Incroyable ! D'ailleurs l'estimation (10000 euros) prouve son authenticité.
MARIE-ANTOINETTE (Reine). Lettre autographe à sa sœur Marie-Christine d'Autriche. Versailles, 21 juin 1782. 2 pp. 1/4 in-12. CONCERNANT LA VENUE EN FRANCE DU TSAREVITCH PAUL, FUTUR PAUL Ier, et de son épouse Sophie Dorothée de Wurtemberg. Ils « voyageaient incognito en France sous le nom de comte et comtesse du Nord. En réalité, le fils de Catherine II était envoyé en France comme ambassadeur officieux pour solliciter la neutralité bienveillante de Louis XVI à propos du partage de l'Empire ottoman que la Russie et l'Autriche projetaient secrètement depuis 1780. Joseph II avait demandé à sa sœur [Marie-Antoinette] de prêter grande attention à ses deux hôtes » (Evelyne Lever dans Marie-Antoinette, Correspondance, Tallandier, p. 399 , d'où la présente lettre est cependant absente).
« VOUS AVEZ SÇU, MA CHERE CHR., LE DEPART DU COMTE ET DE LA COMTESSE DU NORD. LE ROI A VOULU LEURS DIRE ADIEU UNE NOUVELLE FOIS ET TOUTE LA FAMILLE ROYALLE EST ALLER LES RENCONTRER à Choisy. Après avoir visiter la Bretagne et la Normandie, ils se renderont dans votre gouvernement par Ostende. Nos adieux ont été fort affectueux, et ils se sont montrés tous les deux très sensibles à l'accueil qu'ils ont receu. LA COUR A ETE ENCHANTEE DU GR[AND]-DUC QUI EST TRES AFFABLE, INSTRUIT, BIEN RENSEIGNE, et qui avoit toujours quelque chose d'aimable à dire , il étoit fort entouré des gens de lettres à qcause des goûts de l'imp[ératrice] qui avoit ici des relations avec eux. Le roi n'a pas cependant remarqué qu'il ait adopté des opinions exagérées, du moins il s'est montré fort réservé à cet égard , au fond, il a l'air d'un homme ardent et impétueux qui se contient, et il s'est trahi par quelques paroles. Je n'ai rien sçu que bien imparfaitement l'effet qu'il a produit à Vienne. POUR LA GR[ANDE]-DUCH[ESSE], C'EST UNE BELLE PERSONNE QUI A AUSSI UNE AFFABILITE INFINIE COMME SON MARI. Elle n'est étrangère à rien et elle est remplie de connoissances, mais je vous avoue qu'elle paroît trop en faire montre , cependant elle a laissée généralement une excellente impression, et si je ne me trompe, elle a le cœur bon. Ils ont vu Paris dans les plus petits détail, et comme ne l'ont jamais vus les gens du pays qui remettent toujours au lendemain. Je puis dire que je suis de ce nombre. DEPUIS QU'ILS SONT PARTIS, IL NOUS REVIENT DE TOUS LES COTES SUR EUX DES TRAITS QUI LEUR FONT HONNEUR et des anecdotes sans nombre, c'est à qui rapportera un de leurs mots. Au reste, vous jugerez vous-même de ces voyageurs dans peu, et je serai curieuse d'en avoir votre opinion. Adieu, ma sœur chérie, est-ce que votre mari n'est point à Bruxelles ? »
GOUVERNEURE DES PAYS-BAS AUTRICHIENS, MARIE-CHRISTINE D'AUTRICHE résida à Bruxelles de 1781 à 1787 avec son mari Albert de Saxe-Teschen
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La même vente, lettre d'Elisabeth
ÉLISABETH (Élisabeth de France, dite Madame). Lettre autographe à la marquise de La Ferté-Imbault (s.l., 30 mars 1784, 1 p. 1/2 in-4), avec 2 apostilles autographes de celleci (s.l., début avril 1784, 3 lignes, et environ 1 p. 1/2 in-4). Le tout sur un bi-feuillet in-4. SŒUR CADETTE DE LOUIS XVI, MADAME ÉLISABETH ?1764-1794) alliait une grande piété à un caractère excentrique, signant certaines de ses lettres « Élisabeth la Folle ». Elle se montra toujours très attachée au couple royal, et Louis XVI lui offrit une maison dans le village de Montreuil, près du château de Versailles. Incarcérée en 1792 à la prison du Temple, elle fut guillotinée en 1794.
Madame Élisabeth écrit ici : « Je ne puis m'empêcher, malgré vos deffences, de vous dire combien vous me faites plaisir, en me mandant que ma pupille est, et sera parfaitement heureuse , elle le mérite bien, car il m'a paru qu'il seroit difficile d'estre plus aimable, plus attrayante que ne l'est votre aimable nièce , je suis charmée qu'elle soit à son aise avec nous, je vous assure que ses compagnes, et moi, nous l'aimons déjà beaucoup. Si vous l'aviez vue le premier jour, son embarras vous auroit divertie , pour moi, qui suis portée à la méchanceté la plus noire, j'avoue que cela m'a fort amusée. C'est à vous à donner vos ordres à votre nièce, et elle voudra bien me les communiquer , pour moi, je serai très aise de vous voir, mais Montreuil sera bien glorieux de vous revoir, Madame Imbault, je tâcherai de le rendre si aimable que vous soyez tenté[e] de le rendre heureux en y revenant. Je suis très aise aussi que la connoissance de Mr de Blangy vous fasse prendre intérêt aux bonheur de deux autres personnes, car je suis persuadé[e] que Mr et Mde de Vibraye suivront leur exemple et seront heureux l'un par l'autre, en dépit de la mode , mais ce qui me fait encore plus de plaisir, c'est que cela m'ait mis[e] dans le cas de renouer connoissance avec Mde Imbault et de l'assurer moi-même de la tendre amitié que j'ai pour elle. » Dans ses notes explicatives, la marquise a indiqué : « Montreuil, maison de campagne de Madame, où je lui ai mandé que je désirois de lui faire ma cour plutôt qu'à son apartement de Versailles ». « Voici a cause qui m'a attiré[e] cette charmante lettre que j'ai reçu[e] hier au soir. Dimanche matin, j'eus une grande conversation avec la vicomtesse de Blangy pour sçavoir le vrai de ce qui [s]'étoit passé dans son âme pendant sa semaine et la manière dont la princesse l'avoit traitée. D'après son récit naïf, je juge[ai] qu'il falloit en remercier Madame, et prendre de là adroitement le prétexte de lui parler de ma passion, du plaisir que j'avois à mon âge d'estre réveillé[e] par elle, de mon ancien chevalier lanturelus le vicomte de Vibray, et de son bonheur d'avoir eppousé une fille de ma passion, que plusieurs amis communs me disoient fort aimable, et, après tout ces historique[s], je finis par dire à Madame que c'est l'énumération de [s]es bienfaits, parce que sans la place qu'elle a eu la bonté de donner à ma petite nièce, elle n'oroit pas pu faire un aussi bon mariage que celui du vicomte de Blangi, que je peint aussi sur sa véritable formes de jeune homme vertueux, raisonnable, et fait pour estre toujours un bon mary. Je finis en faisant mille tendres complimens à ma passion, à mon ami son époux, à mon cher vicomte lanturelus, et à ma future lampenne [?] »
FILLE DE LA CÉLÈBRE MADAME GEOFFRIN, LA MARQUISE DE LA FERTÉ? IMBAULT était née Marie-Thérèse Geoffrin (1715-1791). Veuve à vingt-et-un ans du marquis de La Ferté-Imbault, Philippe-Charles d'Étampes, elle se brouilla avec sa mère et poursuivit seule une habile stratégie d'ascension sociale qui l'amena à se lier d'amitié avec le cardinal de Bernis, les Pontchartrain, la princesse de Rohan, le prince de Condé, les ducs de Luynes, le comte de Maurepas et surtout la comtesse de Marsan, gouvernante des enfants de France, qui l'introduisit dans le cercle du Dauphin. Comme sa mère, elle tint Salon, mais y admit des personnalités hostiles aux Lumières. Aimant le rire au point de recevoir le surnom de « madame Carillon », jouant à l'excès de la fantaisie, elle fonda le « Sublime Ordre des Lanturelus » pour lequel elle organisait des lectures de poèmes satiriques hostiles au Gouvernement, dans le but de défendre la cause parlementaire contre l'absolutisme. Elle a laissé des manuscrits à valeur de mémoires. Nattier a peint son portrait.
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et aussi
ANGOULÊME (Marie-Thérèse Charlotte de France, duchesse d'). Lettre autographe signée, [probablement à son ancienne gouvernante Louise-Élisabeth de Croÿ, duchesse de Tourzel]. S.l., 8 août 1824. 2 pp. in-12, d'une fine écriture serrée. Longue lettre amicale évoquant leur cercle familial et amical : le duc d'Havré, la duchesse Des Cars, Louis XVIII, le duc d'Angoulême, mais aussi Louis XVI :
« ... QUANT À MOI, JE PROFITE DE CETTE ABSENCE POUR ALLER VOIR CHERBOURG, LIEU QUI A BIEN DES DROITS À MON CŒUR, J'Y JOUIRAI DE TOUT CE QUI AVOIT ÉTÉ ORDONNÉ ET COMMENCÉ PAR MON VERTUEUX PÈRE, ET DE SONGER QUE LE TEMS OÙ IL Y A ÉTÉ A ÉTÉ LE DERNIER BEAU MOMENT DE SON RÈGNE...
Louis XVI était venu à Cherbourg en juin 1786 pour visiter le chantier du port de guerre qu’il avait initié. FILLE DE LOUIS XVI ET DE MARIE ANTOINETTE, MARIE THÉRÈSE CHARLOTTE DE FRANCE (1778-1851) fut appelée Madame Royale comme sœur de Louis XVII, et épousa son cousin Louis de France, duc d'Angoulême (fils du comte d'Artois). Elle acheva sa vie en exil à Frohsdorf en Autriche. Lettre écrite par la duchesse d'Angoulême un mois avant la mort sans enfant de Louis XVIII, qui allait faire de son mari et d'elle les derniers Dauphin et Dauphine de France.
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Une occasion à ne pas manquer !