Pompe funèbre de Louis XV
On célèbre, dans l’abbaye royale de Saint-Denis, le service solennel pour le repos de l’âme du feu Roi.
Le corps avait été descendu au caveau, quelques jours, après sa mort, suivant l’usage observé pour les Rois qui meurent de la petite vérole.
Mais la représentation était placée sur un magnifique catafalque, sous un grand pavillon, au milieu d’une chapelle ardente éclairée par un grand nombre de cierges.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Antoine_de_La_Roche-AymonS.E. le cardinal de La Roche Aymon, archevêque de Reims et Grand Aumônier de France, avait assisté, la veille, aux Vêpres des morts chantées par la Musique du Roi, et par les religieux de l’abbaye.
Le Clergé, le Parlement, la Chambre des Comptes, la Cour des Monnaies, le Châtelet, l’Élection, les corps de Ville et l’Université de Paris s’y rendent, suivant l’invitation qui leur avait été faite.
Monsieur et M. le comte d’Artois ayant pris place, ensuite le prince de Condé, la messe est célébrée par S.E. le cardinal de La Roche Aymon.
A l’OffertoireMonsieur, conduit par le marquis de Dreux, Grand Maître des Cérémonies, va à l’Offrande après les saluts ordinaires; M. le conte d’Artois y est conduit par M. de Nantouillet, Maître des Cérémonies en survivance de M. Desgranges, et le prince de Condé par M. de Wattronville, Aide des Cérémonies.
Après l’OffertoireMgr Jean Baptiste de Beauvais, évêque de Senez, prononce l’oraison funèbre.
Lorsque la messe a été finie, S.E le cardinal de La Roche-Aymon, et Mgr de Fleury, évêque de Chartres, Mgr de Caussade, évêque de Meaux et M. de La Mothe-Fénelon, évêque de Lombez, font les encensements autour de la représentation.
Le Roi d ‘armes, après avoir jeté sa cotte d’armes et son chaperon dans le caveau, appelle ceux qui doivent porter les pièces d’honneur.
Le marquis de Courtanveaux apporte l’enseigne des Cent Suisse de la Garde dont il est le capitaine-lieutenant.
Le prince de Tingry, le duc de Villeroy et le prince de Beauvau, capitaines des compagnies de gardes du corps françaises, apportent les enseignes de leurs compagnies, et le duc de Noailles, capitaine de la compagnie écossaise, apporte celle de la sienne.
Quatre écuyers du Roi portent les éperons, les gantelets, l’écu et la cotte d’armes.
Le marquis d’Eudreville, écuyer ordinaire du Roi, faisant office de premier écuyer, apporte le heaume timbré à la Royale.
Le marquis de La Chesnaye de Rougemont, premier écuyer tranchant, apporte le pannon du Roi.
Le prince de Lambesc, Grand Ecuyer de France, apporte l’épée royale.
Le duc de Bouillon, Grand Chambellan de France, apporte la bannière de France.
Le duc de Béthune apporte la main de Justice.
Le duc de La Trémoïlle apporte le sceptre.
Le duc d’Uzès, premier duc et pair de France, apporte la Couronne Royale.
Le duc de Bourbon, Grand Maître de France, en survivance de son père le prince de Condé, met le bout de son bâton dans le caveau, et les maîtres d’hôtel y jettent les leurs après les avoir rompu.
Le duc de Bourbon crie ensuite:
« le Roi est mort »; et le Roi d’armes répète trois fois:
« Le Roi est mort, prions tous Dieu pour le repos de son âme »On fait une prière, et le Roi d’armes crie, ensuite, par trois fois:
« Vive le Roi », qui est suivi d’acclamations de toute l’assemblée.
Les trompettes sonnent dans la nef.
La Musique du Roi exécute la messe des morts de M. Delser, et le De Profondis de M. Mathieu, maître de musique du Roi, en semestre.
Les princes, le Clergé, les ducs, les officiers et les compagnies sont, ensuite, traités magnifiquement en différentes salles de l’Abbaye.
S.E. le cardinal de La Roche-Aymon, archevêque de Reims et Grand Aumônier de France, bénit les tables du Grand Maître de France et du Parlement; puis à la fin du repas, il dit les grâces, après lesquelles la Musique du Roi chante le psaume Laudate Dominum, omnes Gentes. M. Henin, doyen des maîtres d’Hôtel du Roi, fait les honneurs de la table du Parlement à Saint-Denis, conformément aux ordres qu’il avait reçu du Grand Maître de France et suivant l’usage.
Cette pompe funèbre a été ordonnée par le duc d’Aumont, paire de France et premier gentilhomme de la chambre du Roi en exercice, et conduite par M. Papillon de la Ferté, intendant et contrôleur général de l’Argenterie, Menus Plaisirs et Affaires de la Chambre; sur les dessins de M. Challe, dessinateur de la Chambre et du Cabinet du Roi, et exécutés par M. Bocciardi, sculpteur des Menus Plaisirs du Roi.