Le Boudoir de Marie-Antoinette

Prenons une tasse de thé dans les jardins du Petit Trianon
 
AccueilAccueil  PortailPortail  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
Le Deal du moment :
Jeux, jouets et Lego : le deuxième à ...
Voir le deal

 

 18 mai 1794: (29 Floréal An II) La bataille de Mouscron

Aller en bas 
AuteurMessage
yann sinclair

yann sinclair


Nombre de messages : 26262
Age : 66
Localisation : Versailles
Date d'inscription : 10/01/2016

18 mai 1794: (29 Floréal An II) La bataille de Mouscron Empty
MessageSujet: 18 mai 1794: (29 Floréal An II) La bataille de Mouscron   18 mai 1794: (29 Floréal An II) La bataille de Mouscron Icon_minitimeJeu 16 Mai - 14:09

Sur les quelque 160 000 hommes engagés dans cette gigantesque bataille aux multiples foyers, près de 120 000 sont rassemblés dans le pays du Ferrain à l'aube de cette sanglante journée

Un petit jour brumeux se lève; comme la veille, il fera bientôt place à un doux soleil printanier qui inondera de lumière, prairies, champs de blé et de colza où le sang coulera à flots

Peu d'hommes ont dormi, beaucoup ont marché ou veillé; mais tous comprennent que ce sera une rude journée au soir de laquelle le bilan sera aussi douloureux qu'éloquent; nombreux seront alors ceux qui auront vu leur destin basculer.


Si la veille, la journée fut celles des coalisés, celle-ci sera celle des Français qui imposeront dès lors, par le fer et par le feu, la primauté de la jeune armée républicaine
18 mai 1794: (29 Floréal An II) La bataille de Mouscron 800px129
https://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_Souham


Le plan conçu la veille au soir à Menin par le conseil de guerre du général Souham sera scrupuleusement appliqué; il est d'ailleurs dans le droit fil des dessein militaire de Carnot


L'on y retrouve en effet tous les ingrédients de sa méthode et, en particulier, l'exploitation maximale de la supériorité numérique ponctuelle d'une masse concentrée volontairement et jetée avec impétuosité là où l'adversaire est le plus vulnérable


Ainsi, les Français réussiront à lancer près de 60 000 hommes à l'assaut des colonnes d'Otto et de York qui n'en comptent pas plus de 25 000, de surcroit imprudemment exposées

De la ruelle des Madrilles au Sapin Vert


18 mai 1794: (29 Floréal An II) La bataille de Mouscron 23692510
18 mai 1794: (29 Floréal An II) La bataille de Mouscron 33252110

A brigade du général Malbrancq (https://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_Joseph_Malbrancq) quitte le Blanc Four où elle était arrivée dans la nuit pour marcher en direction de Tourcoing; elle aborde aux premières lueurs du jour le quartier des Moulins appelé aujourd'hui le quartier de la Fin de la Guerre

Composée d'unités légères à l'infériorité numérique flagrante, la formation autrichienne surprise, recule vers la Grand'Place en bon ordre et en luttant pied à pied

Au fur et à mesure que l'action se déplace vers le centre, la densité des habitations favorise le combat approché, et la résistance se fait de plus en plus sérieuse

D'âpres accrochages sont signalés dans le quartier du Brun Pain et dans la rue de Lille; si âpres même qu'ils stoppent l'avance française avant la Grand'Place

Tandis que la brigade de Malbrancq attaque Tourcoing par l'ouest, celle de Macdonald, partie en même temps mais de plus loin, se jette sur Tourcoing par le nord

Visant le même objectif que Malbrancq, Macdonald poursuit une action qui a pris naissance au Dronkaard, se développe par Neuville en Ferrain, puis par le Pont de Neuville, et se dirige enfin à travers les quartiers des Orions et des Phalempins en direction du centre du Bourg

Parvenue dans la rue des Récollets (aujourd'hui rue Saint-Jacques) l'avant-garde de la brigade de Macdonald engage de furieux combats au niveau de la rue du Haze; mais l'étroitesse de la voie empêche le déploiement de cette force qui piétine devant l'obstacle dressé par une unité de soldats autrichiens bien retranchés

Guidé par Jean-Baptiste Castel, un citoyen de Tourcoing, un bataillon en attente dans la rue du Wailly s'engage dans la ruelle des Madrilles et débouche inopinément sur la Grand'Place attaquant de flanc les hommes de Montfrault, qui, malgré leur infériorité numérique, avaient jusque-là réussi à contenir les assauts livrés dans la rue de Lille par Malbrancq

18 mai 1794: (29 Floréal An II) La bataille de Mouscron 33252112

18 mai 1794: (29 Floréal An II) La bataille de Mouscron 33252111
18 mai 1794: (29 Floréal An II) La bataille de Mouscron 33252113

La ruelle des Madrilles existe encore aujourd'hui, et la plaque surmontant l'entrée de cette venelle commémore l'exploit qui permit de débarrasser la place de Tourcoing des troupes ennemies: "Le 18 mai 1794, par cette ruelle qui se prolongeait jusqu'à la rue du Wailly, les avants-gardes françaises débouchèrent à l'improviste sur la  Grand'Place où se trouvaient massés les Autrichiens
Surpris par cette attaque, les ennemis abandonnèrent leurs positions
Cette manœuvre prélude, dès le matin de la bataille de Tourcoing, au succès de nos armes"


Aussitôt, l'ennemi pris à revers abandonne la barricade de la rue des Récollets pour s'enfuir dans la rue du Haze

LA tradition rapporte que, quelques temps plus tard, afin de perpétuer l'évènement, la population tourquennoise élèvera à cet endroit une statuette de la Vierge, toujours présente actuellement, dans la niche creusée en façade de l'immeuble située au 3 rue Saint-Jacques

18 mai 1794: (29 Floréal An II) La bataille de Mouscron Capt4174

L'action conjuguée des deux brigades françaises déconcerte l'ennemi qui se retire en désordre de la Grand'Place pour se retrancher, d'abord dans le cimetière qui jouxte l'église Saint-Christophe, puis empruntant la rue de Tournai pour enfin se ressaisir dans la rue du Tilleul et entamer une sanglante retraite vers Wattrelos

L'affrontement est alors si violent, si désespéré qu'il fera dire aux combattants des deux camps que le sang y coulât à flots

Ces combats de rues se seraient éternisés si, tournant la difficulté, les Français  n'avaient amené par les quartiers du Cœur Joyeux et des Cinq Voies, une batterie de canons qui, installée à l’Épiderme, se mit à arroser copieusement de boulets bien ajustés les troupes du général Montfrault; coincé par un temps antre l'artillerie et l'infanterie françaises, la formation autrichienne souffre; elle se dégage néanmoins, décroche, et accélère son repli en direction du Sapin Vert; ce que voyant, les Français déplacent leur batterie pour l'installer plus à l'est sur les hauteurs du moulin Tonton, rendant ainsi intenable aux Autrichiens cette position stratégique, au carrefour des chaussées reliant les communes de Tourcoing, Mouscron, Wattrelos et Roubaix


A huit heures du matin

La colonne autrichienne du F.M.I

Otto retranchée derrière l'Espierre est déjà dans un état de décomposition avancée lorsque le labyrinthe de verdure du bocage Wattrelosien lui sauve provisoirement la mise

Il s'en fallu de peu

Le piétinement prévisible des deux brigades françaises, réunies face à un ennemi rusé exploitant un terrain propre à l'embuscade, détermine Moreau à modifier le plan initial, qui envisageait à propos de la brigade Malbrancq que "le général se portera sur Roubaix par le chemin du Carlier et se tournera par la Fosse aux Chênes et Lommelet"

18 mai 1794: (29 Floréal An II) La bataille de Mouscron 33252114
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Victor_Marie_Moreau

Moreau entrevoit en effet la possibilité d'isoler à hauteur du hameau du Fresnoy l'avant-garde anglaise aventureusement postée à Mouvaux, en déviant sur ce village la trajectoire des hommes de Malbrancq, et en conjurant leur action offensive avec celle de Bonnaud qui vient de lancer le général Noël à l'assaut de Roubaix à partir de Flers-Broeucq

Pour réaliser ce dessein, Moreau scinde la brigade de Malbrancq en deux formations disproportionnées

Tandis que le gros de cette brigade, quittant les hauteurs du Moulin Tonton, contourne Tourcoing par le sud et attaque Mouvaux au sortir du quartier des Bonnets, la brigade MacDonald renforcée par quelques détachements de celle de Malbrancq poursuit sa pénible progression en direction du Crétinier, hameau de Wattrelos jouxtant la commune de Roubaix

La manœuvre est habile au augure d'un heureux dénouement

Si effectivement, MacDonald s'infiltre difficilement dans un terrain coupé d'arbres et de haies, à l'inverse, les hommes de Malbrancq, se battant comme tous les diables dans les rues de Mouvaux contre les dragons et la garde britannique qu'ils délogent à la baïonnette, surprennent par leur efficacité dans le combat de rue

La bataille et le feu font rage aux quatre coins du village, et, de la rue de Lille, il ne restera bientôt plus que, miraculeusement épargnés, le "cabaret réchappé" et la chapelle Notre Dame des Malades

18 mai 1794: (29 Floréal An II) La bataille de Mouscron 33252115
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ralph_Abercromby

L'avant-garde d'Abercromby n'a plus désormais d'autre alternative que de refluer en direction de Roubaix, lorsqu'un détachement de la brigade Malbrancq faisant la jonction avec un élément de la troupe de Noël avancé jusqu'au hameau du Fresnoy, achève d'isoler l'ennemi complètement déboussolé

Le recul d'Abercromby entraîne ipso facto l'abandon précipité de Bondues par les éléments de cavalerie anglaise qui s'étaient aventurées jusque-là, la veille au soir, dans l'espoir d'y rencontrer la sixième colonne du comte Clerfayt


Il est 11H
18 mai 1794: (29 Floréal An II) La bataille de Mouscron 33252116
https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_S%C3%A9bastien_de_Croix_de_Clerfayt

Les éclaireurs du F.Z.M comte Clerfait, qui viennent d'arriver à Linselles, cherchent en vain ceux du duc d'York qui se sont retirés peu de temps auparavant

il s'en fallut de peu que la jonction des coalisés ne se réalisât, à peine quelques kilomètres à parcourir, environ deux heures plus tôt

A ce moment et à cet endroit, les armées alliées viennent de perdre la bataille; elles sont passées là si près d'une victoire si lourde de conséquences que certains observateurs objecteront que la bataille de Tourcoing aurait très bien pu s'appeler la bataille de Mouvaux


L'essentiel est d'empêcher la jonction des colonnes ennemies


Car, pendant que se déroulait la bataille dans Tourcoing, la sixième colonne traversait la Lys

Son chef, le F.Z.M, comte Clerfayt, toujours aussi incompréhensiblement indolent, ne donnera le signal de la traversée qu'à six heures et demie, après que, suivant la relation allemande: "le colonel Coutrell, posté sur les hauteurs de Wervik, annonçait effectivement qu'on avait attendu une canonnade très forte vers Tourcoing"


Le corps d'armée qui se dirige alors vers Linselles, est divisé en deux colonnes suivant l'ordre déjà constaté au départ de l'opération

La colonne autrichienne du F.Z.M, comte Szatarray utilise le pont de pontons jeté durant la nuit entre Bousbecque et Wervik, tandis que la colonne anglo-hanovrienne de G.M Sporck, White et Ott emprunt le pont fixe


Pendant qu'un fort détachement de cette seconde colonne s'emploie à rejeter les deux bataillons français de Comines sur Warneton, le gros de la troupe attend avec sérénité le résultat de cette action pour entamer la progression vers Linselles; ce qui fait dire à l'auteur de la relation allemande "qu'il était à peu près huit heures et demie lorsque les deux colonnes avaient passé le fleuve... Ensuite, on se repose en attendant une nouvelle canonnade dans le voisinage de Tourcoing...Après une halte d'une heure...On donna l'ordre d'avancer vers Linselles..."


Alors que, dans un moment aussi décisif, le bon sens commandait de courir au combat, ces pauses insensées demeurent un énigmatique défi à la raison

Les opérations d'approche se déroulent alors si lentement que Clerfayt n'atteindra Linselles qu'à onze heures

Alors qu'il s'apprête à couvrir les derniers kilomètres qui le séparent de Bondues, et ainsi à refermer l'étau qui devait étrangler le corps d'armée de Souham, il apprend coup sur coup la volte-face des avant-gardes d'Abercromby et la semi-déroute de la colonne commandée par Szatarray, surprise par Vandamme enbusqué derrière le bois de Bousbecque

Le repli du 14ème bataillon de chasseurs et du bataillon de l’Égalité avait persuadé Clerfayt et Szterray que le terrain était désormais nettoyé; aussi grande fut la surprise de Szterray d'êteintercepté avec détermination par le hommes de Vandamme survoltés par la perspective d'un combat désespéré

Mais Vandamme n'a pas le temps d'exploiter le désarroi de l'ennemi

pressé par Moreau, il fonce vers Linselles comme lui ordonne de le faire ce message émanant du quartier général de Roncq: "Nous sommes à Turcoing - Fais sur-le-champ avancer tes troupes. Ton principal objet est d'empêcher la jonction des colonnes ennemies. L'ennemi est encore à Mouvaux. On va l'y attaquer; ainsi tâche de te mettre en travers Linselles en avançant beaucoup ta gauche. Mais laisse quelques forces pour couvrir le parc. Il y aura de l'ensemble car je reçois à l'instant une lettre de Bonnaud qui annonce qu'il va attaquer. Surtout l'essentiel est d'empêcher la jonction des colonnes ennemies et que Malbrancq, qui va attaquer Mouvaux, ne soit pas pris à dos"


Sans plus attendre, VAndamme se lance à corps perdu sur Linselles; mais ce faisant, sa brigade, qui ne comporte plus que 6 000 hommes, s'étire sur près de quatre kilomètres et devient fragile face à un adversaire qui en dénombre le triple

La brigade de Vandamme est en effet amputée des bataillons du Mont Cassel et du Mont des Cats restés à Gullegem, du 14ème bataillon de chasseurs et du bataillon de l’Égalité repliés à Warneton et de trois bataillons demeurés à Menin pour assurer la défense de la place menacée par Hammerstein
18 mai 1794: (29 Floréal An II) La bataille de Mouscron Capt4175
(Gullegem est une section de la commune belge de Wevelgem, en province de Flandre-Occidentale. Jusqu'en 1977, c'était une commune à part entière https://fr.wikipedia.org/wiki/Gullegem)


Attaqué, Clerfayt se rebiffe et retrouve instantanément sa valeur militaire, sur son coup d’œil et sa promptitude à la riposte

Il se retourne sur l'adversaire et contre-attaque Vandamme par le sud, tandis que Sztarray, qui s'est ressaisi, l'entreprend par le nord

Écrasés entre les deux colonnes ennemies formant au total une masse de près de 18 000 hommes, les Français sont bousculés et perdent une partie de leur artillerie

Vandamme réussit tout de même à regrouper ce qui reste de sa brigade et à regagner Bousbecque qui sera le théâtre de furieux combats au cours desquels les Français perdront 1 000 des leurs

Un épisode rapporté par la relation allemande souligne la violence des combats et signale que les pertes ne furent pas que françaises: "Un escadron anglais de dragons légers du 8ème Régiment et un escadron de chevau-légers de Hesse Darmstadt poursuivent l'ennemi (les Français) pendant sa retraite d'une telle ardeur et bravoure qu'ils s'enfoncèrent dans le village de Bousbecque, qui était extrêmement soutenu; mais ici, nos deux escadrons furent entourés par l'infanterie ennemie, et si mal traités, que pour le moment, il n'en revint qu'un lieutenant et douze hommes, cependant plusieurs autres rejoignirent ensuite leur corps..."


L'héroïque résistance des Français retranchés dans Bousbecque polarise, jusqu'au soir, l'énergie offensive du corps de Clerfayt, la détournant radicalement de son objectif

A 18H30

Alors que Vandamme s'est retiré sur les hauteurs de Bousbecque dominant la route de Menin-Lille, des escadrons de hussards rouges du camp de Wasquehal, suivis des bataillons d'infanterie du Mont Cassel et du Mont des Cats enfin dégagés d'une défense de la Heule devenue sans objet, viennent renforcer ses unités échelonnées de Roncq à la Croix Blanche

Victorieux, satisfait, mais alerté par cette arrivée des renforts français, Clerfayt abandonne la place et s'en retourne par Le Blaton se poster près des ponts de la Lys

Sa satisfaction rappelle-t-elle l'inconscience ou cache-t-elle la fourberie ?
De la part de cet excellent tacticien, une telle accumulation fautive de retards fait plutôt penser à  une magistrale perfidie à l'encontre du duc d'York

Il semble en effet que les Autrichiens n'aient toujours pas pardonné la déloyale désunion des forces alliées provoquée par le duc quelque six mois auparavant, manœuvre qui devait aboutir aux défaites d'Honschoote et de Wattignies

Quoi qu'il en soit, si Vandamme a été battu par des forces numériquement supérieures aux siennes, il a néanmoins réussi à détourner Clerfayt de l'objectif fondamental du plan de destruction ne s'opposant bravement à la jonction au niveau du Ferrain des forces alliées situées, d'une part, sur la Lys et, d'autre par sur l'Escaut

A un contre trois, malgré l'épuisement des hommes et les pertes sensibles entraînées par les charges de la cavalerie ennemie, Vandamme parvient à tenir l'ennemi en respect jusqu'à l'arrivée des renforts au soir d'une journée de combats sauvages

A l'inverse, par son caractère timoré, le comportement de la brigade Desenfans postée à Messines et à Wijtschate se distingue davantage par son manque de cran

Alarmé par les démonstration de Clerfayt sur Comines et par les replis successifs des 14ème bataillon de chasseurs et de l’Égalité, de peur d'être tourné, Desenfans abandonne ses positions proche de Warneton pour se réfugier à Bailleul

Son repli précipité, effectué à l'insu de Moreau aura pour conséquence de le placer hors du champ d'action de son général de division

Désormais, sans instructions, et s'abstenant de toute initiative, Desenfans ne jouera plus sur l'échiquier que le rôle d'un pion neutralisé; alors qu'n joignant ses forces à celles repliées à Warneton, il eût pu inquiéter le flanc droit de Clerfayt, atténuant en tout état de cause la pression offensive de ce dernier sur Vandamme, et, peut-être eût-il pu aussi accélérer la retraite de Clerfayt a cours de la soirée

Si cette journée tragique témoigne de la folle témérité de Vandamme, laquelle lui vaudra quelques dix ans plus tard d'être décoré, au soir d'Austerlitz, du grand aigle de la Légion d'Honneur, une éloquente péripétie révèle également son sang-froid exceptionnel

18 mai 1794: (29 Floréal An II) La bataille de Mouscron 36822410
https://fr.wikipedia.org/wiki/Dominique_Ren%C3%A9_Vandamme

Au plus fort de la bataille, Vandamme, ayant concentré sur lui toutes les forces de Clerfayt, s'applique à faire évacuer sur Lille par l'ancienne Chaussée Brunehault, au nez et à la barbe de l'ennemi, le grand parc d'artillerie situé à Halluin qu'il confie au général Eblé, futur héros de la Bérésina

En définitive, et bien que Souham signale dans son rapport à Pichegru que "l'attaque du Général Vandamme sur le corps de Clerfayt, qui avait passé la Lys, n'eût pas le même succès. Avec des forces inférieures, il fut obligé de se replier sur Halluin et Roncq...", la défaire de Vandamme servira néanmoins la cause française, dans la mesure où l'embuscade qu'il tendit au F.Z.M Sztarray écarta définitivement Clerfayt de la trajectoire mortelle concoctée conjointement par le duc d'York et le major-général Karl Mack

L'exploit du Général Noël
https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_No%C3%ABl_(militaire)

Nous avons laissé Macdonald et sa brigade renforcée par quelques unités de Malbrancq, à huit heures du matin, dans le hameau du Sapin Vert, enlisés dans un site bocager fort intelligemment exploité par le général autrichien Montfraut.

A la même heure, de la rive gauche de la Marque, le général Noël, qui s'est vu confier par le général de division Bonnaud le commandement d'une unité de 8 000 hommes avec mission de marcher sur Roubaix, traverse la rivière au pont de Broeucq laissé miraculeusement intact par le flanc-garde du général Fox

Le pont traversé, le général Noël charge le flanc-garde du général Fox postée à Croix en couverture de l'aile gauche de la colonne du duc d'York

Après l'avoir défaite, il dirige sur sa droite, au pas de charge, le gros de ses forces vers le secteur de Barbieux à Roubaix et lance sur sa gauche en direction du Blanc-Seau et du Fresnoy les cavaliers qui, après avoir rejoint les détachements de Malbrancq, isoleront l'avant-garde d'Abercromby de la colonne du duc d'York

De Barbieux, où il se débarrasse en un tour de main d'une seconde unité d'infanterie anglaise, il poursuit obstinément sa route, et anéantit au passage, sur la place du Marché, à Roubaix, aussi bien les troupes ennemies qu'il pousse devant lui que celles qui refluent de Mouvaux

Après avoir traversé le bourg de Roubaix de part en part, il prend à revers au niveau du Crétinier à Wattrelos les troupes du général Montfraut qui, cette fois-ci, ne s'en remettront pas

Les brigades de Macdonald et de Noël réalisent en fin de matinée la jonction qui parachève la défaite de la colonne du général Otto, et contraint les débris de cette formation à battre en retraite en direction de Leers

Après avoir traversé l'Espierre sous la protection des bataillons hessois du général Hanstein, délogés eux-mêmes de Wattrelos par les assauts conjugués des brigades de Thierry et de Compère, les restes de la deuxième colonne s'abritent dans les retranchements pratiqués près du Moulin de Leers

Le regroupement des forces autrichiennes et hessoises sur les rives de l'Espierre freine l'élan des Français, qui se doivent maintenant de vaincre l'obstacle naturel de la rivière sous le feu d'un adversaire quelque peu ragaillardi

Grâce à l'Espierre, la formation du général Otto, qui a  jusque-là beaucoup souffert au cours des combats de Tourcoing et de Wattrelos, parviendra à éviter la déshonorante débâcle de la colonne du duc d'York

Le reste de l'après-midi se passera en escarmouches et canonnades qui n'inquièteront plus guère les préparatifs de l'évacuation générale dont le signal sera donné à 19H

Après une interminable marche nocturne à travers Leers, Néchin et Templeuve, la malheureuse deuxième colonne aboutira à Marquain, au petit jour, y retrouvant avec beaucoup d'amertume les troisième, quatrième et cinquième colonnes endormies
18 mai 1794: (29 Floréal An II) La bataille de Mouscron _peril10
Frédéric, duc d'York, échappe de justesse à la capture après que sa colonne a été isolée et écrasée à la bataille de Tourcoing.
18 mai 1794: (29 Floréal An II) La bataille de Mouscron 220px-22
Bataille de Mouscron (1794) par Charles-Louis Mozin (1806-1862), collection du Palais de Versailles

La bataille de Tourcoing eut lieu le 18 mai 1794 (29 Floréal An II), dans le nord de la France, et se solda par une victoire des Français commandés par le général Souham et le général Moreau, sur les Britanniques commandés par Frederick, duc d'York et Albany et les Autrichiens par le prince de Cobourg.

Le général Nicolas Pierquin fut grièvement blessé lors de la bataille.https://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Pierquin

18 mai 1794: (29 Floréal An II) La bataille de Mouscron Dohbvu10
18 mai 1794: (29 Floréal An II) La bataille de Mouscron Captu124

Résumé

La bataille se déroule le dimanche 18 mai 1794 (29 Floréal An II)1 dans le contexte des guerres de la Révolution française, première coalition anti-française de 1793-1797, dans le Nord de la France, à la frontière belge près de la ville de Tourcoing, comptant alors 11 000 à 12 000 habitants.

Les effectifs engagés s'élevaient côté français de l'Armée du Nord 77 800 hommes, dont seulement un tiers de soldats de métiers. Côté coalisés autrichiens, anglais, hanovriens, prussiens, hessois et hollandais 81 900 hommes, tous soldats de métiers.

Les forces en présence

18 mai 1794: (29 Floréal An II) La bataille de Mouscron Jean-v10
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Victor_Marie_Moreau
18 mai 1794: (29 Floréal An II) La bataille de Mouscron Gynyra10
https://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_Souham


L'armée française

L'armée du Nord, forte de 127 000 hommes déployés de Dunkerque aux Ardennes, est commandée par le général d'armée Jean-Charles Pichegru, absent le jour de la bataille. Elle aligne environ 77 800 hommes dans le secteur concerné2.

Elle fut menée par ses trois généraux de division : Joseph Souham, Jean Victor Moreau et Jacques Philippe Bonnaud.

   Division Joseph Souham: 37 800 hommes installés de Courtrai à Mouscron. Regroupe les brigades Daendels, Jardon, Malbrancq, MacDonald et Thierry.
   Division Jean Victor Moreau: 12 300 hommes au nord de Menin. Regroupe les brigades Desenfans et Vandamme.
   Division Jacques Philippe Bonnaud: 27 700 hommes de Pont-à-Marcq à Lannoy. Regroupe les brigades Noël, Osten et Pierquin.

La division du général Bonnaud n'a pas directement participé à la bataille de Tourcoing proprement dite, mais son action indirecte a été décisive pour la victoire.

Pichegru a reçu ses ordres de la Convention par Lazare Carnot : tenir Courtrai et maintenir la liaison avec Paris par la route de Lille. Les divisions Souham et Moreau sont donc déployées à Courtrai, la division Bonnaud est alignée en couverture au sud-est de Lille, le long de la Marque.

L'avantage de l'armée française réside dans sa structure de commandement unifiée et hiérarchisée : Carnot, Pichegru, Souham. L'inconvénient de sa position est que Souham et Moreau sont à 25 kilomètres de leur base de ravitaillement, Lille.

L'armée coalisée
18 mai 1794: (29 Floréal An II) La bataille de Mouscron Prince12
https://fr.wikipedia.org/wiki/Fr%C3%A9d%C3%A9ric_Josias_de_Saxe-Cobourg-Saalfeld
18 mai 1794: (29 Floréal An II) La bataille de Mouscron Freder12
https://fr.wikipedia.org/wiki/Frederick_d%27York


Les coalisés regroupent 81 900 hommes de six nations en six colonnes déployées en encerclement. Ici, chaque colonne est commandée par son général, indépendant des autres, et ne répondant qu'à l'Empereur d'Autriche, François II, chef suprême de la coalition. Les coalisés ont le double inconvénient de l'étirement de leurs lignes de communication et du manque de commandement unifié.

   La 1re colonne autrichienne et hanovrienne du compte et général François Sébastien de Croix de Clerfayt, le plus réputé des stratèges coalisés et redouté par Souham, dispose de 21 200 hommes dont un corps de pontonniers. Basée à Tielt (B), elle doit prendre Wervik (b) puis arriver à Tourcoing par le nord.

   La 2e colonne du baron et général Busch (ou De Bussche) de 9 800 Hanovriens dont quelques Prussiens et installée à Warcoing (B) doit marcher sur Dottignies (B) et prendre Mouscron (B).

   La 3e colonne du baron et maréchal Pierre Charles Otto compte 10 700 Autrichiens partant de Bailleul (B) pour attaquer Tourcoing par l'est en passant par Leers.

   La 4e colonne du duc Frederic d'York, fils du roi d'Angleterre Georges III, dispose de 13 200 Anglo-Hanovriens. Basée à Templeuve, elle doit marcher sur Lannoy et Mouvaux et prendre Tourcoing par le sud.

   La 5e colonne du comte et général François Joseph Kinsky compte 9 600 Autrichiens et Hessois. Partant de Bouvines, elle doit marcher sur Lannoy en protégeant le flanc gauche de la colonne anglaise de York.

   La 6e colonne, commandée directement par l'archiduc Charles-Louis d'Autriche-Teschen, le frère de l'empereur François II, comprend 16 800 Autrichiens et quelques Hollandais menés par le prince d'Orange qui doit garder l'aile gauche de Kinsky.

Les 5e et 6e colonnes, soit 26 400 hommes, n'ont pas directement participé à la bataille, ce qui amène à un rapport de force plus égalitaire de 50 100 Français contre 55 500 coalisés.

Si de plus nous considérons que la colonne Clerfayt et la division Vandamme ont combattu de leur côté sur la Lys, le rapport de force à Tourcoing même tombe à plus ou mois 30 000 hommes de chaque côté, l'avantage des Français étant de pouvoir amener sur chaque point menacé un renfort rapide leur donnant systématiquement la supériorité numérique.

Les données chiffrées

Avant toutes choses, il faut préciser que le nombre des forces en présence n'est pas assuré. Il faut en effet se méfier des chiffres de l'époque, que pour des raisons de propagande, étaient estimés à la hausse chez l'ennemi et à la baisse dans son propre camp. Des sources contemporaines différentes font varier parfois très sensiblement les effectifs tant des Français que des Coalisés.

Nous nous baserons ici sur les chiffres de M. Émile Vignoble 3 qui a produit les chiffres à notre sens les plus réalistes, déclarant lui-même que ses estimations sont basées sur le ratio de 800 fantassins pour un bataillon et 100 cavaliers pour un escadron. Mais dans la réalité, un bataillon pouvait compter de 600 à 1 200 hommes, et un escadron de 90 à 150 hommes.

Le terrain

Les lieux où les deux armées se sont affrontés les 17 et 18 mai 1794 n'ont rien de commun avec la conurbation d'aujourd'hui.

La plaine humide sillonnée de ruisseaux et de fossés d'évacuation des eaux n'offre que peu de possibilités de passage des troupes sur les rivières de la Lys, de la Marque et de l'Espierre. De largeur modeste mais profondes, ces trois rivières n'offrent en fait aucun gué praticable. Leurs berges marécageuses interdisent en outre leur franchissement hors des ponts.

L'habitat est dispersé en de nombreux villages, de 1 000 à 1 500 habitants, dans un paysage bocager limitant l'usage de la charge de cavalerie. Ce qui représente un avantage décisif pour les Français dont la cavalerie est largement surpassée en nombre (6 000 contre 12 000) et surtout en qualité par celles des coalisés.

Dans ce plat pays, les moulins occupent les moindres surélévations de terrain et deviennent les objectifs essentiels pour y amasser avantageusement l'artillerie. Les routes pavées sont rares, les voies les plus nombreuses restent les sentiers où seuls deux hommes de front pouvaient marcher. Ce terrain bocager à la nature excentrique et au faible réseau de routes pavés met à par exemple le corps d'armée Clerfayt à plus d'une demi-journée de route du quartier général de Tournai.

Les combats décisifs se déroulèrent pour tenir les ponts, qui garantissent le passage des troupes, et les moulins, qui offrent le visibilité et la ligne de tir aux artilleurs.
18 mai 1794: (29 Floréal An II) La bataille de Mouscron 220px-23
Bataille de Tourcoing, 18 mai 1794. Le plan des opérations prévues par les coalisés pour la destruction de l'armée du nord.
La stratégie des coalisés

Le 12 mai, la position délicate des divisions Joseph Souham et Moreau donnent l'idée du « plan de destruction » de l'armée du Nord au Duc d'York et au Prince de Saxe-Cobourg, général en chef. Ils en confient l'exécution en détail au chef d'état-major Karl Mack, roturier qu'il méprisent et qui sera un parfait responsable en cas d'échec...

Le plan de destruction consiste à opérer un mouvement conjoint d'encerclement de Courtrai à partir des positions de Clerfayt à Tielt (B), York, Bussche, Otto, Kinsky à Tournai (B) et Charles à Saint-Amand. L'attaque est fixée au 17 mai (28 floréal) au matin et le point de jonction assigné pour ces 6 colonnes est Tourcoing, au soir du même jour ou au plus tard le lendemain matin.

Une telle manœuvre devait prendre au piège une bonne partie de l'armée française ; les divisions de Souham et Moreau auraient été coupées de leurs bases et contraintes à la reddition. Mais elle réclamait une parfaite coordination des mouvements des colonnes d'attaque et une communication fluide entre elles.

Le duc d'York veut précipiter l'exécution du plan pour prendre les Française de vitesse. Le 16 mai, depuis son quartier général de Tournai, le Prince de Saxe-Cobourg donne le branle-bas de combat. MACK n'aura eu que 4 jours pour régler les détails du plan.


Le déroulement de la bataille en 4 phases

   Le positionnement des troupes coalisées le 16 mai. 4
   L'attaque du 17 mai.
   Le redéploiement des Français dans la nuit du 17 au 18 mai.
   La déroute du 18 mai.

18 mai 1794: (29 Floréal An II) La bataille de Mouscron 800px-44
Mouvements de troupes du 16 mai 1794.


Le positionnement des troupes coalisées le 16 mai et dans la nuit du 16 au 17 mai


Dans la journée du 16, les 4 colonnes partant du camp de Marquain atteignent leurs objectifs : la 2e colonne de Bussche à Warcoing (B), La 3e colonne d'Otto à Bailleul (B), la 4e colonne de York à Templeuve et la 5e colonne de Kinsky est à Froidmont.

Dans la nuit, et à l'approche des divisions françaises, les coalisés doivent se déployer silencieusement et sans feux pour pouvoir bénéficier de l'effet de surprise le 17 au petit matin.

La 2e colonne de Bussche se regroupe au pont de l'Espierre sur la chaussée de Courtrai près de Warcoing. La 3e colonne d'Otto parvient à Bailleul. La 4e colonne de York est bloquée à Templeuve à cause d'un épais brouillard nocturne. La 5e colonne de Kinsky s'installe à Froidmont.

Mais les deux colonnes de Clerfayt au nord et celle de Charles au sud, qui ont des distances plus longues à parcourir, prennent du retard. Ces deux corps d'armée n'ont pu effectuer que la moitié des distances qu'ils avaient à parcourir.

La 1re colonne de Clerfayt, longue de 4 kilomètres, ralentie par les routes sablonneuses, s'arrête durant la nuit près de Geluveld, le long de la chaussée de Roulers (B) à Menin (B). Elle n'arrive pas à rejoindre Wervik (B), son objectif de cette première phase.

La 6e colonne de l'archiduc Charles ne parvient pas à atteindre Pont-à-Marc, en raison de la trop grande distance qu'il doit parcourir avec une unité épuisée par les marches forcées et les batailles précédentes. Elle est s'arrête à Orchies le 17 mai à 10 heures.

18 mai 1794: (29 Floréal An II) La bataille de Mouscron 800px-45
Mouvements de troupes du 17 mai 1794.

L'attaque du 17 mai

L'attaque du 17 mai surprend les Français qui attendaient les coalisés à Courtrai. Ce sont les premiers succès coalisés.

Au centre du dispositif coalisé, les Prussiens et Hanovriens de Bussche prennent Mouscron à midi. Mais Les généraux Compère et Thierry se regroupent, contre-attaquent et reprennent Mouscron, forçant Bussche à se replier sur Pecq. Les Autrichiens d'Otto occupent Wattrelos, puis Tourcoing dans la soirée. Le baron et maréchal Otto installe son quartier général au Moulin-Tonton d'où il domine les alentours5.

Les Anglais du Duc d'York prennent Roubaix et repoussent les Français jusqu'à Mouvaux, arrivent à Tourcoing.

Au sud, le retard des Austros-Hollandais de l'archiduc Charles ralentit les Autrichiens et Hessois du comte Kinsky. Les deux colonnes font leur jonction avec les à Louvil, au sud de Bouvines.

Au Nord la situation est pire : Clerfayt ne parvient à Wervik qu'en soirée alors qu'il devait y être à l'aube pour franchir la Lys. De plus, ses pontonniers sont absents et il ne pourra traverser que le 18 mai au matin, quand la bataille de Tourcoing sera commencée.

À la fin de la journée du 17, Souham comprend que la situation est grave : si les deux colonnes coalisées du nord et du sud sont en retard dans leur tentative d'encerclement, les troupes française de Courtrai sont coupées de leur centre de ravitaillement de Lille par la prise de Tourcoing.

18 mai 1794: (29 Floréal An II) La bataille de Mouscron 800px-46
Mouvements de troupes de la nuit du 17 mai 1794.


Le redéploiement des Français dans la nuit du 17 au 18 mai


Souham décide d'envoyer nuitamment et précipitamment ses brigades vers le sud et le sud-ouest pour interdire la jonction entre la colonne de Clerfayt et les trois colonnes du centre coalisé :

   Malbrancq et Macdonald vont contre-attaquer à Tourcoing et Mouvaux par le nord-ouest.

   Compère et Thierry se maintiennent sur le flanc droit de la colonne d'Otto, tandis que les brigades Daendels et Jardon vont approcher les Hanovriens de Bussche sur leur camp de repli.

   Les brigades Vandamme et Desenfans de la division de Moreau vont longer la Lys pour tenter de contenir la colonne de Clerfayt.

18 mai 1794: (29 Floréal An II) La bataille de Mouscron 800px-47
Mouvements de troupes du 18 mai 1794.


La journée 18 mai, la bataille de Tourcoing

Au matin, les brigades Daendels et Jardon tiennent les troupes de Bussche en respect dans les environs de Pecq.

La brigade Malbrancq, largement supérieure en nombre, passe à l'assaut de Tourcoing en partant du Blanc-Four (Roncq) le long de la rue du Brun-Pain et repousse les Autrichiens d'Otto jusqu'à Wattrelos. Les brigades de Compère et Thierry tombent également sur le flanc droit d'Otto et achèvent de propager le désordre et la panique dans toute la colonne autrichienne. La brigade Macdonald attaque York par le nord depuis Neuville et pénètre dans Tourcoing par le quartier des Orions.

Au sud les troupes de Bonnaud attaque également York de Mouvaux à Roubaix. York est surpris de ne pas être couvert par les 5e et 6e colonnes de Kinsky et Charles. Les Anglos-Hanovriens résistèrent vaillamment, mais constatant le début d'encerclement et leur retraite menacée, la déroute s'en suivit à tel point que le duc lui-même faillit être fait prisonnier si une compagnie de Hessois n'avait protégé sa fuite !
Plan de la bataille basé sur la lithographie publiée dans Histoire de Tourcoing de Charles Roussel-Defontaine.

C'est la bataille proprement dite de Tourcoing qui voit en quelques heures la déroute des coalisés. Le mouvement des six colonnes qui devait prendre en tenaille et isoler les troupes de Souham et Moreau a échoué. Avec le repli sur Pecq de la 2e colonne de Bussche et l'arrêt près de Sainghin de la 5e colonne de Kinsky, c'est désormais aux 3e et 4e colonnes du baron Otto et du duc d'York, qui elles ont atteint leur objectifs, d'être prises en étau par la contre-attaque des brigades françaises de Souham. Le centre du dispositif coalisé s'est effondré. À Tourcoing, la population aidant les soldats français à s'orienter, les coalisés souffrent de la méconnaissance des lieux, de l'encerclement et de l'infériorité numérique.

Mais la déroute des coalisés aurait pu tourner au désastre si le général Souham n'avait pas commis une petite erreur : au lieu de poursuivre Otto et York en déroute jusqu'à Leers, il ordonne à ses brigades Malbrancq et Macdonald de faire demi-tour vers Roncq et de se porter au secours de la brigade Vandamme étrillée par Clerfayt.

En effet, Clerfayt, qui a pu enfin traverser la Lys, tombe dans les embuscades de Vandamme et Desenfans à Bousbecque. Moreau veut tenir la route de Vervicq à Lille pour interdire à Clerfayt de rejoindre Tourcoing. Mais Clerfayt écrase la brigade Vandamme et la poursuit jusqu'à Roncq où elle se replie, mais ne fait pas route vers Tourcoing. Le sacrifice de Vandamme a empêché la jonction entre Clerfayt, Otto et York.

Lorsque Clerfayt apprend la défaite du duc d'York et du baron Otto, il quitte le champ de bataille en reprenant la route de Wervik.

Au sud, les 5e et 6e colonnes de Kinsky et Charles restent étonnamment l'arme au pied face aux brigades en rideau de Bonnaud, laissant aux Français l'avantage du nombre à Tourcoing. Les troupes se replient vers leurs bases de départ à l'annonce de la déroute d'Otto et d'York. Les diverses sources historiques n'expliquent pas l'attitude de ces deux colonnes principalement responsables de la défaite.

18 mai 1794: (29 Floréal An II) La bataille de Mouscron 800px-48
Plan de la bataille basé sur la lithographie publiée dans Histoire de Tourcoing de Charles Roussel-Defontaine.

Épilogue
Les pertes

Les pertes humaines des Coalisées s'élèvent selon les différentes sources, de 4 000 à 4 500 blessés ou tués et 1 500 prisonniers et 60 pièces d'artillerie capturées.

Les Français accusent de 2 600 à 3 000 tués ou blessés et 6 pièces d'artillerie capturées.

L'occupation de la Belgique

La victoire de Tourcoing permet à l'Armée du Nord de prendre Tournai le 22 mai et à l'Armée des Ardennes de franchir la Sambre pour infliger conjointement aux coalisés la défaite de Fleurus le 26 mai. Avec la victoire de Fleurus, c'est la Belgique qui est prise et l'Europe qui est ouverte aux armées françaises.

Cette bataille est donc aussi décisive que celle de Fleurus. Après leur échec à Tourcoing, les coalisés refluent et subissent défaites sur défaites jusqu'à Amsterdam.

Elle a démontré, comme à Valmy, qu'une armée composée de deux tiers de soldats conscrits et va-nu-pieds, au sens littéral du terme, menée par des officiers roturiers fraîchement formés, pouvait vaincre une armée de métier supérieure en nombre, bien équipée et dirigée par des officiers nobles, aguerris et compétents. C'est aussi une bataille typique de la période révolutionnaire où des troupes de conscrits enthousiastes l'emportent sur des bataillons disciplinés, par des charges à la baïonnette en supériorité numérique6.

Une bataille oubliée

Mais elle n'est pas restée dans la mémoire collective pour des raisons politiques. L'oubli de la bataille de Tourcoing est le fait de Jean-Charles Pichegru, Louis Antoine de Saint-Just et Maximilien de Robespierre7.

Le général Pichegru, dont les sympathies monarchistes le feront trahir et passer à l'ennemi, est absent le jour de la bataille. Jaloux de son subordonné Souham qui lui a ravi une victoire brillante, il ne fera de la bataille qu'un rapport de 12 lignes et de surcroît lu par le médiocre orateur Georges Couthon à la Convention8 !

De leur côté, Robespierre et les montagnards craignent que leur adversaire Carnot ne profite de cette victoire pour accroître son prestige et organiser un coup d'état. SAINT-JUST utilisera donc la victoire de son ami Jean-Baptiste Jourdan à Fleurus, le 26 juin 1794 (8 messidor an II), contre celle de son adversaire Carnot à Tourcoing. Ce dernier déclara à juste titre que l'on a fait « mousser » la bataille de Fleurus pour faire oublier celle de Tourcoing.

Quant aux coalisés, ils ont tout intérêt à étouffer cette défaite humiliante, qui permettra à l'Armée du Nord de conquérir les Pays-Bas autrichiens et à la France de mettre fin à la première guerre de la révolution, par le traité de Bâle le 22 juillet 1795

Conséquences

Cette victoire sur les coalisés permit de dégager la frontière de l'Escaut à la mer, effaçant la prise de Landrecies par Cobourg. Ainsi, les coalisés durent reculer, permettant aux forces françaises de se réorganiser : l'armée des Ardennes et l'armée de la Moselle furent regroupées (future armée de Sambre-et-Meuse) et dirigées vers Charleroi9.

Voir: bataille de Fleurus https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Fleurus_(1794)

Notes et références

   ↑ Bicentenaire de la bataille de Tourcoing : 29 floréal an II-18 mai 1794
   ↑ Tourcoing, la victoire de l'an II, Émile Vignoble
   ↑ Émile Vignoble, Tourcoing, la victoire de l'an II, Wasquehal, [Millau] : Maury ; Wasquehal (59290), 1993, 216 p. (ISBN 978-2-950-74950-5)
   ↑ Gérard VIGNOBLE, Bicentenaire de la bataille de Tourcoing : 29 floréal an II-18 mai 1794, actes du colloque d'histoire, [5 et 6 novembre 1994]
   ↑ Histoire de Tourcoing - Jules-Emmanuel Van Den Driessche
   ↑ Gérard Lesage, Flandres 1793: les soldats de l'an II repoussent l'invasion, Economica, 2013, 213 p. (ISBN 9782717865967)
   ↑ Histoire de Tourcoing, Charles Roussel-Defontaine
   ↑ Bicentenaire de la bataille de Tourcoing : 29 floréal an II-18 mai 1794, actes du colloque d'histoire, [5 et 6 novembre 1994]
   ↑ Albert Soboul, La Révolution Française, Paris, Gallimard (coll. Tel), p. 375-376

Bibliographie

   Tourcoing, la victoire de l'an II, Émile Vignoble ; ill. Marie-Noëlle Leclercq ; Commission historique et généalogique de Wasquehal [Millau] : Maury ; Wasquehal : Commission historique et généalogique de Wasquehal, 1993. 45-Malesherbes : Impr. Maury. 216 p. : ill. en noir et en coul., couv. ill. en coul. ; 30 cm
   Bicentenaire de la bataille de Tourcoing : 29 floréal an II-18 mai 1794, actes du colloque d'histoire, [5 et 6 novembre 1994] ; [organisé par les villes de Mouscron et de Tourcoing] : [Société historique de Tourcoing], 1995. 269 p. : ill. ; 24 cm.
   Bataille de Tourcoing, bataille du Ferrain : 17 et 18 mai 1794, Moreau Bernard, Delattre Thierry, Waret Philippe, Derreumaux Edmond - [Wattrelos] : [Association de recherches historiques de Wattrelos], 1994 Non paginé [20] p. : fac-sim., couv. ill. ; 30 cm
   La Bataille de Tourcoing, histoire reprise et racontée par Yves Watry - Tourcoing. 112 p. : ill., couv. ill. en coul. ; 21 cm
   Histoire de Tourcoing, Charles Roussel-Defontaine - Paris : le Livre d'histoire, 2002. 02-Autremencourt : Impr. Lorisse 452 p. : ill., couv. ill. ; 20 cm
   Histoire de Tourcoing, Jules-Emmanuel Van Den Driessche ; illustr. Maurice Lesage, Marseille : Laffitte, 1977 Impression : impr. en Suisse
   Gérard Lesage, Flandres 1793 : les soldats de l'an II repoussent l'invasion, Paris, Economica, coll. « Campagnes et stratégies » (no 107), 2013, 213 p. (ISBN 978-2-717-86596-7, OCLC 864567983).





_________________
18 mai 1794: (29 Floréal An II) La bataille de Mouscron C_icgp11
👑    👑   👑
   ⚜king
Revenir en haut Aller en bas
http://louis-xvi.over-blog.net/
 
18 mai 1794: (29 Floréal An II) La bataille de Mouscron
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» 22 mai 1794: Bataille de Tournai
» 11 mai 1794: Bataille de Courtrai
» 26 juin 1794: Bataille de Fleurus
» 1er juin 1794: bataille de Mormaison
» 18 mai 1794: La Bataille de Tourcoing (Victoire française)

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le Boudoir de Marie-Antoinette :: Au fil des jours :: Après 1793 :: Mai-
Sauter vers: