Marion du Faouët

L'un des territoires de Marion du Faouët : La forêt de Pontcallec et sa rivière Scorff

http://www.zapiks.fr/le-scorff-28-mars-2010-club--1.html

Il est emblématique le fait qu'elle soit partie à l'âge même de notre reine : 38 ans !
C'est aussi à cet âge là que ma soeur aînée est décédée...

Il ressort de l'examen des pièces judiciaires un certain portrait physique et moral de Marion.
Ses interrogatoires montrent un esprit pratique, apte à saisir et à tout comprendre. Assurément , c'est une femme d'une très grande intelligence.
Mais , nous avons aussi son portrait physique : "« Taille de cinq pieds environ ; yeux gris, cheveux châtains roux, une cicatrice au haut du front, visage marqué de roussures". Assurément , c'est une très belle femme exerçant de par sa seule beauté un certain ascendant sur ses hommes.

Notre brigande détestait faire couler le sang . Elle n'a fait couler le sang qu'une seule fois et encore ce fut contre un de ses hommes qui n'avait pas respecté sa consigne.
Marion avait aussi du coeur et savait prendre soin des plus humbles. Elle ne s'en prenait jamais aux plus pauvres ni aux plus riches. Ses cibles étaient des riches cultivateurs , des marchands de boeufs...
Les pauvres constituaient l'essentiel de sa clientèle et l'aidaient dans ses pratiques...L'arme des pauvres , c'était ainsi une arme stratégique et tactique. C'est le clin d'oeil à Robin des Bois !

Comme le dit le mémoire : « Marion du Faouët, dans sa sphère plus modeste, ne peut être comparée à ces deux scélérats ;
mais il y a en elle du Cartouche et du Mandrin ; fine et rusée comme le premier, elle était
audacieuse comme l’autre.
Comme Pontcallec , Marion fut exécutée et le sacrifice dernier la lava entièrement de ses péchés. La figure
était loin d’être exemplaire, bien que les traces de regrets émaillent son parcours. La mort
héroïque racheta les dernières offenses.

Voici quelles furent ses dernières paroles : "« Pères et mères qui m’entendez, gardez et enseignez bien vos enfants. J’ai été dans mon
enfance menteuse et fainéante. J’ai commencé par voler un petit couteau de six liards ;… après,
j’ai volé des colporteurs, des marchands de boeufs : puis j’ai réuni une bande de voleurs. Voilà
pourquoi je suis ici. Redites cela à vos enfants ; et que du moins mon exemple serve de leçon
aux autres. » »
Un instant après, justice était faite. La foule s’écoulait silencieuse ; et plusieurs, sans pitié pour
Marion vivante, accouraient à l’appel de la cloche, et s’agenouillaient dans la Chapelle des
Agonisants où les Cordeliers priaient pour elle."
Voilà la « complainte de Marion du Faouët au pieds de la potence. Julien Trévédy affirme avoir reçu ce récit des petits-enfants d’une « habitante de Quimper, née en 1770 » qui
« a recueilli ces propres paroles d’une personne qui avait assisté à l’exécution » « elle les a souvent répétées et
toujours dans les mêmes termes à ses petits-enfants » qui ont donc transmis ce récit à Trévédy ."

De tout ceci, il ressort que Trévédy en fit un portrait sympathique.

Et le mémoire se risque à faire une comparaison avec Jeanne d'Arc : "L’étrange singularité d’une figure telle que Jeanne d’Arc, qui a su également
s’élever au-dessus de son rang, pouvait être atténuée par le recours au fait religieux ; Jeanne
d’Arc n’a jamais été libre, n’a jamais agi selon sa volonté propre puisqu’elle se contentait
d’obéir à des ordres divins. Comme toute femme qui se respecte, elle est obéissante ; voilà le
dilemme atténué, voilà le retour du cliché, traditionnel et rassurant. Mais il n’en est pas de
même pour Marion ; elle n’a pas été choisie ; et si elle le fut, nul doute que son élection fut
démoniaque. Marion est une figure aberrante, celle qui a rompu avec toutes les normes
ordinaires d’un comportement féminin jugé convenable.
Marion est une femme qui transgresse sa condition, qui n’est pas à sa place dans l’ordre social existant..."

L'ouvrage clé sur Marion est celui-ci : Marion du Faouët et ses associés de Jean Loredan, Liv'Editions, 1995, 348 p "
C'est un ouvrage où il y a quelques illustrations. Et j'ai la chance d'avoir cet ouvrage au fond de ma bibliothèque...

Pour ce faire , Lorédan s'est appuyé sur des archives inédites car non consultées par Trévédy...

Et comme le dit le Mémoire, le but de Lorédan est tout autre : " Le dessein de Lorédan est autre, anthropologique
voire ethnologique :
« Ce qui m’intéressa particulièrement et ce que je me suis efforcé de pénétrer en cette étude,
c’est l’âme du paysan vers le milieu du XVIIIe siècle, aux approches de la Révolution. Ce que
j’ai essayé de représenter, en m’appuyant sur des documents certains, c’est une petite ville
bretonne en ce temps-là, la vie et l’esprit d’une petite ville bretonne, les moeurs de ces
bourgeois, de ces paysans, de ces artisans, leurs croyances, leurs plaisirs, leurs occupations et
préoccupations. Aurai-je atteint ce but ?
Marion du Faouët devient l’objet non exclusif d’une étude plus vaste qui vise à décrire la vie
quotidienne d’une société villageoise au XVIIIe siècle. C’est en s’éloignant de la figure que
Jean Lorédan entend la saisir."

Il y a une tentative d'explication de sa misère, de son état : c'est une révolte contre la misère ! Comment ne pas la comprendre de vouloir chercher à tout prix à fuir cette misère âpre et violente ?
DE fait, c'est tout le portrait d'une insoumise que propose Lorédan. Il est en quelque sorte séduit par elle.
Mais il épure son histoire. Il resitue Marion dans la réalité des choses : Marion n'est qu'une voleuse qui s'en prend à la classe moyenne. Elle reste prudente pour ne pas s'en prendre aux plus riches...
C'est une révolte sociale et politique.

Source : Le Mémoire déjà cité.

Du coup, il y a questionnement comme le montre le Mémoire : "Est-il vrai […] que la misère ait été si grande aux XVIIe et XVIIIe siècles, que les paysans
surtout, pendant ces deux siècles, aient été si malheureux en France et particulièrement en Bretagne ? » demande
Le Goffic. La survivance d’anciennes maisons paysannes, la description du mobilier « en chêne massif, en
châtaignier, en hêtre », enfin les termes même de la « jacquerie » de 1675, puisque la révolte des bonnets rouges
tenait tout entière à « l’impôt mis par Louis XIV sur le tabac, le papier timbré et la vaisselle d’étain » prouvent
que ces misérables ne devaient pas l’être tant que ça. Ainsi, conclut Le Goffic, « il ne faut pas trop se laisser
piper aux grands mots et aux belles phrases et […] sur l’état d’ignorance où l’on veut qu’aient croupi les
populations de l’ancien régime, il est prudent de faire de sérieuses réserves. »

Si on lit Per Jakez-Hélias , un siècle et demi plus tard ( son livre le cheval d'orgueil ), oui, on peut dire que la Bretagne était pauvre dans certains de ses territoires et riches dans d'autres . Le littoral et les grandes villes étant plus riches que les villes à l'intérieur des terres.
La zone géographique de Marion se constitue des Montagnes Noires, du Faouët , de la forêt de Pontcallec et de la rivière Scorff. Donc oui, c'est une zone à l'intérieur des terres et où il règne une grande pauvreté mais pas pour tous...

Cette zone des Montagnes Noires a produit d'autres révoltés : ceux des bonnets rouges dont le meneur le plus célèbre n'est autre que Sébastien Ar Balp ( Sébastien Le Balp )

http://fr.wikipedia.org/wiki/Sébastien_Le_Balp


http://p.ribot.free.fr/bonnetrouge.htm

http://sebastienlebalp.e-monsite.com/

Rappelons pour mémoire que cette révolte des bonnets rouges s'est produite en Bretagne en 1675 , sous le règne de Louis XIV et que la répression menée par le duc de Chaulnes a été particulièrement féroce, à la hauteur de la peur subie par les élites. C'est alors que le père Maunoir est entré en action , pour y" reprendre le pays en main " .

http://fr.wikipedia.org/wiki/Julien_Maunoir

http://www.infobretagne.com/maunoir.htm




C'est une zone géographique plus touchée par la misère que les autres et donc oui, électoralement , c'est une terre de " républicains". Ce n'est pas moi qui le dit, ce sont les résultats de toutes les élections du XXe siècle...

Voici une carte de Bretagne sur lequel on peut localiser la zone des Montagnes Noires :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Montagnes_Noires

Assez curieusement , Marion du Faouët n'a pas été récupérée sur un plan politique mais plutôt littéraire Elle inspiré bon nombre de romans et de BD ...

Voici un article intéressant sur Marion

http://guillotine.cultureforum.net/t2491-marie-louise-tromel-dite-marion-d...

Autre lien sur elle

http://www.forum-breton.com › ... › Contes, Légendes,Littérature bretonne.


http://kergranit.free.fr/Textes/Marie%20Tromel.htm

Voici extrait du premier site la chanson sur Marion du Faouët

MARION DU FAOUêT
REFRAIN
Marie la rousse, la Tromel
Marie brigande, la rebelle
Marie la tendre jouvencelle
Marion du Faouêt la belle.

Dans d'autres temps, de par chez nous,
Naissait fillette aux cheveux roux,
Regard malice, et corps girond,
Qu'on appela Marion.

Dans nos villages de Bretagne,
De l'océan jusqu'aux campagnes,
Pour pauvres gens, plus guère de grains,
Vides, étaient nos moulins.

Vois-tu marcher tous ces mendiants,
Peiner les femmes et les enfants,
Ils ont si faim, ils ont si froid,
Justice, Marion fera.

Entends-tu les gueux gémir,
Tous ces malades qui vont mourir,
Famine et peste ou choléra,
Justice, Marion fera.

REFRAIN

Un jour, trouva son bel amant
Se baignant nu dedans l'étang,
Le grand amour du fier Henry
Partagerait sa vie.

Si vous avez les poches pleines
Ou bien garni le bas de laine,
Détournez-vous de la région
De la belle Marion.

Et galopant dans les chemins,
Il s'en allèrent vers ce destin,
Voler les riches pour les gueux,
Ensemble il firent ce voeu.

Car dÕHennebont jusquÕà Faouêt,
La compagnie Finefond les guette,
Les gros marchands riches et gras
Seigneurs et gens de foi.

REFRAIN

A tous les braves et bons garçons,
Elle donnera, signé Finefond,
Un intersigne de sa loi
Qui les protègera.

Et si vous êtes un beau seigneur,
A l'âme tendre et au grand coeur,
Elle viendra dans votre maison,
Pour son plaisir, Marion.

Un jour, Lankou vînt à frapper
Dedans sa porte pour lÕarrêter,
Elle attendra dans son cachot
La corde et le bourreau.

Quand de nos jours la nuit descend,
Sous vieille halle, cogner jÕentends
Sabot de fer, galop rebelle,
CÕest la Marie Tromel.

REFRAIN