Belle réussite pour cette journée-
évènement.
- Maquillage, séance photo et visite du domaine, ces personnes aidées par le Secours populaire ont vécu une expérience inoubliable pour elles.
Par Thibaut Chéreau
À l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes ce dimanche, le château de Versailles a invité 400 d'entre elles en situation de précarité en partenariat avec le Secours populaire et le groupe LVMH, (groupe propriétaire du
Parisien-Aujourd'hui en France).
Relaxation, séances de photos et de maquillage : plusieurs activités étaient proposées à chacune pour changer d'horizon le temps d'une journée.
Arrivées, de Pierrefitte (Seine-Saint-Denis), en fin de matinée, Ouassila, Zahia et Fadi entendaient bien en profiter au maximum. En compagnie d'une vingtaine d'autres femmes, elles s'apprêtent à commencer leur journée par une visite du château. « La plupart se croisent pendant la distribution des colis alimentaires, explique Fadi, également bénévole au Secours populaire. Nous organisons d'autres sorties dans l'année comme des vacances à la mer ou des sorties à des spectacles en famille. »
Leur quotidien, elles l'évoquent à peine, préférant faire des selfies et des vidéos sous les dorures de la demeure du Roi Soleil. « Je suis arrivée d'Espagne il y a un an et demi et je voulais découvrir un peu plus l'histoire de France, confie Ouassila, 41 ans. J'en profite, mon mari garde mon plus jeune fils. »
«C'est plus beau que dans les films»Dans le groupe certaines comme Zahia ont révisé leur sujet. « Il n'y a pas une porte secrète dans la chambre de Louis XIV ?, s'interroge-t-elle alors que l'on pénètre dans les appartements royaux. « Presque, répond la guide. Elle est dans la chambre de la Reine. »
LP/T.C.Vient enfin le moment phare de la visite avec l'entrée dans la fameuse Galerie des Glaces. « Je l'avais vue dans les films mais c'est plus beau en vrai, s'écrie Djamila, originaire d'Alger (Algérie). Les lustres suspendus c'est vraiment magique. »
« Nous voulons leur donner du punch, le but c'est de toutes les mettre en valeur, explique Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire. Les photos et le maquillage leur permettent de se montrer dans des conditions qu'elles n'ont pas au quotidien car elles doivent subvenir à leurs besoins. »
Dans une autre partie du château justement, une quarantaine de photographes s'affairent. Des studios éphémères proposent à chaque participante une séance photo personnelle.
LP/T.C.Traitées comme des stars par les photographesTrès timide, Aya, trentenaire originaire de Fresnes (Val-de-Marne) attend ses clichés. « Ce n'est pas facile de se dévoiler au regard des autres », glisse-t-elle. Habituée à l'exercice, la photographe Lily Rault détend l'atmosphère. « C'est plus difficile qu'on ne le croit », indique-t-elle. Au fil des clichés, une complicité de circonstance s'installe. « Pour chacune, je cherche à capter leur beauté et leur sincérité. » Les clichés d'Aya se dévoilent enfin sur l'écran. Satisfaite, du portrait où elle montre un regard déterminé, Aya ne sait pas encore où elle l'affichera. « Je les montrerai sûrement à mes proches » conclut-elle.
Kadiatou a eu droit à une séance photos dans des conditions professionnelles. LP/T.C. C'est dans la galerie des batailles que se déroule le gros de l'événement. Transformé en un vaste salon de maquillage, il accueille cinquante maquilleuses et autant de chaises et de miroirs à ampoules.
Au milieu des participantes, Antoine Arnault, en charge de l'image et de la communication du groupe LVMH et Catherine Pégard, présidente du Château de Versailles ont eux aussi le sourire.
« Le lieu porte bien son nom, explique cette dernière. Elles mènent une bataille pour leur propre existence, pour la renaissance d'elles-mêmes, c'est symbolique. Ça montre qu'on peut mener de nouveaux combats pour l'Histoire de France. »
Pour Antoine Arnault, le concept est pertinent. « Le groupe LVMH affiche de bonnes performances financières mais sait aussi prendre ses responsabilités en matière d'engagement et de solidarité, indique-t-il. Un ami du groupe, proche du Secours populaire, nous a proposé d'organiser cet événement avec l'association, à destination des femmes qui n'ont malheureusement pas assez de temps pour s'occuper d'elles. »
D'autres événements en FranceYeux fermés, visages détendus, juste à côté, les participantes profitent du moment. « Nous leur proposons des maquillages naturels, explique Sandrine Vigneron, une maquilleuse qui vient de terminer une séance. En 30 minutes, nous faisons en sorte d'unifier le teint de chaque visage sans utiliser de fond de teint. »
Chacune des 400 femmes a pu bénéficier d’une séance de maquillage d’une demi-heure. LP/T.C. Certaines femmes sont arrivées avec une idée bien précise. C'est le cas d'Isabelle, 54 ans, qui est venue de Montigny-les-Cormeilles (Val-d'Oise). La quinquagénaire a demandé un « smoky », une technique qui intensifie le regard en jouant sur les nuances de couleurs. « Je le voyais sur d'autres femmes sans oser le demander, explique-t-elle. Je vais aussi en profiter pour demander des conseils pour me maquiller au quotidien. »
Après Versailles, d'autres événements similaires auront lieu partout en France, comme à Lens (Pas-de-Calais), Angers (Maine-et-Loire) ou Lyon (Rhône) ces prochaines semaines.
Cette journée magnifique a été immortalisée en format vidéo à voir ici : http://www.leparisien.fr/yvelines-78/yvelines-une-journee-de-reve-au-chateau-de-versailles-pour-400-femmes-en-situation-de-precarite-06-03-2020-8274444.php