Le "Dialogues des Carmélites" mis en scène par Olivier Py gratuitement sur Arte
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Chakton
Nombre de messages : 1259 Date d'inscription : 22/10/2017
Sujet: Le "Dialogues des Carmélites" mis en scène par Olivier Py gratuitement sur Arte Ven 27 Mar - 9:24
Un spectacle d'anthologie ! La captation du Dialogue des Carmélites mis en scène par Olivier Py, filmée en décembre 2013 au Théâtre des Champs-Elysées à Paris, est disponible sur le site d’Arte Concerts pendant deux mois. On vous expliquer pourquoi il faut redécouvrir ce spectacle bouleversant servi par un casting brillant !
Un chef de l'oeuvre de l'opéra français Composé en 1957 par Francis Poulenc sur un texte de Georges Bernanos, Dialogues des Carmélites retrace le destin tragique d’un couvent frappé par la Révolution française. En 1789, Blanche de La Force, jeune noble terrifiée par les premiers soubresauts de la Révolution, trouve refuge au carmel. Mais cinq ans plus tard, en pleine Terreur, les portes du couvent sont forcées et celles qu'il abrite condamnées à l'échafaud. Voulant d'abord fuir une mort qui l'effrayait tant, Blanche trouve alors le courage de lui faire face.
Une mise en scène splendide Olivier Py signe une mise en scène époustouflante, visuellement splendide, et plonge le spectateur à mi-chemin entre le sublime céleste des prières des Carmélites et la violence terrestre de la révolution. Sublime, tendue et puissante, sa direction nous captive du début à la fin. La scénographie de Pierre-André Weitz, largement inspirée du cinéma expressionniste allemand des années 1920, transforme le carmel en une prison stylisée empreinte d’onirisme.
Un casting ébouriffant Le casting est quant à lui absolument impeccable. On retrouve, sous la direction avisée de Jérémie Rhorer et accompagnées par le Philharmonia Orchestra, la formidable Patricia Petibon dans le rôle de Blanche de La Force, qui livre une prestation illuminée, et la merveilleuse Sophie Koch dans celui de Mère Marie de l'Incarnation, mère supérieure bouleversante. Le casting donne également à entendre quelques autres des plus belles voix de la scène française, dont celles de Véronique Gens (Madame Lidoine) et Sandrine Piau (Soeur Constance de Saint Denis).
À ne surtout pas manquer ! Ce chef d’œuvre de l’opéra français du XXème siècle n’est peut-être pas l’œuvre lyrique la plus facile d’écoute. Mais il serait plus que dommage de passer à côté de cette version splendide qui scelle la rencontre ébouriffante de la musique de Francis Poulenc et de la vision scénique d’Olivier Py. Un pur joyau !
* Regarder le spectacle https://www.arts-in-the-city.com/2020/03/23/redecouvrez-les-dialogues-des-carmelites-mis-en-scene-par-olivier-py/
_________________ X est la force deux fois pure
Aglae
Nombre de messages : 1615 Date d'inscription : 09/10/2016
Sujet: Re: Le "Dialogues des Carmélites" mis en scène par Olivier Py gratuitement sur Arte Sam 28 Mar - 15:04
Merci beaucoup ! Je ne connais pas l'opéra; par contre, j'ai beaucoup fait étudier la pièce de Bernanos en classe; c'était en général apprécié des élèves; Une oeuvre de circonstance, hélas avec ce que nous vivons......
Chakton
Nombre de messages : 1259 Date d'inscription : 22/10/2017
Sujet: Re: Le "Dialogues des Carmélites" mis en scène par Olivier Py gratuitement sur Arte Mer 1 Avr - 21:53
Vous aimez l'oeuvre de Poulenc ? On va en parler encore un peu alors, de cet opéra.
Dans le seul grand opéra tragique de Francis Poulenc, la jeune Blanche de la Force, pétrie de faiblesse, choisit de rentrer au couvent en pleine Révolution française. Elle incarnera notre propre mélange irrésolu de foi et de fragilité. Pour contrer la Contre-révolution française, les révolutionnaires instaurent la Terreur; scènes de cohue dans les villes, guillotines sur les places publiques, avec le clergé en ligne de mire.
A Compiègne, vingt et une carmélites sont prises au piège de l’Histoire. Et leur histoire est la base du scénario de film "Le Dialogue des Carmélites" de Georges Bernanos, qui est la base de l’opéra du même nom de Francis Poulenc.
La jeune Blanche de la Force, pétrie de faiblesse, choisit de rentrer au couvent. Elle incarnera notre propre mélange irrésolu de foi et de fragilité et celui du compositeur. "Il faut accepter sa peur de la mort", dit la Prieure à Blanche. En gros, il faut arrêter d’avoir peur de sa peur.
Denise Duval et Denise Scharley lors de la première de l'opéra "Dialogues des carmélites" de Francis Poulenc à l'Opéra de Paris en juin 1957. La mise en scène est signée Maurice Jacquemont. [AFP]
Le renoncement du renoncement
La Prieure, qui aime visiblement les formules en tiroirs, dit aussi: si on fait toute une affaire de son propre renoncement, c’est que l’on fait trop grand cas de soi-même. Il faut donc viser le renoncement du renoncement.
Étonnamment, la Prieure connaîtra une mort pleine d’angoisse. Explication de la jeune soeur Constance, dont Blanche fait la connaissance sur fond de musique bucolique très française: "On ne meurt pas chacun pour soi. Mais les uns pour les autres. Ou même les uns à la place des autres". Sous-entendant que suite à un étonnant transfert, l’anxieuse Blanche et la vertueuse Prieure ont échangé leurs morts.
Dans ces échanges qui justifient le titre de "Dialogues", une révolution spirituelle (le renoncement) est en cours dans le for de Blanche, et c’est le vrai coeur de l’opéra, bien plus que la révolution sociale du monde extérieur, grossièrement marquée par quelques "Ah, ça ira, ça ira" ou le dialogue très basique "Ouvrez la porte! / N’ouvrez pas!" entre les révolutionnaires et les soeurs.
"Ou bien ce sera mon chef-d’oeuvre, ou bien je veux mourir"
Dans une époque de sauvagerie et de terreur, les carmélites montent à l’échafaud devant une foule médusée en chantant. Constance meurt, avant-dernière. Son visage s’irradie en voyant Blanche de la Force, cachée jusque-là, la suivre à l’échafaud. Souvenez-vous: Blanche avait échangé sa mort, et libérée de sa peur, ne restent que les quatre notes du motif d’honneur d’origine. Assouplies par le renoncement, elles ne montent désormais plus par orgueil, mais par aspiration aux cieux.
Francis Poulenc achève la composition de l’opéra marqué par la fin de vie de son compagnon, six ans avant la sienne. Et il écrit: "Ou bien ce sera mon chef-d’oeuvre, ou bien je veux mourir. Pour l’instant je penche pour la première option..."