Les filles mortes jeunes

On reconnaît bien la bonne bouille Habsbourg

Merci !

Merci pour ces deux portraits... j'ai enfin , même posthume, la jolie bouille de Marie Caroline ERNESTINE Antoinette Jeanne Josephe !!!!!! qui a le nom que la Reine donna à MARIE PHILIPPE LAMBRIQUET à son entrée au sein de la Famille !!!!! encore une belle trouvaille pour ce jour !!!!!

Marie Antoinette porte dans sa liste de prénoms - Marie Antoinette Jeanne Josephe Jeanne !!!!!! comme sa soeur décédée en 1741 !!!!!!! l'ordre change suivant certains documents officiels !!!!!

Bonne journée MARIE ANTOINETTE :

Un portrait de Marie-Josèphe par Anton Raphael Mengs, en 1767.



Un zoom du visage :

Merci pour ce magnifique portrait , chère Perséphone.

De rien Madame de Chimay !
Et voici un portrait de Jeanne-Gabrielle par Liotard en 1762...Elle n'est pas très belle sur ce portrait !

... un peu prognathe, en effet !

Merci pour ces portraits !

De rien !

Bonjour,

J'ai travaillé sur ce tableau commandé par l'impératrice Marie-Thérèse en 1765, et qui représente les trois filles qu'elle a perdu en très bas âge et que l'on nomme souvent Marie-Elisabeth (1737-1740), Marie-Caroline (1740-1741) et une seconde Marie-Caroline (1748) :



Mais en bas de ce tableau, on lit clairement le prénom des enfants : « Elisabetha, Carolina und Christina » (Elisabeth, Caroline et Christine) :



Les archiduchesses ayant chacune plusieurs prénoms, il semblerait que cette princesse ait reçu ceux de Marie Caroline Christine et qu’elle soit demeurée l’archiduchesse Christine pour la famille impériale, d’où l’inscription en bas du tableau. Ce prénom usuel de « Christine » est repris dans les ouvrages généalogiques allemands du XIXe siècle et quelques auteurs du XXe siècle évoquent également ce prénom qui aurait été donné à la petite archiduchesse : Georges Poull, Albert Vuaflart et ‎Henri Bourin. Ces deux derniers notent d’ailleurs, au sujet de la série de tableaux de famille commandée par l’impératrice en 1765 : « Un véritable souvenir religieux s’attache à cette œuvre, puisqu’elle offre jusqu’aux frêles effigies des trois archiduchesses mortes en bas âge, y compris celle de la petite Marie-Christine, qui naquit et mourut le 17 septembre 1748″ (extrait du livre "Les portraits de Marie-Antoinette : étude d’iconographie critique")
De nombreux historiens français utiliseraient donc, à tort, le prénom usuel de « Caroline » pour  désigner ce bébé dans les biographies consacrées à Marie-Thérèse d’Autriche et aux autres archiduchesses.

Avant la naissance de cette enfant, l’impératrice a déjà mis au monde une fille prénommée Marie-Christine (1742-1798). Mais usuellement, il semble que ce soit le prénom de « Marie » qui est donné à celle-ci dans la sphère familiale (elle est surnommée « Mimi » par ses proches). Dès lors, si l’archiduchesse née en 1742 a gardé le prénom usuel de Marie, il est tout a fait logique que l’enfant née en 1748 était destinée à être appelée Christine usuellement.

Au sommet de la toile, on aperçoit une tête de nourrisson abstraite, comme inachevée. Est-ce un ange qui accueille les archiduchesses ? Contrairement aux princesses et au chemin qu’elles empruntent, cette tête n’est pas illuminée, et sort à peine de derrière un nuage, comme si elle ne devait pas être remarquée. Or, un ange ne devrait-il pas être plongé dans la lumière divine ? Doit-on voir dans ce visage à peine ébauché l’ombre d’un autre enfant de l’impératrice, mort-né ? Marie-Thérèse accouche à intervalles réguliers – presque chaque année – et aucun de ces biographes ne fait mention d’une dix-septième grossesse, qui se serait soldée par un enfant mort-né ou par une fausse-couche.



Si aucune explication n’est donnée quant à la signification de ce quatrième personnage, on peut cependant en trouver une en se penchant sur les membres de la famille impériale, qui sont inhumés dans la Crypte dite « Marie-Thérèse » (où se trouvent les trois archiduchesses mortes en bas âge). En effet, à Vienne, la Crypte des Capucins est divisée en plusieurs parties, qui portent chacune le nom d’un empereur (ou impératrice). La sœur cadette de l’impératrice, Marie-Anne d’Autriche (1718-1744) – qui a épousé le frère de François-Etienne de Lorraine – a accouché avant terme une fille mort-née, en octobre 1744. L’enfant, qui n’a pas reçu de prénom, a été inhumée dans la Crypte Impériale, aux côtés des archiducs et archiduchesses. L’impératrice Marie-Thérèse a peut-être souhaité rendre un discret hommage à sa nièce, d’où les couleurs choisies pour la représenter. De plus, la princesse étant née à sept mois de grossesse, celle-ci n’avait pas l’apparence d’un bébé arrivé à terme, ce qui pourrait expliquer que son visage soit à peine dessiné, et que le reste de son corps soit invisible. Enfin, la nièce de l’impératrice n’ayant pas reçu le baptême, son identité ne pouvait être inscrite sur la pierre tombale, aux côtés des prénoms de ses trois cousines.

Si vous avez d'autres explications, je suis preneuse

Passionnant
J'ai dévoré vos explications Mais je ne peux pas vous aider vu qu'en archiduchesses j'ai des lacunes.

Je rejoins mon ami Globule, vos recherches sont passionnantes comme une enquête policière.

Moi non plus, je ne suis pas versé en histoire comme vous mais j'ai étudié la peinture et si je peux oser une petite suggestion; on dirait que les nourrissons sont présentés en descente chronologiquement. Donc le premier pourrait-il être un premier enfant mort-né ou une première fausse-couche à plusieurs mois de Marie-Thérèse ?

globule a écrit:

Passionnant
J'ai dévoré vos explications Mais je ne peux pas vous aider vu qu'en archiduchesses j'ai des lacunes.

Merci à vous

Quantum a écrit:

Je rejoins mon ami Globule, vos recherches sont passionnantes comme une enquête policière.

Moi non plus, je ne suis pas versé en histoire comme vous mais j'ai étudié la peinture et si je peux oser une petite suggestion; on dirait que les nourrissons sont présentés en descente chronologiquement. Donc le premier pourrait-il être un premier enfant mort-né ou une première fausse-couche à plusieurs mois de Marie-Thérèse ?

Effectivement, c'est un peu une enquête policière et j'aime beaucoup cela Pour vous répondre, les archiduchesses  sont représentées de la plus âgée à la plus jeune, en partant un bas du tableau.

L'aînée des enfants de Marie-Thérèse et de François-Etienne, Marie Elisabeth Amélie (1737-1740) est en bas du tableau.

Elle naît le 5 février 1737, un an après le mariage de ses parents (célébré le 12 février 1736). De ce fait, aucune fausse-couche ou naissance d'un enfant mort-né ne peut avoir lieu avant. D'ailleurs, on attend tellement un héritier que les contemporains n'auraient pas manqué d'écrire que l'impératrice était enceinte, même si une grossesse n'avait pas été jusqu'à son terme.



Sur le tableau, réalisé de nombreuses années après son décès, on retrouve chez Elisabeth la grâce avec laquelle elle était décrite de son vivant. L’enfant porte une guirlande de fleurs, qui peut symboliser sa pureté et son innocence, mais qui n’est pas sans rappeler les compositions florales qui accompagnent les défunts lors des funérailles.

Un peu plus haut sur le chemin, se trouve Marie Caroline Ernestine (1740-1741), la seconde fille du couple impérial à être décédée en bas âge :



Sur le tableau de l’atelier Van Meytens, Caroline est représentée adossée au nuage, comme si elle tentait de se tenir debout, en s’appuyant sur ses jambes : n’oublions pas que la petite fille meurt à l’âge où les enfants commencent à marcher. L’archiduchesse tient une couronne de fleurs – couronne mortuaire ? – dans sa main droite et tend, d’un regard vide, presque fantomatique, des œillets blancs à la troisième archiduchesse, juchée plus haut sur le nuage. Les œillets blancs sont souvent associés à la mort, symbolisant le deuil et l’amour éternel.

La plus jeune des trois archiduchesses, est la dernière à avoir disparu prématurément. Dixième enfant de l’impératrice, elle naît le 17 septembre 1748, et montre de suite des signes de faiblesse. Elle est baptisée dans l’urgence et décède le jour même :



L’archiduchesse Marie Caroline Christine est représentée en nouveau-né, assise sur le nuage, à peine drapée d’un tissu blanc, rappelant son innocence et sa pureté, comme les robes blanches de ses sœurs. Les traits de la princesse semblent être dédoublés par endroits : son pied gauche, le haut de son bras gauche, ainsi que le haut de sa tête… comme si l’âme de l’archiduchesse Christine quittait son corps. Sur le tableau cette princesse, à la très courte existence, reçoit de la part de sa sœur Caroline une petit bouquet d’œillets blancs, preuve qu’elle ne sera pas oubliée par sa famille.

Avec le prénom clairement identifiable de "Christina" sur la pierre tombale (et les ouvrages mentionnés précédemment qui donnent bien le prénom de Christine à l'enfant) je ne comprends pas pourquoi les biographes de l'impératrice Marie-Thérèse continuent d'en faire une seconde "Marie-Caroline" (Jean-Paul Bled, Elisabeth Badinter...). Dans certains sujets de ce forum ce prénom, visiblement erroné, est également donné à cette princesse morte juste après sa naissance.

L’hypothèse selon laquelle le quatrième visage ne représente pas un enfant de Marie-Thérèse est confortée par deux autres tableaux que l’impératrice fait réaliser de ses trois filles disparues prématurément. Dans ces deux compositions, seules les petites archiduchesses sont représentées : Marie-Thérèse d’Autriche n’a donc pas perdu un quatrième enfant au berceau. Le premier tableau est commandé en 1748, juste après la mort de l’archiduchesse Marie-Christine. Les trois archiduchesses sont représentées dans un nuage, s’élevant vers le ciel :



Martin Van Meytens a également représenté les archiduchesses Elisabeth, Caroline et Christine, montées au ciel, sur ce tableau ( sans doute peint entre 1749 et 1770):



Le visage tout en haut, discret et dans l'ombre, pourrait donc bien être celui de la nièce de l'impératrice, née avant terme et sans prénom, qui "attend/accueille" ses cousines...

Les historiens ont souvent évoqué le manque d’attention de l’impératrice pour ses plus jeunes enfants, dont  la  future reine de France, Marie-Antoinette. On observe ainsi que, si Marie-Thérèse est proche de ses neuf premiers enfants (nés entre 1737 et 1747), les rapports avec les suivants (nés entre 1750 et 1756) seront plus distants. Dans sa correspondance, l’impératrice évoque également ses aîné(e)s à de nombreuses reprises, à la différence des archiducs et archiduchesses nés à partir de 1750.  Entre ses deux « groupes » d’enfants , il y avait eu la naissance de la petite Christine (1748), que l’impératrice aurait souhaité être la dernière, comme elle l’écrivait alors : « Je serais assez contente de finir avec dix enfants, car je sens que cela m’affaiblit et me vieillit beaucoup ».

Ces visages d'enfants mortes font peur. Heureusement Marie-Antoinette mon Âme a survécu.

Adélaïs, je suis impressionnée par vos recherches et ravie de vous accueillir dans cet excellent forum.

Sunset Boulevard a écrit:

Adélaïs, je suis impressionnée par vos recherches et ravie de vous accueillir dans cet excellent forum.

Je vous remercie, c'est surtout que j'ai côté très "pointilleuse" sur les détails Pour ce tableau, je ne comprends pourquoi personne ne s'est intéressé à ce quatrième visage. J'entends encore Stéphane Bern dire, depuis la grande galerie du palais impérial de Innsbruck, " sur le haut du tableau, apparaît un 4e visage, qui suscite bien des interrogations : certains y voient la légende d'un enfant mort-né, et d'autres le symbole d'un ange" (Secrets d'Histoire, "Marie-Thérèse l'envahissante impératrice d'Autriche")





Or, Stéphane Bern ne nous dit pas qui sont ces personnes qui pensent à un enfant mort-né, qu'aucune source ne mentionne, alors que l' accouchement de septembre 1748 est connu de tous, même si la princesse meurt sitôt née.

Enfin, je ne comprends pas pourquoi tant d'historiens parlent d'une seconde "Marie-Caroline" (1748) alors que l'on voit nettement le prénom de "Christine" (Christina) en bas du tableau...

Vous avez raison, tout cela est très confus. Et ce visage de bébé mort-né me met très mal à l'aise.

Les choses sont encore plus confuses à Naples, les historiens ne s'entendent pas sur le nombre d'enfants qu'a eu Marie-Caroline.

Miss Lethaby a écrit:

Vous avez raison, tout cela est très confus. Et ce visage de bébé mort-né me met très mal à l'aise.

Entièrement d'accord avec vous, ce "visage", qui fait un peu "froid dans le dos" ne peut être celui d'un ange, d'où mon hypothèse qu'il représente un hommage discret à la fille prématurée et mort-née de Marie-Anne d'Autriche. Celle-ci était la seule sœur qui restait à l'impératrice Marie-Thérèse sur les quatre enfants nés de leurs parents. Sa disparition, suite à cette première grossesse, a beaucoup peiné Marie-Thérèse.

Charlotte a écrit:

Les choses sont encore plus confuses à Naples, les historiens ne s'entendent pas sur le nombre d'enfants qu'a eu Marie-Caroline.

Je ne sais pas si cette liste est la bonne, mais j'ai recensé ceux-ci, au nombre de 18,  pour Marie-Caroline (appelée Charlotte par sa famille autrichienne) :

01. Marie Thérèse (1772-1807)
02. Louise (1773-1802)
03. Charles (1775-1778) (né en janvier)
04. Marie Anne (1775-1780) (née en novembre)
05. François Ier (1777-1830)
06. Marie Christine Thérèse (1779-1849)
07. Marie Christine Amelie (1779-1783), jumelle de la précédente
08. Jean Charles (1780-1789)
09. Joseph Charles (1781-1783)
10. Marie Amelie (1782-1866)
11. une fille mort-née en 1783
12. Marie Antoinette (1784-1806)
13. Marie Clotilde (1786-1792)
14. Marie Henriette (1787-1792)
15. Charles (1788-1789)
16. Leopold (1790-1851)
17. Albert (1792-1798)
18. Marie Isabelle (1793-1801)

Merci pour cette liste. Elle correspond à mon propre recensement -
Cependant, dans des biographies réputées sérieuses, le nombre varie.

Charlotte a écrit:

Merci pour cette liste. Elle correspond à mon propre recensement -
Cependant, dans des biographies réputées sérieuses, le nombre varie.

Ce qui m'a frappé, c'est que Marie-Caroline et sa mère Marie-Thérèse ont toutes les deux eu un enfant mort juste après la naissance, pour leur 10e grossesse (1748 pour l'impératrice, 1783 pour sa fille).

Je vous partage ce tableau touchant, peint par Angelica Kauffmann (en 1783) et représentant Marie-Caroline avec son époux et leurs enfants :



Sur ce tableau sont présents tous les enfants encore en vie à la fin de l'année 1783. On note donc l'absence de Marie-Christine-Amélie et de Joseph-Charles, tous deux décédés de la variole en février 1783. A l'époque de la réalisation du tableau, la reine est enceinte et le peintre va faire apparaître le dernier-né dans le berceau (ou petite calèche). L'artiste avait anticipé la naissance. Avec la mort de la petite princesse, un voile est "jeté" sur le tableau par le peintre, pour dissimuler l'enfant perdu par le couple royal. Mais en regardant bien l'oeuvre, on peut encore voir le bébé recouvert :

Décidément, chère Adélaïs, vous avez l'oeil !

On distingue à peine ce bébé voilé entre les coussins. Le subterfuge utilisé par l'artiste pour immortaliser la présence de cet enfant pourtant disparu fait immanquablement penser à celui que trouvera quelques années plus tard Elisabeth Vigée Lebrun.
https://maria-antonia.forumactif.com/t1259p25-portrait-marie-antoinette-et-ses-enfants-par-elisabeth-louise-vigee-lebrun

Au plaisir de vous lire

pimprenelle a écrit:

Décidément, chère Adélaïs, vous avez l'oeil !

On distingue à peine ce bébé voilé entre les coussins. Le subterfuge utilisé par l'artiste pour immortaliser la présence de cet enfant pourtant disparu fait immanquablement penser à celui que trouvera quelques années plus tard Elisabeth Vigée Lebrun.
https://maria-antonia.forumactif.com/t1259p25-portrait-marie-antoinette-et-ses-enfants-par-elisabeth-louise-vigee-lebrun

Au plaisir de vous lire

Je viens de poster mon analyse de ce tableau dans le lien que m'avez communiqué

Sur le tableau de la comtesse d'Artois et de ses enfants (peint par Charles Leclercq en 1783), il manque également la dernière-née du futur Charles X,  la petite Mademoiselle d’Angoulême, qui meurt en juin 1783 à l'âge de 6 mois. Elle aurait dû être sur les genoux de sa mère. Si on ne distingue aucune trace du bébé sur la toile, on a néanmoins le sentiment que le peintre avait positionné la comtesse d'Artois en prévision d'installer un nourrisson sur ses genoux.