Mardi 19 mai 1643
St Célestin Vhttps://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Rocroi
Le duc d'Enghien à la bataille de Rocroi Le Grand Condé vainqueur à Rocroi
Lors de la guerre de Trente ans (1618-1648), les Français remportent une victoire décisive sur les Espagnols à Rocroi
(Ardennes) Le chef de l'armée française, le duc d'Enghien, 22 ans, bientôt surnommé le Grand Condé, révèle ici tout son génie militaire.
Cette victoire marque le retour de la France sur la scène internationale après un siècle de défaites et de guerres civiles.
Ce 19 mai 1643, à Rocroi, le duc d'Enghien anéantit l'infanterie espagnole.
C'est la victoire retentissante d'un général de 22 ans
Alban DignatDéconvenue espagnoleLa mort du cardinal de Richelieu, quelques mois plus tôt, a incité les Espagnols à attaquer la France, entrée huit ans plus tôt dans la guerre de Trente Ans.
C'est ainsi que 17 000 fantassins et 8 000 cavaliers assiègent la place forte de Rocroi, dans les Ardennes, sous le commandement de don Francisco de Mello.
Le jeune duc d'Enghien est pressé d'en découdre. Il prend soin de cacher à ses troupes la mort du roi Louis XIII, survenue le 14 mai, pour ne pas les démoraliser.
Là-dessus, il attaque les Espagnols en compensant son infériorité numérique par sa rapidité de manoeuvre et en faisant un large usage de la cavalerie.
Les Espagnols perdent l'essentiel de leurs forces et pas moins de 250 drapeaux.
La bataille de Rocroi met fin à la réputation d'invincibilité des
« tercios » espagnols, des unités composées de piquiers, d'arquebusiers et de fantassins armés d'épées.
Elle marque le retour de la France sur la scène internationale après un siècle de défaites et de guerres civiles ou religieuses.
Elle constitue d'heureuses prémices pour le jeune Louis XIV (4 ans), intronisé depuis moins d'une semaine.
Elle entraîne enfin un tournant dans la guerre de Trente Ans qui ravage l'Europe centrale depuis 1618.
La France, grâce à la victoire de Rocroi et aux suivantes, se trouve désormais en mesure de dicter les traités de Westphalie qui mettront fin à cette guerre en 1648.
Condé et ChantillyLa victoire inespérée de Rocroi est due au génie tactique du duc Louis d'Enghien, de la famille des Condé.
Selon la tradition, les héritiers de la famille princière des Condé portent le titre de duc d'Enghien. Ainsi de Louis II, le vainqueur de Rocroi.
À la mort de son père, il hérite du titre de celui-ci et devient prince de Condé. Son appartenance à la famille régnante lui vaut d'être
« premier prince du sang » et de jouir du titre de
Monsieur le Prince.
Louis II est l'arrière-petit-fils de Louis 1er de Condé, oncle du roi Henri IV, tué à Jarnac en 1589. Par son mariage, il devient aussi le neveu par alliance de Richelieu.
En souvenir de Rocroi, on ne tarde pas à le surnommer le
« Grand Condé ».
Mais la gloire et les honneurs ne l'empêchent pas plus tard d'animer la Fronde des Princes puis de se mettre au service des Espagnols.
Louis XIV lui pardonne sa trahison après le traité des Pyrénées et le Grand Condé revient véritablement en grâce en 1667.
Recevant alors le commandement d'une armée, il s'en va conquérir la Franche-Comté.
Le souvenir des Condé perdure au château de Chantilly, au nord de Paris.
Victoire du Duc d'Enghien sur les Espagnols à Rocroi, en ChampagneLa bataille de Rocroi a lieu le 19 mai 1643 pendant la guerre de Trente Ans.
Elle est la rencontre entre l’armée des Flandres, armée espagnole commandée par Francisco de Melo qui assiégeait Rocroi, et l’armée de Picardie, armée française menée par Louis de Bourbon, duc d'Enghien (le futur Grand Condé).
Carte de la Brie et de la Champagne, par Bonne (1771)Contexte politique et militaireRichelieu meurt le 4 décembre 1642, suivi par Louis XIII le 14 mai 1643, en attendant la nouvelle d'une victoire française sur les Espagnols. La guerre de Trente Ans déchirait l'Europe depuis 1618, opposant le camp des Habsbourg, mené par Philippe IV, à des puissances européennes protestantes, auxquelles s’était joint le royaume de France.
Comme l'année précédente, l'armée espagnole envahit le Nord de la France depuis les Flandres. Elle met le siège devant la place forte de Rocroi, dont la garnison ne comprend que 400 à 500 hommes, afin d’ouvrir la route vers Paris par la vallée de l’Oise.
Louis de Bourbon venait de prendre le commandement de l’armée de Picardie le 17 avril 1643 à Amiens. Cette armée couvrait la frontière du Nord contre la nouvelle invasion espagnole ; elle était cantonnée dans les vallées de la Somme et de l’Authie: 21 régiments de cavalerie autour d’Amiens et de Doullens, 20 régiments d’infanterie entre Abbeville et Montdidier.
L’armée de Champagne, commandée par le comte d’Espenan, qui devait combiner ses opérations avec celle de Picardie, se cantonnait entre Chauny et Guise.
Enfin, face à l’Alsace et la Franche-Comté, le maréchal de La Meilleraye avait rassemblé plusieurs milliers d’hommes autour de Langres, avec le titre d’armée de Bourgogne.
Les opérations avant la batailleLe duc d'Enghien, Louis de Bourbon, âgé de vingt-et-un ans, était entouré:
de François de L'Hospital, un vieux capitaine aguerri et brave que Louis XIII lui avait donné pour lieutenant général, mais surtout comme guide et conseil de Jean de Gassion, maréchal de camp de la cavalerie légère
du marquis de la Ferté-Senneterre, général de cavalerie, du baron de Sirot, du chevalier de La Vallière, maréchal de bataille (chef d’état-major) d’Henri de Chivré, marquis de la Barre, chef de l’artillerie de Sébastien de Beaulieu, contrôleur général
Louis de Bourbon suit les mouvements des Espagnols avec toute la célérité possible.
Il s'inspire de la tactique militaire de cavalerie légère mise au point par Gustave II Adolphe de Suède et lance l'intrépide Gassion, commandant des chevau-légers.
À la tête de quinze cents cavaliers, celui-ci réussit à jeter quelques soldats dans Rocroi puis le 17 mai, rejoint Enghien au château de la Cour des Prés, à Rumigny.
Celui-ci s'est avancé et a fait camper successivement son armée à Péronne, Joigny, Guise puis entre Rumigny et Bossus-lès-Rumigny, à quatre lieues de la ville assiégée.
Le même jour, le duc reçoit la nouvelle de la mort de Louis XIII.
Il dissimule la nouvelle à son armée.
Le lendemain, l'armée française s'avance à une lieue du camp ennemi, se déploie dans un champ au sud-ouest de la forteresse de Rocroi et commence des escarmouches.
La bataille n'est pas aisée à engager: Rocroi est située à l'entrée des Ardennes, sur un plateau qui, à l'époque, présente l'aspect d'une vaste clairière, de toutes parts entourée de bois et de marais.
C'est un vrai champ clos auquel on arrive par des défilés faciles à défendre.
La bataille se déroule sur un terrain allant de Rocroi à Sévigny-la-Forêt.
Don Franscisco de Melo eût pu tout à la fois poursuivre son siège et barrer le passage aux Français.
Mais se sachant supérieur en force, il veut la bataille autant que le duc d'Enghien.
Il laisse les Français déboucher dans la plaine et lève le siège pour attendre le choc.
Les Espagnols et leurs alliés, commandés par Francisco de Melo, se placent en face dans une formation en carrés massifs, à part un détachement pour bloquer toute sortie des assiégés.
Avec 17 000 fantassins, 6 000 cavaliers et 12 canons, ils obligent le duc d'Enghien, qui dispose de troupes légèrement moins nombreuses, à livrer bataille avant l'arrivée des renforts de 1 000 cavaliers et 3 000 fantassins.
L'artillerie espagnole ouvre le feu. Enghien veut y répondre en attaquant sur-le-champ, mais une fausse manœuvre (erreur ou désir de « se signaler » ?) d'un de ses lieutenants, La Ferté-Senneterre, qui écarte un moment l'aile gauche du reste de l'armée oblige à remettre la bataille au lendemain5.
Le plan de la batailleLes forces en présenceDrapeau de l'Espagne Monarchie espagnole (Armée des Flandres)
5 tercios viejos espagnols
3 tercios italiens
5 régiments wallons
5 régiments allemands
2 régiments bourguignons
Drapeau du royaume de France Royaume de France
12 régiments français
2 régiments suisses
1 régiment écossais
Depuis l’aile gauche vers l’aile droite française:
première ligne: Fusiliers, Guiche, La Ferté, Bauvau, La Clavière, Piedmont, Rambure, Bourdonné et Biscaras, Molendin, Persen, La Marine, Picardie, Suilly, Coeslin, Lenoncourt, Mestre de Camp, Royal, Gardes, Croattes
deuxième ligne: Harcourt, Hendicourt, Marolle, Notas, Bussy et Guiche, Langeron et Brezé, Roll, Écossois, Vatteuille, Vidame, Veruins et La Prée, Vamberc, Leschelle, Sillart, Menneuille, Roclore
corps de réserve, commandé par de Sirot: Chac, Royaux, Gendarmes, Vatteuille, Harcourt, Hobeterre la Gesures, Sirot
Le royaume de France en 1643 (territoire en jaune clair)Louis II de Bourbon dit "le Grand Condé", cousin du Roi au huitième degré, qui devient prince de Condé à la mort de son père Henri II de Bourbon, le 26 décembre 1646