« Lorsque je vous ai fait dire, Monsieur, que le temps que j’avais réglé pour votre ambassade était fini ; je vous ai fait marquer en même temps que je me réservais de vous accorder les grâces dont vous étiez susceptibles. Je rends justice à votre conduite, je vous accorde les honneurs du Louvre et la permission de porter le titre de duc. Je ne doute pas, Monsieur, que ces grâces ne servent à redoubler, s’il est possible, le zèle que je vous connais pour son service »
Louis
Louis XVI au comte de Guines
Portrait d’Adrien-Louis de Bonnières, comte de Souastre, duc de Guînes (1735-1801)
Adrien Louis de Bonnières
comte de Souastre
puis duc de Guînes (1776-1806)
Ordre du Saint-Esprit
Ordre de Saint-Louis
- Chevalier des Ordres du Roi (1er janvier 1784)
- Ordre royal et militaire de Saint-Louis (chevalier)
né à Lille le 13 avril 1735
mort le 21 décembre 1806 à l'âge de 71 ans
militaire et diplomate français du XVIIIe siècle
Lieutenant général
Commandement
Grenadiers de France
Gouvernement militaire
Gouverneur de l'Artois
Régiment de Navarre
Biographie
Adrien Louis de Bonnières appartient à la famille de Bonnières, qui assure des charges notables depuis le XIVe siècle, au service des rois de France ou des ducs de Bourgogne2,3.
Après une brève carrière militaire (il fut colonel des grenadiers de France1, puis commanda le régiment de Navarre en 1761) qui le conduit, en 1762, au grade de brigadier des armées du Roi1, Adrien Louis de Bonnières entre dans la diplomatie. Protégé par la Reine, les Choiseul et les Noailles, ami de Frédéric II de Prusse, qui lui avait rendu visite en 1766, il est nommé ambassadeur à Berlin en 1768. Mais à peine est-il arrivé qu'il tombe en disgrâce, si bien qu'il faut le rappeler en novembre 1769. Promu maréchal de camp en 17701, il est nommé ambassadeur à Londres en 1770. Il reste à ce poste jusqu'en 17764. Il y reçoit le surnom de « Guînes le magnifique » en opposition à « Châtelet le chicaneur », « Guerchy le contrebandier » et « Durand le négociateur »5.
Courtisan accompli, il chante et joue fort bien de la flûte. Pour lui et pour sa fille, harpiste, Mozart composera, en 1778, le concerto pour flûte, harpe et orchestre (KV299). Ses aptitudes à la cour lui valent de nombreux succès : « C’était une très vivante gazette animée », selon M. de Genlis, en séjour avec lui chez le prince de Conti en 1766 : « toute sa réputation d’esprit tient à une façon d’espionnage de toutes les petites choses ridicules et de mauvais ton, qu’il conte en peu de mots d’une manière plaisante »6.
Lors de son ambassade à Londres éclate le scandale ou « affaire de Guînes ». Le 20 avril 1771, le comte demande au ministre qu'on poursuive son secrétaire, Barthélémy Tort de la Sonde, qu'il accuse d'avoir utilisé son nom pour spéculer sur les fonds publics et escroquer plusieurs banquiers parisiens. Tort est arrêté et, pour se défendre, accuse l'ambassadeur ; il affirme avoir agi pour le compte de celui-ci et sur ses instructions. Le duc d'Aiguillon, nommé Secrétaire d'État des Affaires étrangères le 6 juin 1771, prend le parti de Tort tandis que Marie-Antoinette soutient Guînes. Ce dernier est finalement disculpé par une commission spéciale de conseillers d'État nommée par le Roi, mais seulement par sept voix contre six. L'affaire devait laisser des traces: elle fut l'une des raisons du renvoi de d'Aiguillon et de la vindicte de Marie-Antoinette à son égard.
Le Roi et la Reine continuent de marquer à Guînes la plus grande faveur. À son retour de Londres, il est fait duc de Guînes (brevet de 17761). Une de ses filles, Marie Louise Philippine († 1796), épouse, en 1778, Charles de La Croix de Castries. Lorsque ce dernier est fait duc de Castries à brevet en 1784, il obtient du roi la promesse de réversion du duché de Guînes, promesse qui ne pourra se réaliser puisque le duc de Guînes mourra sous l'Empire. À Paris, le duc de Guînes loue au marquis de Castries, père de son gendre, à partir de 1778, le petit hôtel de Castries, qui se trouvait à l'emplacement de l'actuel n° 76 rue de Varenne (V. Hôtel de Castries)
Guînes est fait chevalier de l'Ordre du Saint-Esprit le 1er janvier 1784. Il est nommé au deuxième bureau de l'Assemblée des notables. Il est fait lieutenant général, et le maréchal de Ségur le nomme au conseil de la guerre en 1787. Il est nommé gouverneur de l'Artois en 1788. Il se lance alors dans une expérience de société minière.
Émigré en Angleterre sous la Révolution, il revient en France sous le Consulat. Il y meurt en 1806.
Outre Marie Louise Philippine, Adrien Louis de Bonnières avait une seconde fille, Marie Louise Charlotte7 († 2 avril 1792), chanoinesse-comtesse de Remiremont, mariée en 1782 avec Charles Philibert Gabriel Le Clerc de Juigné (1762-1819).