Philippe Egalité

Ou bien, Chou, les deux notions étaient assimilées ...

Tu as raison

Chou d'amour a écrit:

C'est un point de vue

C'est même un point de vue qui se tient méchamment. Certains détails m'ont toujours troublée, dans ce voyage à Montmédy...   D'abord, cette aisance avec laquelle le gros Provence est passé, lui...   Ensuite, le fait que Marie Caroline était au courant de l'initiative, avec, visiblement, tout ce qui comptait en Europe.  

Il est certain qu'Orléans avait à gagner à ce que la famille royale tente de s'enfuir, et s'ils se font prendre c'est pour lui la cerise sur le gâteau. :s:

pimprenelle a écrit:

C'est même un point de vue qui se tient méchamment.

Oui, elle est souvent bien sagace, la baronne !!!

L'arrestation du Roi à Varennes et son retour à Paris sous les fourches caudines fait exulter Laclos qui ne pouvait rêver de circonstances plus favorables à l'établissement d'une régence . Que trama t-il avec Orléans ? Dans quelle mesure le duc fut-il réceptif ? Mme Lever n'a pas ample information mais elle affirme qu'Orléans se montre ostensiblement en voiture découverte dans tout Paris et même devant les Tuileries, avec un air content de soi, recueillant parfois quelques vivats.

Quelle belle occasion pour le duc d'Orléans, s'il était aimé et estimé ! écrit le libraire Ruault . Voilà ce que l'on gagne à n'avoir ni courage, ni talent , ni vertu ! On ne pensera pas à lui pour combler le vide que laisse Louis XVI. En effet, M. d'Orléans n'en est pas digne . Son fils aîné peut-être le serait ? ( Est-il prophétique ce citoyen Ruault !!!! )

Le Palais-Royal débaptisé devient Palais-Orléans .

Mais je croyais, qu'à cette époque, le duc d'Orléans était plutôt en retrait de la scène politique (même si ces sbires pouvaient espérer le contraire) ?

Eh bien oui, justement !

 Si, pour complaire à son éminence grise de Laclos, Orléans se montre démagogiquement dans la capitale autrefois à sa dévotion, il n'en est pas moins passablement dégoûté de la politique . On pourrait dire dégrisé .  Car enfin, il a pleinement pris conscience de sa propre insuffisance, de sa démission devant l'exercice du pouvoir .  Il a compris que pour être fort en gueule il se pose là, mais que pour agir ...  il n'y a plus personne .....

C'est une chose .  Mais, par ailleurs, il est débordé par les problèmes domestiques et familiaux .   La bonne Marie-Adélaïde qu'il traitait comme quantité négligeable est entrée en guerre ouverte contre cette garce de Genlis !   La trahison de son mari ( qu'elle adorait) avait été pour elle une plaie mortelle, pourtant elle semblait avoir surmonté sa douleur; mais que Genlis lui vole l'affection de ses propres enfants, la prive d'eux, lui met la rage au coeur et lui donne le courage de menacer son salopard de mari de la séparation .

Alors oui, le duc est en retrait de la vie publique . Il a d'autres problèmes d'ordre privé à démêler .   Laclos a bien du mal à le stimuler .

Mme Lever prête à Genlis un machiavélisme qui dépasse tout ce que nos imaginations les plus débridées pourraient échafauder . Je vais vous en faire profiter in petto !

D'abord voici une lettre que Genlis-la Vertu adresse au jeune duc de Chartres ( le futur Louis-Philippe ) :

On parle beaucoup ici d'une régence . Dans ce cas elle sera très certainement offerte à M. d'Orléans qui est irrévocablement décidé à la refuser ainsi que toute espèce de place qui montrerait de l'ambition . ( .... ) J'approuve fort cette conduite, surtout après les indignes calomnies dont on a voulu le noicir . Vous serez de cet avis, vous cher ami, qui, j'en suis sûe, refuseriez le trône, s'il vous était offert, et si vous ne pouviez y monter sans injustice, vous qui avez les moeurs et l'âme d'un spartiate . Poursuis, mon enfant, poursuis ta noble carrière . Grâce à la Révolution, nous sommes dans un siècle où l'homme seul et non le rang, fait sa réputation .

Attendez, mes petits amis, le meilleur est à venir !!!!!

Nous l'avons compris Orléans n'est pas un foudre de guerre mais plutôt un velléitaire .

C'est bien l'avis d'Evelyne Lever : Entre ses deux mentors ( Genlis / Laclos ), le duc d'Orléans choisit celui qui lui demandait le moins d'efforts . L'ambitieux Laclos voulait lui faire jouer un rôle hasardeux qu'il lui semblait impossible d'assumer. Quant à Genlis-Pygmalion, persuadée d'avoir formé le modèle des souverains ( elle était gouverneur de la nichée Orléans ) , elle prêchait la prudence au duc d'Orléans, dans l'espoir qu'il s'effacerait devant son fils .
L'année précédente, la gouvernante avait publié un petit ouvrage intitulé " Discours sur l'éducation de M. le Dauphin et sur l'adoption ", qui ne laissait guère de doute sur ses intentions . Elle préconisait pour l'héritier du trône une éducation patriotique dont le programme ressemblait à s'y méprendre à celui qu'elle avait adopté pour le duc de Chartres . ( Vous la sentez venir avec ses gros sabots ??? )
Mme de Genlis aspirait-elle à la charge de gouverneur du Dauphin ? Ce n'est pas impossible, mais son ambition allait sans doute bien au-delà .

Ah ! ah ! Je vous laisse sur les charbons ardents, je l'espère !!!
A tout à l'heure !

La seconde partie de son petit livre, poursuit Mme Lever, constituait un véritable plaidoyer en faveur de l'adoption telle que les Romains l'avaient pratiquée . Elle rappelait que Trajan et Marc-Aurèle, symboles de la grandeur de l'Empire romain avaient été adoptés ! Personne ne s'y trompa . Mme de Genlis suggérait bel et bien l'adoption du duc de Chartres par Louis XVI qui eût pu désavouer la paternité du Dauphin considéré par les ennemis de la Reine comme le fruit d'un adultère .

Ce petit traité avait évidemment alimenté l'ire des royalistes contre la perfide ambition des Orléans.
Tu m'étonnes !!!!!    

Je me suis toujours étonné de la part prise par Orléans dans le scénario du film américain de 1938, inspiré de Zweig...car auparavant Philippe Égalité m'avait toujours paru secondaire dans les malheurs de Marie-Antoinette... (le film lui donne aussi une première place aux côtés de la Dauphine dans les amusements... )...
Mais à te lire, on voit bien le degré zénithal que le cousin du Roi a su atteindre dans sa qualité d'Ordure  

Bien à vous.

Ce n'est pas moi que tu lis, c'est Evelyne Lever .

Je sais bien! J'ai failli ajouter le nom de Madame Lever, grâce à ton intermédiaire...

Bien à vous.

Voilà ! Ce serait plus exact . Je sens que lorsque Pim va lire tout cela, elle va s' étrangler de fureur !!!

Citation :

Je me suis toujours étonné de la part prise par Orléans dans le scénario du film américain de 1938 .

Et tu vois, moi dans Les années lumières et les années terribles, je me suis étonnée de sa totale absence .    J'en avais parlé à l'époque avec le comte Axel .
C'est parce que cet excellent film reflète très exactement ce que l'on nous a appris à l'école, la Révolution politiquement correcte.  Mais le rôle occulte et cependant majeur de l'Ordure, pfffuuut ! passe à l'as .   D'orléans on ne voit pas la queue !   ( d'ailleurs on n'a pas envie de la voir ; on la laisse à Mme de Buffon !  Hein, Pim !!! )

Citation :

Eh bien oui, justement !

 Si, pour complaire à son éminence grise de Laclos, Orléans se montre démagogiquement dans la capitale autrefois à sa dévotion, il n'en est pas moins passablement dégoûté de la politique . On pourrait dire dégrisé .  Car enfin, il a pleinement pris conscience de sa propre insuffisance, de sa démission devant l'exercice du pouvoir .  Il a compris que pour être fort en gueule il se pose là, mais que pour agir ...  il n'y a plus personne .....

C'est une chose .  Mais, par ailleurs, il est débordé par les problèmes domestiques et familiaux .   La bonne Marie-Adélaïde qu'il traitait comme quantité négligeable est entrée en guerre ouverte contre cette garce de Genlis !   La trahison de son mari ( qu'elle adorait) avait été pour elle une plaie mortelle, pourtant elle semblait avoir surmonté sa douleur; mais que Genlis lui vole l'affection de ses propres enfants, la prive d'eux, lui met la rage au coeur et lui donne le courage de menacer son salopard de mari de la séparation .

Alors oui, le duc est en retrait de la vie publique . Il a d'autres problèmes d'ordre privé à démêler .   Laclos a bien du mal à le stimuler .

Voilà une explication qui se tient : Orléans se retire devant l'exercice du pouvoir parce qu'il a pris conscience de sa propre nullité. Et sa femme se décide enfin à montrer les dents. Il était temps !

Je me demande comment cerner le rôle exact de Laclos... La tête et Orléans la bourse ?

Citation :

Mme Lever prête à Genlis un machiavélisme qui dépasse tout ce que nos imaginations les plus débridées pourraient échafauder .   Je vais vous en faire profiter in petto !

D'abord voici une lettre que Genlis-la Vertu adresse au jeune duc de Chartres ( le futur Louis-Philippe ) :

On parle beaucoup ici d'une régence . Dans ce cas elle sera très certainement offerte à M. d'Orléans  qui est irrévocablement décidé à la refuser ainsi que toute espèce de place qui montrerait de l'ambition . ( .... ) J'approuve fort cette conduite, surtout après les indignes calomnies dont on a voulu le noicir . Vous serez de cet avis, vous cher ami, qui, j'en suis sûe, refuseriez le trône, s'il vous était offert, et si vous ne pouviez y monter sans injustice, vous qui avez les moeurs et l'âme d'un spartiate . Poursuis, mon enfant, poursuis ta noble carrière . Grâce à la Révolution, nous sommes dans un siècle où l'homme seul et non le rang, fait sa réputation .

Attendez, mes petits amis, le meilleur est à venir !!!!!

C'est ça... Elle veut que l'ordure nous la joue Auguste, genre, je ne prends rien mais donnez-moi tout... Et, au fond des choses, la garce s'en fout, puisque le fils aura ce que le père n'aura pas. Et que le fils, c'est un peu comme si c'était le sien...  

Pendant ce temps, rappelons que le roi, le vrai, va être traîné à Paris comme le dernier des prisonniers...  

Citation :

Nous l'avons compris Orléans n'est pas un foudre de guerre mais plutôt un velléitaire .

C'est bien l'avis d'Evelyne Lever  :  Entre ses deux mentors  ( Genlis / Laclos ), le duc d'Orléans choisit celui qui lui demandait le moins d'efforts . L'ambitieux Laclos  voulait lui faire jouer un rôle hasardeux qu'il lui semblait impossible d'assumer. Quant à Genlis-Pygmalion, persuadée d'avoir formé le modèle des souverains ( elle était gouverneur de la nichée Orléans ) , elle prêchait la prudence au duc d'Orléans, dans l'espoir qu'il s'effacerait devant son fils .
L'année précédente, la gouvernante avait publié un petit ouvrage intitulé " Discours sur l'éducation de M. le Dauphin et sur l'adoption ", qui ne laissait guère de doute sur ses intentions .   Elle préconisait pour l'héritier du trône une éducation patriotique dont le programme ressemblait à s'y méprendre à celui qu'elle avait adopté pour le duc de Chartres . ( Vous la sentez venir avec ses gros sabots ???  )  
Mme de Genlis aspirait-elle à la charge de gouverneur du Dauphin ? Ce n'est pas impossible, mais son ambition allait sans doute bien au-delà .

Ah ! ah !    Je vous laisse sur les charbons ardents, je l'espère !!!
A tout à l'heure !

Attends, je ne suis plus, là... Cette teigne parle du vrai dauphin ?  

Citation :

La seconde partie de son petit livre, poursuit Mme Lever, constituait un véritable plaidoyer en faveur de l'adoption telle que les Romains l'avaient pratiquée . Elle rappelait que Trajan et Marc-Aurèle, symboles de la grandeur de l'Empire romain avaient été adoptés ! Personne ne s'y trompa . Mme de Genlis suggérait bel et bien l'adoption du duc de Chartres par Louis XVI qui eût pu désavouer la paternité du Dauphin considéré par les ennemis de la Reine comme le fruit d'un adultère .        
Ce petit traité avait évidemment alimenté l'ire des royalistes contre la perfide ambition des Orléans.
Tu m'étonnes !!!!!    

Donc, le "dauphin", c'est le petit d'Orléans adopté par Louis XVI. De là, oups, elle nous la joue Agrippine et se débarrasse du père adopteur devenu encombrant ?  

Citation :

Je me suis toujours étonné de la part prise par Orléans dans le scénario du film américain de 1938, inspiré de Zweig...car auparavant Philippe Égalité m'avait toujours paru secondaire dans les malheurs de Marie-Antoinette... (le film lui donne aussi une première place aux côtés de la Dauphine dans les amusements... )...
Mais à te lire , Éléonore, on voit bien le degré zénithal que le cousin du Roi a su atteindre dans sa qualité d'Ordure  

Bien à vous.

Ouais ! On peut tout à fait en arriver à la conclusion que Van Dyke a lu la bio écrite par Lever.  

Nan, je plaisante... Je ne cesse de penser à ce film, moi aussi, depuis que je lis ces chroniques. Van Dyke a eu une sorte de géniale intuition... il aura eu au moins ça...  

Citation :

Citation :

Je me suis toujours étonné de la part prise par Orléans dans le scénario du film américain de 1938 .

Et tu vois, moi dans Les années lumières et les années terribles, je me suis étonnée de sa totale absence .    J'en avais parlé à l'époque avec le comte Axel .
C'est parce que cet excellent film reflète très exactement ce que l'on nous a appris à l'école, la Révolution politiquement correcte.  Mais le rôle occulte et cependant majeur de l'Ordure, pfffuuut ! passe à l'as .   D'orléans on ne voit pas la queue !   ( d'ailleurs on n'a pas envie de la voir ; on la laisse à Mme de Buffon !  Hein, Pim !!! )

Oui, et non... La série d'Enrico, c'est la révolution policée, le haut de l'iceberg, on pourrait dire. Mais au moins est-ce une vision encore un tant soit peu équilibrée. D'ordinaire, on nous sert les bons révolutionnaires versus la cour dépravée.  

Orléans écouta les conseils mielleux du serpent-à-lunettes-Genlis : après tout c'était drôlement confortable d'avoir un suppléant en la personne de son fils aîné ! Cela lui convenait si parfaitement bien, qu'il publia une sorte de lettre ouverte, dans tous les journaux, par laquelle il annonçait renoncer à la régence, ceci le 28 juin, quelques heures justement après que l'abbé Danjou ait proposé aux Jacobins de l'élever à cette fonction !!!!!
Danjou exigeait l'abdication de Louis XVI et la proclamation de Louis XVII sous le régime de la régence. Les députés n'eurent pas même le temps de délibérer : la déclaration d'Orléans tombait ainsi formulée :

S'il est question de régence, je renonce, dans ce moment et pour toujours, au droit que la Constitution m' y donne . J'oserais dire qu'après avoir fait tant de sacrifices à l'intérêt du peuple et à la cause de la liberté, il ne m'est pas permis de sortir de la classe de simple citoyen, où je ne me suis placé qu'avec la ferme résolution d'y rester toujours, et que l'ambition serait en moi une inconséquence inexcusable . Ce n'est point pour imposer silence à mes détracteurs que je fais cette déclaration. Je sais trop que mon zèle pour la liberté nationale, pour l'égalité qui en est le fondement, alimentera toujours leur haine contre moi . Je dédaigne leurs calomnies; ma conduite en prouvera constamment la noirceur et l'absurdité . Mais j'ai dû déclarer dans cette occasion mes sentiments et mes résolutions irrévocables, afin que l'opinion publique ne s'appuie pas sur une fausse base dans ses calculs et ses combinaisons, relativement aux nouvelles mesures que l'on pourrait être forcé de prendre .

Inutile de préciser que cette fumante déclaration fut publiée à l'insu de Laclos .

Mais cette déclaration grandiloquente et comedia del arte ne trompa personne . Tout le monde a donné à cette farce le crédit qu'elle mérite, note l'ambassadeur d'Espagne, reflétant l'opinion générale, plus personne ne pouvant raisonnablement plus accorder de crédit à un prince qui se dérobait toujours lorsque ses amis tentaient de lui frayer le chemin du pouvoir .

Bon, voilà... Il s'est donné la peine de procréer... Pfff... pauvre type ! Il n'avait tout simplement pas en lui les moyens de ses ambitions !

Citation :

Mais la Révolution, qui la dépouille de son immense patrimoine, fait basculer son destin. C'est l'amour qui la sauve ! Un membre de la Convention s'éprend d'elle et l'arrache au couperet de la guillotine en l'emmenant en Espagne dans des conditions rocambolesques. Il ne la quittera plus. Tous deux commencent une longue vie d'errance à travers l'Europe.
La misère parfois les guette. Mais qu'importe ? Marie-Adélaïde est heureuse. Ayant regagné la France à la Restauration et recouvré une partie de son immense fortune, elle s'éteint en 1821.
Injustement méconnue, cette princesse au caractère bien trempé méritait l'éblouissante réhabilitation que lui offre aujourd'hui Michel de Decker.[/i]

Si je tombais sur ce livre, je l'achèterais dans l'instant ! Oui, oui oui, Marie-Adélaïde a fini par trouver l'amour et le bonheur . Cela me fait un plaisr fou et je me réjouis que notre Ordure exécrée ait porté des cornes posthumes !!!!!!!
Cet amour, Rouzet, un conventionnel que je ne connais pas, je l'ai cherché dans mon précieux Histoire et dictionnaire de la Révolution française sans le trouver !  Tant pis ! sans doute un obscur, un sans grade .... et c'est très bien ainsi  .   L'important, c'est que Marie-Adélaïde ait eu sa revanche sur le mauvais sort qui la persécutait  !!!!  
Tenez, pour un peu cela me ferait espérer en la justice divine !     Je blague !
Ce que je ne comprends pas, c'est l'éblouissante réhabilitation !   Eh quoi ! La pauvre chérie n'était pas responsable des bassesses de son cloporte de mari tout de même !!!!!!