yann sinclair
Nombre de messages : 26613 Age : 66 Localisation : Versailles Date d'inscription : 10/01/2016
| Sujet: 11 novembre 1715: Vincennes Sam 10 Nov - 16:41 | |
| Lundi 11, à Vincennes. M. de Vergagne est grand d'Espagne, et voici comme cela s'est fait: M. deSpinola, son beau-père, lui cédoit la grandesse par le contrat de mariage avec sa fille ainée, M. de Spinola n'ayant point de garçon, et n'ayant jamais pris possession de la grandesse. Le prince de Cellamare, ambassadeur d'Espagne ici, a été prié par toute la famille de M. de Vergagne d'en écrire au roi d'Espagne pour le supplier de lui permettre de jouir des honneurs que son beau-père lui avoitcédés par le contrat de mariage. Le roi d'Espagne a trouvé que cela étoit juste. M. le duc d'Orléans n'en avoit point voulu écrire au roi d'Espagne, mais il avoit témoigné à l'ambassadeur qu'il s'intéressoit fort à cette affaire. M. de Spinola ne sera plus grand, car les pères, quand ils ont pris possession de la grandesse, ne la peuvent plus céder à leurs enfants, et le père et le fils ne peuvent être grands par la même grandesse. Il n'y a eu que le maréchal de Tessé qui a obtenu cette grâce-là pour son fils, par une faveur toute particulière* * M. de Nevers n'avoit jamais été que duc à brevet ; sou fils ne pouvoit donc être duc , et fit ce mariage étranger pour la grandesse ; mais le feu roi, à qui il n'avoit jamais pris la peine de faire sa cour ni de servir, n'en voulut pas ouïr parler. M. le duc d'Orléans, dès sa première jeunesse, avoit eu de l'amitié pour M. de Mancini, qui depuis son mariage s'appeloit M. de Vergagne; la débauche l'avoit continuée. 11 étoit fils de la sœur de la duchesse de Sforce, et cette tante l'aimoit aussi tendrement que si c'eût été son fils, et en avoit toujours pris le même soin ; elle étoit de longue main la confidente unique de madame la duchesse d'Orléans, et M. le duc d'Orléans avoit delà considération pour elle. Ce fut ce qui fit l'affaire de M. de Vergagne, et qui dans la suite le fit encore duc et pair. Dangeau est mal informé sur les grandesses. Il est vrai que les grands ne se démettent point ; mais lorsqu'ils perdent leur grandesse, comme il arrive à un homme que sa femme a fait grand et qui devient veuf, son fils, ou, s'il n'en a point, sa fille, ou un héritier proche de sa femme, recueille la grandesse et devient grand de droit et sur-le-champ ; alors le mari conserve sa vie durant le rang, les honneurs et toutes les distinctions de la grandesse, mais qui finissent avec lui, et ne passeroient pas après lui aux enfants d'un second mariage. Ainsi M. Spinola n'a rien perdu ni pu perdre dans l'occasion dont il s'agit. _________________ 👑 👑 👑 ⚜ ⚜ |
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