09 mai 1794: Madame Elisabeth

Il pleut




Une pluie de printemps lourde qui tambourine sur les abats-jour des fenêtres




Élisabeth a-t-elle ouvert la croisée afin de respirer les parfums qui montent du jardin?




A Montreuil, les baies étaient plus souvent ouvertes que fermées pour jouir pleinement de la nature




Élisabeth et Marie-Thérèse, le souper terminé, ont profité d'un restant du jour pour faire la lecture à haute voix




Puis, après avoir vérifié si la porte est bien verrouillée, elles commencent à s'apprêter pour la nuit




Soudain, l'aînée de deux princesses tressaille en entendant de lourds verrous grincer et aussitôt après la double porte, qui les sépare de l'antichambre où veille en permanence un garde, retentit sous les coups, fortement frappés




-Un instant, je vous prie, fait-elle, je passe ma robe




Au bout d'un moment, comme la porte ne s'ouvre pas, les coups reprennent




-Ce n'est pas si long, diantre!




Sans se hâter, la princesse achève de se vêtir soigneusement avant d'aller entrebâiller la porte




-Aie du courage, murmure à nouveau la princesse à sa nièce tout en se coiffant peut-être du léger bonnet de gaze et de linon qui vient de lui être livré par la citoyenne Clouet




Espère toujours en Dieu




Ne manque pas aux dernières recommandations de tes parents




Élisabeth l'embrasse encore une fois comme si elle se doutait que cette caresse ne se renouvellerait plus jamais




Elle lui sourit avec tendresse, de son bon et chaud sourire, qui essayait de transmettre un peu de la force qui était en elle et "sort avec ces diables...qui l'accablaient d'injures...




Je passai une bien triste nuit