John Law

" Le nom de Law s'écrivait Laws en Ecosse et s'y prononçait Lass, d'où l'orthographe phonétique de Lasse adoptée dans les premiers documents français le concernant.

John Law de Lauriston appartenait, disait-on , à une famille écossaise très illustre et très ancienne .
Son père était orfèvre à Edimbourg . Il avait acheté en 1683 les terres de Lauriston et Randleston et pris le titre de baron de Lauriston, que portait John Law depuis 1684. Précisons qu'à cette époque, la profession d'orfèvre n'allait pas sans dignité comme le signalait le costume d'apparat porté dans les cérémonies : manteau écarlate et chapeau galonné. L'orfèvre avait droit à la canne. Plusieurs des œuvres de William Law nous sont parvenues et témoignent de la rare habileté de l'artiste. Ajoutons qu'un orfèvre exerçait quelques fonctions bancaires puisqu'il pouvait prêter de l'argent sur gages à un taux relativement élevé. La chose était officiellement reconnue puisque en 1674 , William Law devait être désigné pour faire partie de la Commission royale nommée par le parlement afin d'étudier la réforme de l'hôtel de la Monnaie d'Ecosse.

La mère de John , Jeanne Campbell , seconde épouse de William descendait , disait-on , d'une des branches de la maison ducale d'Argyll. Mais cette descendance a été contestée et l'on admet plus communément aujourd'hui qu'elle n'était que la fille d'un riche marchand d'Edinbourg qui possédait des terres non négligeables dans le Comté D'Ayr ( sud-ouest de l'Ecosse ).

Voilà pour les parents de John Law".

Source : John Law et la naissance du dirigisme de René Trintzius
Sfelt, 1950, 295 p

John LAW a été beaucoup décrié, mais il reste un homme en avance sur son époque et l'inventeur du capitalisme à la française. Pour renflouer les caisses du Régent, il a imaginé ce système d'actions qui permettait d'acquérir des parts dans les terres de LOUISIANE ou des Amériques. Après, il suffisait de les revendre trois, cinq, dix fois leur prix. On fit miroiter aux parisiens les trésors des possessions françaises outre-mer, pour les inciter à acheter ces fameuses actions. John LAW installa sa compagnie rue QUINCAMPOIX et bientôt, des centaines de personnes vinrent y acheter et revendre leurs actions. Des fortunes colossales s'édifièrent en quelques jours. La spéculation était née ! Le cours des actions montait, montait... Jusqu'au jour où certains esprits prudents commencèrent à comprendre que ça ne pourrait durer. Ces gens retirèrent leurs billes, provoquant un vent de panique. Le scénario fût le même qu'en 1929 : tout le monde voulut retirer son argent et, bien sûr, ce fût impossible, les sommes étant déjà dépensées ou investies dans d'autres domaines.
BARBIER, avocat au Parlement de PARIS écrit : "avoir vu des laquais repartir dans le carrosse de leur maître avec qui ils étaient arrivés le matin même".
Une majorité de gens se retrouvèrent ruinés, avec des actions qui ne valaient plus rien. Une petite minorité, souvent issue de rien, s'était au contraire taillé une énorme fortune dans l'affaire.
Désavoué, hué, le malheureux LAW dut s'enfuir. Il n'en reste pas moins qu'il avait réussi à renflouer partiellement les finances royales...

Oui, c'est un homme intéressant . Nous avions vu, dans un autre sujet, par quel tour de passe-passe ( un peu limite ), il a aidé le comte d'Evreux à acquérir les terrains sur lesquels Evreux allait faire bâtir ce que nous appelons aujourd'hui le palais de L'Elysée .

C'était également un génie de la communication, n'hésitant pas à faire venir des "indigènes" des Amériques pour parader dans PARIS, afin de faire miroiter les "richesses" de leur pays et inciter les gens à acheter les fameuses actions.
Dans le même genre d'homme, à l'esprit fertile et en avance sur son temps, on peut citer aussi CASANOVA (hé oui !) qui inventa, en FRANCE, la loterie royale, avec l'appui de Madame de POMPADOUR...

C'est un surdoué des chiffres tout comme Necker. Mais j'avance petitement dans le livre vu que j'ai sur le feu plusieurs livres à la fois.
Je crois que Law a su bien dégoûter les français du papier monnaie. Il faudra longtemps aux Français pour retrouver une certaine confiance dans celui-ci.

Vous avez bien raison : la Révolution s'y est cassée les dents avec ses assignats. Les royalistes chantonnaient : "les écus sont des écus, les assignats sont des torche-cul"...
Il faudra attendre les années 1850, pour voir apparaître les premiers billets de 100 francs. Ils étaient l'équivalent, en papier, de 100 francs-or.

La légalité du trafic du numéraire sera consacrée par le décret du 17 mai 1791; mais l'exigence profonde des masses populaires demeurera toujours qu'on impose le cours forcé de l'assignat .

Ah, le rapport entre les hommes et l'argent n'est pas simple...

"John Law avait brillé comme externe à Edimbourg puis au collège d'Eaglesham où ses dispositions pour l'algèbre l'avaient signalé à l'attention. A 20 ans , muni de lettres de change qui représentaient une grande partie de l'héritage paternel , c'est à dire une somme considérable, il partit pour Londres. En effet , l'héritage laissé par William Law était très important . Outre les terres de Randleston et de Lauriston, il fallait compter 25 000 livres de crédit bancaire à recouvrer sur les familles les plus considérables du royaume.
La promptitude avec laquelle il pouvait résoudre tous les problèmes que posent la géométrie ou les mathématiques l'avaient grisé à la lettre. Ses maîtres du collège avaient beaucoup admiré ses facultés étonnantes et l'un d'eux avait dit à William Law : " Si votre fils rendait l'âme avant le temps, il faudrait lui ouvrir le crâne. Je n'ai jamais vu une tête ainsi faite et je ne croyais pas que la chose pût exister."

Voici une référence :

Trente journées qui ont fait la France : 17 juillet 1720 - La banqueroute de Law d'Edgar FAURE
Paris, Gallimard / NRF - collection "30 journées qui ont fait la France", 1977,742 p

John Law et la Régence, 1715-1729 de
Jacques Cellard
Omnibus, 1999, 454 p

Law fut un financier d’une espèce fulgurante et éphémère, sans passé et sans lendemain. Il est venu, il :a ébloui, il a disparu. On connaît peu de choses de lui.

On sait que John Law était le fils d’un orfèvre. William, son père était apparenté à l’illustre famille ducale « d’Argyle »d’Ecosse.
Il a douze enfants dont cinq fils mais quatre mourront en bas-âge.
Les orfèvres étaient forts considérés à Edimbourg. Ils étaient considérés comme des hommes d’affaires avisés. L’orfèvrerie
Était à la fois un métier manuel et une profession commerciale , comportant souvent des aspects bancaires.
L’orfèvre manie des métaux précieux , il en achète, il en vend , il en prête aussi.
A cette époque, la possession de certaines terres pouvait anoblir. Le père de John acquit une de ces terres qui conférait la noblesse. Donc Law était de noblesse récente mais certaine.

Ce qui frappe dans son parcours est qu’il est doué pour les mathématiques.
Il commence des études secondaires à Edimbourg. Outre son attrait pour les maths , notons aussi qu’il est fort beau physiquement . Il est sportif, il s’exprime bien, il est joueur . Bref, il est « un parfait dandy ». Il avait une prestance qui plaisait beaucoup aux femmes. Il fréquentait les cercles de jeux.

En 1694, John Law a 25 ans. Il menait une vie joyeuse mais non scandaleuse. On ne sait pour quel motif, il se prit de querelle avec un certain Edward Wilson qui lui aussi menait grand train. Est-ce des motifs d’amour, de jeu ou bien d’argent ?
La maréchaussée intervint mais un peu tard , les deux jeunes gens avaient dégaîné et Wilson s’était embroché sur l’épée de Law qui est arrêté, jugé et condamné à mort , gracié et condamné à nouveau. Mais il s’évade et commence sa vie d’aventures , cette fois hors d’Angleterre . Il devient donc aventurier non par vocation mais par accident.

Dès lors, on suit difficilement sa trace. Il semble avoir vécu en Hollande , secrétaire chez un résident anglais et s’être alors familiarisé avec les opérations de la banque d’Amsterdam , la première banque centrale du continent européen. On lui a attribué en Hollande , une intrigue amoureuse avec la femme d’un banquier qui l’aurait initié aux secrets de la haute finance.
Il acquit donc une connaissance précieuse des opérations de change et d’arbitrage des fonds publics et autres, apparentées à la spéculation et apparentées aussi à la banque internationale . Il juge comme arbitragiste sur tous les effets publics d’Europe.

Au cours de ses pérégrinations , il rencontre la sœur de Lord Banbury qu’il séduit au point de la décider à quitter son mari et avec laquelle il ne s’est jamais marié , mais qu’il n’a jamais quittée . Elle était grande et bien faite mais défigurée par une tache de vin au visage. Le faux ménage est resté très uni aussi bien dans les périodes sombres que dans les périodes de clarté.

A la mort de Louis XIV , Law , revenu en France , avait donc une grosse fortune.

Source :

Financiers d'autrefois de Franz de Voghel
Duculot, Cop 1988, 239 p

Ce qui est bien dans ce livre et qui me plaît est que John Law n'occupe qu'un chapitre.
Les autres chapitres sont consacrés à

-Jacques Coeur
-Sully
-Fouquet
-Colbert
-Necker
-Morny
-M.A. Rothschild et ses cinq fils

Donc c'est vraiment le livre consacré aux financiers...

Un article bien ficelé
https://www.herodote.net/2_mai_1716-evenement-17160502.php