Louis XVI et ses parents

Marie Zéphyrine de France, morte le 2 septembre 1755 de convulsions à l'âge de 5 ans.

Merci c'est la première fois que je vois Marie-Zéphirine en portrait, c'est un peu comme Sophie, elle est quasie oubliée :s:

Citation :

Ce qui est certain c'est que Louis XVI , probablement marqué par cette enfance "à l'écart" , puis son adolescence sans parents , ne reproduira jamais ce schéma avec ses propres enfants , les aimant tendrement et se comportant avec eux en père de famille attentionné et proche , tout comme la reine avec qui il se complétait véritablement là-dessus , puisque chacun apportait son vécu différent.

En effet, Louis XVI a perdu ses parents relativement tôt et seul La Vauguyon faisait office d'instructeur. Il a souffert de la mort du duc de Bourgogne qui l'a mis au centre de tout alors qu'il n'aimait pas ça, et il a souffert de la comparaison.
Il est vrai que Marie-Antoinette a été un peu plus chanceuse car elle avait au moins sa mère et une sœur, Marie-Caroline, avec laquelle elle s'entendait très bien.

Allégorie sur la naissance de Marie-Zéphyrine de France en 1750
Charles-Joseph Natoire

Ces portraits sont bien beaux, très expessifs !!! Ils expriment la bonté. Voilà d'où Louis XVI tenait la sienne.
Il est bien extraordinaire de penser qu'une partie de la Cour, la Vauguyon en tête, insinuait au duc de Berry, futur Louis XVI, que Choiseul avait fait empoisonner le Grand Dauphin pour avoir les coudées franches et opérer le fameux renversement des alliances !!!

Ah oui?

D'où l'aigreur que Louis XVI a toujours eu envers Choiseul, même si je pensais qu'elle n'était dûe qu'au fait que Choiseul avait mauvaise réputation auprès de Louis XV :s:

Allégorie sur la mort du Dauphin (Lagrenée) : 



Le Dauphin mourant entouré de sa famille, le duc de Bourgogne lui présente le couronne de l'immortalité, le 20 décembre 1765. La mort du Dauphin fut vécue comme une traumatisme que nous ne connaissons qu'à travers des oeuvres, livresques ou picturales. Celles-ci ont favorisé une reconstruction biographique posthume, souvent idéalisée, imprégnée par le contexte de l’opposition entre le parti dévot et les Encyclopédistes.
Exposée au Salon de 1767, l’Allégorie à la mort du dauphin participe de cette floraison artistique. 
Elle a suscité de nombreuses réactions, notamment celle de Diderot. D’abord critique acerbe du tableau, Diderot prend toutefois part, quelques année plus tard, à l’élaboration du mausolée d’un dauphin auquel tout semblait pourtant l’opposer.

Merci, chère Madame Sophie, pour ce tableau sur le thème dramatique de l'agonie du Dauphin, et toutes les explications sur sa symbolique ! En effet, pas de Gros Madame ni d'Elisabeth ... Comme d'habitude, nous autres femmes comptons pour du beurre ! Cela me fait penser que j'ai vu à nouveau, hier soir, "La Flûte enchantée" maçonnique en diable et fichtrement misogyne !!!!!! :s:

Nos messages sur Mozart ont été déplacés ici :  
https://maria-antonia.forumactif.com/t376-wolfgang-amadeus-mozart

Oh, quelle expression émouvante ...

Merci Mme Sophie Je ne connaissais pas ce portrait de Marie-Josèphe.....toujours la même douceur dans son visage.

Merci, Madame Sophie, pour ces portraits et ces explications !

Je les découvre aussi

Voici ce que Christian Petitfils dit du père de Louis XVI :
" Plutôt que les nombreuses filles , les regards se tournaient vers l'héritier du trône : un enfant fier et impétueux , capricieux, caustique, curieux mais à l'esprit trop mobile et papillonnant pour être attiré par les études. Avec l'appui de sa mère qui ne badinait pas avec la discipline, son gouverneur le duc de Châtillon, un des animateurs du parti dévot, son précepteur , le père Boyer, et son confesseur, l'abbé de Saint Cyr , s'efforcèrent d'étouffer cette vivacité sauvage et bouillonnante en lui donnant une éducation stricte et des pratiques de dévotion. Fortement bridé, son caractère mutin plia peu à peu. A l'adolescence, Louis-Ferdinand devint un prince pieux et scrupuleux, sensible à la misère des pauvres, compatissant et charitable , mais dont la piété ostentatoire confinait à la bigoterie au point de se signer quand il passait devant une salle de spectacles. Bon latiniste, traducteur de Tite- Live, Cicéron et Salluste, amateur de beaux livres, il dévorait Corneille, Racine, Boileau, Bossuet , Bourdaloue , Fénelon, les odes de Rousseau, la Henriade , et même le père Malebranche , qu'on ne lisait plus guère , composait de petites prières, raffolait de musique, chantait des psaumes et des vêpres, jouait du violon, de l'orgue, du clavecin et se piquait de goûts artistiques ."Je n'ai qu'un fils disait Marie Leszczynska , mais le ciel a pris plaisir à le former sage, vertueux, bienfaisant, tel enfin que j'osai à peine l'espérer".

Malgré cette foi très assurée, cette vaste culture et cette curiosité savante, il resta longtemps un être immature, peu dégourdi, momifié dans un silence embarrassé , à la fois inconstant et lymphatique, dominé par un fonds de paresse qui ne l'abandonna jamais tout à fait, n'aimant pas les promenades , pas même en hiver les folles courses en traîneau sur le Grand Canal , s'ennuyant au théâtre ou au spectacle de ballets et se couchant de bonne heure quand la Cour se livrait-avec quelle ivresse frénétique ! aux délices des jeux d'argent. La chasse, grand sport des Bourbons , ne l'attirait pas davantage , et il s'en dégoûta totalement quand il eut le malheur de tuer accidentellement son écuyer. (...)
Son inaction, son goût de la vie transformèrent ce jeune homme de bonne taille en obèse, " en monstre de graisse dit le duc de Cröy dans son journal, qui marchait en se dandinant lourdement."

En fait, Louis XVI tenait son goût pour la chasse de sa mère. En effet, Marie-Josèphe de Saxe aimait la chasse. Son père , le roi Auguste III était un chasseur fanatique.
Elle appréciait les promenades à pied ou à cheval, goûtait les spectacles et la musique . Elle lit toutes sortes de livres pieux et des ouvrages historiques, se divertit des comédies et joue du clavecin . ses vêtements étaient souvent de teinte foncée .

Ces renseignements, je les ai puisés dans le livre de Monique de Huertas, dans son livre sur la mère de Louis XVI. Ce qui m'a fort étonnée a été l'attitude de Maurice de Saxe se mêlant du trousseau de sa nièce. Il est vrai que Maurice de Saxe était un grand amateur de femmes et qu'il s'y connaissait en lingerie féminine. Il n'empêche . Ses indications sont très précises comme on va le juger : " Que Marie-Josèphe veuille bien apporter quelques pièces de toiles de Hollande ," fond satin et or dans le goût des étoffes des Indes et de Perse". Et il précise qu'il faudrait aller voir pour cela les Arméniens de Varsovie. Il serait bon aussi que Pepa ait une palatine " doublée de martre de zibeline comme on les porte en Russie qui sont larges et chaudes et font un bel ensemble avec un manchon assorti". Et puisque les " tours de robe et les corsets baleines ne sont nulle part mieux faits qu'à Dresde, il faudrait qu'elle en apportât pour servir de modèle " , et surtout , recommande le Maréchal , " que le tailleur ne fasse pas la jupe trop longue , cela donne un air gêné et rend les jupes trop courtes , ce qui n'est pas dans le goût du maître de ce pays-ci..."

Donc, Louis XV donnait son avis sur la façon de se vêtir...

En effet, c'est vraiment entrer dans des détails pointilleux !!!

Le père de Louis XVI avait donc selon Christian Petitfils" un certain penchant pour l'oraison, la méditation, les belles lettres mais aussi un goût prononcé pour la parade, les manœuvres militaires, les uniformes rutilants, bref, tout ce qui touchait au métier des armes. Dès son plus jeune âge assoiffé de gloire, il rêvait d'exploits guerriers tout comme son aïeul Louis XIV et en gardait comme une ardeur refoulée. En mai 1745 , avec la permission de son père , il parut à Fontenoy dans son bel habit rouge , le bâton de commandement à la main comme le représente un tableau de Natoire.

Quant à Marie-Josèphe de Saxe, le duc de Cröy avait développé une curieuse formule sur elle : " Marie-Josèphe était un joli laideron qui peut faire tourner la tête". Elle avait des difficultés avec la langue française. Elle ne la parlait pas bien mais elle la lisait bien. Comme le dit Christian Petitfils, " lors de son arrivée en France , sa nouvelle dame d'honneur , la duchesse de Brancas lui remit par inadvertance une lettre où la dauphin avouait que , quelque agrément que pût avoir sa nouvelle femme , elle ne lui ferait jamais oublier celle qu'il avait perdue ! Ce furent les premières larmes de Marie-Josèphe de Saxe en terre de France.

Monique de Huertas nous apprend que lors de la traversée des différends états allemands, Marie-Josèphe de Saxe est extrêmement bien reçue. Ainsi, lors de son passage à Francfort, les magistrats de la ville lui offrent une " toilette en argent". Il s'agit d'un petit meuble sur lequel on plaçait tout ce qui était nécessaire à la parure.

Le père de Louis XVI avait une personnalité très complexe. il ne faut pas oublier qu'il s'était retrouvé veuf à l'âge de 17 ans !
Christian Petitfils nous apprend qu'il aimait jouer au jeu du catafalque : " Le dauphin, ses sœurs et Marie-Josèphe de Saxe allaient s'enfermer dans l'ancienne chambre de l'épouse décédée et s'étendaient entourés de cierges allumés en répétant : " Nous sommes morts ! Nous sommes morts !
Pour apprivoiser son mari, Marie-Josèphe de Saxe prit le parti de tout supporter sans jamais laisser sourdre le moindre ressentiment".

Le père de Louis XVI avait une étonnante mémoire et il était fort peu discret. Monique de Huertas nous apprend qu'il ne faisait pas bon lui confier un secret. Il disait clairement à une femme qu'elle avait un amant. On ne peut être plus direct ! Cependant et c'est là qu'intervient toute la complexité du personnage , il semble ( toujours selon M. de Huertas ) que le dauphin cachait bien son jeu en réalité. Selon l'abbé Proyart, il s'applique à donner le change aux courtisans. Il ne faisait confiance en personne.

Vraiment , le dauphin était une personnalité très complexe, très difficile à saisir !

Je ne sais que peu de choses sur lui, si ce n'est qu'il n'appréciait guère voire pas du tout la marquise de Pompadour et qu'il a tout fait pour qu'elle parte de la cour

Absolument et comme il était fort dévot, il ne prisait guère la personne qui incitait son père au péché de chair...
Et Marie-Josèphe de Saxe devait louvoyer entre la marquise de Pompadour et son mari car au fond, elle lui devait beaucoup à la marquise car c'est elle qui a appuyé son mariage avec le dauphin.
Marie-Josèphe de Saxe n'était pas fondamentalement hostile à Madame de Pompadour mais elle devait faire attention à son attitude et à ses paroles pour ne pas froisser un camp plutôt qu'un autre.
C'était un dur métier que d'être dauphine de France. Dur , dur, le métier de princesse....

Oui, j'ai l'impression que beaucoup de princesses se sont retrouvées prises entre deux camps et qu'il leur a fallu gérer les deux :s:

.... ménager la chèvre et le chou pour aplanir les hostilités ... cela s'appelle la diplomatie, et suppose beaucoup de souplesse et de finesse ! Les femmes ont toujours servi (à merveille ) à arrondir les angles et empêcher les hommes obtus de se rentrer dans le lard !!!

Quoique Marie-Antoinette poussait souvent Louis XVI à être plus agressif, surtout quand l'Autriche y avait intérêt

Je dirais plutôt qu'elle était poussée à pousser .....

Oui, la position des Dauphines de France n'a guère été facile. Marie-Josèphe de Saxe tout comme Marie-Antoinette ont été mariées très jeunes, 15 ans pour l'une, 14 pour l'autre. Toutes deux ont dû dire adieu à leurs pays, leurs familles, leurs animaux, leurs dames de compagnies....
C'était un ticket aller sans possibilité de retour !
Et la Cour était là prête à les juger , à les critiquer , à guetter le moindre faux pas, le moindre impair. Elles devaient conquérir l'opinion publique et celle-ci regardait le comportement , l'attitude, les paroles , les vêtements de la princesse, enfin tout quoi !
On ne peut pas s'imaginer ce que c'est que le fardeau d'être princesse. C'est ce que disait la défunte Princesse de Galles, Lady Diana. C'est vrai qu'aujourd'hui s'ajoute la pression des médias et des paparazzi.