Je poste là ce message (et non pas dans la rubrique Ventes aux enchères) parce que je ne pense pas qu’un membre du Boudoir se propose d’enchérir, que ce meuble ne concerne pas directement la reine, et surtout parce que la note du catalogue est tout à fait intéressante (quoique nous ayons déjà abordé ce thème dans divers messages).
Bref, voici donc la bête...
A vendre, chez Sotheby’s, le 6 Avril prochain.
Estimation entre 1,500,00 et 2,500,000 euros.
On ne compte plus...
Un secrétaire en cabinet en placage de citronnier, sycomore et amarante, à plaques en porcelaine tendre de Sèvres et bonze doré d’époque Louis XVI. Vers 1778-1780, estampillé quatre dois A. WeisweilerJe vous préviens, ce qui va suivre est un peu long à lire.
Mais quand vous aurez le temps, et si cela vous intéresse...
LA NOTE DU CATALOGUELe mobilier à plaque de porcelaine de Sèvres a constamment bénéficié d'une place de premier plan chez les collectionneurs des arts décoratifs français du XVIIIe siècle qui le considèrent comme une expression parfaite du raffinement absolu en matière d'ameublement.
Les plus grands ébénistes, qu'il s'agisse de BVRB, RVLC, Carlin, Riesener et bien sûr de Weisweiler, ont réalisé des meubles extrêmement précieux le plus souvent sous la direction de marchands-merciers notamment Poirier et Daguerre qui bénéficiaient de relation exclusive avec la manufacture de Sèvres pour le commerce des plaques de porcelaine.
Le mobilier à plaques de porcelaine de Sèvres et l'implication des marchands-merciers Simon-Philippe Poirier et Dominique Daguerre.Simon-Philippe Poirier (vers 1720-1785) appartenait à la corporation des marchands-mercier depuis 1742. La même année, il se maria avec Marguerite-Madeleine Hécéguerre, fille du marchand-mercier parisien Michel Hécéguerre. Comme à l'habitude, les liens familiaux jouèrent un rôle considérable dans l'établissement de Poirier ; son oncle n'était autre que le grand marchand Thomas-Joachim Hébert et son fils François-Alexandre devint marchand d'étoffes. Il s'installa au centre névralgique du commerce du luxe au XVIIIe siècle, rue Saint-Honoré, à l'enseigne de la Couronne d'or, non loin des marchands Dulac et Bazin. Ses concurrents les plus actifs sont à l'époque les marchands Lazare Duvaux, Gersaint et Darnault et Julliot.
Définis par l'Encyclopédie comme « marchand de tout et faiseur de rien », cette catégorie de marchand, probablement la plus prestigieuse à Paris, devient au XVIIIe siècle l'interface absolument nécessaire entre le riche client et l'artisan de talent. Au delà de leur rôle de coordinateur, le marchand-mercier est aux premières lignes pour appréhender les changements de goût et dans un certain nombre de cas les orienter.
Leur puissance financière leur permet de commander ou importer les matériaux les plus précieux tels que les panneaux de laque, la porcelaine de Chine et dans le cas qui nous intéresse la très coûteuse porcelaine de Sèvres. Le marchand-mercier apparaît également comme un « découvreur de talents ». C'est Poirier qui fait appel à Carlin, l'année même de sa maîtrise.
De la même façon Daguerre confiera à Weisweiler la réalisation de meubles très ambitieux alors qu'il est à Paris depuis peu de temps. C'est exactement le cas pour le secrétaire de l'ancienne collection Gustave de Rothschild, exécuté vers 1778-1780.
Ces liens avec la manufacture de Sèvres ne sont plus à démontrer, Poirier apparaît comme l'un des principaux clients de la manufacture.
Entre décembre 1758 et décembre 1770, Poirier acheta pour 700.000 livres d'objets en porcelaine. La somme est absolument considérable si on la rapporte à l'ampleur de ce commerce. On sait par ailleurs que les marchands obtenaient un rabais d'environ 9% sur l'ensemble de leurs achats et revendaient visiblement aux mêmes tarifs que la manufacture, laquelle installe également à la même époque un magasin à Paris. Le simple négoce de porcelaine de Sèvres rapportait donc à Poirier environ la somme de 35.000 livres par an.
Assez rapidement, Poirier acquit une clientèle considérable.
Parmi les plus illustres, se trouvent évidemment le marquis de Marigny pour lequel il livre la fameuse commode de Joseph en 1766 (illustrée dans Th. Wolvesperges, Le meuble français en laque au XVIIIe siècle , Paris, 2000, p.198), le duc de Choiseul-Amboise qui possédait un guéridon à plateau de porcelaine à deux bras de lumière et pour lequel les Archives Nationale à Paris conservent une reconnaissance de dette envers Poirier pour la somme de 8000 livres.
De 1763 à 1768 Poirier fournit au comte de Coventry de nombreux meubles et objets d'art pour sa résidence de Croome Court en Angleterre.
Ces objets illustraient pour la plupart le « goût grec » en vogue à cette époque.
En 1772, Simon-Philippe Poirier s'associa avec son cousin Dominique Daguerre avant que ce dernier prenne en 1777 la direction complète des affaires. Poirier et Daguerre n'avaient pas l'exclusivité de l'achat de plaques à la manufacture de Sèvres mais entre 1760 et 1793, ils achetèrent l'un et l'autre environ 1700 plaques de porcelaine. Pendant la même période seulement environ 170 plaques étaient vendues aux autres marchands.
Poirier réalisait des meubles à plaques de porcelaine depuis le début des années 1760, sous la forme de petites séries de 10 ou 15 meubles qui différaient très peu les uns des autres à l'exception des couleurs des plaques. Citons à cet égard les tables en chiffonnière confiés à BVRB ou RVLC, les petites tables à gradin, les secrétaires en cabinet et les coffrets à bijoux.
Daguerre continua ce commerce lucratif en continuant à faire appel à Martin Carlin (1730-1785) mais en utilisant de plus en plus les services d'Adam Weisweiler (1744-1820) qui exécuta plusieurs meubles à plaques de porcelaine, la plupart du temps des exemplaires uniques, abandonnant ainsi le principe de la petite série. Daguerre s'associa ensuite successivement avec les marchands Francotais puis Lignereux.
Il livra pour Marie-Antoinette un certain nombre d'objet et c'est lui qui prit en dépôt sa collection d'objets en laque en octobre 1789.
La production de meubles à plaques de porcelaine se diversifie à cette époque qui voit la création de nombreuses petites plaques de modèles variés.
Cependant le nombre de plaques commandées et achetées à la manufacture de Sèvres semble décroitre à la fin des années 1770 et dans les années 1780 passant d'une moyenne annuelle de 100 plaques par an jusqu'en 1776, à une moyenne de quarante plaques après 1776. La mode pour ce type de meubles s'estompe et Daguerre se tourne progressivement vers l'Angleterre. Il compte à cette époque au nombre de ses clients le Prince de Galles, le duc de Northumberland, les Spencer à Althorp, Lord Kerry, Lord Malmesbury. Une vente aux enchères est même organisée à cette époque par Christie en mars 1791, les objets de la vente tous importés de Paris comme indiqué en tête du catalogue.
Précédent de quelques années notre meuble, la série des secrétaires en cabinet en constitue un précédent prestigieux.
L'un des premiers fut livré à madame Du Barry probablement au début des années 1770. Ce type de meuble semble effectivement particulièrement adapté au décor de porcelaine qu'il permet de présenter verticalement à la manière de la peinture. Avec le secrétaire de l'ancienne collection Rothschild, nous passons à une production moins standardisée dans laquelle certains meubles présentent des similitudes sans être parfaitement identiques. C'est le cas d'un ensemble de secrétaires en cabinet à étagères d'encoignures aux angles et tablette d'entretoise. On répertorie à cet égard deux secrétaires très intéressants provenant des collections impériales russes, lesquels sont aujourd'hui conservés, l'un au Metropolitan Museum of art de New York (collection Wrightsman, fig. 4), l'autre dans une collection particulière (vente Christie's New York, Art of France, 21 octobre 1997, lot 256, fig. 5). Le premier présente une structure similaire, le fond des étagères également décoré d'un quartefeuille et les pieds réunis par une tablette de marbre. Ce meuble, datable vers 1777 (une des plaque est datée 1776) a successivement appartenu à la chanteuse Marie-Joséphine Laguerre puis à la future impératrice Maria Feodoronvna.
Il est généralement attribué à juste titre à Martin Carlin. En effet sa datation rend difficilement envisageable (mais pas impossible) une attribution à Adam Weisweiler, reçu maître en 1778. Le second secrétaire est quant à lui estampillé de Weisweiler, réalisé vers 1780, les plaques non-datées. Ces deux secrétaires forment avec le secrétaire présenté un groupe cohérent, réalisé à la même période sous la direction de Daguerre, soit par Carlin, soit par Weisweiler.
A ces trois meubles s'ajoute celui de l'ancienne Galerie Ségoura, estampillé Weisweiler, et simplement marqueté.
La clientèle du mobilier à plaques de porcelaine au XVIIIe siècle et jusqu'à aujourd'huiLa clientèle du mobilier à plaques de porcelaine a été notamment examinée au travers de plusieurs études concernant chaque fois un personnage spécifique. Madame Du Barry possédait sans doute le plus bel ensemble de meubles à plaques de porcelaine.
Au nombre des chefs-d'œuvre se trouvait l'extraordinaire guéridon aujourd'hui conservé au musée du Louvre Réalisé en 1774 par Carlin, il incorpore la fameuse plaque peinte par Dodin d'après le Concert du Grand Sultan de Carle van Loo.
C'est également à Carlin que l'on doit la commode également ornée de scènes historiées sur la façade.
Parmi les meubles relevant de petites séries, précédemment évoquées, citons un secrétaire en cabinet et un bonheur du jour, tous les deux ornés de plaques à bordures vertes.Jean-Dominique Augarde s'est intéressé à l'étude des collections du comte de Cobenzl identifiant à cette occasion le bureau plat de Joseph de l'ancienne collection Rossignol.
Un extraordinaire ensemble de dessins vraisemblablement destiné à la présentation de meubles à plaques de porcelaine à des clients de Daguerre est aujourd'hui conservé au Metropolitan Museum of Art de New York.
Ce mode de commercialisation permet au marchand-mercier de présenter un choix de meuble à des clients étranger, il s'agit probablement en l'occurrence du prince et à la princesse de Saxe-Teschen au Palais de Laeken.
Au XIXe siècle, on observe une grande concentration de meubles à plaques de porcelaine dans les collections Rothschild, citons rapidement outre le secrétaire présenté ici, l'extraordinaire ensemble acquis par le Louvre il y a quelques années, provenant des collections du baron Edmond de Rothschild. Citons également le secrétaire à gradin et les tables de l'ancienne collection James de Rothschild à Waddesdon Manor, le coffret à bijoux de la reine Marie-Antoinette d'Alphonse de Rothschild ainsi que la commode de BVRB ayant appartenu à mademoiselle de Sens.
Au XXe siècle, ces meubles furent les fleurons des grandes collections américaines de l'après-guerre, ils firent pour la plupart l'objet de donation aux grands musées américains. Le Metropolitan Museum de New York ne compte pas moins d'une vingtaine de meubles en porcelaine répartis entre les collection Kress, Wrightsman et Linsky. Le musée Getty possède trois secrétaires, trois petites tables et une table-bureau.
Le système de production des meubles à plaques de porcelaine et le secrétaire de l'ancienne collection Gustave de RothschildLa date des plaques autant qu'elle puisse permettre de dater le meuble lui-même, aussi bien que le répertoire des bronzes évoqueraient plutôt la production de Carlin. La présence de l'estampille de Weisweiler est révélatrice du mode de production des meubles à plaques de porcelaine. Le personnage central était bien entendu le marchand-mercier, lequel confiait aux ébénistes le soin de la réalisation d'après ses dessins en leur fournissant la porcelaine et probablement également les bronzes dorés.
Probablement réalisé dans les années 1778-1780, au moment où Adam Weisweiler obtint sa maîtrise, ce secrétaire traduit plus vraisemblablement la volonté et le style de Dominique Daguerre. Le principe de la frise d'entrelacs, également repris dans les écoinçons qui encadrent les plaques de porcelaine se retrouve sur une commode à plaques vertes estampillée de Martin Carlin provenant également des anciennes collections Rothschild.
Les plaques de porcelaine :Les plaques de la ceinture présentent la même découpe que celles qui ornent les côtés des secrétaires à cylindre de Leleu dans leur partie inférieure, conçues pour suivre le contour exact du meuble. On connait deux exemplaires de secrétaires de ce type, l'un est conservé à la Huntington Gallery de Los Angeles vendu par le marchand Duveen en 1924, l'autre au musée du Louvre provenant de l'ancienne collection Hillingdon, dont les plaques à fond bleu sont identiques au secrétaire présenté. La plupart des plaques de ces deux meubles sont datées des années 1764 et 1767, 1768 ce qui permet de dater ces secrétaires des années 1768-1770. Il est très probable que Poirier ait envisagé de faire fabriquer un troisième secrétaire à cylindre et que le projet ait été abandonné, laissant inemployées quatre plaques de ce modèle. Demeurées dans le stock de Poirier, lui ou Daguerre décidèrent 10 ans plus tard de les remployer sur un nouveau meuble.
Ce mode de fonctionnement relevant essentiellement de l'optimisation d'un stock révèle les talents de gestionnaire de l'équipe Poirier-Daguerre.
On connaît un exemple comparable avec les bureaux plats de Joseph Baumhauer ornés de plaques de porcelaine dont un exemplaire provenant du comte de Cobenzl a récemment été vendu à Paris (ancienne collection Jean Rossignol, vente Artcurial le 13 décembre 2005, lot 122). Dans ce cas précis, il s'agissait de plaques curvilignes surnuméraires, datées 1763, correspondant à celles incrustées dans la façade de la commode de BVRB de mademoiselle de Sens. Une seconde commode avait peut-être été prévue et l'abandon du projet avait laissé de nombreuses plaques inemployées. Le talent de Poirier le conduisit alors à imaginer immédiatement des encadrements de bronze doré dont la taille permettait de masquer le contour des plaques.
Cette pratique illustre à merveilles les capacités d'adaptation des marchands-merciers et l'ingéniosité de Poirier en particulier.
Il est par ailleurs très intéressant de noter des similitudes parmi un certain nombre de meubles simultanément déclinés en laque et en porcelaine. Les mêmes principes président à la réalisation de ces deux types de meubles. Les mêmes contraintes et difficultés relatives à la fourniture des matériaux, au financement, à la connaissance des goûts d'une clientèle exigeante, à la commercialisation, au réseau d'artisans compétents, pèsent aussi bien sur la production de meubles en laques que sur la production de meubles à plaques de porcelaine. Il est donc parfaitement normal que leur fabrication et leur commercialisation relèvent des mêmes réseaux, ceux des marchands-merciers.
Alors que probablement seuls Poirier puis Daguerre ne s'occupèrent de meubles en porcelaine ; plusieurs autres marchands-mercier firent réaliser des meubles ornés de panneaux de laque de Chine ou du Japon.
Cependant, un certain nombre de meubles, par leurs similitudes de structure, ne peuvent qu'être rapprochés de l'association Poirier-Daguerre.
Parmi ces meubles, il est intéressant de noter qu'une table identique, les extrémités arrondies à tablier et les pieds fuselés, a été simultanément déclinée par Martin Carlin, aussi bien en laque du Japon et porcelaine de Sèvres ; un exemplaire en porcelaine aujourd'hui conservé au musée Getty, un exemplaire en laque au Victoria and Albert Museum.
On comprend ainsi beaucoup mieux les différences de datation d'une plaque à l'autre sur notre meuble. En effet, le décalage de dix ans entre la réalisation des grandes plaques ovales et les deux plaques contournées ornant la ceinture correspond très clairement sinon au remploi, du moins à une utilisation tardive de plaques demeurées dans le stock de Daguerre et achetées dix ans plus tôt. Ces plaques sont toutes les deux datées de 1768, tout comme un certaines nombre de plaques ayant pu être démontées sur le secrétaire à cylindre du musée du Louvre.
Le catalogue du Louvre ne précise cependant pas si les plaques correspondantes ont pu être déposées et examinées.
Un secrétaire similaire à plaques verte est aujourd'hui conservé dans la collection Huntington de los Angeles
Sur les vingt plaques composant le décor de ce secrétaire quinze portent la date de 1767, ce qui confirme une datation vers 1768-1770, soit dix ans avant la fabrication du secrétaire Rothschild.
Les deux grandes plaques ovales portent au revers l'étiquette originale de la manufacture royale de Sèvres imprimée avec le prix de 120 livres inscrit sur chacune d'entre elles.
L'examen des registres de ventes de la manufacture mentionne deux plaques achetées par Daguerre dans les six derniers mois de l'année 1778 pour 120 livres chaque.
Leur prix relativement élevé s'explique par leur taille et l'emploi du fond bleu céleste. Par comparaison, la plaque rectangulaire à fond bleu céleste du tiroir de la table livrée par Daguerre au duc Albert de Saxe-Teschen aujourd'hui conservée à la Huntington Library, également dorée par Vandé en 1778, a conservé son étiquette originale mentionnant le prix de 30 livres et les deux plaques rectangulaires arrondies sur un côté valaient 54 livres chacune.
Il n'y a pas de grandes différences stylistiques entre les plaques de la fin des années 1760 et celles de la fin des années 1770.
Les motifs en dorure formés d'un filet et d'un rang de perles est employé sans discontinuité pendant près de vingt ans, témoignant probablement ainsi de la volonté délibérée de garder un cadre simple qui s'allie parfaitement aux ornements en bronze doré, quelques soient leurs variations. A partir de milieu des années 1770, les bouquets apparaissent plus rarement détachés mais soit dans des corbeilles de fleurs retenues par des rubans, soit noués eux-mêmes par des rubans. Seules deux espèces sont représentées sur les plaques ovales datées de 1778 : les roses et les barbeaux (ou bleuets).
L'association de ces deux fleurs semble avoir séduit la Reine Marie-Antoinette qui, sur ses quatre services de table, en possédait deux décorés de roses et barbeaux, l'un et l'autre livrés en 1781.
Poirier et Daguerre interviennent directement auprès de la manufacture de Sèvres, donnant leurs instructions, sans doute sur le nombre, les formes et la décoration des plaques dont ils veulent se fournir. Une inscription manuscrite au revers d'une plaque sur une table de Martin Carlin le confirme : « Plaque qui appartient à M. Poirier pour en faire 19 pareilles ».
Les liens entre ces marchands et la manufacture sont par ailleurs confirmés : en 1969 et 1778, il est fait mention à la manufacture de Sèvres de vase ovale Poirier et vase buire Poirier ; un vase Daguerre apparait en septembre 1778, le vase à monter Daguerre est produit entre 1783 et 1786 et enfin plusieurs dessins de vases aujourd'hui encore conservés à la manufacture de Sèvres sont directement fournis par Daguerre au début des années 1780.
Marques et remarques.Ce secrétaire en cabinet, lorsqu'il est passé en vente en 1979 était présenté comme d'époque Louis-Philippe, vraisemblablement en raison d'éléments qui n'avaient pas été relevés à l'époque et pourtant bien présents sur lesquels il convient de revenir pour lever toute ambiguïté et conforter sa date de réalisation, vers 1778-1780 :
- L'estampille : le meuble est estampillé quatre fois A.WEISWEILER, deux fois sur les traverses du dessous du piétement et deux fois au dos. L'estampille, frappée légèrement à chaque fois est difficile à repérer.
- Marques sur les plaques de porcelaine de Sèvres : elles ont été détaillées (voir supra), chaque plaque ovale possède la marque aux L entrelacés. Sur la plaque n°2, la marque est très difficilement visible et la présence de l'inscription au crayon rouge Debrieux / juillet1833 a probablement conforté une erreur d’appréciation.
La plaque centrale de la ceinture a été rapportée à une date postérieure à la réalisation du meuble, il s'agit une plaque rectangulaire réalisée à Sèvres dans la seconde moitié des années 1780 avec un entourage vert, initialement destinée à être placée horizontalement ; l'une de ses extrémités a été retaillée en ovale afin d'être insérée dans le cartouche central. La présence d'un trou de fixation sur le bâti au centre du cartouche central peut laisser supposer que le décor d'origine à cet emplacement était un ornement de bronze doré comme on peut le voir sur la ceinture de certains meubles de Carlin ayant une découpe comparable.
-L'ébénisterie : sur la photographie du catalogue de vente de 1979, le secrétaire présente des entourages noirs autour des plaques de l'abattant. Ces encadrements en tôle peinte noire avaient été ajoutés postérieurement sur les bandes de placage de sycomore vraisemblablement dans le courant du XIXe siècle lorsque cette esthétique était à la mode. Après son acquisition lors de la vente publique de 1979, ce meuble a été confié à l'atelier de restauration Michel Jamet qui les a déposées pour restituer au meuble son apparence première.
Le panneau en bois blanc disposé sous le coffrage intérieur de la partie supérieure a été annoté au crayon ; des mentions en pouces et pieds y figurent ainsi qu'un profil de chapiteau.
-Les bronzes dorés : ils présentent leur dorure originale au mercure.
Pour les copyrights, je renvoie le tout au site de Sotheby’s : http://www.sothebys.com/app/live/lot/LotDetail.jsp?lot_id=159656439