Wenzel Anton von Kaunitz

Wenzel Anton Dominique von Kaunitz-Rietberg est né à Vienne en 1711 et mort dans cette même ville en 1794. Comte, puis prince, il sera l'un des diplomates et des hommes politique les plus importants de l'Autriche des Lumières.

Il est connu pour la négociation de la paix d'Aix-la-Chapelle (1748), mais plus encore pour le rapprochement entre l'Autriche et la France, oeuvre de longue haleine à laquelle il travailla pendant son ambassade auprès de Louis XV (1750-1753).

Marie Thérèse le rappela alors à Vienne pour le nommer chancelier, un poste qu'il occupera jusqu'en 1792.

En 1770, l'alliance dont il s'était activement occupé avec Choiseul sera scellée par le mariage du dauphin Louis Auguste avec l'archiduchesse Maria Antonia.

Kaunitz fut l'homme de confiance de Marie Thérèse, puis de Joseph II. Ils partageaient des vues progressistes et tolérantes en matières de religion, mais le chancelier ne put empêcher l'empereur de se livrer à des mesures administratives regrettables.

Léopold II lui conserva sa charge, mais il fut démis en 1792 avec l'avènement de François II, non sans avoir juré à la malheureuse reine de France de la soutenir jusqu'à la mort.



Les grandes qualités généralement reconnues de cet homme n'empêche pas Fersen de brosser de lui un portrait vitriolé :

Chez Kaunitz, écrit le comte suédois lors de leur rencontre à Vienne en août 1791, homme très extraordinaire et affectant encore plus de l'être; sa perruque placée à deux doigts des sourcils, habit rouge, bourse, culottes noires, manchettes de bottes, bottes; car sa seule manie est de monter tous les jours au manège. Il distribue, en entrant, des coups de tête à tous ceux qui sont là et qui sont fort empressés à les recevoir. Il est très sourd, mais il a la prétention qu'on ne s'en aperçoive pas. Il n'aime pas les odeurs; il ne prend jamais l'air; quand il traverse la cour pour aller au mnnège, - c'est de 4 à 6 heures -, il tient son mouchoir devant la bouche, et, malgré la grande chaleur qu'il faisait, on ferma toutes les fenêtres. Il me dit des choses très flatteuses sur mes recommandations, et je lui remis la lettre du roi [de Suède], qu'il mit dans sa poche sans la lire. Au bout d'une demi heure, il vint me demander des détails sur le départ du Roi [de France]. Comme il y avait du monde, je fus très laconique, et il ne me poussa pas.

Ce petit passage m'a rappelé un détail dans l'ouvrage de Joël Félix (op. cit., p. 72). L'auteur y rapporte que Mercy était allergique aux odeurs. Etait-ce une phobie partagée par les deux diplomates autrichiens ? Ou une confusion se serait-elle glissée quelque part ?

Mercy allergique aux odeurs? ça ne me dit rien non plus Pim...:s:

Mais la correspondance entre ces deux hommes, souvent intermédiaires entre Marie-Antoinette et l'Impératrice, doit être des plus intéressantes...

Citation :

Mercy allergique aux odeurs? ça ne me dit rien non plus Pim...

La référence que donne Félix est cependant des plus sérieuse. Il s'agit d'un livre sur Mercy. Et il précise qu'il utilisait du papier à lettre parfumé de musc à renverser !

Bien sûr, on peut se dire que, des gens sensibles aux odeurs, au XVIIIe siècle, ça ne devait pas manquer. Déjà, paraît-il, celle du cheval était dominante, omniprésente. A cela s'ajoutaient celles des divers animaux, et des humains pas toujours très frais... des chaises percées, des systèmes d'évacuation rudimentaires...

... j'arrête... on va tous se sentir mal !

En même temps ils devaient être rodés sur ce point, par l'habitude...un peu comme nous avec nos pots d'échappement

Mais maintenant que tu le dis ça me revient...on a déjà du évoquer ce fait à propos de Mercy sur un forum...

Citation :

Mais maintenant que tu le dis ça me revient...on a déjà du évoquer ce fait à propos de Mercy sur un forum...

Moi, je ne l'avais jamais lu avant de le découvrir chez Joël Félix.

Citation :

En même temps ils devaient être rodés sur ce point, par l'habitude...un peu comme nous avec nos pots d'échappement

Oui, sans doute. Mais il était connu que Versailles puait. La conciergerie aussi, les prisonniers pissaient dans les coins. Et la pauvre Marie Antoinette demandait à Rosalie de faire brûler de l'encens quand le vide-chaises passait.

Comme quoi...

Le pauvre Jean-Louis Fargeon, avec son nez délicat et subtil, a dû en baver quand il a été emprisonné

D'apès le Prince de Ligne dans ses mémoires, le chancelier Kaunitz était d'une vanité à toute épreuve, et pour exemple :

"Pour donner une idée de l'originalité vaniteuse et sans exemple du prince de Kaunitz, sans cesse en galanterie vis-à-vis de lui-même, il dit un jour à un Russe que je lui présentais : "Je vous conseille d'acheter mon portrait, monsieur, parce que dans votre pays on sera bien aise de connaître la figure d'un des hommes les plus célèbres, le meilleur homme de cheval, le meilleur ministre gouvernant cette monarchie depuis cinquante ans, un homme qui sait tout, s'entend à tout"."

Vaniteux...c'est le moins que l'on puisse dire

Disons que, en matière de pub, on est souvent soi-même son meilleur agent.

Mais tout de même...il n'a honte de rien

Autre preuve de la trèèèèès grande vanité de Kaunitz selon le Prince de Ligne, dans ses mémoires :

"Le Prince de Kaunitz était accoutumé à entendre dire à Casanova : "Votre Altesse a raison!" comme par exemple, lorsque pour prouver qu'il n'y a pas d'égalité dans le monde, il lui disait : "Avez-vous autant de biens, de noblesse et de génie que moi? Donc nous ne sommes pas égaux." Cette assurance jamais contrariée fit, en ma présence, deux poltrons révoltés : Bourghause et Lucchesini."

Assez puant, comme raisonnement... :s: On ose espérer qu'il y ait un second degré.

Ben...Ligne n'en fait pas mention
Mais c'est véritablement hallucinant comme ce chancelier semblait imbu de lui-même

Voici un portrait de Kaunitz, de l'école française du XVIIIème siècle , provenant de la collection du Marquis de Pimodan :


Bien à vous.

Kaunitz n'aimait pas Marie Antoinette car en grand serviteur de l'Autriche qu'il était il déclara en quelque sorte qu'elle était "nulle" en politique... à entendre par là qu'elle n'était pas un bon agent au service de la Cour de Vienne et que son influence sur le roi Louis XVI était des plus réduites ... Il est vrai que Louis XVI a toujours déçu Vienne et le Chancelier en ne prenant pas part comme Vienne le souhaitait aux différents "conflits" autrichiens, brouilles diplomatiques... en cherchant des solutions pacifiques et donc en tenant à néant les volontés d'expansion de Joseph II...

L'autriche avait beau se prévaloir de l'alliance, Louis XVI et ses conseillers sauront toujours lire entre les lignes et trouver le moyen de ne pas enclencher l'escalade dans les conflits territoriaux...

Joli portrait!

On peut y voir en effet l'homme si sûr de lui qu'il a été selon le prince de Ligne

En effet, Monsieur de Castelnau, Kauntiz considérait Marie Antoinette comme un "mauvais payeur".

Le portrait que tu nous postes présente vraiment des points communs avec celui qui ouvre ce sujet, Majesté.

Monsieur de Castelnau a écrit:

Kaunitz n'aimait pas Marie Antoinette car en grand serviteur de l'Autriche qu'il était il déclara en quelque sorte qu'elle était "nulle" en politique...

Il aurait dû aller dire ça à Pimprenelle, Kaunitz, on aurait rigolé !

Elle lui aurait sûrement répondu dans sa langue préférée : Potmiljar manneke ! Kom eens zenne...

A ce n'est pas de moi mais des commissaires d'exposition et de chercheurs avec qui j'ai travaillé sur Marie Antoinette qui m'ont donné cette information en 2005

De toute façon, à écouter Kaunitz selon Ligne, il était le meilleur et de loin

Citation :

Potmiljar manneke ! Kom eens zenne...

Tu fais preuve d'un sens de l'imitation qui me laisse pantoise, Petit Normand ! Un vrai de vrai Flamoutch !

Citation :

A ce n'est pas de moi mais des commissaires d'exposition et de chercheurs avec qui j'ai travaillé sur Marie Antoinette qui m'ont donné cette information en 2005

C'est pas un scoop que Kaunitz et l'Auguste Maison considéraient Marie Antoinette comme une nullité politique !