Ils en parle dans L'Obs aussi.
Comment la France a aboli une première fois l'esclavageDéfinitivement adoptée en 1848, l'abolition de l'esclavage avait déjà été votée en février 1794 par Robespierre et les membres de la Convention.
A la fin du XVIIIe siècle, la France est l'un des pays en pointe dans ce qu'on appelle "la traite des Noirs". Louis XIII l'a autorisée en 1642. Louis XIV, son fils, l'a encouragée en 1672 en accordant une prime de treize livres par "tête de nègre" aux négriers privés. Le Roi-Soleil a aussi édicté en 1685 le fameux Code noir sur le statut des esclaves dans les colonies, désormais officialisés comme des "biens meubles", que l'on peut vendre ou échanger.
Les navires du commerce triangulaire partent des ports français (Nantes, Bordeaux, La Rochelle…), chargés d'armes, d'alcool et de bijoux, s'arrêtent en Afrique pour embarquer des esclaves et repartent vers les îles d'Amérique pour rapporter sucre, cacao, tabac et pierres précieuses sur le Vieux Continent. Le rythme est soutenu : environ 2.300 voyages au cours du seul XVIIIe siècle. Tout au long de la traite négrière, la France aurait ainsi embarqué entre 1,5 et 2 millions d'Africains à destination des Caraïbes.
L'Encyclopédie contre la traite des NoirsMais le XVIIIe siècle est aussi celui des Lumières et de la montée en puissance d'un mouvement abolitionniste des deux côtés de l'Atlantique. "l'Encyclopédie" de Diderot multiplie les textes satyriques sur l'esclavage, signés des plus célèbres philosophes de l'époque, Montesquieu, Rousseau ou encore Voltaire. En 1766, un article intitulé "Traite des Noirs" est publié sous la plume de Louis de Jaucourt, un des collaborateurs les plus prolifiques du "dictionnaire raisonné" :
- "Cet achat de nègres pour les réduire en esclavage est un négoce qui viole la morale, la religion, les lois naturelles, et tous les droits de la nature humaine."
Des organisations antiesclavagistes voient le jour. La Société des Amis des Noirs est créée en février 1788 par Jacques Pierre Brissot, qui deviendra chef de file des Girondins (avant d'être guillotiné en octobre 1793) et l'abbé Henri Grégoire, un prêtre catholique, farouche militant anti-esclavagiste, qui le restera jusqu'à sa mort en 1831. La première association abolitionniste française réclame l'égalité entre Blancs et Noirs libres dans les colonies, l'interdiction immédiate de la traite et celle progressive de l'esclavage, afin de ne pas nuire à l'économie des colonies.
Le débat s'anime. Sous le titre "Réflexions offertes à la Société des Amis des Noirs", François Xavier Lanthenas, médecin proche des Girondins, abolitionniste, écrit dans "les Annales patriotiques et littéraires de la France et affaires politiques de l'Europe" :
- "Ceux qui s'intéressent à l'abolition du commerce & de l'esclavage des Noirs, désiroient sans doute qu'on pût procurer, par des moyens qui répugnassent moins à l'humanité, les denrées que nous devons aux travaux & aux souffrances de ces pauvres malheureux. Parmi ces denrées, le sucre est celle qui est du besoin le plus indispensable.".
Dans les colonies, pas de droits de l'homme Le vent de la Révolution de 1789 va souffler peu à peu – et non sans résistances – sur la pratique de l'esclavage. Entre le 20 et 26 août, l'Assemblée constituante adopte la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, et son fameux premier article : "Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits".
La "Gazette nationale ou le Moniteur universel", lancée cette année-là et qui retranscrit fidèlement les débats des Assemblées, publie le projet:
"Mr de Mirabeau lit ensuite le projet de déclaration des droits du Comité. Il est conçu en ces termes : "Les représentants du peuple français, constitués en Assemblée nationale, considérant que l'ignorance, l'oubli ou le mépris des droits de l'homme sont l'unique cause des malheurs publics et de la corruption des gouvernements ont résolu de rétablir, dans une déclaration solennelle, les droits naturels, inaliénables et sacrés de l'homme… ".
Honoré-Gabriel Riqueti de Mirabeau, célèbre essayiste, diplomate et député du Tiers-Etat est un des membres fondateurs de la Société des Amis des Noirs. Il va déclarer :
- "Messieurs les colons, aujourd'hui, vous avez aboli l'esclavage dans nos colonies ! ".
Mais il se trompe. La Déclaration des droits de l'homme ne va pas s'y appliquer. Le club de l'Hôtel de Massiac, une société de riches colons de Saint-Domingue et des Petites Antilles, qui vient de se créer et qui comptera bientôt plus de 400 membres, va peser de tout son poids lors des débats à l'Assemblée. Elle veillera à retarder l'extension de l'égalité des droits hors de métropole.
Insurrections d'esclavesCe sont les révoltes d'esclaves et d'affranchis de l'autre côté de l'Atlantique qui feront pencher la balance en faveur des abolitionnistes. A l'été 1791, Saint-Domingue, un territoire français, composé aux neuf dixièmes d'esclaves, emmené par François-Dominique Toussaint Louverture, puis par Jean-Jacques Dessaline, tous deux émancipés, s'enflamme.
Le général haïtien Toussaint Louverture. (DR)La presse tente de savoir ce qui se passe. Les informations arrivent lentement, au compte-gouttes. Le "Journal général de la cour et de la ville", également créé sous la Révolution, écrit le 24 octobre, plusieurs semaines après le début de l'insurrection :
- "On a appris, hier, de Saint-Domingue, les nouvelles les plus désastreuses, mais dont on n'a pas encore tout le détail ; on porte à dix mille le nombre des morts de toutes couleurs ; on dit que quantité d'habitations ont été brûlées, leurs champs ravagés, etc. Enfin, on a vu un résultat du système philosophique incendiaire des prétendus amis des noirs ; aussi le roi en apprenant cette affreuse nouvelle, s'est-il écrié douloureusement : voilà donc les fruits de la mission de l'abbé Grégoire".
"Désastre colonial"Le mois suivant, la "Gazette nationale ou le Moniteur universel" commence très sérieusement à s'inquiéter. C'est que les colonies françaises, cernées par les appétits espagnols, britanniques et hollandais, sont menacées.
"Voilà encore une frégate anglaise ("la Daphné") qui a, dit-on, apporté un grand nombre de lettres confirmant l'insurrection des nègres à Saint-Domingue. Les Anglais, ajoute-t-on, craignent que l'esprit de révolte ne pénètre bientôt à la Jamaïque ; et leur gouvernement ne peut tarder à y envoyer des troupes. Rien d'officiel n'est encore parvenu à notre ministère. Les personnes les mieux informées de l'état de la colonie de Saint-Domingue, se permettent encore d'espérer que le mal n'est point si grand qu'on le sait, et peut-être même est-il de nature à ne pas mériter le nom de calamité publique.
- "Mais si le désastre colonial est tel qu'on le représente, les mêmes personnes pensent qu'il y a une mesure à prendre pour éviter la perte de nos colonies, et que cette mesure serait d'envoyer à la cour d'Angleterre un commissaire chargé de proposer au ministère britannique un acte solennel de garantie pour les possessions respectives des deux nations dans le nouveau monde."
Parmi les différentes lettres venues de Saint-Domingue, certaines rapportent que les nègres chantent des chansons sur la liberté, dont les refrains sont différents. Les jeunes chantent pour refrain : "Vive La Fayette [lieutenant-général dans la guerre d'indépendance des Américains, NDLR] et Grégoire", et les vieux fredonnent : "Vive Raynal et la victoire [historien et prêtre anti-esclavagiste, NDLR]".
Deux fois par mois, en partenariat avec RetroNews, le site de presse de la Bibliothèque nationale de France (BNF), "l'Obs" revient sur un épisode de l'histoire coloniale en Afrique raconté par les journaux français. Aujourd'hui, l'abolition -partielle et temporaire- de l'esclavage par les Révolutionnaires le 4 février 1794, il y a 225 ans, jour pour jour.
A la fin du XVIIIe siècle, la France est l'un des pays en pointe dans ce qu'on appelle "la traite des Noirs". Louis XIII l'a autorisée en 1642. Louis XIV, son fils, l'a encouragée en 1672 en accordant une prime de treize livres par "tête de nègre" aux négriers privés. Le Roi-Soleil a aussi édicté en 1685 le fameux Code noir sur le statut des esclaves dans les colonies, désormais officialisés comme des "biens meubles", que l'on peut vendre ou échanger.
Les navires du commerce triangulaire partent des ports français (Nantes, Bordeaux, La Rochelle…), chargés d'armes, d'alcool et de bijoux, s'arrêtent en Afrique pour embarquer des esclaves et repartent vers les îles d'Amérique pour rapporter sucre, cacao, tabac et pierres précieuses sur le Vieux Continent. Le rythme est soutenu : environ 2.300 voyages au cours du seul XVIIIe siècle. Tout au long de la traite négrière, la France aurait ainsi embarqué entre 1,5 et 2 millions d'Africains à destination des Caraïbes.
L'Encyclopédie contre la traite des Noirs
Mais le XVIIIe siècle est aussi celui des Lumières et de la montée en puissance d'un mouvement abolitionniste des deux côtés de l'Atlantique. "l'Encyclopédie" de Diderot multiplie les textes satyriques sur l'esclavage, signés des plus célèbres philosophes de l'époque, Montesquieu, Rousseau ou encore Voltaire. En 1766, un article intitulé "Traite des Noirs" est publié sous la plume de Louis de Jaucourt, un des collaborateurs les plus prolifiques du "dictionnaire raisonné" :
"Cet achat de nègres pour les réduire en esclavage est un négoce qui viole la morale, la religion, les lois naturelles, et tous les droits de la nature humaine."
Des organisations antiesclavagistes voient le jour. La Société des Amis des Noirs est créée en février 1788 par Jacques Pierre Brissot, qui deviendra chef de file des Girondins (avant d'être guillotiné en octobre 1793) et l'abbé Henri Grégoire, un prêtre catholique, farouche militant anti-esclavagiste, qui le restera jusqu'à sa mort en 1831. La première association abolitionniste française réclame l'égalité entre Blancs et Noirs libres dans les colonies, l'interdiction immédiate de la traite et celle progressive de l'esclavage, afin de ne pas nuire à l'économie des colonies.
Le débat s'anime. Sous le titre "Réflexions offertes à la Société des Amis des Noirs", François Xavier Lanthenas, médecin proche des Girondins, abolitionniste, écrit dans "les Annales patriotiques et littéraires de la France et affaires politiques de l'Europe" :
"Ceux qui s'intéressent à l'abolition du commerce & de l'esclavage des Noirs, désiroient sans doute qu'on pût procurer, par des moyens qui répugnassent moins à l'humanité, les denrées que nous devons aux travaux & aux souffrances de ces pauvres malheureux. Parmi ces denrées, le sucre est celle qui est du besoin le plus indispensable.".
Dans les colonies, pas de droits de l'homme
Le vent de la Révolution de 1789 va souffler peu à peu – et non sans résistances – sur la pratique de l'esclavage. Entre le 20 et 26 août, l'Assemblée constituante adopte la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, et son fameux premier article : "Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits".
La "Gazette nationale ou le Moniteur universel", lancée cette année-là et qui retranscrit fidèlement les débats des Assemblées, publie le projet:
"Mr de Mirabeau lit ensuite le projet de déclaration des droits du Comité. Il est conçu en ces termes : "Les représentants du peuple français, constitués en Assemblée nationale, considérant que l'ignorance, l'oubli ou le mépris des droits de l'homme sont l'unique cause des malheurs publics et de la corruption des gouvernements ont résolu de rétablir, dans une déclaration solennelle, les droits naturels, inaliénables et sacrés de l'homme… ".
Honoré-Gabriel Riqueti de Mirabeau, célèbre essayiste, diplomate et député du Tiers-Etat est un des membres fondateurs de la Société des Amis des Noirs. Il va déclarer :
"Messieurs les colons, aujourd'hui, vous avez aboli l'esclavage dans nos colonies ! ".
Mais il se trompe. La Déclaration des droits de l'homme ne va pas s'y appliquer. Le club de l'Hôtel de Massiac, une société de riches colons de Saint-Domingue et des Petites Antilles, qui vient de se créer et qui comptera bientôt plus de 400 membres, va peser de tout son poids lors des débats à l'Assemblée. Elle veillera à retarder l'extension de l'égalité des droits hors de métropole.
Insurrections d'esclaves
Ce sont les révoltes d'esclaves et d'affranchis de l'autre côté de l'Atlantique qui feront pencher la balance en faveur des abolitionnistes. A l'été 1791, Saint-Domingue, un territoire français, composé aux neuf dixièmes d'esclaves, emmené par François-Dominique Toussaint Louverture, puis par Jean-Jacques Dessaline, tous deux émancipés, s'enflamme.
Le général haïtien Toussaint Louverture. (DR)
La presse tente de savoir ce qui se passe. Les informations arrivent lentement, au compte-gouttes. Le "Journal général de la cour et de la ville", également créé sous la Révolution, écrit le 24 octobre, plusieurs semaines après le début de l'insurrection :
"On a appris, hier, de Saint-Domingue, les nouvelles les plus désastreuses, mais dont on n'a pas encore tout le détail ; on porte à dix mille le nombre des morts de toutes couleurs ; on dit que quantité d'habitations ont été brûlées, leurs champs ravagés, etc. Enfin, on a vu un résultat du système philosophique incendiaire des prétendus amis des noirs ; aussi le roi en apprenant cette affreuse nouvelle, s'est-il écrié douloureusement : voilà donc les fruits de la mission de l'abbé Grégoire".
"Désastre colonial"
Le mois suivant, la "Gazette nationale ou le Moniteur universel" commence très sérieusement à s'inquiéter. C'est que les colonies françaises, cernées par les appétits espagnols, britanniques et hollandais, sont menacées.
"Voilà encore une frégate anglaise ("la Daphné") qui a, dit-on, apporté un grand nombre de lettres confirmant l'insurrection des nègres à Saint-Domingue. Les Anglais, ajoute-t-on, craignent que l'esprit de révolte ne pénètre bientôt à la Jamaïque ; et leur gouvernement ne peut tarder à y envoyer des troupes. Rien d'officiel n'est encore parvenu à notre ministère. Les personnes les mieux informées de l'état de la colonie de Saint-Domingue, se permettent encore d'espérer que le mal n'est point si grand qu'on le sait, et peut-être même est-il de nature à ne pas mériter le nom de calamité publique.
"Mais si le désastre colonial est tel qu'on le représente, les mêmes personnes pensent qu'il y a une mesure à prendre pour éviter la perte de nos colonies, et que cette mesure serait d'envoyer à la cour d'Angleterre un commissaire chargé de proposer au ministère britannique un acte solennel de garantie pour les possessions respectives des deux nations dans le nouveau monde."
Parmi les différentes lettres venues de Saint-Domingue, certaines rapportent que les nègres chantent des chansons sur la liberté, dont les refrains sont différents. Les jeunes chantent pour refrain : "Vive La Fayette [lieutenant-général dans la guerre d'indépendance des Américains, NDLR] et Grégoire", et les vieux fredonnent : "Vive Raynal et la victoire [historien et prêtre anti-esclavagiste, NDLR]".
Il faut rétablir le calme et empêcher les esclaves de livrer l'île aux Anglais. Les deux commissaires civils de Saint-Domingue décident unilatéralement de s'appuyer sur la population noire en accordant la liberté à tous. L'objectif est d'en faire des soldats de la République et de renforcer ainsi les troupes françaises.
Le 29 août 1793, Léger-Félicité Sonthonax, promulgue donc l'abolition de l'esclavage dans la partie nord et ouest de l'île. Ou plus précisément il décide que, désormais, la Déclaration des droits de l'homme s'y appliquera. Le 21 septembre 1793, Etienne de Polverel fait de même dans le sud.
"Vous abolissez l'infâme commerce des hommes"Le premier décret d'abolition de l'esclavage dans les colonies françaises est voté par Robespierre et les membres de la Convention quelques mois plus tard, le 4 février 1794 (le 16 pluviôse de l'an II, dans le calendrier révolutionnaire). Le texte prévoit une abolition de l'esclavage dans les colonies françaises sans indemnisation des propriétaires. En fait, il avalise et généralise la décision unilatérale du commissaire au nord et à l'ouest de Saint-Domingue.
Le "Mercure universel", gazetier révolutionnaire fondé en 1791, retranscrit minutieusement les débats de la séance du 16 pluviôse dans son édition du lendemain :
"Levasseur s'écrie que le jour est enfin arrivé d'abolir l'esclavage pour tous les hommes, dans toute l'étendue du territoire de la république. Vous abolissez l'infâme commerce des hommes, ce n'est point assez, il faut consacrer ce grand jour en rendant aux noirs leur liberté (vifs applaudissements). La convention nationale décrète que l'esclavage est aboli dans toute l'étendue du territoire de la République ; en conséquence, tous les hommes sans distinction de couleur jouiront des droits de citoyens français. Quelques membres vouloient que le mot esclavage ne souillât point un décret de la convention, d'autant, disoient-ils, que la liberté est un droit de la nature. Grégoire insiste.
- "Il faut, dit-il, que le mot esclavage y soit inclus ; sans cela l'on prétendoit encore que vous avez voulu dire autre chose ; et vous voulez que tout esclavage disparoisse."
"Voilà, foutre, la véritable religion des patriotes"Le pamphlétaire Jacques-René Hébert, révolutionnaire radical, célèbre l'abolition dans sa version du journal "le Père Duchesne", quotidien au style familier, tiré chaque jour à plusieurs milliers d'exemplaires dès le début de la Révolution et qui met en scène un héros populaire, homme du peuple et dénonciateur des injustices :
"La Grande Joie du Père Duchesne : au sujet de la fête que les Sans-Culottes ont célébrée dans le temple de la raison, en réjouissance de l'abolition de l'esclavage des nègres [...].
- "Ah ! Quel beau jour, foutre, que celui où on a vu un brave africain et un mulâtre prendre séance à la convention. Un temps viendra, je l'espère, où tous les peuples de la terre, après avoir exterminé leurs tyrans, ne formeront qu'une seule famille de frères."
"Voilà, foutre, la véritable religion des patriotes. Voilà la foi des hommes libres."
"La Grande Joie du Père Duchesne" sera de courte durée pour Jacques-René Hébert. Il est guillotiné le mois suivant. Le "Journal des hommes libres de tous les pays" (sous-titré : le républicain), périodique révolutionnaire et montagnard, fondé en novembre 1792, se contente, lui, d'annoncer de façon beaucoup plus sobre et laconique la nouvelle en publiant un résumé, très court, de la séance :
- "L'esclavage est aboli dans les colonies. Les hommes de couleur sont admis à jouir du titre et du droit de citoyen français (à demain les détails de la séance)".
Décret caducMais, le décret du 4 février 1794 ne s'appliquera pas partout. Il l'est à Saint-Domingue, en Guyane et en Guadeloupe. Mais pas en Martinique et à Tobago, îles occupées par les Britanniques, ni à la Réunion et à l'Île-de-France (devenue l'île Maurice), en raison de l'opposition de l'administration locale.
Il sera rapidement caduc. En mai 1802, la paix d'Amiens, signée par les Français, les Anglais, les Espagnols et les Hollandais, permet à la France de récupérer la Martinique. Le premier consul Napoléon Bonaparte réintroduit des esclaves dans l'île ainsi restituée – où est née sa première épouse, Joséphine de Beauharnais, issue d'une famille de békés –, puis en Guadeloupe. L'esclavage ne sera finalement aboli et de manière définitive sur l'ensemble du territoire français qu'avec le décret du 27 avril 1848.
Nathalie Funès
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