Lundi 1er novembre 1688
à Fontainebleau.
Le roi fit ses dévotions et toucha les malades, et sur les trois heures, étant au sermon, il apprit par un courrier de Monseigneur que Philipsbourg étoit rendu. M. d'Antin en doit apporter la nouvelle; et c'est par lui qu'on en apprendra toutes les particularités.
On sait seulement que le second bataillon du régiment du roi et le régiment d'Anjou attaquèrent, le 29, l'ouvrage couronné et l'emportèrent, après quoi le gouverneur fit battre la chamade.
Le roia dit qu'il feroit faire un fort à l'ouvrage couronné, après quoi la place seroit difficile à prendre.
Madame la Dauphine a demandé au roi si Monseigneur reviendroit bientôt. Le roi lui a répondu qu'il falloit auparavant que Monseigneur prît Manheim, mais que cela ne dureroit pas.
Le P. Gaillard, qui prêchoit, et dont le sermon a été interrompu par la nouvelle, en faisant son compliment au roi, y a fait entrer les louanges de Monseigneur et la prise de Philipsbourg fort pathétiquement et fort à propos
Cela a fort plu.
Il n'y a eu personne de considérable tué ni blessé à la prise de l'ouvrage couronné.
On n'a point eu aujourd'hui de nouvelles de Hollande.
On apprend la prise de Philipsbourg par Monseigneur le jour de sa naissance et dans le lieu où il est né, petites circonstances qui n'ont pas laissé de faire plaisir.
Le roi a donné au jeune Bussy une pension de 2,000 livres, et une abbaye à son frère. L'abbé Genest, qui est à M. du Maine, a eu aussi une petite abbaye; Saint-Vians, officier des gardes du corps, en a eu une aussi pour son frère; M. le contrôleur général a eu une abbaye de filles considérable dans Troyes pour sa sœur aînée.