Le Boudoir de Marie-Antoinette

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 11 août 1784: Le cardinal de Rohan croit rencontrer la reine dans un bosquet...

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yann sinclair

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MessageSujet: 11 août 1784: Le cardinal de Rohan croit rencontrer la reine dans un bosquet...   11 août 1784: Le cardinal de Rohan croit rencontrer la reine dans un bosquet... Icon_minitimeLun 12 Aoû - 11:26

Le cardinal de Rohan croit rencontrer la reine dans un bosquet...


"L'affaire du collier de la Reine est aussi la triste histoire d'un vieux cardinal lubrique amoureux de Marie-Antoinette... "
Marie-Antoinette, le collier et le cardinal de Rohan.


La nuit du 11 août 1784 est tombée sur le parc de Versailles.

Deux ombres se glissent dans le bosquet de Vénus.

Un homme et une femme.

Lui, c'est le cardinal de Rohan, 49 ans, l'un des plus hauts personnages du royaume.

Elle, c'est la comtesse de Valois.

Dissimulés dans l'obscurité, ils attendent.

L'homme est impatient comme un gamin à son premier rendez-vous amoureux.

La femme tente de le calmer.

Les minutes s'égrènent.

Chuuut !

Quelqu'un approche.

À la lueur de la lune, ils aperçoivent une jeune femme habillée d'une magnifique robe de mousseline à pois qui cache timidement son visage derrière une gaze légère comme la brume du matin.

Pourtant, il n'y a pas à s'y tromper.

C'est bien elle, c'est la reine.

Marie-Antoinette !

Le cardinal est sur le point de défaillir.

L'émotion est trop forte.

Depuis le temps qu'il attend cette rencontre.

La jeune femme s'approche, une rose à la main.

C'est un ange, l'incarnation de la grâce sur terre.

Quand le cardinal amoureux transi la voit, il est dans la peau de Giscard accueillant Lady Diana.

Il défaille de bonheur, il en perd son latin et le reste.

Elle lui adresse quelques mots, les premiers depuis plus de dix ans : "Vous savez ce que cela signifie. Vous pouvez compter que le passé sera oublié."

Il n'en peut plus, le Rohan.

Dans sa tête, le loup de Tex Avery hurle de tous ses poumons.

Il voudrait la saisir dans ses bras, la baiser, mais un homme sort d'un fourré.

Il porte la livrée de la reine.

Il chuchote que les deux belles-sœurs de la reine sont sur le point d'arriver.

Déjà, Marie-Antoinette a disparu, laissant le cardinal désespéré.

L'idiot y a cru.

Or, la reine qu'il a vue n'est qu'une prostituée du Palais-Royal qui lui ressemble, une certaine Nicole Leguay, payée 15 000 livres pour jouer ce rôle.
Putes ou comtesses

Cette scène est le point culminant d'une des plus grandes arnaques de l'histoire de France, celle de l'affaire du collier de la reine.

Ou comment un quatuor d'escrocs abuse de la crédulité du cardinal de Rohan, fou amoureux de Marie-Antoinette, pour s'emparer d'un collier de diamants valant la fabuleuse somme de 1,6 million de livres. Derrière cette méga-escroquerie, il y a pourtant une merveilleuse histoire d'amour, à tirer des larmes même à Claude Guéant.

Celle d'un prélat de 49 ans au goupillon aussi fringant que celui de Rocco Siffredi, tombé éperdument amoureux de la reine de France.

Qui plus est, Louis de Rohan-Guéméné est philosophe, ami de D'Alembert et de Buffon, membre de l'Académie française.

À l'âge de 38 ans, il est ambassadeur à Vienne, où il défraie la chronique avec ses liaisons scandaleuses.

C'est alors qu'il s'attire la haine de Marie-Antoinette, l'épouse du dauphin de France, lorsqu'une lettre dans laquelle il dénigre l'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche - la mère de Marie-Antoinette - est rendue publique.

En 1779, Rohan est de retour à Paris où il est couvert d'honneurs à la grande fureur de Marie-Antoinette : il devient le grand aumônier de France, abbé de l'abbaye de Saint-Vaast, cardinal, proviseur de la Sorbonne...

Ce qui ne l'empêche pas d'accumuler les maîtresses.

Le bougre n'est pas difficile sur la marchandise.

Putes ou comtesses, il prend tout ce qui passe à portée de sa crosse. Pourtant, cet homme délicieux est fou amoureux d'une seule femme, d'une véritable déesse qui le repousse.

Le cardinal se consume de désir pour Marie-Antoinette.

Rien que cela !

Elle qui ne lui adresse plus la parole depuis tant d'années.

Cela ne l'empêche pas de cultiver un doux espoir...

En 1783, il a la mauvaise idée de confier ses sentiments à une de ses maîtresses, la comtesse de la Motte-Valois. Elle n'est pas plus comtesse que vous et moi, mais c'est vrai qu'elle descend d'un bâtard d'Henri II. Ce qui ne l'empêche pas de connaître une enfance misérable à mendier sur les chemins. À 24 ans, en 1780, Jeanne épouse un nobliau désargenté du nom d'Antoine-Nicolas de la Motte. Elle prend un amant, Rétaux de Villette. Tous trois se disent qu'il leur faut exploiter la passion imbécile du cardinal pour la reine. Jeanne se met à lui raconter que, étant intime avec la reine, elle peut lui glisser quelques mots en sa faveur. Ce balourd de cardinal croit au bobard de la prétendue comtesse au point de la payer grassement pour ses services. Rohan nage dans la félicité. La Valois lui raconte que la reine est prête à lui pardonner ! Il pleure, il chante, il danse la Carmagnole (non, pas encore). Il se sent dans la peau de Sarkozy le jour où Carla lui a souri chez Séguéla. Il récompense largement la comtesse.
540 diamants, 2 840 carats

Mais, bientôt, le cardinal exige davantage. Puisque Marie-Antoinette l'aime, il veut un signe d'elle, la serrer dans ses bras, la couvrir de baisers. Bref, il veut la rencontrer. La comtesse trouve toujours un prétexte pour retarder le rendez-vous galant. Mais l'académicien s'impatiente. Que faire pour ne pas perdre la poule aux oeufs d'or ? La comtesse, le comte et l'amant se concertent. Ils se mettent en cheville avec un autre escroc notoire, le comte de Cagliostro, qui leur parle d'une prostituée opérant au Palais-Royal et qui ressemble à s'y méprendre à la reine. D'où l'idée de la fausse rencontre avec Marie-Antoinette dans le parc de Versailles. Le benêt de Rohan avale l'hameçon avec la canne à pêche et le pêcheur au bout. D'autant plus que la comtesse lui remet plusieurs lettres de la reine, rédigées en réalité par Villette, faussaire de génie. Sauf qu'il signe les billets doux "Marie-Antoinette de France". Ce que celle-ci ne fait jamais. Une reine ne signe que de son prénom. Mais le cardinal n'y voit que du feu, ne jurant plus que par madame de la Motte, sa bienfaitrice.

C'est alors que naît dans l'esprit de nos trois lascars une idée grandiose, une escroquerie géniale. Tout le monde sait à la cour que les joailliers Boehmer et Bassenge aimeraient vendre à Marie-Antoinette un collier fabuleux commandé par Louis XV pour sa maîtresse, la Du Barry. C'est une pièce unique composée de 540 diamants pesant un total de 2 840 carats. Le prix est faramineux : 1,6 million de livres. Seulement la reine refuse d'acquérir un bijou réalisé pour la maîtresse d'un roi. Les deux joailliers sont désespérés, car les voilà au bord de la faillite. C'est alors que la comtesse vient les trouver en leur expliquant que Marie-Antoinette est prête à leur acheter le bijou, mais sous le couvert d'un prête-nom pour que la transaction reste secrète. Joie des deux artisans, qui s'enquièrent du nom de l'intermédiaire. En apprenant qu'il s'agit du cardinal de Rohan, les voilà rassurés.
De quoi acheter trois gros châteaux

La comtesse va maintenant trouver le cardinal, à qui elle remet une lettre de Marie-Antoinette, rédigée bien entendu par Villette, dans laquelle la reine explique à son doux ami que le roi n'ayant pas actuellement les moyens d'acquérir le collier, vu les difficultés traversées par le royaume, elle le supplie de lui avancer l'argent en échange de quatre reconnaissances de dette de 400 000 livres chacune. Le cardinal hésite. C'est une grosse somme. De quoi acheter trois gros châteaux. Il demande conseil au comte de Cagliostro, qui se fait passer pour médium et en qui il a toute confiance. L'imbécile.

Le comte, qui est dans la combine, organise une séance de spiritisme au cours de laquelle un enfant médium annonce au cardinal que s'il accepte de servir d'intermédiaire dans l'achat du collier il sera fait Premier ministre. Il n'en faut pas plus pour le décider. Le 1er février 1785, le cardinal signe quatre reconnaissances de dette qu'il remet aux deux joailliers en échange du collier. L'amoureux transi l'apporte aussitôt à la comtesse de La Motte qui le transmet en sa présence à un valet de pied portant la livrée de la reine et qui n'est autre que Villette. Dès le lendemain, les trois escrocs démontent les pierres, se les partagent et commencent à les écouler. En France, en Angleterre. Des bijoutiers étonnés par la qualité des pierres sentent le coup fourré et refusent de les acheter. Mais comme aucun vol n'est signalé, ils finissent par les acquérir.
Condamnée à perpétuité, fouettée et marquée au fer rouge

Après quelques semaines, les deux joailliers et le cardinal s'étonnent que la reine ne porte pas le collier. La comtesse trouve des excuses, dit qu'elle attend une grande occasion. Mais bientôt arrive la première échéance. Rohan attend l'argent de la reine. La Motte prétend que le roi a des difficultés à rassembler la somme. Le bijoutier Boehmer, s'inquiétant, va trouver la première femme de chambre de la reine, madame de Campan. Stupéfaite, celle-ci apprend l'histoire à Marie-Antoinette qui tombe, à son tour, des nues. Une enquête est ouverte par le baron de Breteuil, ministre de la Maison du roi et ennemi intime du cardinal. L'escroquerie est vite découverte.

Le 15 août, après la messe de l'Assomption célébrée à Versailles en grande pompe par le cardinal de Rohan, qui est grand aumônier de France, Louis XVI le convoque dans ses appartements. Il lui passe un savon énorme, puis le fait arrêter au sortir de chez lui, dans la galerie des Glaces, au milieu des courtisans. Le cardinal est conduit à la Bastille d'où il mettra en vente plusieurs de ses propriétés pour rembourser les joailliers. La comtesse est arrêtée, mais son mari parvient à s'enfuir à Londres. Villette, lui, trouve refuge en Suisse. Cagliostro est arrêté et emprisonné neuf mois avant d'être libéré, faute de preuve, et condamné à l'exil.

Finalement, le cardinal est jugé le 22 mai 1786 par la Grand-Chambre du Parlement de Paris qui, à la surprise générale, l'acquitte huit jours plus tard. En revanche, la comtesse est condamnée à la prison à perpétuité, à être fouettée et à être marquée au fer rouge avec deux V, signifiant voleuse. Au lendemain du jugement, un magistrat s'écrie : "Un cardinal escroc, la reine impliquée dans une affaire de faux ! Que de fange sur la crosse et le sceptre ! Quel triomphe pour les idées de liberté !"

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