Le Boudoir de Marie-Antoinette

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 26 novembre 1715: A Vincennes

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yann sinclair

yann sinclair


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26 novembre 1715: A Vincennes Empty
MessageSujet: 26 novembre 1715: A Vincennes   26 novembre 1715: A Vincennes Icon_minitimeLun 26 Nov - 17:16

Mardi 26, à Vincennes.
— M. le duc d'Orléans vint ici l'après-dînée tenir le conseil de régence, et s'en retourna coucher à Paris.
—Le comte de Roucy, qui s'est fort plaint de M. de Saint-Simon*, a eu une audience sur cela de M. le duc d'Orléans, qui a exigé de lui qu'il ne parleroit plus de cette affaire; il y a bien des gens qui croient que M. de Saint-Simon n'a pas eu tout le tort qu'on a voulu lui donner dans le monde.
— On croyoit qu'on jugeroit aujourd'hui au conseil de régence l'affaire de M. de Courson, intendant de Guyenne, contre les habitants de Périgueux; l'affaire a déjà été vue au conseil du dedans du royaume.
— Madame de Lenoncourt, chanoinesse de Remiremont, a remis ses prébendes à madame son abbesse; elle est à Paris, et elle se marie à M. d'Olède, qui a plus de 20,000 écus de rente; il avoit épousé en premières noces une sœur de M. de Caumartin; c'est un mariage qui se fait par l'estime qu'il a pour madame de Lenoncourt.
* M. de Saint-Simon figuroit trop alors pour ne pas expliquer l'éclat qui arriva entre lui et le comte de Roucy; mais, pour le mieux entendre, il faut reprendre les choses de plus haut. La sœur bien aimée du maréchal de Lorges étoit la comtesse de Roye, mère du comte de Roucy, du comte de Rlansac, du marquis de Roye, du chevalier de Roye, connu, lors de son mariage à la fille de Pronde, sous le nom de M. de la Rochefoucauld, des abbesses de Saint-Pierre, de Reims et du Paraclet , de feu madame de Pontchartrain , mère de Maurepas, secrétaire d'État, et d'un autre fils et d'une autre fille demeurés protestants et passés en Angleterre avec elle, où, sans être mariés, ils se sont établis. On ne parle que de ceux qui vivent encore ou qui vivoient en ce temps-là, excepté madame de Pontchartrain. Ces neveux du maréchal de Lorges vivoient avec lui en tout sur le pied de ses enfants. M. de Saint-Simon les trouva ainsi en épousant la fille aînée du maréchal de Lorges. 11 a toujours vécu avec tout le respect et la plus intime tendresse avec lui et avec tout ce qui lui étoit cher, et continua depuis sa mort dans la même liaison la plus étroite avec ses neveux et avee leurs femmes; vivant dans les mêmes lieux, ils passoient leur vie ensemble. Roucy, par son jeu, par ses pertes, par un rustre qui passoit pour droiture et franchise, par sa bonne mine, la vigueur de son corps, sa dépense, sa familiarité avec le bas, s'étoit d'autant plus aisément concilié le monde, que personne ne craignoit son esprit, qui étoit nul, mais qui, à force de cour, de monde, d'ambition et de besoins avoit acquis du manége dont on avoit peine à se douter. Sa femme, dame du palais de la dernière Dauphine, et fille unique de la duchesse d'Arpajon, sœur de Beuvron, dame d'honneur de la première Dauphine, étoit encore plus empressée, s'il se peut, de crier que son mari; aigre et par là haïe, et sujette aux prises et aux querelles; une sorte d'esprit par l'usage de la cour, où elle étoit également rampante, et sur les monts; nécessiteuse et glorieuse à l'excès, et pleine d'ambition avec ce bonheur qu'elle s'imaginoit toujours un succès infaillible des chimères de fortune qu'elle se mettoit dans la tête ;le mari glorieux aussi infiniment, et tous deux dans le dernier servage de tout ministre et de toute faveur \$ic].
Le comte de Roucy s'étoitfort attaché à Monseigneur, duquel il étoit fort bien traité. Il avoit été admis des premiers dans l'entre-sol de Meudon; il y avoit fondé sa fortune pour l'avenir; il en avoit épousé les passions et le langage; et comme c'étoit un pays ennemi de M. le duc d'Orléans, et que Roucy vouloit plaire, il n'y avoit gardé aucune sorte de mesure dans les temps les plus calamiteux et depuis, à la totale différence de Biron, de la Vallière, de Sainte-Maure et de Dumont, qui surent demeurer parfaitement réservés là-dessus et ne pas déplaire. Tout se sait, et on peut juger que M. le duc d'Orléans, qui avoit tant d'intérêt de savoir ce qui se passoit là, ne l'ignora pas. Il y fut si sensible en bien et en mal, que ce fut presque la seule chose dont il se souvint avec sentiment toute sa vie et qu'il voulut marquer dans sa puissance. Le comte de Roucy, noyé dans le jeu et à la suite des princes et de ses plaisirs de Paris, étoit un homme avec qui on ne vivoit guère, mais avec qui pourtant Saint-Simon étoit en amitié. Pour sa femme, elle mangeoit sans cesse chez lui, et sans cesse il alloit les matins chez elle, et la duchesse de Saint-Simon dans la même intimité. L'aventure de la Marsaille ouvrit les yeux à bien des gens; peut-être n'y eut-il que faute de sens, mais cela même fut malheureux et rendit équivoque ce qui ne l'avoit pas été. Le comte de Roucy reçut d'abord une blessure qui se trouva après légère ; il fut aux équipages se faire panser, et y demeura pendant tout le reste de l'action. Vint en son temps la promotion: Chamillart étoit le tout-puissant, et en particulier le ministre de la guerre; quoique fort mal avec le duc de Lorges,son gendre, il étoit ami intime du duc de Saint-Simon. Le comte et la comtesse de Roucy avoient grand'peur. Ils employèrent Saint-Simon, qui par efforts sur Chamillart lui en Ht faire sur le roi, et pour le grade et pour le service. A la bataille de Hochstett, le malheur fut tel qu'il fit grand tort à des gens qui ne l'avoient pas mérité; le comte de Roucy s'y trouva tellement enveloppé, que cela réveilla le souvenir de la Marsaille, et fit un grand et triste bruit: ce fut encore pis de Blansac, qui se trouva dans le village de Blenheim et qui y eut l'étrange sort que chacun sait. Chamillart étoit encore le. même; les femmes
eurent recours à Saint-Simon, qui eut toutes les peines du monde à venir à bout de Chamillart, et qui par lui fit plus que ces épouses désolées n'en avoient osé espérer. De réciproque, ni M. de Saint-Simon ni M. de Roucy n'en étoient pas à portée; mais liaison, reconnoissance, intimité, jusqu'à l'époque dont il est maintenant question. La folie du comte et de la comtesse de Roucy étoit une compagnie des gardes du corps; quand on dit folie, on parle de leur portée, qui fait tout en ce genre, et non de la condition, qui y fait le moins, et on peut dire rien par le nombre de gens de même sorte. Être duc encore plus; et, pour dire la vérité, ils vouloient tous deux absolument l'un et l'autre [sic]. A la mort du maréchal de Lorges, ils espérèrent si bien l'un des deux, que la comtesse de Roucy y compta un soir pour le lendemain matin, et ne put se contenir de le dire; avec tant d'usage de cour, c'étoit peu connoître le roi, butté à n'avoir dans ces premières charges que des ducs et des maréchaux de France, comme on l'a vu toujours de son temps sans exception, et qui de quelque façon qu'il traitât les ducs à l'égard de ses enfants nuturels, étoit bien loin de croire que ce qu'il pouvoit donner de plus solidement grand dût être donné en consolation de quelque charge que ce fût. Harcourt, duc et pair et maréchal de France, cousin germain de la comtesse de Roucy, eut la charge du maréchal de Lorges sans s'en soucier. Il vouloit entrer dans le conseil, et n'avoit demandé la charge que par bienséance. Le roi mort, il s'en soucia encore moins: il aimoit le bien; il regardoit le roi majeur et grand dans un tel éloignement, qu'il le perdoit de vue; il aimoit mieux le prix de la charge que de la conserver à son fils. Il s'en ouvrit, et le comte de Roucy, qui le sut d'abord, lui en demanda la préférence. Question tout de suite de l'agrément. Il vint tout courant au duc de Saint-Simon, qui à l'heure même en fut parler à M. le duc d'Orléans. Au premier mot, ce prince, si doux et si indifférent, se hérissa, et tout à l'instant refusa. Saint-Simon, qui n'ignoroit pas le vieux levain de Meudon, mais qui étoit accoutumé à la débonnaireté parfaite de M. le duc d'Orléans pour tous ceux dont il avoit le plus eu lieu d'être mécontent, insista et si bien que la chose se tourna en dispute et un moment en aigreur. Si fallut-il bien céder au prince; mais Saint-Simon, résolu de revenir à la charge, parla d'autre chose. Après un assez long entretien, il fit une recharge; alors Meudon, la Marsaille, Hochstettet mille autres choses sortirent de la bouche du régent avec une impétuosité et une colère que Saint-Simon n'avoit jamais vue, dont la conclusion fut une défense de ne lui en plus parler, et un ordre de dire au comte de Roucy que le feu roi n'ayant mis dans ces charges là que des ducs et des maréchaux de France , il se garderoit bien de rien changer là-dessus; puis M. le duc d'Orléans entama d'autres propos. Pendant cette dernière partie de conversation, M. de Saint-Simon,
qui avoit vu qu'il n'y avoit plus à y revenir pour le comte de Roucy, pensa à son beau-frère, dont le père avoit eu la même compagnie. Sa conduite ne l'y portoit pas; M. de Saint-Simon même n'avoit pas eu lieu d'être content de lui ; mais, ne pouvant réussir pour Roucy,et n'y ayant jamais voulu penser pour lui-même, il parla pour le duc de Lorges,et tout aussitôt il l'obtint. Il falloit des arrangements pour payer qui pouvoient, par l'esprit des gens, avoir leur difficulté, et cette raison fit convenir M. le duc d'Orléans de tenir l'agrément secret. Jamais il n'entra dans l'esprit de M. de Saint-Simon que le comte de Roucy pût avoir le moindre soupçon de sa conduite. Il avoit une réputation de droiture etde franchise sur laquelle il croyoit pouvoit compter, et la façon dont il avoit toute sa vie servi le comte de Roucy et vécu avec lui ne lui avoit pas permis d'y faire aucune réflexion. Le lendemain matin il dit au comte de Roucy, qu'il étoit bien fâché de n'avoir pu réussir, qu'il y avoit fait tout ce qui avoit été en lui, toujours inutilement. Roucy, fort étonné et encore plus fâché, demanda la cause d'un malheur auquel il ne croyoit pas se devoir attendre, et à force d'insister et d'importuner. Saint-Simon, qui ne vouloit pas dire pis, lui allégua ce que M.le duc d'Orléans lui avoit prescrit. Là-dessus, Roucy donna l'essor à sa furie contre le régent et contre la prétendue nécessité d'être duc ou maréchal de France pour être capitaine des gardes; s'en va chez lui à sa femme, puis chez Harcourt, et les voilà aux hauts cris. Pour les aiguiser mieux, on ajouta à la réponse, que M. le duc d'Orléans, ne vouloit pas avilir ces charges en les donnant à des gens non titrés, et l'on peut juger de l'effet de ce propos', sitôt après l'éclat de cette salutation du roi inventée et mise à sus à M. de Saint-Simon par M. de Noailles. Le lendemain de tout ce bruit M. le due d'Orléans tourmenté à souper entre les bouteilles pour savoir qui seroit capitaine des gardes, ne put résister aux dames du repas, et le lâcha; ce fut la nouvelle du lendemain matin. Là-dessus les Roucy reprirent espérance qu'en éclatant contre le duc de Saint-Simon , il s'en trouveroit tellement intéressé, qu'il y mettroit toute sa faveur pour se tirer d'affaire en obtenant la charge pour le comte de Roucy; c'est au moins ce qui parut de leur conduite, car au sortir de la table la comtesse de Roucy vint chez M. de Saint-Simon en bémol lui dire le vacarme que faisoit cette nouvelle; qu'elle le connois- soit de trop longue main pour le soupçonner d'avoir promis à son mari de parler pour lui, et d'avoir seulement parlé pour le duc de Lorges, mais que le monde étoit si méchant et son mari si outré, qu'autant pour lui que pour l'autre elle le conjuroit de faire encore un effort. Saint-Simon lui dit que pour ce qui le regardoit, il ne craignoit point les soupçons; que s'il avoit voulu la charge pour lui ou pour son beau-frère, rien ne l'empêchoit de refuser au comte de Roucy de parier pour lui, et d'aller son chemin, à quoi lui ni personne n'auroit eu rien à dire; qu'il y avoit donc été rondement et nettement; qu'à la vérité, se voyant éconduit pour le comte de Roucy par deux fois et hors de toute espérance, la pensée lui étoit venue pour son beau-frère, sans aucune qu'il en pût naître aucun soupçon; mais que, pour couper court, il vouloit bien encore faire un effort de toutes ses forces, puisqu'il l'avoit fait d'abord, mais à deux conditions :la première, que ce seroit en présence du comte de Roucy, qui seroit témoin lui-même de ce qu'il diroit et de ce qui se passeroit; la seconde, que puisque le monde s'avisoit de soupçons, qu'il monteroit actuellement avec elle dans son carrosse et, sans la quitter, qu'il iroit avec elle prendre le comte de Roucy et le mèneroit tout de suite au Palais-Royal, où il lui répondoit que, quoi que fit M. le duc d'Orléans, il n'entrerait qu'avec lui et parleroit devant lui; que cela étoit net, sans moyen d'écrire ou de faire rien dire à M. le duc d'Orléans dans l'entre-deux, puisque d'entre-deux il n'y en auroit point, et que là M. de Roucy seroit témoin et juge, et bien en état de voir s'il y alloit bon jeu, bon argent, ou, par la surprise et les propos de M. le duc d'Orléans, si ce langage seroit autre que n'avoit été le premier. La comtesse de Roucy, également aise et surprise de la proposition l'accepta, et sur-le-champ montèrent tous deux dans son carrosse et allèrent chez elle. En chemin elle fit ses réflexions car avant d'entrer elle dit à Saint-Simon que son mari étoit si outré, qu'elle lui demandoit en grâce de la laisser entrer chez lui pour lui parler avant qu'il le vît, parce que son procédé étoit si bon qu'elle ne se consoleroit jamais qu'il fût mal reçu comme il pouvoit arriver d'un homme fâché. Dans la surprise, Saint-Simon y consentit à condition qu'elle le laissât en compagnie; en effet, elle l'y laissa dans une première pièce et entra où étoit son mari avec d'autre monde. Ils y tinrent conseil, et il fut long. La conclusion fut que la comtesse sortit et dit au duc qu'elle étoit outrée de douleur; qu'il connoissoit son mari et l'excès de son opiniâtreté, qu'il n'y avoit jamais eu moyen de le résoudre à le voir; que cela reviendroit, mais qu'elle le prioit d'aller au Palais-Royal et de faire encore tout son possible. Alors Saint-Simon sentit tout le manège. Us \ ouloient le forcer par l'éclat à en faire sa propre chose et à emporter de faveur la charge pour le Roucy, et s'il ne réussissoit pas, faire contre lu: tout l'éclat imaginable, et cet éclat ne se pouvoit plus si le Roucy étoit témoin comme le duc de Saint-Simon l'avoit mis pour condition. Aussi prit-il un autre ton dans sa réponse à la comtesse de Roucy; il lui dit qu'il n'eût pas imaginé qu'une proposition aussi nette et aussi décisive du fait que l'étoit celle qu'il lui avoit faite, et qui l'avoit amené chez elle pour l'exécuter, pût être susceptible de refus; qu'il estimoit au contraire qu'elle méritoit tout autre chose, et qu'il croyoit que tout le monde en penseroit ainsi et y verroit clair aux procédés; que pour cela même uniquement il la faisoit encore, et s'offroit de l'exécuter à l'instant, mais que si le refus persistoit, il entendroit bien ce que cela voudrait dire, dont il seroit fort étonné après une telle amitié de vingt ans. Elle voulut répondre souplement, mais Saint-Simon la pria de ne perdre point de temps et de retourner à son mari. Elle y rentra. Le parti étoit pris; elle y demeura peu, et revint dire les mêmes choses. Saint-Simon lui dit qu'après ce qu'il avoit fait, et après ce qu'il venoit de proposer et de commencer de sa part à exécuter en venant avec elle chez elle, il n'avoit plus aucun pas à faire qu'à prendre congé d'elle, fit la révérence à elle et à la compagnie, et s'en alla. Dès le même jour les cris redoublèrent. Le comte et la comtesse de Roucy, coururent les maisons, et eurent beau jeu, parce que Saint-Simon ne s'en remua pas. Trois ou quatre jours se passèrent de la sorte; à la fin M. et madame de Saint-Simon furent avertis de tant d'endroits du vacarme et des propos de M. et de madame de Roucy, qui retentissoient partout, que M. de Saint-Simon s'en alla au Palais-Royal; il trouva M. le duc d'Orléans avec M. le comte de Toulouse et madame la duchesse d'Orléans qui alloient dîner avec madame Sforce. Là, il dit à M. le duc d'Orléans ce dont il étoit averti, et ce qu'il ne pouvoit s'empêcher de faire, mais qu'il avoit voulu lui en rendre compte auparavant, pour n'être pas au moins blâmé après par quelque nouveau tour d'adresse; il ajouta, que puisqu'il trouvoit là M. le comte de Toulouse, il le prioit de lui vouloir bien dire à l'oreille la véritable raison de son refus au comte de Roucy. M. le duc d'Orléans le fit, et M. le comte de Toulouse vit encore mieux par là combien M. de Saint-Simon avoit été hors de portée de réussir. Tout de suite, comme M. de Saint-Simon voulut s'en aller, M. le duc d'Orléans le retint jusqu'à lui faire fermer les portes et envoya sur-le-champ chercher le comte de Roucy, fort en colère. Au bout de quelque temps, M. de Saint-Simon représenta si fortement à M. le duc d'Orléans et à M. le comte de Toulouse le peu de convenance qu'il y auroit qu'il se trouvât à la vesperie qui attendoit le comte de Roucy, et le danger même de quelque manque de respect en sa présence, que le régent permit au duc de s'en aller. Il rencontra sur le quai des Tuileries le comte de Roucy, qui alloit à toutes jambes au Palais-Royal. M. le duc d'Orléans lui parla en présence de madame la duchesse d'Orléans, qui dinoit, et de M. le comte de Toulouse, un langage qu'il n'avoit pas accoutumé, et dont le comte de Roucy demeura étrangement étourdi. Cela mit fin à ses propos; mais M. de Saint-Simon et lui ne se sont revus de leur vie, ni la comtesse de Roucy, madame de Saint-Simon; et la comtesse est morte de la sorte. Le comte de Roucy à la mort envoya prier madame de Saint-Simon de l'aller voir. 11 étoit veuf; cela se passa comme en ces terribles occasions, et il la chargea de mander toutes sortes de choses pour lui à son mari, qui étoiten Espagne. Les autres Roucy, ils les ont revus, et quelques-uns même en amitié, qui n'avoient jamais approuvé des procédés si étranges. Pour le duc de Lorges, médiocrement aise d'être capitaine des gardes, [il] prit pourtant ses arrangements, et tira tout ce qu'il put de sa mère, aux dépens de qui il appartiendroit. Il falloit encore une somme pour laquelle suffisoit sa petite maison de campagne de Livry; mais à la vendre il ne s'y put jamais résoudre, et il la préféra à être capitaine des gardes du corps. Il peut s'en être repenti depuis; mais pour son fils, c'est une étrange différence. On peut juger comme Saint-Simon fut content. M. d'Harcourt, n'ayant donc pu trouver son payement, se ravisa quelque temps après ou fut ravisé par sa famille, et la fin de tout cela fut que son fils eut sa charge, qu'il possède encore aujourd'hui. Tout ce détail fut si public alors et tellement l'histoire du jour que tout le monde la sut alors telle qu'elle vient d'être racontée.

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