La dernière reine de France est connue pour sa frivolité et son goût excessif pour ses toilettes. Mais derrière les fanfreluches se cache une véritable icône de la mode.
Dès son arrivée en France, en 1770, Marie-Antoinette est plongée dans une cour où domine le paraître. Très coquette, elle a parfaitement conscience d’être la première dame de France et dans son esprit, elle se doit d’être à la pointe de la mode, d’être la plus élégante. Peut être sa rivalité avec madame du Barry, que le roi couvre de mille bijoux, la pousse-t-elle aussi à s’imposer en mettant au pas cette “presque reine” trop puissante.
Une dauphine discrète mais rebelleArrivée en France à l’âge de 14 ans, Marie-Antoinette sait déjà tout de la mode à la française, très réputée et copiée à travers l’Europe. Dès l’âge de dix ans, elle est promise à Louis et est préparé pour devenir dauphine et reine de France, que ce soit sur le plan culturel ou vestimentaire. Elle commence donc très tôt à se parer de robes à la française et porte la coiffure en queue de paon “à la dauphine”, au lieu de la coiffure à boucle.
En tant que dauphine, Marie-Antoinette reste pourtant assez sage. Les robes à panier ne l’effraient pas, pas plus que les mètres de tissus qui l’entourent. Elle s’habille avec les vêtements que ses dames d’atour lui présentent. Mais déjà à cette époque, la jeune fille se rebelle, refusant de porter sans arrêt ce corset censé lui faire pigeonner la poitrine qui l’étouffe et la blesse. Il faut savoir qu’une femme corsetée à, certes, un port de reine, mais une fois pris dans ce véritable étau, le corps peut difficilement se mouvoir. Et cet inconfort déplait beaucoup à la dauphine.
Petite reine de paradeDès que Louis XVI est proclamé roi, Marie-Antoinette se départit d’un grand nombre de contraintes. Et devient progressivement ce que l’on pourrait appeler aujourd’hui une icône de la mode.
La reine s’ennuie. Le roi n’a que peu de points communs avec sa femme et leur union, toujours pas consommée, est un désastre. De plus, Marie-Antoinette n’a aucun rôle politique. Elle va donc jouer un autre rôle, un rôle d’apparat en quelque sorte : elle est celle qui donne le ton.
Alors qu’une reine se doit d’être jolie mais discrète, Marie-Antoinette veut être à la pointe de la mode. Encore très jeune lorsqu’elle devient reine, elle garde en elle l’insouciance de l’adolescence et des désirs de jeune fille. Bref, elle profite des plaisirs de la mode, dirait-on aujourd’hui, comme toutes les jeunes filles de son âge.
A la pointe de la modePour sa parure, elle fait appel à Rose Bertin, une modiste très en vogue chez qui toutes les jeunes aristocrates accourent. Elle passe des heures enfermée dans son boudoir avec la modiste et devient même sa muse en quelque sorte.
La reine lance la mode et toutes cherchent à lui ressembler. Ce qui paraît scandaleux pour l’époque, c’est que la reine n’hésite pas à partager sa styliste. Une chose alors totalement inconcevable !
Mais ce qui choquera sans doute davantage le public c’est l’extravagance de ses coiffures. Leonard, son coiffeur particulier, arrive à réaliser des coiffures de plus d’un mètre agrémentées de tissus, rubans, plumes d’autruche (qu’on caricaturera en appelant plume d’Autriche), et à percher sur ces édifices capillaires de véritables scénettes ou des bateaux entiers.
Par ses extravagances, la reine s’attire les foudres de sa mère, mais elle n’en a cure. Elle se plait dans la coterie qui suit sa mode et oublie qu’elle n’est pas heureuse.
Une reine assagie mais toujours décriéeAvec la naissance de Madame Royale, la reine sera métamorphosée. La naissance de cette enfant tant attendue et désirée arrive au moment où la reine est sans doute lasse de sa vie de plaisir continuel. Cet évènement apporte à la reine une maturité nouvelle qui va modifier jusqu’à son apparence. Sa mise est désormais d’une simplicité minimaliste qui, à nouveau, va choquer le peuple.
Dans son petit Trianon, loin des fastes de la cour, elle vit dans un luxe simple et recherche le confort dans sa parure. Elle adopte alors un style très en vogue, les robes à l’anglaise, qui insultent le génie français, et pire encore, les robes dites en Gaulle, de simples robes de mousseline attachées à la taille par un ruban et légères comme une chemise.
C’est ainsi qu’Elisabeth Vigée Lebrun la peint sur un tableau présenté lors du Salon de 1783. Marie-Antoinette fait scandale. Comment une reine de France peut-elle être représentée habillée comme n’importe quelle femme? Car la reine est reine avant d’être femme et ne peut être mise sur le même plan que tout un chacun.
Paraître : l’apanage des roisLe tableau est vite retiré et remplacé par le célèbre tableau dit “Marie-Antoinette à la rose”. A partir de cette époque, les représentations de la reine viseront à la présenter sous son meilleur jour : mère accompagnée de ses enfants, son plus beau rôle ; ou sage, un livre à la main dans des parures typiquement françaises mais sans être extravagantes.
En développant son goût du paraître, Marie-Antoinette n’a fait ni plus ni moins que reproduire ce qu’avait fait jadis l’un de nos plus grand monarque, Louis XIV. Mais ce qui est un signe de puissance pour un roi s’avère être une hérésie pour une reine. Sans doute trop en avance sur son temps, Marie-Antoinette paiera cher sa fuite effrénée dans les plaisirs futiles et pourtant bien peu coûteux face aux folles dépenses de la cour.
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