globule Administrateur
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| Sujet: Le Japon au XVIIIe siècle Sam 2 Mar - 12:56 | |
| Pour mieux comprendre le Japon et les rapports qu'il entretenait (ou pas ) avec l'Occident, remontons un peu le temps.
- Depuis les découvertes portugaises du XVIe siècle, l'espace maritime asiatique constitue un monde fascinant pour les Européens car il leur ouvre les portes de l'Inde, de la Chine ou du Japon. Ils se retrouvent face à des civilisations maritimes à l'activité commerciale très ancienne, échappant complètement à « l'économie-monde » de l'Occident. Entre Europe et Asie, la voie maritime a joué un rôle déterminant à partir du moment où les navigateurs ont substitué aux routes traditionnelles terrestres, tracées par Marco Polo, et maritimes, avec le passage de la Mer Rouge utilisé par les marchands arabes, des voies autonomes contournant l'Afrique (Vasco de Gama en 1498) ou traversant le Pacifique (Galion de Manille reliant les Philippines espagnoles à la Nouvelle Espagne américaine dès 1564).
Le JaponAvec le Japon, la situation en matière de commerce est encore plus difficile pour les Européens qui arrivent dès la fin du XVIe siècle. Méfiants à l'égard de l'Occident, les Shoguns (gouverneurs généraux militaires) ferment le Japon à toute influence étrangère. Ils interdisent aux Japonais de se déplacer à l'étranger et expulsent les Européens, tolérant seulement des marchands hollandais sur l'îlot de Deshima, face à Nagasaki. Îlot de Deshima dans la baie de Nagasaki, par Thomas Salmon en 1725. Bibliothèque universitaire de Maastricht, Pays-BasLe christianisme est perçu comme une menace pour l'équilibre social, il est donc brutalement réprimé. Dans la région de Nagasaki, les paysans christianisés sont massacrés ou condamnés à la clandestinité. Après 1635 et l'introduction de lois isolationnistes, le négoce est à la fois monopole du Shogun qui en demeure seul bénéficiaire, et de la Compagnie Hollandaise des Indes Orientales qui est autorisée à envoyer depuis Batavia (actuelle Jakarta en Indonésie), deux navires marchands par année. Les armes, les livres, les monnaies sont interdites à l'importation par les Japonais jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. Les Hollandais sont autorisés à vendre des tissus, des objets manufacturés, des épices qui sont d'origine asiatique ; en retour, ils embarquent des soieries, de la porcelaine, des meubles laqués, du saké, du papier, autant de marchandises très appréciées en Europe dès le milieu du XVIIe siècle. À noter que les porcelaines du Japon et de Chine constituent un élément très important dans l'histoire du goût et des arts décoratifs européens aux XVIIe et XVIIIe siècles. Le premier Japonais en EuropeLe samouraï Hasekura Tsunenaga (1571-1622) est le premier officiel japonais envoyé en Amérique. Il dirige une ambassade vers la Nouvelle-Espagne, puis vers l'Europe, entre 1613 et 1620. L'objectif du voyage est de discuter d'arrangements commerciaux avec le roi d'Espagne, à Madrid, et de rencontrer le pape, à Rome. Il permet ainsi le premier contact connu entre Français et Japonais, au port de Saint-Tropez. L'ambassade de Hasekura arrive en Europe au moment où le Japon tente d'éradiquer le christianisme de son sol ; les monarques européens refusent donc les arrangements commerciaux proposés par le samouraï converti au catholicisme. Il rentre au Japon en 1620, son ambassade n'ayant obtenu aucun résultat pour un Japon en plein isolationnisme. Hasekura Tsunenaga à Rome en 1615, par Claude Deruet. Galerie Borghese, Romehttps://www.futura-sciences.com/sciences/ _________________ - Je ne vous jette pas la pierre, Pierre -
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