Les décisions révolutionnaires

"Le courant de fraternité était si fort qu'un constituant Target , proposait le 3à avril 1790 , de naturaliser en bloc tous les étrangers domiciliés en France depuis cinq ans et y possédant quelque avoir. Ce projet , qui fut voté d'enthousiasme et sans débat , répondait si bien aux sentiments de l'opinion qu'en maintes localités , les municipalités avaient d'elles-mêmes accordé le droit de suffrage et le droit d'éligibilité aux étrangers qui résidaient dans les villes qu'ils administraient .
Il suffisait d'avoir acquis un immeuble ou d'avoir épousé une Française , d'avoir fondé un établissement de commerce ou d'avoir reçu des lettres de bourgeoisie pour obtenir les mêmes droits que les autochtones. Etant donné cet état d'esprit , on ne saurait être surpris que l'idée d'organiser et d'armer des légions franches composées d'étrangers , venant se ranger sous les drapeaux de leur patrie d'adoption , ait été accueillie avec faveur.
Les Belges et les Liégeois furent des premiers à s'enrôler , après les Hollandais , toutefois , qui, avec les Brabançons , eurent l'initiative de cette innovation.

Vinrent ensuite les Allobroges, groupant les Savoyards, les Piémontais et les habitants du Valais. Les Autrichiens, Hessois et Prussiens , ne se joignirent que plus tard à ceux qui leur avaient montré l'exemple ; encore fallut-il pour les décider à se rallier à nos troupes , user de procédés qu'on savait devoir entraîner leur adhésion, mieux que si on avait fait appel à l'humaine solidarité.
On assurait à tout sous-officier ou soldat qui consentait à venir servir dans les rangs de l'armée révolutionnaire une pension de 100 livres , sans préjudice d'une gratification de 50 livres. Les actions d'éclat, les blessures leur valaient les mêmes récompenses qu'aux nationaux. "

Source : La Princesse de Lamballe intime d'après les confidences de son médecin du docteur Cabanès
Albin Michel, 512 p

"Le décret de l'Assemblée législative qui édictait ces avantages , aussitôt traduit en allemand, fut affiché en tous lieux, au-delà de la Lauter , sur les murs, sur les arbres des routes , à la porte et dans les latrines des cabarets. On s'en servait pour envelopper toutes les marchandises expédiées en Allemagne. On le collait, en guise d'étiquette ou de réclame sur des bouteilles d'eau de vie, qu'on déposait aux abords des avant-postes ennemis. Les paysans de Flandre le mettaient dans l'intérieur de chaque miche de pain qu'ils vendaient aux Autrichiens. Il n'y avait pas trop de moyen ingénieux pour servir la cause de la patrie universelle.

Une pareille propagande ne pouvait tarder à porter ses fruits. De nombreux déserteurs allemands se présentèrent , venant offrir leurs services. Qu'allait-on faire de ces hordes indisciplinées ? Deux de leurs compatriotes , dont l'attachement à l'esprit nouveau s'était de bonne heure manifesté , offrirent de créer une légion germanique. Ces deux compatriotes s'appelaient Jean-Baptiste Cloots et l'autre n'était autre que le docteur Saiffert."

J'aurais dû intituler ce fil propagande révolutionnaire...

Mais c'est super intéressant tout ça!
Bizarre : Seiffert, proche (voire plus) de la princesse de Lamballe et Cloots était si je m'en souviens bien dans des affaires avec les émigrés (je ne me rappelle plus trop bien dans quoi il a trempé mais ce n'était pas très net sur le plan financier).
Il y a donc de la matière à creuser avec ça et approcher un peu mieux le poids politique de la princesse de Lamballe et les rapports douteux entre certains émigrés et les Jacobins.

"L'Assemblée législative , par décret du 26 août 1792 , avait accordé le titre de citoyen français à 17 étrangers , parmi lesqueles les allemands Campe, Klopstock, Anarchasis Cloots. Un membre de L'Assemblée demanda qu'on adjoignît le nom de Schiller à la liste des " amis de la liberté et de la fraternité universelles" mais dans le procès,verbal de L'Assemblée , le nom du célèbre dramaturge fut dénaturé et transcrit par un copiste maladroit , ce qui donna le résultat de gilliers. "

Ah c'est balot!
On aurait pu avoir Schiller comme grand auteur français! Quels ploucs ces révolutionnaires!

Rien à voir avec Marie-Antoinette ou la Révolution, mais j'étais en train de faire des recherches sur le droit de vote des femmes à travers le monde.

Wikipédia m'informe de ça :
le Royaume de France,pour élections consulaires (gouvernements urbains) depuis qu'elles existent (à partir du xiie siècle selon les régions). Disposition abolie en 17911.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Droit_de_vote_des_femmes

Il y a donc bien eu un suffrage féminin, même parcellaire, du temps de l'Ancien Régime (gros débat déjà abordé ici). La Révolution, une fois de plus, prouve à quel point elle avait le souci d'avancées démocratiques !

Il semble d'ailleurs que ce fut le cas de façon plus générale en Suède durant le XVIIIème siècle, mais système que ne prolongea pas notre cher Gustave.

Ainsi que la Corse paoliste !!!

"1906 : en France Paul Dussaussoy dépose à l'Assemblée nationale le premier projet de loi pour rétablir le droit de vote des femmes aboli depuis la Révolution. Le Sénat s'y oppose."

La liste fait peur... La France, une fois de plus, montre son retard...

Toujours le même article :
De l'Ancien régime à la Révolution[modifier]
Les femmes avaient le droit de vote au Moyen Âge[pas clair], selon l’historienne Régine Pernoud. Ce droit a été supprimé par un décret du Parlement en 1498[réf. insuffisante]35. Une autre source (?)36 nous donne un édit du Parlement de Paris datant de 1593. Néanmoins, si nous suivons cette affirmation : « Dans les assemblées urbaines ou les communes rurales, les femmes, lorsqu'elles sont chefs de famille, possèdent le droit de vote. » 37 ; il se peut que, comme dans le cas des votations en Suisse (mais en plus restrictif), les femmes veuves (et ayant des enfants) ont pu se substituer au rôle du père défunt…
Dès les premiers États généraux convoqués par Philippe le Bel en 1302, les femmes étaient convoquées38. Elles le furent pour tous les États généraux suivants (par exemple ceux de 1484 convoqués par Anne de Beaujeu, fille de Louis XI, pendant la minorité de Charles VIII), jusqu'aux Etats généraux de 1789, où les femmes propriétaires de fiefs furent contraintes de se faire représenter par un homme (noble ou clergé) 38.
Sous la Révolution, suite au discours de l'abbé Sieyès du 20-21 juillet 1789, distinguant entre citoyens « actifs » et « passifs », les femmes furent classées, comme les enfants, les étrangers et tous ceux ne pouvant s'acquitter d'un cens électoral, dans cette seconde catégorie. Malgré l'appel de Condorcet, elles furent ainsi officiellement exclues du droit de vote par l'Assemblée nationale le 22 décembre 1789, exclusion maintenue par la Constitution de 1791 puis par un vote de la Convention nationale le 24 juillet 1793, quelques mois avant l'exécution d'Olympe de Gouges, auteur de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne en 1791.

Un siècle après Condorcet, l'anthropologue Paul Topinard déclarera que la Femme est à l'Homme ce que l'Africain est à l'Européen .

... et le psychologue Gustave le Bon :

On ne saurait nier, sans doute, qu'il existe des femmes très supérieures à la moyenne des hommes, mais ce sont là des cas aussi exceptionnels que la naissance d'un monstre .

Reinette a écrit:

Olympe de Gouges, auteur de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne en 1791.

... dédiée à Marie-Antoinette !

Et on appelle ça des savants ?

Citation :

Reinette a écrit:

Olympe de Gouges, auteur de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne en 1791.

... dédiée à Marie-Antoinette !  

Espérons qu'elle l'ait lue !

La pauvre ! Cela lui aura fait une belle jambe !

Talleyrand n'est pas non plus un féministe forcené :

Le bonheur des femmes n'existe qu'à condition qu'elles n'aspirent point à l'exercice des droits et des fonctions politiques .

Le vilain !

Condorcet était un grand progressiste, humaniste (la cause des femmes, celles des noirs, les juifs, les protestants, l’éducation pour tous etc.) !
Les Badinter lui ont d’ailleurs consacré une bio que je te recommande vivement, Reinette.  

Au même moment, Talleyrand prononçait à l’Assemblée un autre genre de discours...

On ne peut séparer les questions relatives à l’éducation de l’examen de leurs droits politiques.
Une moitié du genre humain exclue par l’autre de toute participation au gouvernement...c’est un phénomène qu’il paraît impossible d’expliquer !
Or il nous semble incontestable que le bonheur commun, surtout celui des femmes, demande qu’elles n’aspirent point à l’exercice des droits et des fonctions politiques.
Qu’on cherche ici leur intérêt dans le voeu de la Nature !
Les hommes sont destinés à vivre dans le théâtre du monde, l’éducation publique leur convient. La maison paternelle vaut mieux à l’éducation des femmes.

Ah ! Je n’avais pas vu ta citation !  
Je la complète...

Super ! Je t'en remercie !  

Une autre petite citation, qui plaira sans doute à Reinette...

Quelques années plus tard, par Portalis (l’un des rédacteurs du Code Civil) : Les hommes doivent aux femmes une protection perpétuelle en échange d’un sacrifice irrévocable.
Tu as compris ? Un sacrifice....I-RRE-VO-CAAABLE !

C'est tout nous !

Cet article n'a pas encore été abrogé ?

Nos parlementaires ont du pain sur la planche. Quand j'ai passé mon concours, il nous fut vivement encouragé de nous mettre en jupe ou robe car seul dans le cas de se déplacer à cheval, les femmes fonctionnaires n'ont pas le droit d'être en pantalon. Par conséquent, je suis très souvent hors-la-loi.