Ce fut encore Étienne Lasne qui entra le premier dans sa chambre, entre huit et neuf heures.
Gomin nous a avoué qu'il n'osait plus, depuis plusieurs jours, y monter le premier, dans l'appréhension de trouver le sacrifice accompli.
Les médecins arrivèrent, chacun à l'heure convenue.
L'enfant était levé quand Pelletan vint le voir à huit heures.
Lasne le croyait mieux depuis la veille, mais le bulletin du médecin ne lui fit que trop comprendre qu'il se trompait.
L'entrevue fut courte.
Ce jour-là, Étienne Lasne habille l'enfant et le fait asseoir
Se sentant défaillir le Prince demande à se remettre au lit
Pelletan comprend qu'il n'en a plus que pour quelques heures
militaire et peintre en bâtiment français, connu pour avoir été le dernier gardien de Louis XVII à la prison du Temple.
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tienne_Lasne
Du 21 mars 1795 au 28 octobre 1797
Deux ans, sept mois et sept jours au Temple dont deux mois et dix-huit jours au service de Louis XVII, huit mois, vingt sept jours au service de Madame Royale
Le 21 mars 1795
Un nouveau gardien passe la petite porte d'entrée de la Grosse Tour
Il vient remplacer Jean-Jacques-Christophe Laurent
"Le Comité de Sécurité Générale, d'après les renseignements qui lui ont été donnés sur la moralité et le patriotisme du Citoyen Lasne Commandant de la force armée de la Section des Droits de l'Homme arrête qu'il remplira les fonctions de gardien du Temple au lieu et place du citoyen Laurent...
Le citoyen Laurent a obtempéré à l'instant au dit arrêté et nous Gomin et Laurent assistés du citoyen Lacroix, commissaire civil de la Section du Mont Blanc, de service au Temple, avons conduit ledit citoyen Lasne dans les lieux où sont les détenus afin qu'il en constate lui-même l'existence; après la visite faite le dit citoyen Lasne ayant connu l'existence des prisonniers, a prêté, entre les mains de la commission, le serment de garder fidèlement le dépôt qui lui est confié... le présent procès-verbal clos à une heure et demie de relevée"
Étienne Lasne fut nommé commissaire préposé à la garde de la Tour du Temple, où étaient incarcérés les enfants de Louis XVI
Étienne Lasne ayant aperçu à plusieurs reprises le dauphin lorsque son bataillon protégeait le palais, il reconnut sans peine le fils de Louis XVI mais fut d'autant plus frappé par la dégradation de l'état de santé du jeune garçon.
Comme son prédécesseur Laurent, Étienne Lasne fit de son mieux pour améliorer les conditions de vie des deux petits prisonniers.
Comme Jean-Baptiste Gomin, Étienne Lasne n'a aucune envie de se rendre au Temple, lorsqu'il reçoit sa nomination
Il faut que deux gendarmes viennent le chercher pour qu'il rejoigne les prisonniers dans la Tour
On assure que M. Lasne répondait aux personnes qui lui témoignaient de l'étonnement de ses soins
"Croyez-vous que j'ai accepté ma nomination pour être ici l'instrument de la terreur ?"
Si le nouvel arrivant ne néglige pas ses soins pour améliorer la vie de Louis-Charles et celle de sa sœur, faisant démonter et lessiver les bois de lit des enfants, dans lesquels les punaises ont pullulé, il prend en charge, plus particulièrement, le petit garçon qu'il a, immédiatement reconnu pour l'avoir, aux Tuileries, conduit plusieurs fois, à la tête de son bataillon, dans son petit jardin
il donne l'ordre au porte-clefs Gourlet de graisser verrous et serrures pour ne plus effrayer Monsieur Charles et de ne plus fermer que deux portes
Louis-Charles a tout d'abord peur du nouveau gardien, en raison de son air sévère, mais il s'accoutume vite et au bout de trois semaines, il est apprivoisé et tutoie son gardien
Ce dernier reste auprès du Dauphin, le plus souvent possible, le monte sur le haut de la Tour, le porte dans ses bras, essaie de le distraire, en lui chantant de vieux couplets destinés aux gardes françaises, accompagné au violon par son collègue
Il passa du temps auprès du « petit Capet », jouant avec lui aux dominos
Il utilise des ruses pour lui faire avaler ses médicaments
L'enfant lui est attaché, lui réclame des romances, s'accroche à son bras gauche pour marcher un peu
De concert avec son collègue Gomin, Lasne alerta le comité de sûreté générale sur l'inquiétant état de santé du jeune détenu, qui continua à se dégrader malgré les soins (potions, frictions) prodigués par le gardien sur les conseils du docteur Desault puis du docteur Pelletan.
Au moment de sa mort, il essaie encore de lui confier un secret
Gardant le chevet du jeune malade, Étienne Lasne fut le témoin, le 08 juin, des derniers instants de Louis XVII, qui lui adressa, avant de s'éteindre, ses ultimes mots:
« J'ai une chose à te dire ... »
Louis-Charles a ressenti la réelle affection que lui porte cet homme dans les bras duquel il expire
Marie-Thérèse écrit
"Lasne, bien bon homme, qui eut avec Gomin bien soin de mon frère"
Une entente certaine existe entre Gomin et Lasne dont la fonction est la même, chacun d'eux s'occupant plus particulièrement d'un des enfants
Le troisième et dernier gardien semble assumer les différents problèmes, qu'ils soient ordinaires ou extraordinaires, d'une manière plus calme et moins émotive que celle de son collègue
Ainsi, au moment où Gomin surprend Mme de Tourzel feuilletant les registres du Temple, il s'emporte, Lasne le calme, lui conseillant de ne pas réagir, et il obéit
Les décisions sont prises en commun, ayant cru nous apercevoir que l'on répétait cette romance à la vue de la jeune détenue, nous avons dirigé sa promenade d'un autre côté
C'est tantôt, Gomin qui interdit l'entrée de la Tour à Madame de Tourzel, tantôt, Lasne qui empêche Melle de Bourbon-Conti de voir la Princesse
Le personnel disait à cette intrigante:
"Voyez le citoyen Lasne, cela dépend de lui...Si votre cousine vous demande, vous irez...
Ils sont d'accord en ce qui concerne les améliorations apportées à la vie quotidienne des enfants et agissent de concert, lors de la mort de Charles-Louis
Au moment du départ de Madame Royale pour l'Autriche, c'est Lasne qui surveille la rue, à l'extérieur de la Tour, et qui prévient Gomin et la Princesse de l'arrivée du Ministre Benezech, qui vient la chercher
Comme tous les autres employés de la Tour du Temple, Étienne Lasne connaît des difficultés administratives pour toucher son salaire
Aussi c'est d'un commun accord que les deux gardiens rédigent une lettre à la Convention, le 1er novembre 1795, pour réclamer une gratification, ils demandent à conserver la garde-robe de Louis-Charles
En décembre 1795
La libération de Madame Royale mit fin à sa fonction.
Le départ de Madame Royale marque la séparation des deux hommes, l'un quitte les lieux, alors que l'autre y reste pour un temps encore fort long
Il fut cependant rappelé au Temple quelques mois plus tard pour servir de geôlier à William Sidney Smith.
Redevenu peintre en bâtiment, il déménagea quelques années plus tard, s'installant dans la rue des Carmes puis dans la rue Regrattière, sur l'Île Saint-Louis.
Abordé, en tant que témoin de la mort de Louis XVII, par les émissaires de l'un des nombreux « faux dauphin », il refusa toujours de revenir sur ses déclarations et, en 1834, témoigna à charge lors du procès d'un de ces imposteurs, le baron de Richemont.
En 1837
Il fut contacté par l'historien Beauchesne, biographe de Louis XVII, qui recueillit les souvenirs du vieil homme.
Il est enterré au cimetière du Père Lachaise (division 40)