Cochevis de Thekla
Nombre de messages : 510 Date d'inscription : 01/07/2018
| Sujet: Quand Napoléon pillait l'Europe pour remplir le musée du Louvre Jeu 17 Oct - 6:32 | |
| Un article passionnant que j'ai donc décidé de vous livrer tel quel. - Quand Napoléon pillait l'Europe pour remplir le musée du Louvre
Créé sous la Révolution, le musée va recueillir les plus grands chefs-d'œuvre grâce aux razzias de Napoléon… qui devra – presque – tout rendre à sa chute.
Par Marc Fourny
Incroyable histoire que les débuts mouvementés du musée du Louvre, retracé dans le récit très documenté du conservateur Pascal Torres, que les éditions Tallandier ont la bonne idée de rééditer*. Vieux projet des monarques, le Muséum est finalement réalisé dans le chaos de la Révolution française quand les collections royales sont présentées au peuple dès 1793, au cœur du palais devenu républicain. C'est alors que débute un pillage systématique dans les pays limitrophes, comme le raconte Pascal Torres dans son ouvrage : la politique de saisie, commencée par Robespierre, est confirmée sous le Directoire et mis en œuvre par les armées républicaines, en Belgique, en Allemagne et surtout en Italie où le jeune général Bonaparte court décrocher la gloire…
Une fois sur place, Napoléon se fait carrément accompagner d'artistes qui font le tri pour le compte de la République. La liste des saisies est impressionnante : des œuvres du Corrège, La Sainte Cécile et La Transfiguration de Raphaël, l'Apollon et Le Torse du Belvédère, Le groupe du Laocoon, Le Tireur d'épine, La Vierge de la Victoire et La Crucifixion de Mantegna…
- Défilé triomphal dans Paris
En 1797, on passe à la vitesse supérieure quand le pape Pie VI est contraint de puiser dans ses trésors après le traité de Tolentino : aux 15 millions de livres s'ajoutent « cent tableaux, bustes, vases ou statues, au choix des commissaires qui seront envoyés à Rome ». La razzia continue sur Venise qui doit céder ses chefs-d'œuvre, dont les fameux chevaux de la basilique Saint-Marc, eux-mêmes saisis au XIIIe siècle par les Vénitiens sur l'hippodrome de Constantinople. Ce butin de guerre fera même l'objet d'un immense triomphe dans les rues de Paris, en 1798, avec des chars couverts de lauriers, de couronnes de fleurs, accompagnés de tigres et de lions exposés dans des cages, un défilé tout droit sorti d'un péplum hollywoodien… Quand Bonaparte parvient au pouvoir absolu, il modèle le Muséum à sa gloire : le Louvre devint le musée Napoléon, dirigé par le graveur Vivant Denon, un ami de Joséphine. Il fait chasser manu militari les derniers artistes qui logent encore dans les lieux, aménage et agrandit les lieux, notamment en faisant construire une nouvelle aile le long de la rue de Rivoli par Percier et Fontaine. Les œuvres affluent encore, par acquisition ou par les guerres, notamment celles menées en Allemagne. Et c'est au milieu de son musée, symbole de sa puissance, que l'Empereur décide d'épouser Marie-Louise d'Autriche, en 1810. Il somme Denon de vider le Salon carré pour le transformer en chapelle, le directeur résiste, Napoléon menace alors de brûler les tableaux s'ils ne sont pas décrochés dans l'heure ! - Plus grand musée de l'univers
Une fois marié, le couple impérial rejoignit les Tuileries en traversant la Grande Galerie devant huit mille invités et surtout les plus beaux chefs-d'œuvre de la peinture européenne, dont une grande partie pillée par les troupes françaises… « Le musée Napoléon, à la chute de l'Empire, était devenu le plus grand musée de l'univers, que jamais aucun musée ne pourra égaler dans l'histoire humaine, pas même le Louvre d'aujourd'hui », reconnaît le conservateur Pascal Torres dans son ouvrage. Mais le musée des rapines ne survivra pas à Napoléon. Si les puissances européennes ferment les yeux en 1814, lors de la première abdication, ils changent de ton en 1815, après la défaite de Waterloo : la France est sommée de rendre les œuvres pillées, qui regagnent leurs pays d'origine, entraînant d'ailleurs chez les peuples une prise de conscience de leur patrimoine commun. « Les Noces de Cana, de Véronèse sont la seule saisie vénitienne qui demeura au Louvre, explique Pascal Torres. Elle fut échangée contre un tableau de Charles Le Brun qui faisait alors l'admiration de l'Europe : La Madeleine aux pieds du Christ. Venise y perdit au change, c'est certain… » Les Noces ne pouvait de toute façon repartir en Italie : le tableau, immense, avait déjà été coupé en deux pour rejoindre la France, il n'aurait pas supporté un nouveau transfert. Au final, les puissances spoliées ne purent tout reprendre, car dès 1807, des dizaines de tableaux avaient été transférés dans des musées de province et les alliés furent peu regardants… Le Louvre, brutalement amaigri, reprenait alors sa mission sous la responsabilité des Bourbons. « Le musée royal entrait dans une nouvelle ère, conclut l'auteur. Celle de la conquête des chefs-d'œuvre par l'acquisition légale, les donations, les achats. » *À lire : Les Secrets du Louvre, de Pascal Torres, éditions Tallandier, collection Texto, 10 euros. https://www.lepoint.fr/histoire/quand- napoleon-pillait-l-europe-pour-remplir-le-musee-du-louvre-14-10-2019-2341180_1615.php Bonus : "Napoléon Ier visitant l'escalier du Louvre sous la conduite des architectes Percier et Fontaine", Louis-Charles-Auguste Couder (1833) _________________ un peu vif
|
|