conseil jouait dans la vie du Roi et celle de la cour un rôle de premier plan.
Il était en quelque sorte le cœur de la vie du pays.
Le conseil des Ministres s'y tenait le matin, et c'est là que furent prises toutes les grandes décisions des règnes de Louis XV et de Louis XVI:
- renversement des alliances en 1756.
- Participation à la guerre de l'Indépendance américaine en 1175...
Le roi y accordait aussi des audiences particulières, il y présidait les chapitres de l'Ordre du Saint-Esprit, il y recevait le défilé de toute la Cour venue lui présenter, suivant les circonstances, félicitations ou condoléances, il s'y faisait représenter les dames portant un titre de noblesse, il y écoutait même la harangue des harengères, les marchandes de poissons de Paris qui avaient le droit de venir lui dire ce qu'elles pensaient en certaines occasions.
Cette pièce prestigieuse méritait plus que toute autre que l'on reconstitue son ameublement.