L'apostasie, passible de la peine capitale, jusqu’au XVIIIe siècle

Mais d'abord, l'apostasie, qu'est-ce c'est ça ?  

Bonjour Larousse  

1. Abandon volontaire et public d'une religion, en particulier de la foi chrétienne.
   
2. Pour un prêtre ou un religieux, abandon de l'état sacerdotal ou de la vie religieuse sans avoir obtenu les dispenses canoniques.
   
3. Renonciation publique à une doctrine, à un parti.
   

Bon maintenant, on peut y aller et on verra qu'ils ne rigolaient pas avec ça.

Historien du droit et spécialiste du Moyen-Age, Nicolas Leroy, de l'université de Nîmes, remonte le temps et évoque la condition des apostats dans l'Histoire.

• A-t-on déjà assisté dans l’Histoire, à des vagues d’apostasie ?
  

Non, pas vraiment. Il faut comprendre que jusqu’au XVIIIe siècle, l’époque des Lumières, la société occidentale est très croyante, on ne conçoit pas l’athéisme. S’il y a le départ d’une religion, c’est une conversion. Et là, on parle plutôt d’hérésie. Cela peut être qualifié d’apostasie, si la nouvelle religion est non chrétienne. Ce qui est très rare, sur le sol français.

• Entre l’hérésie et l’apostasie, qu’est-ce qui était le plus grave ?
  

Du point de vue juridique pour l’église, c’est aussi grave : c’est la peine capitale. Mais du point de vue doctrinal, on considère que l’hérésie est un peu moins grave, car on reste chrétien et peut donc éventuellement revenir.

• Difficile de revenir quand on a été condamné à mort…
  

Attention, on parle de peine capitale, mais c’est très rarement appliqué. Il y a eu plusieurs vagues. Il y a eu la vague hérétique des Cathares au XIIIe siècle où là, il y a eu quelques exécutions, mais après, c’était très rare d’avoir des exécutions pour motif religieux. En Espagne, il y a eu pas mal d’exécutions d’hérétiques.

• Concernant l’apostasie, connaissez-vous d’autres cas concrets ?
  

Il y a dû en avoir en métropole, mais je n’en ai pas connaissance. C’est toutefois arrivé dans les États latins du Levant, conquis par les Francs lors des croisades à partir du XIe siècle, en Palestine, en Syrie, ou au Liban actuels. Là, il y a eu quelques cas de conversion. Donc d’apostasie au sens strict, des chrétiens qui deviennent musulmans.

• Peut-on vraiment parler d’apostasie aujourd’hui, étant donné que la foi n’est plus autant ancrée socialement ?
  

Oui, puisque "apostasie" signifie renoncer publiquement à sa foi, c’est ce qui se passe. Mais je ne suis pas sûr que le phénomène soit d’ampleur en France.

Par ailleurs, le terme d’apostasie a été rendu célèbre dans l’Antiquité par un empereur chrétien, qui a renoncé publiquement à sa foi pour revenir au paganisme ancien, ça a fait beaucoup parlé. Il est très célèbre dans l’histoire de l’Église, on l’appelle d’ailleurs Julien l’apostat.

propos recueillis par Morgane Masson
https://www.midilibre.fr/

Et beh c'est du sérieux, ça.