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 04 février 1794: (16 pluviôse an II) La Convention abolit l'esclavage en France

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yann sinclair

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MessageSujet: 04 février 1794: (16 pluviôse an II) La Convention abolit l'esclavage en France   04 février 1794: (16 pluviôse an II) La Convention abolit l'esclavage en France Icon_minitimeLun 4 Fév - 15:38

(16 pluviôse an II)


Durant la Révolution française, la Convention abolit l'esclavage en France et dans ses colonies

(cf. abolition révolutionnaire en France)


https://fr.wikipedia.org/wiki/Abolition_de_l%27esclavage#L.27abolition_du_16_pluviose_an_II_.281794.29

04 février 1794: (16 pluviôse an II) La Convention abolit l'esclavage en France 16406710
La France abolit l'esclavage

La Convention abolit l’esclavage dans les colonies françaises.

En 1794, sous la pression des révolutions nègres à La Guadeloupe, et sous le Conseil des Commissaires envoyés par la Convention, celle-ci vota un décret abolissant l'esclavage.

Mais ces mesures furent de courte durée.

En effet, en 1802, Bonaparte rétablit l'esclavage et il fallut néanmoins attendre le 18 avril 1848 pour que l'esclavage soit vraiment aboli.


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yann sinclair

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MessageSujet: Re: 04 février 1794: (16 pluviôse an II) La Convention abolit l'esclavage en France   04 février 1794: (16 pluviôse an II) La Convention abolit l'esclavage en France Icon_minitimeLun 4 Fév - 15:41

madame antoine

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04 février 1794: (16 pluviôse an II) La Convention abolit l'esclavage en France EmptySujet: Re: 04 février 1794 (16 pluviôse an II):    04 février 1794: (16 pluviôse an II) La Convention abolit l'esclavage en France Icon_minitimeMar 6 Fév 2018 - 9:0004 février 1794: (16 pluviôse an II) La Convention abolit l'esclavage en France Icon_quote 04 février 1794: (16 pluviôse an II) La Convention abolit l'esclavage en France Icon_edit 04 février 1794: (16 pluviôse an II) La Convention abolit l'esclavage en France Icon_delete 04 février 1794: (16 pluviôse an II) La Convention abolit l'esclavage en France Icon_ip


Voici précisément un article consacré à cet événement.

Il y a 224 ans, l'esclavage était aboli une première fois

Célébration ce dimanche de la première abolition de l’esclavage en France, le 4 février 1794. Sous l’impulsion des insurgés haïtiens, il y a 224 ans, la Convention nationale avait procédé à un vote historique.

04 février 1794: (16 pluviôse an II) La Convention abolit l'esclavage en France Ob_ece10

2018-1794…
Il y a 224 ans, la France abolissait l’esclavage à l’issu d’un vote de la Convention obtenu de haute lutte par les Haïtiens pour toutes les terres françaises.

Tous les hommes sans distinction de couleur, domicilés dans les colonies, sont citoyens français et jouiront de tous les droits assurés par la constitution
Une première fois en France. Cinq ans après la Révolution française, la Convention décrete la fin de "l'esclavage des nègres dans les colonies."
Pour Luc Reinette, membre fondateur du Comité International des Peuples Noirs, il est important de se souvenir du combat de "nos frères haïtiens".


A écouter également : Luc Reinette, Abolition 4 février 1794.
https://la1ere.francetvinfo.fr/guadeloupe/il-y-224-ans-esclavage-etait-aboli-premiere-fois-556275.html

Bien à vous

madame antoine

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MessageSujet: Re: 04 février 1794: (16 pluviôse an II) La Convention abolit l'esclavage en France   04 février 1794: (16 pluviôse an II) La Convention abolit l'esclavage en France Icon_minitimeMar 5 Fév - 14:11

Ils en parle dans L'Obs aussi. 04 février 1794: (16 pluviôse an II) La Convention abolit l'esclavage en France 709648

Comment la France a aboli une première fois l'esclavage

Définitivement adoptée en 1848, l'abolition de l'esclavage avait déjà été votée en février 1794 par Robespierre et les membres de la Convention.

04 février 1794: (16 pluviôse an II) La Convention abolit l'esclavage en France 16722810

A la fin du XVIIIe siècle, la France est l'un des pays en pointe dans ce qu'on appelle "la traite des Noirs". Louis XIII l'a autorisée en 1642. Louis XIV, son fils, l'a encouragée en 1672 en accordant une prime de treize livres par "tête de nègre" aux négriers privés. Le Roi-Soleil a aussi édicté en 1685 le fameux Code noir sur le statut des esclaves dans les colonies, désormais officialisés comme des "biens meubles", que l'on peut vendre ou échanger.

Les navires du commerce triangulaire partent des ports français (Nantes, Bordeaux, La Rochelle…), chargés d'armes, d'alcool et de bijoux, s'arrêtent en Afrique pour embarquer des esclaves et repartent vers les îles d'Amérique pour rapporter sucre, cacao, tabac et pierres précieuses sur le Vieux Continent. Le rythme est soutenu : environ 2.300 voyages au cours du seul XVIIIe siècle. Tout au long de la traite négrière, la France aurait ainsi embarqué entre 1,5 et 2 millions d'Africains à destination des Caraïbes.

L'Encyclopédie contre la traite des Noirs

Mais le XVIIIe siècle est aussi celui des Lumières et de la montée en puissance d'un mouvement abolitionniste des deux côtés de l'Atlantique. "l'Encyclopédie" de Diderot multiplie les textes satyriques sur l'esclavage, signés des plus célèbres philosophes de l'époque, Montesquieu, Rousseau ou encore Voltaire. En 1766, un article intitulé "Traite des Noirs" est publié sous la plume de Louis de Jaucourt, un des collaborateurs les plus prolifiques du "dictionnaire raisonné" :

  • "Cet achat de nègres pour les réduire en esclavage est un négoce qui viole la morale, la religion, les lois naturelles, et tous les droits de la nature humaine."


Des organisations antiesclavagistes voient le jour. La Société des Amis des Noirs est créée en février 1788 par Jacques Pierre Brissot, qui deviendra chef de file des Girondins (avant d'être guillotiné en octobre 1793) et l'abbé Henri Grégoire, un prêtre catholique, farouche militant anti-esclavagiste, qui le restera jusqu'à sa mort en 1831. La première association abolitionniste française réclame l'égalité entre Blancs et Noirs libres dans les colonies, l'interdiction immédiate de la traite et celle progressive de l'esclavage, afin de ne pas nuire à l'économie des colonies.

Le débat s'anime. Sous le titre "Réflexions offertes à la Société des Amis des Noirs", François Xavier Lanthenas, médecin proche des Girondins, abolitionniste, écrit dans "les Annales patriotiques et littéraires de la France et affaires politiques de l'Europe" :

  • "Ceux qui s'intéressent à l'abolition du commerce & de l'esclavage des Noirs, désiroient sans doute qu'on pût procurer, par des moyens qui répugnassent moins à l'humanité, les denrées que nous devons aux travaux & aux souffrances de ces pauvres malheureux. Parmi ces denrées, le sucre est celle qui est du besoin le plus indispensable.".


Dans les colonies, pas de droits de l'homme

Le vent de la Révolution de 1789 va souffler peu à peu – et non sans résistances – sur la pratique de l'esclavage. Entre le 20 et 26 août, l'Assemblée constituante adopte la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, et son fameux premier article : "Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits".

La "Gazette nationale ou le Moniteur universel", lancée cette année-là et qui retranscrit fidèlement les débats des Assemblées, publie le projet:

"Mr de Mirabeau lit ensuite le projet de déclaration des droits du Comité. Il est conçu en ces termes : "Les représentants du peuple français, constitués en Assemblée nationale, considérant que l'ignorance, l'oubli ou le mépris des droits de l'homme sont l'unique cause des malheurs publics et de la corruption des gouvernements ont résolu de rétablir, dans une déclaration solennelle, les droits naturels, inaliénables et sacrés de l'homme… ".

Honoré-Gabriel Riqueti de Mirabeau, célèbre essayiste, diplomate et député du Tiers-Etat est un des membres fondateurs de la Société des Amis des Noirs. Il va déclarer :

  • "Messieurs les colons, aujourd'hui, vous avez aboli l'esclavage dans nos colonies ! ".


Mais il se trompe. La Déclaration des droits de l'homme ne va pas s'y appliquer. Le club de l'Hôtel de Massiac, une société de riches colons de Saint-Domingue et des Petites Antilles, qui vient de se créer et qui comptera bientôt plus de 400 membres, va peser de tout son poids lors des débats à l'Assemblée. Elle veillera à retarder l'extension de l'égalité des droits hors de métropole.

Insurrections d'esclaves

Ce sont les révoltes d'esclaves et d'affranchis de l'autre côté de l'Atlantique qui feront pencher la balance en faveur des abolitionnistes. A l'été 1791, Saint-Domingue, un territoire français, composé aux neuf dixièmes d'esclaves, emmené par François-Dominique Toussaint Louverture, puis par Jean-Jacques Dessaline, tous deux émancipés, s'enflamme.

04 février 1794: (16 pluviôse an II) La Convention abolit l'esclavage en France 16722811
Le général haïtien Toussaint Louverture. (DR)

La presse tente de savoir ce qui se passe. Les informations arrivent lentement, au compte-gouttes. Le "Journal général de la cour et de la ville", également créé sous la Révolution, écrit le 24 octobre, plusieurs semaines après le début de l'insurrection :

  • "On a appris, hier, de Saint-Domingue, les nouvelles les plus désastreuses, mais dont on n'a pas encore tout le détail ; on porte à dix mille le nombre des morts de toutes couleurs ; on dit que quantité d'habitations ont été brûlées, leurs champs ravagés, etc. Enfin, on a vu un résultat du système philosophique incendiaire des prétendus amis des noirs ; aussi le roi en apprenant cette affreuse nouvelle, s'est-il écrié douloureusement : voilà donc les fruits de la mission de l'abbé Grégoire".


"Désastre colonial"

Le mois suivant, la "Gazette nationale ou le Moniteur universel" commence très sérieusement à s'inquiéter. C'est que les colonies françaises, cernées par les appétits espagnols, britanniques et hollandais, sont menacées.

"Voilà encore une frégate anglaise ("la Daphné") qui a, dit-on, apporté un grand nombre de lettres confirmant l'insurrection des nègres à Saint-Domingue. Les Anglais, ajoute-t-on, craignent que l'esprit de révolte ne pénètre bientôt à la Jamaïque ; et leur gouvernement ne peut tarder à y envoyer des troupes. Rien d'officiel n'est encore parvenu à notre ministère. Les personnes les mieux informées de l'état de la colonie de Saint-Domingue, se permettent encore d'espérer que le mal n'est point si grand qu'on le sait, et peut-être même est-il de nature à ne pas mériter le nom de calamité publique.

  • "Mais si le désastre colonial est tel qu'on le représente, les mêmes personnes pensent qu'il y a une mesure à prendre pour éviter la perte de nos colonies, et que cette mesure serait d'envoyer à la cour d'Angleterre un commissaire chargé de proposer au ministère britannique un acte solennel de garantie pour les possessions respectives des deux nations dans le nouveau monde."


Parmi les différentes lettres venues de Saint-Domingue, certaines rapportent que les nègres chantent des chansons sur la liberté, dont les refrains sont différents. Les jeunes chantent pour refrain : "Vive La Fayette [lieutenant-général dans la guerre d'indépendance des Américains, NDLR] et Grégoire", et les vieux fredonnent : "Vive Raynal et la victoire [historien et prêtre anti-esclavagiste, NDLR]".

Deux fois par mois, en partenariat avec RetroNews, le site de presse de la Bibliothèque nationale de France (BNF), "l'Obs" revient sur un épisode de l'histoire coloniale en Afrique raconté par les journaux français. Aujourd'hui, l'abolition -partielle et temporaire- de l'esclavage par les Révolutionnaires le 4 février 1794, il y a 225 ans, jour pour jour.

A la fin du XVIIIe siècle, la France est l'un des pays en pointe dans ce qu'on appelle "la traite des Noirs". Louis XIII l'a autorisée en 1642. Louis XIV, son fils, l'a encouragée en 1672 en accordant une prime de treize livres par "tête de nègre" aux négriers privés. Le Roi-Soleil a aussi édicté en 1685 le fameux Code noir sur le statut des esclaves dans les colonies, désormais officialisés comme des "biens meubles", que l'on peut vendre ou échanger.

Les navires du commerce triangulaire partent des ports français (Nantes, Bordeaux, La Rochelle…), chargés d'armes, d'alcool et de bijoux, s'arrêtent en Afrique pour embarquer des esclaves et repartent vers les îles d'Amérique pour rapporter sucre, cacao, tabac et pierres précieuses sur le Vieux Continent. Le rythme est soutenu : environ 2.300 voyages au cours du seul XVIIIe siècle. Tout au long de la traite négrière, la France aurait ainsi embarqué entre 1,5 et 2 millions d'Africains à destination des Caraïbes.

L'Encyclopédie contre la traite des Noirs
Mais le XVIIIe siècle est aussi celui des Lumières et de la montée en puissance d'un mouvement abolitionniste des deux côtés de l'Atlantique. "l'Encyclopédie" de Diderot multiplie les textes satyriques sur l'esclavage, signés des plus célèbres philosophes de l'époque, Montesquieu, Rousseau ou encore Voltaire. En 1766, un article intitulé "Traite des Noirs" est publié sous la plume de Louis de Jaucourt, un des collaborateurs les plus prolifiques du "dictionnaire raisonné" :

"Cet achat de nègres pour les réduire en esclavage est un négoce qui viole la morale, la religion, les lois naturelles, et tous les droits de la nature humaine."
Des organisations antiesclavagistes voient le jour. La Société des Amis des Noirs est créée en février 1788 par Jacques Pierre Brissot, qui deviendra chef de file des Girondins (avant d'être guillotiné en octobre 1793) et l'abbé Henri Grégoire, un prêtre catholique, farouche militant anti-esclavagiste, qui le restera jusqu'à sa mort en 1831. La première association abolitionniste française réclame l'égalité entre Blancs et Noirs libres dans les colonies, l'interdiction immédiate de la traite et celle progressive de l'esclavage, afin de ne pas nuire à l'économie des colonies.

Le débat s'anime. Sous le titre "Réflexions offertes à la Société des Amis des Noirs", François Xavier Lanthenas, médecin proche des Girondins, abolitionniste, écrit dans "les Annales patriotiques et littéraires de la France et affaires politiques de l'Europe" :

"Ceux qui s'intéressent à l'abolition du commerce & de l'esclavage des Noirs, désiroient sans doute qu'on pût procurer, par des moyens qui répugnassent moins à l'humanité, les denrées que nous devons aux travaux & aux souffrances de ces pauvres malheureux. Parmi ces denrées, le sucre est celle qui est du besoin le plus indispensable.".

Dans les colonies, pas de droits de l'homme
Le vent de la Révolution de 1789 va souffler peu à peu – et non sans résistances – sur la pratique de l'esclavage. Entre le 20 et 26 août, l'Assemblée constituante adopte la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, et son fameux premier article : "Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits".

La "Gazette nationale ou le Moniteur universel", lancée cette année-là et qui retranscrit fidèlement les débats des Assemblées, publie le projet:

"Mr de Mirabeau lit ensuite le projet de déclaration des droits du Comité. Il est conçu en ces termes : "Les représentants du peuple français, constitués en Assemblée nationale, considérant que l'ignorance, l'oubli ou le mépris des droits de l'homme sont l'unique cause des malheurs publics et de la corruption des gouvernements ont résolu de rétablir, dans une déclaration solennelle, les droits naturels, inaliénables et sacrés de l'homme… ".




Honoré-Gabriel Riqueti de Mirabeau, célèbre essayiste, diplomate et député du Tiers-Etat est un des membres fondateurs de la Société des Amis des Noirs. Il va déclarer :

"Messieurs les colons, aujourd'hui, vous avez aboli l'esclavage dans nos colonies ! ".
Mais il se trompe. La Déclaration des droits de l'homme ne va pas s'y appliquer. Le club de l'Hôtel de Massiac, une société de riches colons de Saint-Domingue et des Petites Antilles, qui vient de se créer et qui comptera bientôt plus de 400 membres, va peser de tout son poids lors des débats à l'Assemblée. Elle veillera à retarder l'extension de l'égalité des droits hors de métropole.

Insurrections d'esclaves
Ce sont les révoltes d'esclaves et d'affranchis de l'autre côté de l'Atlantique qui feront pencher la balance en faveur des abolitionnistes. A l'été 1791, Saint-Domingue, un territoire français, composé aux neuf dixièmes d'esclaves, emmené par François-Dominique Toussaint Louverture, puis par Jean-Jacques Dessaline, tous deux émancipés, s'enflamme.

Le général haïtien Toussaint Louverture. (DR)

La presse tente de savoir ce qui se passe. Les informations arrivent lentement, au compte-gouttes. Le "Journal général de la cour et de la ville", également créé sous la Révolution, écrit le 24 octobre, plusieurs semaines après le début de l'insurrection :

"On a appris, hier, de Saint-Domingue, les nouvelles les plus désastreuses, mais dont on n'a pas encore tout le détail ; on porte à dix mille le nombre des morts de toutes couleurs ; on dit que quantité d'habitations ont été brûlées, leurs champs ravagés, etc. Enfin, on a vu un résultat du système philosophique incendiaire des prétendus amis des noirs ; aussi le roi en apprenant cette affreuse nouvelle, s'est-il écrié douloureusement : voilà donc les fruits de la mission de l'abbé Grégoire".


"Désastre colonial"
Le mois suivant, la "Gazette nationale ou le Moniteur universel" commence très sérieusement à s'inquiéter. C'est que les colonies françaises, cernées par les appétits espagnols, britanniques et hollandais, sont menacées.

"Voilà encore une frégate anglaise ("la Daphné") qui a, dit-on, apporté un grand nombre de lettres confirmant l'insurrection des nègres à Saint-Domingue. Les Anglais, ajoute-t-on, craignent que l'esprit de révolte ne pénètre bientôt à la Jamaïque ; et leur gouvernement ne peut tarder à y envoyer des troupes. Rien d'officiel n'est encore parvenu à notre ministère. Les personnes les mieux informées de l'état de la colonie de Saint-Domingue, se permettent encore d'espérer que le mal n'est point si grand qu'on le sait, et peut-être même est-il de nature à ne pas mériter le nom de calamité publique.

"Mais si le désastre colonial est tel qu'on le représente, les mêmes personnes pensent qu'il y a une mesure à prendre pour éviter la perte de nos colonies, et que cette mesure serait d'envoyer à la cour d'Angleterre un commissaire chargé de proposer au ministère britannique un acte solennel de garantie pour les possessions respectives des deux nations dans le nouveau monde."
Parmi les différentes lettres venues de Saint-Domingue, certaines rapportent que les nègres chantent des chansons sur la liberté, dont les refrains sont différents. Les jeunes chantent pour refrain : "Vive La Fayette [lieutenant-général dans la guerre d'indépendance des Américains, NDLR] et Grégoire", et les vieux fredonnent : "Vive Raynal et la victoire [historien et prêtre anti-esclavagiste, NDLR]".




Il faut rétablir le calme et empêcher les esclaves de livrer l'île aux Anglais. Les deux commissaires civils de Saint-Domingue décident unilatéralement de s'appuyer sur la population noire en accordant la liberté à tous. L'objectif est d'en faire des soldats de la République et de renforcer ainsi les troupes françaises.

Le 29 août 1793, Léger-Félicité Sonthonax, promulgue donc l'abolition de l'esclavage dans la partie nord et ouest de l'île. Ou plus précisément il décide que, désormais, la Déclaration des droits de l'homme s'y appliquera. Le 21 septembre 1793, Etienne de Polverel fait de même dans le sud.

"Vous abolissez l'infâme commerce des hommes"

Le premier décret d'abolition de l'esclavage dans les colonies françaises est voté par Robespierre et les membres de la Convention quelques mois plus tard, le 4 février 1794 (le 16 pluviôse de l'an II, dans le calendrier révolutionnaire). Le texte prévoit une abolition de l'esclavage dans les colonies françaises sans indemnisation des propriétaires. En fait, il avalise et généralise la décision unilatérale du commissaire au nord et à l'ouest de Saint-Domingue.

Le "Mercure universel", gazetier révolutionnaire fondé en 1791, retranscrit minutieusement les débats de la séance du 16 pluviôse dans son édition du lendemain :

"Levasseur s'écrie que le jour est enfin arrivé d'abolir l'esclavage pour tous les hommes, dans toute l'étendue du territoire de la république. Vous abolissez l'infâme commerce des hommes, ce n'est point assez, il faut consacrer ce grand jour en rendant aux noirs leur liberté (vifs applaudissements). La convention nationale décrète que l'esclavage est aboli dans toute l'étendue du territoire de la République ; en conséquence, tous les hommes sans distinction de couleur jouiront des droits de citoyens français. Quelques membres vouloient que le mot esclavage ne souillât point un décret de la convention, d'autant, disoient-ils, que la liberté est un droit de la nature. Grégoire insiste.

  • "Il faut, dit-il, que le mot esclavage y soit inclus ; sans cela l'on prétendoit encore que vous avez voulu dire autre chose ; et vous voulez que tout esclavage disparoisse."


"Voilà, foutre, la véritable religion des patriotes"

Le pamphlétaire Jacques-René Hébert, révolutionnaire radical, célèbre l'abolition dans sa version du journal "le Père Duchesne", quotidien au style familier, tiré chaque jour à plusieurs milliers d'exemplaires dès le début de la Révolution et qui met en scène un héros populaire, homme du peuple et dénonciateur des injustices :

"La Grande Joie du Père Duchesne : au sujet de la fête que les Sans-Culottes ont célébrée dans le temple de la raison, en réjouissance de l'abolition de l'esclavage des nègres [...].

  • "Ah ! Quel beau jour, foutre, que celui où on a vu un brave africain et un mulâtre prendre séance à la convention. Un temps viendra, je l'espère, où tous les peuples de la terre, après avoir exterminé leurs tyrans, ne formeront qu'une seule famille de frères."


"Voilà, foutre, la véritable religion des patriotes. Voilà la foi des hommes libres."

"La Grande Joie du Père Duchesne" sera de courte durée pour Jacques-René Hébert. Il est guillotiné le mois suivant. Le "Journal des hommes libres de tous les pays" (sous-titré : le républicain), périodique révolutionnaire et montagnard, fondé en novembre 1792, se contente, lui, d'annoncer de façon beaucoup plus sobre et laconique la nouvelle en publiant un résumé, très court, de la séance :

  • "L'esclavage est aboli dans les colonies. Les hommes de couleur sont admis à jouir du titre et du droit de citoyen français (à demain les détails de la séance)".


Décret caduc

Mais, le décret du 4 février 1794 ne s'appliquera pas partout. Il l'est à Saint-Domingue, en Guyane et en Guadeloupe. Mais pas en Martinique et à Tobago, îles occupées par les Britanniques, ni à la Réunion et à l'Île-de-France (devenue l'île Maurice), en raison de l'opposition de l'administration locale.

Il sera rapidement caduc. En mai 1802, la paix d'Amiens, signée par les Français, les Anglais, les Espagnols et les Hollandais, permet à la France de récupérer la Martinique. Le premier consul Napoléon Bonaparte réintroduit des esclaves dans l'île ainsi restituée – où est née sa première épouse, Joséphine de Beauharnais, issue d'une famille de békés –, puis en Guadeloupe. L'esclavage ne sera finalement aboli et de manière définitive sur l'ensemble du territoire français qu'avec le décret du 27 avril 1848.

Nathalie Funès
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04 février 1794: (16 pluviôse an II) La Convention abolit l'esclavage en France Empty
MessageSujet: Re: 04 février 1794: (16 pluviôse an II) La Convention abolit l'esclavage en France   04 février 1794: (16 pluviôse an II) La Convention abolit l'esclavage en France Icon_minitimeMar 13 Aoû - 8:21

Plusieurs tentatives d'abolition


  • Dans les années 1780, la colonie française de Saint-Domingue est considérée comme « l'usine à sucre » du monde, puisqu'elle s'est hissée au premier rang de la production mondiale. Elle concentre également la plus importante population d'esclaves d'Amérique : c'est le symbole du système esclavagiste poussé à son paroxysme, qui accompagne les circonstances politiques de la première abolition de l'esclavage par la France en 1794.


Soucieuse de la prospérité économique des Antilles, l'Assemblée constituante mise en place par la Révolution, va donner tous pouvoirs aux assemblées coloniales dominées par les grands propriétaires agricoles. Des rivalités liées aux profondes inégalités sociales se développent en raison de l'affaiblissement du pouvoir politique métropolitain, trop éloigné des réalités locales.

À Saint-Domingue, l'importance de la population servile et ses conditions d'exploitation sont à l'origine des troubles civils qui apparaissent dès 1790. On évalue le nombre d'esclaves à 500.000 personnes, pour 30.000 blancs et 50.000 mulâtres (hommes de couleur libres). Le décret du 15 mai 1791 reconnaissant la citoyenneté des « gens de couleur nés de pères et mères libres » entraîne l'île dans l'insurrection générale. La guerre civile fait 10.000 morts dont 2.000 blancs. Devant la ruine de Saint-Domingue et l'émigration des grands propriétaires terriens, l'Assemblée législative tente de réorganiser les colonies par le décret du 4 avril 1792, en envoyant des troupes pour rétablir l'ordre.

L’abolition de l’esclavage dans la colonie de Saint-Domingue

Le nouveau commissaire Sonthonax prend d'abord position pour le maintien de l'esclavage : la conviction générale demeure que seule une abolition progressive et préparée peut éviter l'anarchie. Les Anglais profitent de l'insurrection pour envahir Saint-Domingue : espérant rallier la population noire insurgée pour défendre l'île, Sonthonax proclame de sa propre autorité l'émancipation des esclaves, prononcée et publiée en créole et en français, le 29 août 1793. Il annonce en fait la publication de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, qu'il a adaptée aux colonies. Le commissaire de la République fait procéder à des élections et envoie trois députés élus auprès de la Convention nationale pour en obtenir le soutien.

04 février 1794: (16 pluviôse an II) La Convention abolit l'esclavage en France Dca10810
Portrait du commissaire Sonthonax, auteur inconnu, fin XVIIIe siècle. Musée du Peigne et de la Plasturgie, Oyonnax. :copyright: Wikimedia Commons, domaine public


Si les théories humanitaires des philosophes sont largement diffusées, notamment par la Société des amis des noirs à Paris, la jeune République française ne prend pas d'emblée position en faveur de l'abolition de l'esclavage. La Convention ne s'occupe pas des révoltes provoquées par le maintien de la traite : en juillet 1793, elle supprime simplement les primes prévues par la législation royale sur les cargaisons des navires négriers ; l'exploitation des ressources coloniales constitue un enjeu économique majeur. Les partisans des grands propriétaires antillais dissuadent la Convention nationale de toute mesure susceptible de déstabiliser la situation aux colonies.

La Convention vote le décret d'abolition

Les nouvelles des colonies ne parviennent à Paris qu'avec des délais de plusieurs semaines : la proclamation de l'abolition de l'esclavage à Saint-Domingue, le 29 août 1793, n'est connue qu'en octobre. Dans la capitale existe un courant favorable à la révolte armée des esclaves : l'arrivée de trois députés de Saint-Domingue, Jean-Baptiste Belley, Jean-Baptiste Mills et Louis-Pierre Dufay (noir, mulâtre et blanc), envoyés par Sonthonax, constitue un évènement spectaculaire et une source d'information pour la Convention. Grâce au récit des trois députés et leur volonté affichée de maintenir un lien entre métropole et colonie, confrontée à la guerre européenne et ne disposant pas de moyens armés supplémentaires, la Convention soutient Sonthonax en proclamant l'abolition de l'esclavage, de façon à mobiliser les populations des Antilles contre les Anglais.

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Décret d'abolition de l'esclavage dans les colonies françaises, 16 pluviôse an II
(4 février 1794). Archives départementales de Bordeaux. © Wikimedia Commons, domaine public



Le décret du 16 pluviôse an II (4 février 1794) abolit « l'esclavage des nègres » : il confère la qualité de citoyen français à tous les hommes domiciliés dans les colonies, sans distinction de couleur ; théoriquement cela signifie la fin de la traite. Le texte est voté à l'unanimité par acclamation : la République proclame  « la liberté universelle » selon Danton mais le décret d'abolition s'applique exclusivement aux noirs des colonies ; la métropole est exclue du territoire d'application du texte.

La guerre à Saint-Domingue

Durant l'hiver de l'An II, la République française aux prises avec la guerre, n'a fait qu'entériner la décision d'abolition prise par son représentant à Saint-Domingue. Aux Antilles, les Anglais s'emparent de la Martinique, Sainte-Lucie et la Guadeloupe au printemps 1794. Ils prennent ensuite pied à Saint-Domingue et occupent Port-au-Prince le 4 juin 1794. Face au débarquement anglais, le général Lavaux, gouverneur de l'île, s'appuie sur le décret d'abolition de l'esclavage et rallie un contingent de 4.000 soldats noirs sous le commandement de Toussaint Louverture. Cet apport est décisif dans la reprise en main de Saint-Domingue par les républicains. En mars 1796, le général Toussaint Louverture est nommé lieutenant-gouverneur de Saint-Domingue : il influence le corps électoral majoritairement formé de soldats noirs, pour faire élire Lavaux et Sonthonax comme députés.

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Portrait de Toussaint Louverture (1743-1803) réalisé par le comte Alexandre Louis de Girardin vers 1805. :copyright: Wikimedia Commons, domaine public


En juin 1799, une guerre civile entre sud et nord de Saint-Domingue, vue comme un conflit entre noirs représentés par Toussaint Louverture et mulâtres représentés par le général Rigaud, devient une véritable lutte pour le pouvoir et le contrôle du territoire entre les deux hommes. Cette guerre fratricide gagnée par Toussaint Louverture en juillet 1800, lui permet d'être nommé capitaine-général de Saint-Domingue par Bonaparte. Il est finalement arrêté en mai 1802, défait militairement par l'expédition du général Leclerc, envoyé par le Premier Consul qui juge Toussaint Louverture désormais trop dangereux pour sa politique de paix avec l'Espagne et l'Angleterre.

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« Moi libre », figure allégorique de l'abolition de l'esclavage aux colonies, imprimée à Paris en 1794. Bibliothèque nationale de France.
© gallica.bnf.fr, Bnf



  • Bilan de l’abolition de 1794
    Dans les colonies, le bilan de l'abolition est synonyme d'échec :

    -à Saint-Domingue, 10.000 blancs prennent le chemin de l'exil avec leurs esclaves pour aller s'installer dans les îles anglaises, au Vénézuela ou en Louisiane ;
    -en Guadeloupe reconquise aux Anglais, le nouveau commissaire Victor Hugues proclame l'abolition mais sans appliquer une véritable libération des esclaves qui doivent continuer à effectuer un travail « forcé » dans les plantations ;
    -la Martinique occupée par les Anglais de 1793 à 1802, demeure à l'écart du décret d'abolition de l'esclavage ;
    -aux Mascareignes où l'esclavage n'a jamais été vraiment contesté, le décret n'est envoyé qu'en 1796. Les colons se soulèvent contre les agents du Directoire lorsqu'ils arrivent dans l'île en juillet 1796 : l'abolition n'est pas appliquée.


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Loi du 20 mai 1802 (30 floréal an X) : rétablissement de l'esclavage par Bonaparte Premier Consul.
Archives nationales de l'outre-mer, cote FR ANOM 1COL1. © Wikimedia Commons, domaine public



Le 20 mai 1802, Bonaparte abroge le décret d'abolition de l'esclavage dans les colonies françaises de 1794 et impose par une guerre de reconquête coloniale, le rétablissement de l'esclavage dans toutes les colonies. Il échoue à Saint-Domingue où le corps expéditionnaire de 50.000 soldats est anéanti par les combats et les maladies. Les Français évacuent l'île qui se proclame république d'Haïti, le 1er janvier 1804. Cette « indépendance noire » au début du XIXe siècle constitue un événement exceptionnel !
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