Deferre
Nombre de messages : 123 Date d'inscription : 11/11/2019
| Sujet: Des fouilles archéologiques découvrent le site d’une faïencerie du XVIIIe siècle Lun 27 Jan - 8:29 | |
| Cela s'est passé à Rouen. - Des fouilles préventives menées rive gauche ont exhumé une ancienne faïencerie du XVIIIe siècle. Pour les chercheurs, c’est l’espoir de mieux comprendre cette industrie qui avait été pilote au XVIe avant de décliner face aux Anglais.
- À chaque coup de pelleteuse, la capitale normande redécouvre son passé. Cela a été le cas place du Vieux-Marché, sur le parvis de la Cathédrale, à l’aître Saint-Maclou.... et maintenant à l’angle des rues Blaise-Pascal et Saint-Julien, derrière le centre commercial Saint-Sever.
C’est là, essentiellement aux XVIIe et XVIIIe siècles que les fabriques de faïence se sont concentrées. D’ailleurs, dans les années 80-90, quand le quartier a subi sa mue la plus spectaculaire, un groupe de chercheurs en a recensé vingt-deux, à tel point que les héros de cette faïence rouennaise, véritable emblème d’un savoir-faire unique, ont laissé leur nom dans le quartier à des rues. Ici les voies Masséot-Abaquesne et Edmé-Poterat, par exemple.
Hier l’Institut national des recherches d’archéologie préventive (Inrap), qui fouille un site de 7 000 m² avant la construction d’un Ehpad et de logements, a détaillé ses découvertes avant de rendre, d’ici la fin de la semaine, une partie du terrain aux promoteurs.
Un quartier dédié à la céramique avant son déclin
« Ce qui est important, c’est que nous avons la quasi-totalité de la faïencerie, avec ses deux fours jumelés, des fosses de rejet, des pièces où l’on suppose qu’était travaillée l’argile, des endroits où, sans doute, les émaux étaient préparés et stockés avec notamment un moulin, raconte l’archéologue responsable des fouilles, Paola Calderoni. Après le travail de fouille, il y a l’exploitation en laboratoire. On espère pouvoir détailler la singularité de la production de cette faïencerie, qui a pour la plupart du temps appartenu à la famille Jourdain. Seul un dépliant publicitaire nous indique qu’il s’agissait de faïence fine à l’anglaise. C’est surtout l’illustration de la fin d’une période et on souhaite découvrir s’il y avait des procédés de fabrication originaux, si l’organisation d’une manufacture a évolué ».
D’après des recherches documentaires, le site a été en fonctionnement un peu avant 1700 pour se maintenir jusqu’en 1802, avec comme propriétaires ou exploitants des noms comme Lebaillif, Maugras, Malestra et Pavie. La pièce maîtresse des découvertes ce sont les deux fours jumelés, qui devaient avaler des troncs d’arbre pour chauffer jusqu’à 900 °C, qui étaient le centre névralgique de la manufacture.
Tout autour des fosses de rejet, pour les boîtes de cuisson, pour les pièces abimées, ont livré quelques pépites recouvertes du fameux bleu de Rouen, cette couleur qui avait fait la renommée de la capitale normande avec son lancement dans les années 1630-1640 par Edme Poterat. Mais à l’époque de la faïencerie Jourdain, les clients de l’époque de Louis XVI, de la Révolution aussi, préféraient la porcelaine, les pièces anglaises aussi, moins chères, signant le déclin quasi irréversible de cette industrie dans la région.
Toujours pour mieux comprendre comment fonctionnait une manufacture au XVIIIe siècle, l’Inrap, comme il le fait sur beaucoup de sites soumis à ses truelles, a mené un travail photographique pouvant permettre une visualisation en 3D de l’ensemble des découvertes. « C’est un travail qui a notamment été mené à Fleury-sur-Orne, dans une carrière où des Caennais s’étaient réfugiés lors du Débarquement. Un projet existe pour permettre la visualisation 3D de cet espace, avec ses zones de vie, dans un musée », détaille l’Inrap.
Sur le site, les archéologues ont aussi mis au jour les vestiges de la filature Guérin, qui a fonctionné au XIXe siècle. C’est l’effet de l’histoire : les faïences détrônées bien qu’elles s’exportassent jusqu’en Amérique au XVIIIe siècle, les cent années suivantes ont été marquées par l’implantation et le renforcement de l’industrie textile dans la région. Ce sont les bombes anglaises de 1944 qui ont mis un terme à cet atelier.
Les mois qui viennent, l’Inrap va se pencher sur les lambrequins, festons et autres décors de la fabrique Jourdain pour ensuite rendre son rapport définitif et global sur le site.
Article Benoît MARIN-CURTOUD, Stéphanie PERON https://www.paris-normandie.fr/ |
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